Énormément de pêcheurs pensent que mettre beaucoup de bouillettes à l’eau est forcément gage de réussite. Celui qui amorce le plus est celui qui déroule le plus. Pour mon frère et moi, ce n’est pas du tout le cas. Les amorçages massifs sont efficaces dans certaines situations, mais peuvent s’avérer catastrophiques dans d’autres.
Prendre la décision d’amorcer massivement se fait de manière réfléchie et ne doit en aucun cas devenir une habitude. Mettre deux poignées de billes autour de son montage est souvent plus efficace que de mettre 5 kg. Qu’est-ce qu’un amorçage massif et sommes-nous favorables à ce type de stratégie ? C’est ce que nous allons le voir maintenant.
Qu’est-ce qu’un grand amorçage ?
Je pense que l’on peut parler d’amorçage massif à partir du moment où l’on met au moins 15 kg de bouillettes ou 30 kg de graines par jour. Mais ces chiffres sont relatifs. Je connais des pêcheurs qui mettent 30 kg de bouillettes par jour sur leur poste, que ça morde ou non. Et c’est de ce genre d’attitude que nous est venu le thème de cet article. Amorcer c’est bien ! Mais dans quel but ? Tout d’abord, cela coûte très cher. Même pour ceux qui roulent leurs propres bouillettes, l’addition est salée. Un bon mix revient à 3,5 euros par kilos ce qui veut dire qu’un amorçage massif coûte 50 euros par jour au bas mot. Les graines ont un prix de revient moindre, mais sont moins sélectives et moins faciles à transporter, à amorcer. Outre le côté financier, amorcer lourd est rarement une bonne option. Beaucoup de carpistes choisissent un poste et bennent sans ménagement en espérant qu’un banc de poissons passe dans les jours suivants. Pourquoi une telle stratégie ? Pourquoi ne pas pêcher au spot d’abord pour essayer de capturer quelques carpes en maraude quitte à augmenter les quantités lorsque les poissons se trouvent sur la zone ? Un amorçage inadéquat peut littéralement ruiner une partie de pêche.
[box type= »info » align= » » class= » » width= » »]Pour ceux qui aiment mettre beaucoup d’appâts à l’eau et qui n’ont pas forcément le budget pour amorcer à la bouillette, la graine représente une bonne alternative. Un mélange tiger nuts et maïs fera très bien l’affaire, mais on peut y rajouter du chènevis qui boostera un peu le mélange. Trente kilos de graines sont déjà un bon début, mais l’on peut augmenter les quantités. Les graines sont consommées par de nombreux poissons blancs et partent plus vite que les bouillettes. Amorcer massivement à la graine a toujours un impact important sur les poissons.[/box]
Quand faire un gros amorçage ?
Pour ceux qui tiennent absolument à amorcer 20 kg dès le début de session, il faut tenir compte de certains paramètres afin que la partie de pêche ne tourne pas au fiasco. Cette stratégie de « benner » sans retenue peut s’avérer payante si plusieurs facteurs sont réunis. Tout d’abord, il faut être sûr de pêcher là où se trouvent les poissons. Pour les petites surfaces, pas de problème, les poissons ne sont forcément pas loin. En grand lac en revanche, ça se complique. Prendre le temps de bien localiser les zones de tenue où un amorçage massif sera efficace est impératif. La pression de pêche est un second paramètre à prendre en compte.
Mon frère et moi avons remarqué qu’il est très rare qu’un amorçage massif soit efficace lorsque la pression de pêche est trop importante.
Mon frère et moi avons remarqué qu’il est très rare qu’un amorçage massif soit efficace lorsque la pression de pêche est trop importante. Le stress que les poissons subissent à cause du nombre de pêcheurs limite leur appétit. Préférez un moment où la pression de pêche est basse pour entamer un gros amorçage. La météo est déterminante dans le choix d’amorcer lourd en début de session. Prenons un exemple. Si l’on commence la session un samedi et que la météo annonce l’arrivée d’une grosse dépression pour mercredi, la conjoncture est bonne et on peut alors « benner » sans problème. Même si les poissons ne réagissent pas tout de suite ils savent que les bouillettes sont là. Quand le changement de temps va arriver, les poissons vont rentrer en activité et se jeter littéralement sur les bouillettes. Cette stratégie permet souvent de capturer de très gros sujets, mais elle a également ses désavantages. Il faut savoir être patient, car les touches n’interviennent pas tout de suite. Il faut également que les prévisions météo soient exactes ce qui n’est malheureusement que rarement le cas. Cette option est valable que si la météo annonce une alerte orange, car la météo ne se trompe pas sur ce genre de prévision. D’autres paramètres sont à prendre en compte lorsque l’on veut faire un amorçage lourd tels que la température de l’eau, le nombre de poissons, leur taille, etc. C’est donc une stratégie difficile à mettre en place où beaucoup de paramètres sont à connaître pour qu’elle soit couronnée de succès.
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Pour un gros amorçage à la bille, nous choisissons des bouillettes très digestes et donc pas trop grasses. Il ne faut pas dépasser 35 % de farines animales dans le mix de façon à ce que la bouillette soit assimilée rapidement. Une bonne base végétale viendra compléter le mélange avec un peu de robin red par exemple pour marquer l’ensemble. En résumé : une bouillette simple et donc peu coûteuse.
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Pour ou contre les gros amorçages ?
Dans la majorité des cas, les amorçages massifs ne représentent pas la bonne approche lors d’une session de pêche.
Pour répondre à cette question, je dirais ceci. Dans la majorité des cas, les amorçages massifs ne représentent pas la bonne approche lors d’une session de pêche. Quelques poignées de billes sur un montage bien placé suffisent à leurrer 90 % des poissons. Je dirais même qu’un amorçage massif non adapté est mauvais pour la pêche. Si les poissons ne sont pas en activité, l’excès de bouillettes réduit statistiquement les chances qu’un poisson tombe sur l’appât. Mon frère et moi préférons largement l’amorçage progressif. Nous commençons la session en amorçant de la manière suivante. Nous amorçons chacun de nos montages avec trois ou quatre poignées de billes. C’est une pêche au spot classique en somme, sauf que nous prenons soin d’amorcer également quelques poignées entre chaque montage. Le but est de ne pas gaver les carpes et de les inciter à mordre rapidement. Les bouillettes amorcées entre les montages ont deux fonctions. La première permet que les poissons trouvent de la nourriture un peu partout et s’accoutument lentement à nos bouillettes. La seconde fonction est de mettre les poissons en confiance. Certaines carpes ne s’approchent pas tout de suite des montages. Elles se nourriront en premier des quelques billes trouvées çà et là, entre les montages. Ces bouillettes non piégées vont lentement rassurer les poissons méfiants qui vont au fur et à mesure se rapprocher des appâts pour s’emparer de nouvelles bouillettes. Une fois cette stratégie d’amorçage mise en place vient la phase d’observation. Si les poissons ne sont pas au rendez-vous et que les touches se font rares, nous réduisons la quantité d’amorçage et ne pêchons plus qu’au spot, espérant ainsi focaliser les poissons sur l’appât. D’ailleurs c’est là que réside l’intérêt de cette technique. Si l’on a tout de suite amorcé 20 kg de billes en début de session et que les poissons sont inactifs, il est alors trop tard pour en retirer. Le mal est fait ! On ne saura jamais quelle quantité de billes a été consommée, on hésitera toujours à réamorcer de peur de gaver les poissons et donc de retarder une nouvelle fois les touches. En clair, on ne maîtrise absolument pas son amorçage et donc on ne maîtrise absolument pas sa partie de pêche. Si les poissons sont actifs et que quelques touches surviennent, c’est là que les choses deviennent intéressantes. Il ne faut surtout pas augmenter le nombre de bouillettes autour de l’appât. Cela concentrerait les poissons autour du piège et les captures de quelques carpes feraient peur aux autres. En revanche, il faut augmenter les quantités de bouillettes entre les montages. Le but est de créer une zone d’amorçage où les poissons trouvent aisément des billes et se nourrissent en sécurité. Ce sont ces poissons que l’on va capturer quelques heures ou quelques jours plus tard. Si les touches continuent à s’enchaîner et que les poissons sont en réelle confiance, à ce moment-là et à ce moment-là seulement, on peut atteindre des quantités d’amorçage dignes des amorçages massifs. Plus besoin alors d’amorcer sur le montage. Un amorçage de zone est plus efficace. Les poissons cherchent la nourriture partout et nagent beaucoup. Répartir les bouillettes crée alors une concurrence entre les poissons qui permet d’augmenter le nombre de départs.
Grâce à cette technique d’amorçage progressif, on peut adapter sa stratégie et les quantités d’amorçage en fonction des conditions. Si elles sont bonnes, on mettra autant de bouillettes à l’eau que lors d’un amorçage massif.
Conclusion
Clairement, mon frère et moi ne sommes pas des aficionados des amorçages massifs. Je pense qu’il ne faut les considérer que comme une stratégie supplémentaire à employer, comme une corde de plus à son arc, mais en aucun cas comme la méthode ultime pour prendre des carpes. Il est vrai que de nombreux gros poissons sont tombés sur de grands amorçages, mais cela ne veut pas dire qu’il faut les employer à chaque fois. Un amorçage doit se construire et s’adapter au fur et à mesure de la partie de pêche suivant les conditions que l’on rencontre. L’amorçage progressif a l’avantage d’être contrôlable et permet également de prendre beaucoup de poissons.