Les animations traditionnelles d’un leurre peuvent décevoir en raison du peu d’activité des carnassiers ou simplement parce que trop sollicités, ils deviennent méfiants. On dit alors qu’ils sont éduqués. Il est néanmoins possible de pallier à ce manque de résultat par une autre stratégie de prospection : la pêche au leurre souple (LS) planant.
L’animation la plus employée pour un shad est le linéaire : contact avec le fond et progression plus où moins rapide du leurre pouvant être ponctuée par des tirées verticales, des arrêts ou des accélérations. Différentes animations du leurre possibles qui vont compléter l’animation de base. Chacun s’emploie lors de la récupération à donner souvent un semblant de vie au shad et les trajectoires retenues sont souvent sinusoïdales afin d’explorer les différentes couches d’eau et on utilisera là différentes plombées en rapport avec les caractéristiques de son shad qui, pour une longueur similaire, peut avoir une densité très différente en raison de sa texture et donc couler plus rapidement. Peu de pêcheurs d’ailleurs prennent en compte cet élément de densité quand ils plombent leur leurre pensant qu’à longueur égale la tête plombée sera la même. Nenni messire, pour un leurre de 25 cm par exemple vous utiliserez une tête plombée de 20 gr pour l’un, 30 gr pour un autre voire plus. Sur une même profondeur il va de soi, on ne parle pas des pêches de bordures ou des lough d’Irlande.
Laissez vivre votre leurre !
Nous avons tendance, il faut le reconnaître, à plomber assez fortement nos leurres afin de toucher rapidement le fond, mais on peut aussi utiliser des têtes planantes qui existent sur le marché afin d’éviter que notre leurre ne soit un champion du monde pour toucher les abysses ! Les montages légers souvent méconnus ou peu utilisés ont de nombreux avantages car ils permettent aussi de pêcher dans les obstacles sans trop de risque. Sur des carnassiers éduqués beaucoup de pêcheurs, même chevronnés, estiment qu’il faut provoquer par des pêches rapides ne permettant pas au carnassier de se poser des questions existentielles : « être ou ne pas être derrière le leurre, voilà la question ! ». Ne pas laisser au brochet ou sandre le temps de trop vérifier la nature de l’appât. Cela a du sens j’en conviens, mais cela nécessiterait d’avoir une idée précise sur ce à quoi le carnassier est sensible. Est-ce les vibrations qui occultent sa vision et provoquent l’attaque ? Peut-être la forme ou la couleur ? Pourquoi il attaque franchement ou suit simplement le leurre jusqu’au bateau ? Si on pouvait répondre à ces questions nous serions probablement les meilleurs pêcheurs de la planète ! Si la pêche au LS reste prépondérante dans bien des cas, il devient nécessaire aussi de revoir la façon de faire évoluer le leurre quand les conditions sont difficiles et les carnassiers éduqués. Car force est de constater qu’avec le « no kill » le « catch and release » dont nous ne contestons pas ici le bien-fondé, les carnassiers piqués plusieurs fois sont de moins en moins joueurs ! Et si les leurres font encore l’objet d’une attention et qu’ils sont suivis jusqu’au bateau, il devient difficile de les faire mordre.
Laissez planer vos leurres
Atteindre les abysses, sentir le poids du leurre lors de la traction, s’assurer qu’il a bien fait l’objet d’une attaque en raison de son déplacement ressenti dans la canne ; Voilà bien des habitudes que nous avons et qui nous semblent primordiales pour réussir. En période de refroidissement que l’on devrait connaître prochainement, les techniques « lentes » se révèlent généralement plus productives car les carnassiers évitent de plus en plus de dépenser de l’énergie pour se déplacer quand l’eau devient plus froide. Les virgules très vibrantes, les shad présentant un large pédoncule caudal que l’on utilise pendant l’année, vont laisser place au shad finesse, un leurre souple qui se caractérise par une queue en forme de V. Généralement on utilise des leurres de 4 à 6 pouces, ce qui semblera un peu court pour certains pêcheurs de carnassiers qui utilisent des LS pouvant largement dépasser les 50 g. Néanmoins dans la mesure où le plombage sera particulièrement léger et n’excédera pas 6 g, il est nécessaire d’adapter la dimension du leurre à la tête plombée utilisée au risque de provoquer un déséquilibre par un mauvais rapport poids-leurre qui serait préjudiciable pour l’animation : leurre qui vrille, se couche sur un côté et devient inopérant.
Quelle animation du leurre ?
L’action de pêche a plusieurs options possibles. Une animation minimaliste et des tirées verticales avec variante : diminution de l’amplitude de la verticalité du leurre, augmentation des temps de pause et leurre plus planant sur le substrat. On gardera lors des lancers une bannière semi-tendue permettant d’avoir des indications sur la progression du LS dans sa descente car il peut être happé sans que cela ne soit franchement ressenti et c’est une des difficultés de cette technique car on n’a pas la sensation de lourdeur liée à un plombage conséquent. Cela étant, sauf dans le cas où le LS est remonté par le carnassier, ce que les sandres savent faire au demeurant des autres carnassiers, l’attaque reste le plus souvent franche. Certes, par vent violent cette pêche devient plus aléatoire car la bannière fait un ventre sur l’eau qui nuit à la sensibilité. Les sensations sont généralement plus diffuses, surtout lorsque l’on pêche en profondeur, mais cela peut faire la différence.
C’est assurément une pêche tactile de la part du pêcheur, une maîtrise précise de l’animation et beaucoup de concentration. La puissance de la canne se définit en fonction des leurres que l’on utilise. Dans le cas présent une canne spinning de 2,90 m, un modèle ML ou M couvrant des puissances de 5-20g ou de 10-30g si on pêche essentiellement en barque. Attention à ne pas mélanger l’action avec la puissance de lancer d’une canne. Ce sont deux caractéristiques totalement différentes. La puissance de lancer est la plage de poids des leurres qui est la plus adaptée à la canne. On pourra donc trouver pour chaque puissance des cannes de longueur et d’action différentes pour couvrir toutes les techniques. La puissance des cannes est souvent exprimée avec les adjectifs anglais light, medium, heavy et leurs variantes medium-light, extra-heavy, etc. La canne pourra être fast, c’est-à-dire bénéficiant d’une action de pointe. Le moulinet sera de bonne facture, un modèle 1500 ou 3000 si vous faites le choix d’une canne spinning qui me semble mieux adaptée pour lancer des leurres de petits grammages, mais cela reste un choix personnel.
La pêche au LS planant en raison de son faible plombage, peut faire la différence sur des poissons atones ou pas très enclins à poursuivre une proie, mais elle est aussi efficace sur des carnassiers éduqués pour peu que l’animation soit lente.