Quand l’hiver est là et il est parfois un peu plus compliqué de décider notre compère le brochet ! Je vous propose de le traquer au poisson manié, mais pas n’importe lequel : le poisson marin manié !
« 1kg de maquereaux, sardines et harengs s’il vous plait… »
Très courante outre-manche, cette technique s’utilise sur poste fixe comme au lancer… Je n’achète jamais de vifs : il n’y a qu’à les pêcher ! Oui mais, à la pêche, je préfère nettement le lancer… Alors j’ai du mal à me mettre au coup et je n’ai jamais de vif… En passant devant l’étal de la poissonnerie du coin il m’est un jour venu l’idée de passer le pas, surtout vu le prix du kilo de maquereaux parfois ! Une misère ! Autant vous le dire tout de suite, je pêche rarement au poste !
Ainsi, quelle que soit l’espèce que votre poissonnier vend, servez vous dans celles qui sont les plus grasses, en commençant par la sardine et le hareng et en prenant aussi quelques maquereaux. N’hésitez pas sur la taille, le brochet n’a peur de rien. Certaines fois vous pourrez même en avoir des gratuits si vous êtes bien avec votre poissonnier : à quoi sert de jeter les invendus quand un pêcheur veut faire du brochet ? Demandez, cela ne coûte rien ! Et si vous voulez pêcher à poste fixe, demandez lui si vous ne pouvez pas récupérer les abats du jour… pour l’amorçage c’est le top.
La monture, rien de compliqué !
Pourquoi essayer d’inventer quoi que ce soit, quand LA monture existe déjà ! Pensez Drachkovitch ! Elle est parfaite. Inutile de monter une chevrotine cependant, car le poids des appâts suffit. De plus, ils couleront seuls, comme une feuille morte, voire tourbillonneront seulement par le poids de la ferraille en tête de monture. Quelques coups de scion pendant la descente n’en seront que meilleurs.
Pour l’armement, je pique un hameçon triple sur l’ouïe, ou au plus près de la tête de l’appât, et pique celui de queue à la naissance de cette dernière. Le brochet, aspirant l’appât non plombé, n’aura aucun mal à se piquer. Les empiles sont en acier souples 49 brins pour laisser le plus de mobilité à votre monture. Une solide agrafe pour relier la ligne mère complète le tout. Pour le bas de ligne, comme vous le voulez : acier souple ou fluorocarbone. J’utilise un fluoro 45°/°° sans problème.
Veillez simplement à changer l’empile de vos hameçons après chaque prise, car elles souffrent énormément pendant le combat. Ceci est du au fait qu’elles sont courtes. Les forces et torsions exercées ne sont pas réparties sur de grandes longueurs, comme cela peut l’être avec un bas de ligne relié à la ligne mère. Je les termine par des boucles classiques qui me permettent de les attacher et de les retirer sans difficultés avec la méthode de la « boucle dans boucle ». (Comme on le fait sur les bas de ligne au coup ou à la mouche.)
Pour les appâts, vous pouvez aussi les congeler directement sur leurs montures. Ils n’en auront que plus de tenue car ils décongèleront progressivement sous l’eau.
Sinon, pour faciliter l’installation de la monture sur des poissons morts congelés sans cette dernière, j’ouvre la gueule des appâts avec la lame d’un couteau. Enfoncez- la de quelques centimètres avec le tranchant de la lame côté ventre de l’appât. Cintrez LEGEREMENT votre appât sur sa monture également. Cela amplifie sa chute en feuille morte et donne de très bons effets lors de l’animation.
Le montage du fil laiton, quant à lui, à son importance. Procédez par étape :
- Il est passé premièrement de la lèvre inférieure à la supérieure afin de clouer la gueule de l’appât. Serrez correctement en faisant deux tours autour de la bouche en revenant vers l’arrière afin d’assurer le tout.
- Vous pouvez ensuite passer le fil laiton devant les yeux de l’appât en tendant le laiton et revenez vers la bouche.
- Pour clouer définitivement cette dernière, je l’entoure en remontant toujours vers les yeux.
Cette manière de faire vous permettra de gagner du temps en pêche pour ne pas avoir à refaire votre monture tous les deux ou trois lancés… Rien de plus agaçant, surtout en ces périodes froides !
L’animation du poisson mort-manié
Pour l’animation, il faut conjuguer liberté de l’appât et maîtrise des touches. Pas si simple. Nous ne sommes pas plombés, il faut donc veiller à laisser la monture libre, sous peine d’avoir une nage des moins naturelles.
Après l’arrivée de la monture sur le poste, laissez 2-3 centimètres de mou dans la ligne et laissez la se faire entraîner par la monture. Vous la verrez glisser en surface et, au moindre arrêt, un léger coup de scion vous renseigne sur l’origine de ce stop… fond ou touche. Par contre, si la ligne accélère, ferrage ! On voit donc ici l’avantage d’une tresse colorée. Le brochet gardera toujours plus longtemps un appât naturel qu’un leurre. N’en abusez pas mais cela vous laisse un peu de « jeu ».
Après avoir touché le fond, (pas vous… la monture !) donnez un léger coup de scion pour la faire virevolter. Surveillez une nouvelle fois votre ligne en laissant un léger mou. Visant principalement le brochet, ne laissez la monture toucher le fond que quand vous ne savez pas exactement à quelle profondeur elle évolue. Ces petits coups de scion doivent être modérés, car votre monture est totalement libre : elle n’est pas entravée par une plombée et votre appât glisse littéralement sous l’eau. Votre attention doit donc vraiment se porter sur votre ligne. Ainsi, après un coup de scion avant une chute libre, suivez le mouvement de l’appât vers vous avec votre canne, pour seulement, ensuite, le laisser tomber. Le contact avec un poisson est le même qu’avec une souche : on se sent bloqué, mais la souche bouge toute seule… Cette petite adaptation ne demande pas trop de temps mais est primordiale car la fluidité de l’animation en dépend.
Ainsi, cette technique est la bienvenue quand les carnassiers sont peu actifs ou dans des zones très pêchées. Les effluves inhabituelles diffusées au nez des carnassiers par le poisson de mer à chair grasse les incitent à mordre plus facilement. Cette technique est très simple à mettre en œuvre mais il faut absolument prêter le plus d’attention à votre ligne.