L’utilisation des repères et autres marqueurs s’est généralisée, tant pour marquer des spots que pour délimiter des postes de pêche à la carpe. On peut toutefois se questionner sur les dérives constatées au bord de l’eau où la discrétion n’est pas toujours de mise. Utiliser des repères : oui, mais pourquoi ?
On voit fleurir des tâches multicolores à la surface des étangs et des lacs fréquentés par les carpistes, couleurs qui ne sont en rien naturelles et sans rapport avec des fleurs de nénuphars qui embellissent les paysages. Il arrive de pouvoir dénombrer des dizaines de repères divers à la surface de certaines eaux, dont certains distants d’à peine quelques mètres alors qu’ils ont été déposés par des équipes différentes… Destinés avant tout à faciliter la pêche en marquant des spots afin qu’ils soient retrouvés facilement, les carpistes en ont fait des éléments incontournables de leur équipement alors qu’on peut bien souvent pêcher sans. On croise encore des pêcheurs qui mettent systématiquement des boules colorées à l’eau avant d’avoir sondé ou même installer leur campement. Que se soit pour signaler leur présence ou pour intimider leurs congénères en les incitant à ne pas approcher, certains marquent leur terrain de jeu quand d’autres font tout pour rester discrets. Doit-on pour autant jeter tous les repères à la poubelle et affubler leurs adeptes de divers noms d’oiseaux ? Pour ne pas tomber dans d’inutiles polémiques qui gangrènent le monde halieutique et celui des carpistes en particulier, essayons ensemble de réfléchir à une utilisation responsable des boules de polystyrène et autres repères en plastique.
Repérer ou marquer un espace vital ?
A la manière des chiens qui « pis… » pour marquer un territoire, certains pêcheurs multiplient les repères pour délimiter leur aire de pêche au détriment des autres utilisateurs du plan d’eau. Heureusement que les barbelés ne flottent pas, l’utilisation des bateaux pneumatiques deviendrait problématique sinon. Pourtant, on parvient la plupart du temps à s’entendre cordialement avec ses pairs en discutant, en expliquant où on pêche et comment, à condition toutefois d’adopter une stratégie cohérente et en adéquation avec la destination. Il est difficile d’admette qu’un autre pêcheur veuille absolument pêcher la rive faisant face à son poste alors qu’il lui aurait été plus aisé de s’installer sur cette berge convoitée… Je ne comprends pas davantage ceux qui posent une multitude de repères sur de petites gravières (et je ne parle pas des campements fictifs…) ou en lacs, entravant la pratique des autres pêcheurs alors qu’ils auraient gagné en discrétion en pratiquant à portée de canne.
Pourtant, les divers repères sont des outils précieux pour ceux qui veulent marquer des spots précis. Si un GPS permet d’arriver très vite sur une zone sélectionnée préalablement et tous les carpistes n’étant pas des adeptes de la plongée, rien ne remplace le traditionnel bloc de mousse quand on veut déposer très précisément et rapidement une ligne pour peu que le repérage ait été efficace.
Les qualités d’un bon repère
Qu’ils aient été achetés dans le commerce ou même fabriqués par le pêcheur lui-même, les divers repères présentent des caractéristiques différentes et ne peuvent être utilisés partout. Certains ne tiennent pas longtemps dans une rivière à fort courant alors que d’autres sont inopérants en eau profonde. Quelle que soit l’utilisation que l’on en fait, il est préférable de réfléchir aux qualités et avantages attendues des marqueurs qui gagnent à être adaptés aux conditions de pêche rencontrées. Les carpistes choisissant les destinations avec PDN ne cherchent guère à se cacher, au contraire des adeptes du hors secteur ou des puristes pour qui le camouflage est un art de vie. Mais pour résumer, on peut dire qu’un bon repère doit rester discret sur et sous l’eau tout en restant visible à tout moment, être facile à mettre en place, pouvoir s’adapter aux variations de niveau d’eau donc être réglable, permettre une libération aisée du corps de ligne qu’une carpe aurait emmêlé, autoriser un changement rapide du lest… Et c’est encore mieux s’il est peu onéreux et ne reste pas dans l’eau à l’issue de la session, les carpistes étant mieux acceptés s’ils font preuve d’une éthique irréprochable ! Il n’existe pas à mon sens de matériel réunissant toutes les qualités énoncées, mais le pêcheur a tout loisir de choisir le matériel correspondant à sa pratique et aux conditions.
Les différents repères
Voici une liste non exhaustive des marqueurs les plus connus et de leurs avantages et inconvénients :
- Le repère dans les branches d’un arbre : un simple bout de chiffon ou du ruban de chantier noué à la branche d’un arbre surplombant un spot fait l’affaire. C’est la technique préférée des pêcheurs de rivière.
- Le repère en H : il est indubitablement le plus utilisé car peu onéreux et facile à trouver dans le commerce, la plupart des carpistes en ayant au moins un au fond de leur carry-all… Très facile d’utilisation, il suffit de le lancer à l’eau et d’attendre que le fil se déroule sous l’effet du lest qui peut être adapté en fonction de la profondeur du spot. Il a l’avantage de s’adapter à la profondeur en se déroulant lors d’une brusque montée d’eau, mais perd en précision si l’eau baisse tout en détendant la bannière.
- Le repère « boule » : c’est une variante du précédent. Fabriqué à partir de boules de polystyrène que l’on peut acheter dans des magasins de décoration, il est facile d’utilisation et reste particulièrement visible en toutes conditions.
- Le cube de mousse : très facile à fabriquer avec des matériaux de récupération, il convient parfaitement à de faibles profondeurs.
- Le repère naturel : un simple bâton maintenu en surface par un fil discret le reliant à un petit caillou est très discret pour celui qui veut éviter de se faire repérer, et quasiment gratuit ! Pas facile à retrouver en pleine nuit, surtout quand l’utilisation de la frontale est à éviter, il nécessite l’emploi d’un GPS pour arriver sur zone avant de débuter une recherche précise du spot.
- Le canard artificiel : pour les puristes, il remplace les autres marqueurs pour gagner en discrétion : il attire moins les regards qu’une tache de couleur vive à la surface de l’eau. A rechercher au rayon chasse des magasins spécialisés.
- Les repères lumineux : démocratisés par la marque ATROPA, ils se déclinent en plusieurs versions, sous formes de balises ou de tiges. On les utilise comme les autres, mais ils ont l’avantage de s’éclairer dans l’obscurité. Ils peuvent être employés avec succès en eaux plus ou moins profondes pour ne pas déranger les poissons, mais ne brillent pas par leur discrétion. A éviter par conséquent quand la PDN n’existe pas…
- Le repère tige : son principal avantage réside dans sa stabilité mais il ne peut être employé dans de grandes profondeurs. Assez fastidieux à mettre en place, on peine à le placer précisément par grand vent du fait de la dérive du bateau. Pouvant basculer et se pencher sous l’effet d’une traction, il permet une libération aisée du corps de ligne.
- Les repères visuels : le pêcheur oublie trop souvent de se servir des sens dont la nature l’a doté ! Un arbre, une construction, un rocher sur la berge opposée permet de retendre facilement une ligne sans avoir recours à un repère artificiel !
La mise en place des repères
Tous ceux qui les utilisent ont connu des moments de galère lors de la dépose des repères. Pour peu que le vent soit de la partie ou que le courant de la rivière pêchée soit plus fort que prévu, on peut vite perdre le hot spot espéré et ne plus le retrouver si on n’a pas pris soin d’enregistrer ses coordonnées dans un GPS… Dommage quand on pense qu’une différence de quelques mètres peut fortement conditionner les résultats d’une session. La pêche à deux facilite également le placement des repères ainsi que la dépose des lignes, un des pêcheurs pouvant manœuvrer l’embarcation pour la placer idéalement pendant que le second ne s’occupe que du repère ou de sa ligne. Les marqueurs se déroulant seuls sont à privilégier quand éole est de la partie ; il suffit alors de jeter à l’eau le marqueur qui restera en place après avoir défini le spot visuellement ou grâce à l’échosondeur. Pour une pêche de zone, notamment sur des lacs aux fonds sans grand relief et peu encombrés, un placement même approximatif des marqueurs permet de signaler un espace assez large pour accueillir plusieurs lignes.
La meilleure solution pour celui qui pratique seul est de marquer sa zone de pêche de divers repères au moment de la prospection avec un échosondeur ou un aquascope, repères qui seront retirés si on dispose d’un GPS précis quand la stratégie sera clairement définie et les lignes tendues.
Quand on peut se passer des repères…
Tous les carpistes n’ont pas la chance ni les moyens de disposer d’un sondeur dernière génération. Un repère peut alors rendre de précieux services, mais son utilisation ne doit pas être systématique, par souci de discrétion comme nous l’avons vu, mais également pour ne pas voir une carpe l’embarquer en cas de départ violent ou un crabe squatter un poste amorcé préalablement et qu’il aurait remarqué en observant un marqueur traînant sur un lac… On parle également de pression de pêche du fait d’une multitude de fils traversant et barrant une zone de pêche. Il paraît donc aberrant de concentrer autant de fils verticaux reliant des repères à des lests divers que de lignes sur un spot quand il est possible de s’en passer. Il est indéniable que l’on gagne en discrétion en introduisant dans l’eau le moins possible d’éléments exogènes au milieu aquatique. Pourquoi dépenser des fortunes pour camoufler des montages si le spot est dérangé par des repères déposés anarchiquement ? Un simple marqueur sondeur lancé du bord reste bien plus discret quand on pêche à portée de canne et ne perturbe en rien les combats. La simplicité est bien souvent synonyme de réussite.
Cinq astuces facilitant l’emploi d’un repère
- Un autocollant fluorescent fixé sur un marqueur améliore son repérage la nuit.
- Un gros élastique pour fixer le lest permet de se défaire facilement de celui-ci en tirant un coup sur le repère, bien entendu si on utilise un caillou qui ne polluera pas le milieu.
- Un morceau d’élastique roubaisien permet au marqueur de mieux absorber les brusques mouvements d’eau et de gagner en stabilité.
- Par grand vent , il est préférable de bloquer son repère pour éviter qu’il ne se déroule intempestivement, nuisant ainsi à la précision du repérage.
- Un GPS permet d’arriver plus vite sur zone en pleine nuit et a une utilisation complémentaire avec un repère.