Rechercher la truite en plongée photographique n’est pas chose aisée, il faut bien sûr trouver de l’eau claire, une mise à l’eau confortable et une rivière sans trop de courant et avec assez de profondeur pour évoluer dans les meilleures conditions possibles.
Une fois ces éléments réunis il ne reste plus qu’à trouver le poisson qui se laissera approcher et photographier sans s’enfuir au moindre bruit suspect.
Le joyau caché
Lors de mes nombreuses tentatives pour cadrer dame fario j’ai eu l’honneur de rencontrer un poisson exceptionnel, un animal sauvage dont rêve bon nombre de pêcheurs, un joyau caché qui m’offre maintenant depuis 4 ans des plongées et des photos inoubliables de par sa majestueuse présence.
Mon premier contact visuel avec cette truite aux proportions généreuses fut un hasard et une révélation. Alors que je longeais la bordure en évitant les touristes qui se jetaient à l’eau dans tous les sens mon œil fut happé par sa gracieuse silhouette blottie contre la roche dans l’ombre d’un énorme bloc dans un contre-courant.
Le temps de la cadrer et de faire 3 photos elle disparu d’un coup de caudale nerveux me laissant pantois et émerveillé, heureux d’avoir vu et immortalisé cet instant rare dans ma courte carrière de photographe sub.
Ce jour-là les recherches et les efforts pour la retrouver furent vains, me laissant un gout d’inachevé mais néanmoins délectable.
Un peu plus d’un an plus tard je me rendis sur ce même spot avec un maigre espoir de la revoir ne serait-ce qu’une fraction de seconde. Evoluant dans les profondeurs de ce trou d’eau mes yeux grand ouvert je cherchais au même endroit sans résultat.
Manque d’oxygène
Une cavité sombre à une dizaine de mètres de là attira mon attention et dans l’élan je m’y glissais avec précaution. Dans le fond de cette petite grotte je distinguais alors une fente blanche puis un œil juste au-dessus, sa gueule au contour clair se dessina alors plus précisément et je puis à cet instant à nouveau admirer ce poisson unique, le cœur battant à tout rompre de joie et de manque d’oxygène, me forçant à rester immergé pour la cadrer avec le plus grand soin.
L’année suivante fort de mes 2 premières expériences c’est avec un immense espoir que j’abordais ce poste dans l’unique but de faire à nouveau cette rencontre magique avec ce poisson qui devenait petit à petit une obsession.
Alors que je m’équipais des doutes et une certaine anxiété s’installait, est-elle encore là ? Peut-être a-t-elle été attrapée par un pêcheur ? L’énorme crue de l’automne l’aura peut-être emportée plus bas ?
Sentiment indescriptible
C’est avec appréhension que je me glissais dans l’eau, le trac de ne plus la voir s’insinuait jusqu’au bout de mes palmes.
La délivrance vint rapidement, sous un grand bloc plat, dans la même zone que d’habitude, se terrait la grande truite, quelques clics du déclencheur plus tard les larmes de joies emplissaient mon masque et un sentiment indescriptible de bonheur envahissait mon âme, m’offrant alors le plus beau souvenir que cette rivière puisse me donner.
L’an dernier l’obligation de revenir la contempler pris le dessus sur l’éventualité de ne pas la retrouver, il me fallut 30 secondes pour l’accoster à nouveau, la surprise n’étant plus au rendez-vous c’est la fierté de connaitre un tel trésor qui me conduit jusqu’à elle, la présentant même a un ami plongeur qui fut stupéfait de la précision de mes propos à son sujet , et lui aussi il fut émerveillé par ce poisson devenu maintenant un partenaire et un ami de plongée.
Le futur reste cependant incertain pour elle, beaucoup de dangers la guette, et trop peu de pêcheurs no-kill pratiquent convenablement cette rivière, mais je sais que de toute manière sa présence magistrale hantera à tout jamais ces eaux limpides, et elle restera pour toujours au fond de mon cœur.