La chute des températures des eaux du mois de novembre provoque chez le silure un changement d’habitudes.
Ce poisson géant n’aime pas trop le froid, et à partir de 5 degrés il s’engourdi pour laisser passer l’hiver et son cortège de désolation. Les poissons blancs sont tous cachés au plus profond des racines, seuls quelques immense bancs d’ablettes se tiennent çà et là au grès de l’évolution de l’astre solaire et de ses rayons bienfaiteurs alors que le reste de la rivière est vide de toute vie à écailles, hormis de vaillantes carpes opportunistes…
Aulnes et platanes
Au plus froid de l’hiver les places sont chères, le moustachu aime le confort douillet des grandes caches à l’abri du courant et de la lumière. Le plus souvent les très gros spécimens se regroupent au même endroit si celui-ci est assez grand pour les accueillir, les plus grandes caves de berges, les racines d’aulnes et de platanes reçoivent la tenue des poissons les plus vieux et je pense les plus irascibles car là où se tiennent par exemple 2 gros silures dans une cache il n’y a pas de petit spécimen (constatation précise à ne pas généraliser).
Les secteurs où il n’y a pas ces grands abris les matous se partageront d’autres places de prédilections comme les arbres immergés mais dans un ordre bien déterminé.
Des pigeons immobiles
La tête de l’arbre est en général le plus amont; le bloc de racines serrées, enchevêtrées, recevra les plus petits poissons capable de se faufiler dans le dédale dense, se calant à l’abri du courant et de la lumière mais aussi d’une éventuelle attaque d’un congénère affamé.
Sous le tronc principal iront se blottir les gros, collés les uns aux autres et de préférence sur un fond sableux bien plus confortable pour leur fragiles nageoires, plus loin sur les branches longues et fourchues se tiendront les silures retardataires qui n’auront pas le choix que de se tenir à la vue et a l’inconfort précaire et instable de la pleine eau, posés comme des pigeons immobiles face au courant et parfois en pleine lumière, préférant être postés sur une branche que sur un fond caillouteux.
Sous peine de se faire gober
Je n’ai pour l’instant, dans mon fleuve, pas vu de poissons posés sur le fond s’il n’y a pas de caches bien évidentes, de même je n’ai pas assisté au regroupement appelé « boule de silures », peut-être à cause du grand nombre de caches disponibles.
Le cannibalisme est la loi chez ce grand poisson, ainsi au moment le plus dur et le plus froid de l’année les individus de différentes générations ne se côtoient guère lors du repos dans mon petit fleuve. Un silure de 70 évitera de se cacher sous un grand sous peine de se faire gober trop facilement en cette période de disette, preuve de l’adaptation à tous les danger et aléas de la vie sauvage.
Ces constations ne sont pas la règle, les silures sont des poissons étonnants, leurs habitudes et leurs mœurs ont encore beaucoup de secrets, mais il me semble évident que le partage des meilleurs dortoirs ne fasse pas partie de leurs façons de passer l’hiver au froid en attendant des jours meilleurs et surtout de l’eau plus chaude propice à leur interminable développement.