Placer son montage sur un bon spot est essentiel dans la pêche de la carpe. Primordial même ! Mais les « hot spots » changent en permanence à cause de la pression de pêche. L’activité sur les meilleures zones est en constante évolution.
Imaginez… Vous êtes enfin au bon spot ! Celui où tout le monde attrape des gros poissons ! Quelle chance ! Pour une fois qu’il n’est pas occupé ! La météo est bonne, la saison aussi. Toutes les conditions semblent réunies pour faire une bonne pêche et pourtant rien, pas une touche. C’est vrai qu’à y réfléchir, ça fait longtemps qu’il n’y pas eu une belle pêche d’effectuée sur ce poste. Bizarre… c’est pourtant le « hot spot » du lac ! Cette histoire est arrivée à tous ceux qui visitent les berges de lacs à spécimens. Elle résulte simplement du fait qu’à cause de la pression de pêche, les bons spots d’hier ne sont pas forcément les bons spots d’aujourd’hui. C’est ce que nous appelons l’évolution d’un spot.
Qu’est-ce que l’évolution d’un spot ?
Dans tous les lacs et rivières, il y a des spots particuliers où mordent régulièrement les gros poissons. Ces spots sont la résultante de plusieurs paramètres tels que la présence de nourriture naturelle, la profondeur, la topographie, le substrat, etc. Ainsi, certains endroits possèdent toutes les qualités pour devenir un « hot spot ». Ces spots sont souvent connus et par conséquent pêchés. On peut même dire qu’ils sont ultrapêchés… exagérément ! Cette pression permanente exercée sur les poissons influe considérablement sur leur comportement. Au début, au moment de sa découverte par les pêcheurs, le spot produit énormément et permet en outre de prendre les plus gros spécimens du lac. Au fur et à mesure qu’il est pêché, le nombre de touches diminue et le nombre de décroches augmente, signe que les poissons sont de plus en plus méfiants. Ensuite les touches se font rares, presque anecdotiques et enfin le spot ne produit plus du tout. À ce stade, même si on laisse le spot reposer pendant plusieurs semaines, les résultats ne changent pas. Les poissons ne se nourriront définitivement plus à cet endroit. Mais cette évolution n’est synonyme de « dégradation » qu’en apparence. Nous le verrons, il suffit souvent de modifier son approche pour le rendre à nouveau productif. Quoi qu’il en soit, il est nécessaire d’avoir conscience de ce phénomène d’évolution, si l’on veut avoir des résultats réguliers sur une pièce d’eau. Il va même parfois falloir changer de poste depuis la berge ! Certes, s’installer à l’endroit où tous les gros poissons du lac ont été pris est toujours tentant. Mais il est plus judicieux de pêcher un poste moins convoité, mais plus productif.
Il faut plusieurs mois voire plusieurs années de pêche intensive pour qu’un spot devienne complètement stérile.
Pourquoi un spot évolue-t-il ?
Ce n’est pas parce qu’il y a quelques pêcheurs sur un lac qu’un « hot spot » (une souche très productive par exemple) commence tout de suite à changer. Parfois une zone est stérile tout simplement parce que la conjoncture est mauvaise, car les carpes ne sont pas en activité ou parce qu’il est tout simplement mal pêché. En principe, l’évolution d’un spot est longue. Elle ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut plusieurs mois voire plusieurs années de pêche intensive pour qu’un spot ne devienne complètement stérile. Nous avons remarqué que la vitesse d’évolution d’un spot dépend de la pression de pêche qu’il subit, mais également de la pression de pêche que le lac entier subit. Dans certains endroits, il n’y a qu’un ou deux postes qui ont la faveur des carpistes, les autres sont complètement laissés à l’abandon, car ils sont prétendument moins productifs. Étrangement, les premiers comme les seconds deviendront de moins en moins productifs, car la dynamique globale est impactée par la pression de pêche globale. Ce phénomène est bien entendu plus important dans les lieux où il n’y a pas un mètre carré sans bouillettes. L’évolution des différents spots y est très rapide. Dans tous les cas, elle est proportionnelle à la surpêche.
Comment rendre à nouveau un spot productif.
Contrairement à ce que l’on peut croire, ce n’est pas parce que les poissons ne mordent plus qu’ils ont forcément déserté la zone. Souvent ils sont là et se nourrissent à quelques mètres du spot surpêché. Ils grappillent quelques appâts tombés par hasard loin du spot, sans risquer de se faire piquer. Seulement personne ne s’en rend compte, car tout le monde pêche le même endroit précis (à côté d’un gros bloc de roche par exemple) et surtout pêche depuis le même endroit sur la berge, depuis le même poste. Ce qui signifie que les lignes arrivent toujours avec le même angle sur le spot. En clair, les corps de lignes partent toujours du même endroit sur la berge pour arriver au spot surpêché. Et ça, je vous le garantis, les poissons s’en rendent compte ! D’une manière ou d’une autre, l’alerte est donnée et les carpes ne mangent plus à cet endroit. Le seul moyen de continuer à capturer des poissons sur l’ex « hot spot » est de changer d’angle d’attaque. De le pêcher à partir d’un autre poste. Je conçois qu’il est difficile à croire que des carpes, de simples poissons, soient aussi attentifs à de tels détails, mais je vous promets que l’axe des fils a un impact considérable, gigantesque même sur la pêche. Prenons l’exemple d’une gravière que nous pêchions exclusivement au maïs. Elle était pêchée toute l’année de manière intensive, voire excessive. Autant dire que les places étaient chères. Les poissons étaient très éduqués et difficiles à piéger. Comme dans tous les plans d’eau de la sorte, il y avait quelques spots connus, matraqués en permanence. Dès que nous amorcions ces spots, le maïs, visible aisément dans l’eau claire, disparaissait en quelques heures. En revanche, dès que nous placions un montage sur le spot, plus rien, plus un grain de maïs ne bougeait. La différence était bluffante et très contrariante. Un jour nous avons changé de poste et nous avons pêché ces spots avec un angle complètement différent. Quasiment à l’opposé ! À l’époque, très peu de gens procédaient de la sorte. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Mais ce qui était notable, c’est que les touchent avaient lieu dans un timing très précis. Nous prenions deux ou trois gros poissons dans les premières 36 heures, puis un ou deux plus modestes et c’était fini. L’adaptation des poissons était très rapide. Nous n’avions alors plus que des « bips » montrant que les poissons étaient toujours là, mais qu’ils ne mordaient plus franchement. Ces « bips » sonnaient la fin de la partie de pêche. Il était alors inutile d’insister. Lorsque nous revenions quelque temps plus tard sur le lac, le même scénario se répétait invariablement. C’était vraiment stupéfiant. On pouvait presque prédire l’heure de la touche et la taille du poisson que l’on allait prendre. Tout ça pour illustrer qu’un simple changement d’axe de pêche peut rendre un spot à nouveau productif. Il n’est pas toujours facile de changer d’axe de pêche à cause de la présence des autres carpistes. Mais lorsque c’est possible, il ne faut pas hésiter un instant !
Le seul moyen de continuer de capturer des poissons sur l’ex « hot spot » est de changer son angle d’attaque.
Savoir tirer parti de ces évolutions
Il est toujours possible de tourner à son avantage ce genre de situation. Comme je le disais plus haut, la façon la plus simple est de pêcher les spots connus de manière différente, mais l’on peut également voir les choses sous un autre angle. Les poissons sont obligés de se nourrir. S’ils ne le font plus à un endroit, ils le feront à un autre. Souvent les pêcheurs ont tous la même approche et délaissent certains endroits, car ils pensent que les poissons ne se nourrissent pas sur ces zones. Mais c’est complètement faux ! Les carpes naviguent et se nourrissent partout. Attention, dans tous les lacs, il y a des zones meilleures que d’autres, mais, à cause de la surpêche, ces zones deviennent moins productives. Bien évidemment, ce changement profite à d’autres spots. Il faut donc tout simplement chercher ces nouveaux spots. En fait, il faut se créer soi-même ses propres « hot spots ». Prendre conscience de cette donnée permet de ne pas s’entasser au poste connu, d’avoir une approche différente, de se démarquer des autres. Avec mon frangin, lorsque nous arrivons sur un plan d’eau pêché, nous avons systématiquement la même réflexion : quels spots sont les plus pêchés ? Est-il possible de les aborder autrement ? Dans le cas contraire, quelles sont les zones les moins pêchées, les plus difficiles d’accès ? Quels sont les endroits où les carpes subissent le moins de pression ? Cela peut être les bordures ou les grandes profondeurs par exemple, l’important est de déterminer ce que les autres ne font pas.
Il faut toutefois reconnaître qu’une pression de pêche importante a un impact sur tous les spots du plan d’eau, aussi nouveaux soient-ils. On ne peut jamais totalement annuler les effets de la surpêche… on peut seulement s’y adapter !
Conclusion
L’évolution des spots est un phénomène que l’on retrouve dans tous les endroits soumis à une pêche intensive. Cette évolution est la preuve que la pression de pêche influe énormément sur le comportement des poissons. Les réponses des carpes sont multiples, mais une des plus fréquentes est le changement de comportement alimentaire. À nous de savoir quand ces changements s’opèrent et dans quel sens. Il est possible de faire de vrais cartons dans des zones où la pression de pêche est maximale, mais à condition de comprendre et de prendre en compte ces changements. C’est la clef face à la surpêche !