Pêcher dans les rochers, pour nous, c’est poser son montage directement dans le garde-manger des poissons. Rien de mieux pour obtenir un départ ! Encore faut-il aborder le problème dans le bon sens pour maximiser ses chances de voir une belle mémère bien dodue rentrer dans l’épuisette !
Comme tous obstacles, les rochers, blocs de cailloux, etc., représentent des zones où les poissons aiment nager et viennent se nourrir. Il existe de nombreuses astuces pour aborder ce genre d’obstacle, d’où l’intérêt d’y consacrer un article. Qu’ils soient anthropiques ou non, les enrochements représentent de toute évidence un endroit privilégié pour poser son montage.
Des spots créés par l’homme
L’homme est intervenu pour construire des digues, des routes autour des lacs modelant ainsi le paysage. Ces actions ont eu un impact direct sur la pêche, car des écosystèmes se sont créés autour de ces constructions. La configuration de ces spots est relativement identique partout : une pente de rochers agglomérés qui descend jusqu’à rejoindre le fond du lac. Le point où la pente de l’ouvrage rencontre le fond du lac représente une zone très intéressante à pêcher. Le changement soudain de densité du fond, et surtout l’angle formé par la pente de rochers et le fond favorise la fixation de nourriture naturelle en quantité. À cet endroit, vers de vases et corbicules côtoient les écrevisses qui se cachent dans les rochers. Autant dire que niveau nourriture naturelle, il est difficile de faire mieux ! Nous avons remarqué que le point précis entre la vase et les rochers est excellent, et que pêcher un peu plus loin de l’enrochement est moins productif. Lorsqu’il est possible d’utiliser le bateau, cette zone est très simple à trouver. Il suffit juste de tâter avec le plomb pour trouver le changement de substrat. Dans le cas contraire, la technique permettant de placer son montage au bon endroit du bord reste d’une simplicité enfantine. Il suffit de lancer un peu plus loin que cette zone visée et de ramener son montage en le faisant glisser en direction des rochers. Dès que l’on sent le premier caillou, on est au bon endroit. Si jamais la vase est recouverte de feuilles mortes ou d’algues, il est préférable de placer un morceau de « polystyrène soluble » sur l’hameçon de façon à ne rien accrocher lorsque l’on ramène le montage. Les poissons longent la cassure rocher/vase. Amorcer cette cassure dans le sens de la longueur s’avère efficace. Ainsi, les carpes ont l’occasion de goûter aux appâts avant d’arriver sur l’esche. Pas besoin d’en mettre des tonnes ! C’est une pêche au spot ! Quelques bouillettes éparpillées le long de la cassure de chaque côté du montage suffisent.
À cet endroit, vers de vases et corbicules côtoient les écrevisses qui se cachent dans les rochers.
Parfois, les poissons longent la cassure et montent à certains endroits sur les enrochements dans très peu d’eau. Ils se rapprochent ainsi de la bordure, refuge parfait pour les écrevisses, mollusques et autres crevettes. Les carpes le savent et traînent parfois dans ces zones essayant de grappiller un peu à manger. Ce phénomène se produit généralement lorsque l’activité du lac est élevée. Les poissons, en forte activité alimentaire, explorent de plus larges zones pour combler leur appétit. Pêcher directement sur la pente de rochers est alors un choix judicieux. Mais l’inconvénient dans ce type de pêche est la présentation des montages. Dans certains édifices, les blocs sont imbriqués plutôt correctement, permettant une assez bonne présentation de l’esche au fond de l’eau. Parfois, c’est l’inverse. C’est alors un vrai parcours du combattant pour pêcher efficacement. Le plomb tombe entre les rochers, le bas de ligne s’enroule autour du plomb… impossible de prendre une carpe ! Dans ce cas, mon frère et moi prenons le temps de sonder méticuleusement le fond jusqu’à trouver un endroit plat, tout en essayant de poser le montage sur un rocher qui ne dénote pas trop des autres. Inutile de placer son esche sur un énorme bloc où les poissons ne monteront sûrement pas. Il faut garder à l’esprit que ce ne sont pas des trajets habituels pour les carpes. Il faut donc s’assurer que le montage soit très accessible.
Des spots naturels
Dans de nombreux lacs de montagne, la pente de cailloux/rochers continue profondément pour atteindre l’ancien lit de la rivière alimentant le barrage. C’est d’ailleurs elle qui a permis sa mise en eau. On trouve également ce type de configuration dans certaines rivières très encaissées. L’érosion a détaché, au cours du temps, de nombreux blocs de la montagne. Ils ont chuté pour finir dans le lac (ou la rivière), formant peu à peu des zones très intéressantes à pêcher. Dans ce type de barrage, placer un montage dans le lit de la rivière n’est pas forcément une bonne idée. La vase y est souvent putride et peu de nourriture naturelle se trouve à l’intérieur. Sur les pentes, les gros cailloux, rochers et zones de graviers représentent l’essentiel du fond. Comme d’habitude, ils sont remplis de nourriture naturelle. Il vaut mieux y placer un montage !
Contrairement aux zones rocheuses créées par les humains, celles-ci sont composées de blocs plus éparpillés et de tailles différentes. Dans cette configuration, les spots les plus intéressants se trouvent entre deux gros rochers espacés d’un ou deux mètres par exemple. En général, entre ces blocs, le fond est composé de graviers ou de petits cailloux. C’est l’endroit idéal pour poser un montage. De manière générale, il faut trouver des zones de graviers au milieu des plus gros cailloux. La présentation du montage y est optimale.
Lorsque l’on pêche les pentes rocheuses d’un barrage, deux possibilités s’offrent à nous : pêcher à nos pieds ou pêcher la berge opposée (le milieu étant souvent moins intéressant). Dans le premier cas, le principal inconvénient est la discrétion dont devra faire preuve le pêcheur. Les ondes sonores se propagent très bien dans l’eau sur des sols rocailleux. D’ailleurs, le moindre combat avec un poisson fera sûrement fuir les autres pour quelques heures. Difficile de contrer efficacement ce problème, mais en écartant les cannes au maximum, et en les éloignant du poste, on peut tout de même le limiter. En pêchant la berge opposée, on annule ce problème, mais on en crée un autre. Plus de soucis de discrétion, mais l’angle d’arrivée du fil sur la pente peut poser des problèmes, notamment sur des poissons éduqués. Les carpes, en arrivant sur l’appât, auront tendance à taper dans le corps de ligne… et ça les fait flipper un max ! On peut éventuellement placer un back-lead volant 3 mètres avant le plomb pour réduire le problème (problème que l’on n’a pas en pêchant à ses pieds, soit dit en passant).
[box type= »success » align= »aligncenter » class= » » width= » »]
Un caillou sur la berge
Quand on pêche sa bordure, à 50 mètres du poste disons, beaucoup de fil traîne dans l’eau inutilement. Pour remédier à cela, on peut positionner un petit caillou sur la berge. Le corps de ligne longe la berge, fait un angle au niveau du caillou et plonge directement vers le montage. Au départ, le caillou tombe à l’eau et le fil se libère.
[/box]
Autres configurations
Il arrive que, dans certains lacs, des infrastructures humaines se soient effondrées comme des murs ou des murets formant de gros amas de pierres au milieu du lac. Ces endroits sont très intéressants à pêcher, car ils attirent beaucoup de carpes. Il est très difficile de trouver des zones propres au cœur même de ces éboulis. Il est donc préférable de pêcher à côté, au raz des pierres. Dans l’idéal, il est bien de positionner son appât du côté de l’obstacle où arrivent les poissons, mais ceci est souvent très dur à déterminer, ou réclame une connaissance parfaite du lac. Amorcer tout l’éboulis est une bonne solution. Il y a de fortes chances pour que les poissons tournent autour, trouvant quelques bouillettes, tombant ainsi inexorablement sur le montage. Lorsque nous pêchons derrière l’obstacle, mon frère et moi utilisons un buldo qui surélève les derniers mètres de la tête de ligne. Ceci a pour but de limiter les frottements du fil sur les blocs rocheux. D’ailleurs, parlons un peu de matériel.
La pêche d’obstacle est une pêche forte, où les combats sont puissants, et où le matériel est mis à rude épreuve.
Matériel adéquat
La pêche d’obstacle est une pêche forte, où les combats sont puissants et où le matériel est mis à rude épreuve. Tout d’abord, la tête de ligne. Un nylon de 50 centièmes est un minimum, mais nous optons souvent pour un nylon de 60 voire 70 centièmes. Sa résistance à l’abrasion limitera les casses lors des combats. Car c’est inévitable : le fil frottera forcement à un moment ou à un autre. Concernant le bas de ligne, même chose, pas de concession ! Un bas de ligne en 50 centièmes bien rigide fera l’affaire. Dans cette situation, un bas de ligne en tresse serait un très mauvais choix pour deux raisons : le risque de casse lors du combat et le risque d’emmêlages, dû aux écrevisses omniprésentes dans ce genre d’endroit. D’ailleurs, les écrevisses, parlons-en ! Leur présence à elle seule rend les zones rocheuses excellentes pour la pêche, mais ces invertébrés sont de véritables plaies pour les montages et les appâts. D’abord, elles ont tendance à emmener notre esche et notre hameçon sous les pierres. Et en plus, il est impératif de recouvrir ses bouillettes de filet anti-écrevisse ou de gaine thermorétractable, sous peine de ne pêcher que les deux premières heures de la nuit ! Elles sont voraces !
Conclusion
La règle d’or lorsque l’on pêche les rochers est de placer son montage au plus près de l’obstacle tout en assurant un maximum de sécurité pour le poisson. Certains lacs de plaine ne possèdent pas de telles structures et ne sont donc pas adaptés à ce type de pêche. Mais pour ceux qui ont la chance d’avoir un beau barrage montagneux près de chez eux, n’oubliez pas qu’il nage sûrement quelques carpes autour des gros blocs rocheux !
[box type= »success » align= »aligncenter » class= » » width= » »]
Astuce anti-écrevisse
Une petite astuce pour ceux qui auraient oublié de se munir de filet anti-écrevisse. Vous pouvez les remplacer par des bas nylons. J’avoue que je suis toujours amusé par la tête de la caissière du supermarché qui me voit passer avec dix paires de « chaussettes » que portent toutes les grands-mères de France. Mais peu importe. Placez la bouillette contre le bas et tournez pour l’entourer. Il n’y a plus qu’à ligaturer avec un bout de tresse et couper l’excédent.
[/box]
Très intéressant.