PĂȘcher le black-bass aux crankbaits

Imaginons un instant qu’il nous faut amener un dĂ©butant prendre son premier black bass : Il faudrait trouver une technique oĂč il lui suffirait de lancer et de mouliner pour attraper des poissons qui se pendraient tout seul Ă  ses leurres. Et bien vous ne rĂȘvez pas cette pĂȘche existe, c’est la pĂȘche aux crankbaits. Et le paradoxe dans tout çà c’est qu’il s’agit de la technique de prĂ©dilection des meilleurs pĂȘcheurs de la planĂšte !

Le crankbait est un poisson nageur flottant qui s’anime lorsqu’on le mouline. D’ailleurs l’action de mouliner un leurre est appelĂ©e « cranking » : il n’y a rien de plus simple. Un crankbait nage donc sans nĂ©cessitĂ© d’ĂȘtre animĂ©, comme un leurre souple par exemple. SitĂŽt expĂ©diĂ© dans l’eau, il va flotter. C’est lorsque l’on va commencer Ă  mouliner qu’il va se mettre Ă  plonger et Ă  nager.

Technique de pĂȘche du black-bass aux crankbaits

Le crankbait a vu le jour dans les années 1930

Les premiers crankbaits Ă  avoir vu le jour dans les annĂ©es 1930 / 1940 Ă©taient sculptĂ©s dans du bois. Aujourd’hui des marques utilisent encore ce matĂ©riau. En choisissant un type de bois en particulier (balsa, cĂšdre, etc.) les fabricants dĂ©gagent des caractĂ©ristiques propres Ă  chaque modĂšle : flottabilitĂ© et wobbling pour le balsa, densitĂ© pour le cĂšdre, etc.

Mais avec la modernisation des mĂ©thodes de production le plastique est aujourd’hui le plus utilisĂ©. GrĂące au systĂšme de jointure par ultra sons les fabricants ont rĂ©ussi Ă  repousser les limites technologiques pour nous offrir aujourd’hui des crankbaits Ă©poustouflants. En incorporant des billes en mĂ©tal, en verre, en plomb ou en tungstĂšne, en ajoutant des pistons internes et en cloisonnant les coques, les designers ont mis au point de vĂ©ritables Formules 1 !

Les crankbaits d’aujourd’hui offrent vĂ©ritablement un plaisir jamais Ă©galĂ© en matiĂšre de lancer. Leur aĂ©rodynamisme et leur densitĂ© gĂ©nĂšrent des distances de vol jamais atteintes. GrĂące aux transferts de masse crĂ©Ă©s par des billes migrant Ă  l’intĂ©rieur du leurre, la pĂȘche aux crankbaits devient d’une prĂ©cision incroyable. On peut envoyer son leurre trĂšs loin, avec une prĂ©cision dĂ©concertante.

Quant Ă  leur nage, avec les systĂšmes actuels de balances internes, le wobbling devient subtil. Les fabricants ajustent trĂšs finement la nage des crankbaits selon leurs desideratas. Certains crankbaits ondulent lentement, d’autre frĂ©nĂ©tiquement. Enfin, l’ajout de billes bruiteuses augmente encore leur attractivitĂ© bien que certains fabricants dĂ©cident aujourd’hui de rendre leurs leurres totalement silencieux.

Bref, vous l’aurez compris, les crankbaits modernes n’ont plus rien Ă  voir avec leurs ancĂȘtres qui se lançaient mal et nageaient de façon alĂ©atoire.

Mais pour comprendre pourquoi les meilleurs pĂȘcheurs de la planĂšte utilisent ce leurre plus ancien qu’eux, il faut entrer plus en dĂ©tail sur ce qui fait qu’aujourd’hui les crankbaits sont les leurres les plus vendus aux Etats-Unis, leur patrie de naissance.

Technique de pĂȘche du black-bass aux crankbaits

Crankbaits et crankbaits

DiffĂ©rents types de crankbaits existent, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale plus leur bavette sera longue et plus il plongera profondĂ©ment. Les crankbaits plongeant de 0 Ă  1,5 mĂštre sont considĂ©rĂ©s comme des shallow runner  (SR) ou crankbaits de surface. Les crankbaits plongeant de 1,5 Ă  4 mĂštres sont considĂ©rĂ©s quant Ă  eux comme des medium runner (MR), des crankbaits intermĂ©diaires. Reste enfin les plus difficiles Ă  utiliser, les deep runner (DR), des crankbaits Ă  la bavette surdimensionnĂ©e qui nagent au-delĂ  de 4 mĂštres (parfois jusqu’à 6 mĂštres). Commençons par comprendre oĂč et comment on utilise les crankbaits Shallow Runner ou SR.

Shallow Runner

Ce crankbait est divisĂ© en deux catĂ©gories que l’on distingue en observant la bavette du leurre. La forme   la plus commune en Europe est le crankbait Ă  bavette ronde, qui permet de « peigner » l’eau, les zones lĂ©gĂšrement herbeuses et le sable. Parfait pour tenter d’imiter le poisson fourrage en bordure ou sur les zones peu profondes, il est en revanche difficile Ă  faire Ă©voluer dans les obstacles. Sa courte bavette n’offrant pas la surface suffisante permettant au leurre de se dĂ©saxer et de contourner ce qui se prĂ©sente face Ă  lui.

La deuxiÚme catégorie, celle à laquelle nous allons nous attacher plus particuliÚrement, est la catégorie des squarebill crankbait. Ceux qui possÚdent une bavette carrée. Pourquoi une telle forme ? Et bien parce que les angles de la bavette vont permettre au leurre de prendre appui sur des structures immergées telles que le bois et les cailloux et ainsi de se décentrer afin de franchir les obstacles sans accroc.

L’idĂ©e centrale lorsqu’on utilise un squarebill crankbait, un peu Ă  la maniĂšre d’un spinnerbait, est de tirer profit de cette capacitĂ© Ă  passer partout en rĂ©agissant de maniĂšre trĂšs erratique au contact d’obstacles.

Il faudra donc vous efforcez d’ĂȘtre prĂ©cis et de pĂȘcher mĂ©thodiquement. Que cela soit un enrochement ou des arbres immergĂ©s, vous devez « ratisser » la zone, et effectuer des lancers rĂ©pĂ©tĂ©s afin de dĂ©clencher des attaques rĂ©flexes. Bien souvent la touche ne survient pas au premier passage, il vous faut insister.

Pour pratiquer cette technique deux choix s’offrent Ă  vous en termes de canne. Soit l’utilisation d’une canne en carbone avec un blank trĂšs mou. Soit une canne en fibre de verre, « glass model ». Il faut comprendre que vous rĂ©cupĂ©rez votre leurre de maniĂšre linĂ©aire et constante, une canne trop raide ne plierait que trop peu Ă  la touche et ne laisserait pas suffisamment de temps au poisson pour se saisir du leurre. En somme une rĂ©action trop rapide de votre part arracherait le leurre de la gueule du poisson, et lui dĂ©chirerait les lĂšvres.

La souplesse d’une canne en fibre vous offre un lĂ©ger temps de latence avant que vous ne sentiez vĂ©ritablement le poisson. En comprimant votre canne par un mouvement ample et continu, et en accĂ©lĂ©rant la rĂ©cupĂ©ration de votre moulinet, vous assurerez la bonne tenue du poisson sur votre hameçon et Ă©viterez les dĂ©crochages.

Le choix de la ligne est Ă©galement important lorsqu’on utilise un squarebill. Utiliser du fluorocarbone d’une rĂ©sistance de quinze livres, pourrait ĂȘtre une solution si l’on ne pĂȘchait que des cailloux. Cela permettrait d’avoir un bon contact avec le leurre et de lutter contre le cĂŽtĂ© abrasif des rochers. Oui mais voilĂ , pĂȘcher des enchevĂȘtrements de bois est bien plus dĂ©licat, et impose que le leurre puisse jouir de la quintessence de sa flottabilitĂ©. Ainsi on choisira un nylon de gros diamĂštre, qui Ă  la diffĂ©rence du fluorocarbone restera haut dans la couche d’eau, et Ă©vitera de s’accrocher dans les obstacles. Votre leurre n’en rebondira que bien mieux.

Le squarebill crankbait est le leurre de prĂ©dilection aux Etats Unis, car il permet de prospecter Ă©normĂ©ment, en ne s’accrochant que trĂšs peu, et peut ĂȘtre utilisĂ© aussi bien dans les eaux chaudes que froides Ă  condition d’adapter sa vitesse de rĂ©cupĂ©ration.

Technique de pĂȘche du black-bass aux crankbaits

Medium Runner

Tandis que les SR s’occupent plutĂŽt des bordures et des zones peu profondes, les MR seront plus efficaces sur les cassures. En effet, les poissons ne sont pas toujours situĂ©s dans la partie haute de la colonne d’eau, et souvent n’ont absolument pas envie de monter pour se saisir du leurre. Il faut alors aller plus profond.

Comme l’on s’adresse aux poissons qui ne veulent pas monter sur nos SR, nous partirons du principe qu’ils ne sont pas coopĂ©ratifs. Alors nous allons les aguicher un peu !

A la diffĂ©rence du SR oĂč la prĂ©cision est souvent plus importante que la distance de lancer, ici nous allons lancer le plus loin possible. AprĂšs une bonne pĂ©riode de rĂ©cupĂ©ration et sitĂŽt la bonne profondeur atteinte, c’est-Ă -dire Ă  mi-course, nous allons stopper notre crankbait, fil tendu afin qu’il s’immobilise quelques secondes, avant de reprendre enfin notre rĂ©cupĂ©ration normale. Cette opĂ©ration devra se rĂ©pĂ©ter Ă  chaque lancer. On pourra mĂȘme augmenter un peu la durĂ©e de cette pause pour lĂ©gĂšrement laisser remonter notre leurre, car n’oublions pas qu’il est flottant.

Tandis qu’il est plus aisĂ©, du bord, d’utiliser un SR, un MR sera plus efficace depuis un bateau, un float tube ou un paddle. Les lancers devront se rĂ©aliser en direction de la berge (le leurre nagera donc du bord vers le large). L’angle avec lequel on attaque la berge est trĂšs important. Si la cassure est prononcĂ© (pente forte), alors il sera plus efficace de coller cette cassure avec l’embarcation et lancer presque parallĂšle Ă  celle-ci. Mais si la pente est douce, alors il faudra s’éloigner et effectuer des lancers perpendiculaires Ă  la berge afin que le crankbait Ă©volue Ă  proximitĂ© du fond et le percute de temps Ă  autre.

Pour bien pĂȘcher avec un MR il faut surtout utiliser le matĂ©riel adĂ©quat. Une canne d’environ 7’ (2.10 mĂštres) est parfaite. Assez longue pour effectuer de longs lancers, elle reste assez courte pour rester maniable et cependant prĂ©cise. Ni trop dure, ni trop molle, elle doit projeter loin, vibrer en bout de scion durant la rĂ©cupĂ©ration (pour laisser de la libertĂ© au leurre), et ferrer de maniĂšre modĂ©rĂ©e car attention, lorsque se produira la touche, le fil sera tendu : gare aux ferrages trop secs qui pourraient casser la ligne. Cette derniĂšre sera constituĂ©e de nylon ou de fluorocarbone de 0.24 mm Ă  0.30 mm en fonction de l’encombrement du site pĂȘchĂ©. Le moulinet devra possĂ©der une rĂ©cupĂ©ration moyenne (60 Ă  65 cm par tour de manivelle). Ici aussi, un ensemble baitcasting sera prĂ©fĂ©rable.

On trouve de trĂšs bons crankbaits MR chez Hart. Les Echobottom, possĂšdent une nage trĂšs attractive avec de temps Ă  autre des Ă©carts irrĂ©guliers durant la rĂ©cupĂ©ration qui rompent la monotonie d’une rĂ©cupĂ©ration trop linĂ©aire. Avec leur transfert de masse ils se lancent loin malgrĂ© leur poids. De plus, ils sont Ă©quipĂ©s d’une tige mĂ©tallique qui dĂ©passe de leur bavette, ce qui les rend trĂšs sonores et provoque des embardĂ©es latĂ©rales incroyables lorsqu’ils touchent le fond. L’Echobottom existe en deux tailles : le 66 plonge jusqu’à 2.50 mĂštres, tandis que le 77 plonge jusqu’à 3.50 mĂštres.

Technique de pĂȘche du black-bass aux crankbaits

Deep Runner

Les deep crankbaits (DR), comme les nomme-t-on souvent, sont destinĂ©s Ă  deux types de prospections assez distinctes. Voici la premiĂšre : les bordures encombrĂ©es et profondes. GrĂące a leur longue bavette ils ont la capacitĂ© de plonger trĂšs vite et donc de dĂ©clencher les prĂ©dateurs postĂ©s dans les premiers mĂštres des bordures encombrĂ©es; bois morts notamment. De plus, leur bavette ricochera sur les troncs et jouera un rĂŽle anti-accroc trĂšs prĂ©cieux. CombinĂ© Ă  la flottabilitĂ© des modĂšles choisis vous passerez au plus prĂšs de l’obstacle ou rebondirez aisĂ©ment.

La seconde utilisation des DR, c’est tout simplement de pĂȘcher l’eau. En effet il faut parfois faire face Ă  des situations oĂč le poisson est Ă©parpillĂ© sur de vastes zones, parfois profondes, et il faut alors prospecter Ă  proximitĂ© de ces poissons « suspendus » dans la colonne d’eau en multipliant les lancers et les passages pour couvrir de vastes Ă©tendues.

Dans ce cas lĂ  il est parfois mĂȘme judicieux d’utiliser un modĂšle suspending ou bien coulant. Tout simplement car ils se lancent plus loin, pĂȘchent plus creux et entrent mieux en action.

Il existe deux formes caractéristiques de Deep Crankbaits : les compacts, et les classiques.

Les classiques ont des proportions assez rondes, ou ventrues, combinĂ©e Ă  une bavette assez large, ils ont une nage puissante et une grosse flottabilitĂ©. Un exemple typique est l’ILLEX : Mascle Deep 4+. Ils Ă©mettent de puissantes vibrations et permettent de rapidement cibler du poisson de taille correcte.

De leur cotĂ©, les modĂšles compacts ont un corps plus effilĂ© et un flanc aplati, leur bavette est Ă©galement plus droite, l’un des plus cĂ©lĂšbres modĂšles est le ZipBaits B-Switcher 4.0. Ils Ă©mettent des vibrations plus fines et permettent des prospections plus rapides car ils tirent moins sur la canne. Ils sont redoutables sur les carnassiers Ă©duquĂ©s, de taille modeste (Perche et Bass), que cela soit en eaux claires ou en zone de courant.

Le matĂ©riel idĂ©al pour pĂȘcher au deep crank est tout d’abord de sĂ©lectionner une canne capable d’amortir les vibrations et de lancer Ă  longue distance. Un modĂšle en fibre de verre, MH et de plus de 7 pieds est l’idĂ©al. Pour les pĂȘches musclĂ©es au raz du cover, un modĂšle H en Graphite sera plus adaptĂ© pour des lancers plus prĂ©cis et pour l’extraction rapide de vos captures.
Un soin tout particulier doit ĂȘtre apportĂ© a votre ligne : elle influe beaucoup sur les performances du crank 
 En effet, plus elle est grosse, plus elle « porte » et freine l’action de plongĂ©e de la bavette. Evitez donc de pĂȘcher plus puissant qu’il n’en est rĂ©ellement nĂ©cessaire : 16lbs dans le cover et 12lbs en eaux ouverte est une bonne base. Utilisez plutĂŽt du fil ou du fluorocarbonne, et en cas de touche, privilĂ©giez un ferrage modĂ©rĂ© mais ample (Ă  l’inverse de rapide et violent).

Technique de pĂȘche du black-bass aux crankbaits

Conclusion

 En vous efforçant de rĂ©flĂ©chir Ă  votre approche, vous trouverez dans l’utilisation des crankbaits un fabuleux outil Ă  adapter aux nombreuses situations que vous pourrez rencontrer. Pensez Ă  sĂ©lectionner vos couleurs en fonction de la turbiditĂ© de l’eau, et de la nature du poisson fourrage prĂ©sent. Faites une rapide analyse de votre spot du point de vue de la frĂ©quentation notamment, cela vous aidera Ă  choisir entre un modĂšle bruiteur ou silencieux. Une chose est certaine, l’utilisation de ce type de leurre trĂšs facile d’utilisation, Ă  l’allure un peu Ă©trange vous fera prendre du plaisir et des poissons tout au long de l’annĂ©e. Alors, n’hĂ©sitez plus, crankez un Max !

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