Au cœur de cet article, je vais tâcher d’aborder trois aspects pour vous faciliter la pêche en plein hiver à savoir où pêcher, quand pêcher et comment pêcher.
Pêcher au cœur de l’hiver n’est jamais la chose la plus aisée et ce, surtout pour le pêcheur. Je ne me pencherai pas trop longtemps sur le confort qui doit être à son maximum pour rester dans sa pêche. En effet, le froid, l’humidité et les intempéries auront vite raison de votre motivation et il sera alors plus facile de plier bagage que de rester sur place à la recherche des poissons. Alors, ne lésinez pas sur vos vêtements, le confort dans votre biwy pour pouvoir mettre à bien vos stratégies d’approches hivernales.
Où pêcher la carpe en hiver ?
Comme chaque partie de pêche, tout commence par la préparation et surtout le choix de la destination. En hiver, plus que jamais, celui-ci est primordial. Partant du principe que la pêche est bien plus complexe en hiver, je ne saurais que vous conseiller de pêcher une eau que vous connaissez et que vous avez déjà pratiqué à d’autres saisons, que ce soit en plan d’eau ou en rivière. En effet, vos pêches antérieures doivent vous permettre de mieux connaître la topographie des fonds et les habitudes des poissons que ce soit en termes d’appâts, de « chemins » empruntés…
Si vos idées de destinations sont multiples, il est bon à mon sens de les diviser en deux parties ; d’un côté les eaux stagnantes et de l’autre les eaux courantes.
Commençons par les plans d’eau, j’ai pu remarquer de nombreuses différences en fonction de leurs types. Dans une gravière riche en nourriture naturelle, j’ai pu obtenir des touches jusqu’en fin d’année. Bien que l’activité des écrevisses soit ralentie, les carpes restaient enclines à se nourrir pendant quelques semaines. A l’inverse, au cours des premiers mois de l’année, mes tentatives sur cette gravière restèrent infructueuses jusqu’à mi-mars.
A contrario, un étang proche de chez moi, particulièrement pauvre en nourriture naturelle fut un vrai casse-tête lors des mois de novembre et décembre, grosso modo à partir des premiers grands froids. Mais, il n’était pas rare de faire de véritables cartons en janvier/février après plusieurs mois d’inactivité.
Ces deux exemples, bien que certainement pas représentatifs d’une possible généralité des comportements entre les plans d’eau et les gravières, laissent quand même réfléchir sur l’intérêt de bien connaître son lieu de pêche à chaque saison et donc de s’essayer à différentes eaux connues en hiver avant d’en tirer les résultats de ses propres expériences.
En eaux courantes, les choses sont encore différentes puisque la force du courant impose aux poissons de se nourrir un minimum pendant tous les mois de la période froide. Néanmoins, les poissons vont avoir tendance à privilégier des zones calmes, à l’abri du courant, pour s’éviter des dépenses caloriques supplémentaires. Il est alors important, au moment de choisir un poste, de privilégier une zone de tenue hivernale où le courant sera ralenti et où la présence d’obstacles par exemple garantira aux poissons une sécurité et un confort accrus. Ces éléments (bien que basés sur des théories personnelles) sont à mon sens d’autant plus vrais en période de crue où les poissons seront encore davantage à la recherche de zones calmes.
Si vous avez donc connaissance d’une zone où le courant est amorti par une fosse, des obstacles tels que des murets ou des enrochements, des décrochés dans la berge etc. essayez d’y tendre vos cannes quelques heures en plein hiver, cela peut parfois rapporter gros !
Quand pêcher la carpe en hiver ?
Les plus acharnés d’entre nous n’hésiteront pas à pêcher tout l’hiver, peu importe les températures et seul le gel de la surface de l’eau sera à même de leur faire ranger les cannes dans les fourreaux pour quelques semaines. Néanmoins, pour la grande majorité des pêcheurs de carpe, la réalité est bien différente.
Si je devais diviser l’hiver en deux périodes, la première correspondrait aux mois de novembre et décembre et la seconde aux mois de janvier et février. Je préfère largement pêcher les derniers mois de l’année que les deux premiers. Il est plus fréquent de trouver des poissons qui s’alimentent encore avant les grands froids prolongés tandis que, d’après mes expériences, l’activité est beaucoup plus réduite en janvier/février avant de reprendre progressivement au fil des semaines. J’ai souvenir d’une belle session sur le Rhône dans le Sud de la France pendant Noël avec de beaux poissons à la clé tandis que les mêmes tentatives quelques semaines plus tard, fin janvier, avec les mêmes conditions de courant sont restées beaucoup trop calmes.
Bien évidemment, ces constatations sont le fruit des résultats obtenus au cours de mes pêches et sont difficilement généralisables. D’une part car les hivers ne se ressemblent pas d’une année sur l’autre et d’autre part car, en fonction de la région où vous habitez, les choses sont bien différentes du Nord au Sud de la France.
Plus généralement, j’ai tendance à privilégier les périodes où les températures sont plus douces depuis quelques jours. Peu m’importent les gelées matinales, tant que la journée offre des températures correctes (comprises entre 5 et 10 degrés environ), il est toujours possible d’observer un peu d’activité et de faire des touches.
Au fil de mes expériences, j’ai fini par arrêter de pêcher lors des premiers jours d’un coup de froid. J’ai pu remarquer qu’après une période de redoux, l’activité des carpes est bien ralentie dès les premiers jours de froid. Par contre, au bout de quelques jours, l’activité reprend doucement et c’est sur ce créneau que j’ai pu obtenir le plus de touches au cours de la période hivernale.
En fonction des eaux que je pêche, j’ai décidé dans certains cas d’arrêter de pêcher la nuit et dans d’autres, d’insister tout particulièrement la nuit. En effet, en hiver quand les eaux sont claires et les poissons particulièrement méfiants, j’ai remarqué que mon nombre de touches était quasi nul la journée et que les touches se déclenchaient le plus souvent dès la nuit tombée. Ce fut notamment le cas lors de l’hiver 2016 passé intégralement sur des rivières Cévenoles, présentant une eau particulièrement claire par bas débit. Au cours des nombreuses journées passées au bord de l’eau cet hiver-là, je n’aurai pas réussi à capturer un seul poisson en journée, toutes mes touches auront eu lieu en pleine nuit.
A l’inverse, en plan d’eau avec une eau plus trouble, j’avais de meilleurs résultats en journée que la nuit, particulièrement lors des journées ensoleillées où j’essaie de privilégier des plans d’eau peu profonds pour lesquels la température en surface pourra se réchauffer plus rapidement. J’ai eu beau essayer de pêcher quelques nuits, je n’ai jamais eu de résultats comparables à ceux de la journée.
Peut-être serait-il judicieux de prospecter en plan d’eau la journée avant de se rabattre en rivière la nuit ? C’est d’ailleurs une piste que je compte explorer prochainement.
Comment pêcher la carpe en hiver ?
Une fois de plus, il convient à mon sens de dissocier les deux périodes en hiver. S’il est tout à fait possible d’avoir la main lourde voire très lourde lors des derniers mois de l’année, les choses sont aussi sensiblement différentes en début d’année.
Pour ma part, j’ai tendance à charger en amorçage jusqu’aux premiers grands froids. J’ai eu l’opportunité de capturer le plus gros poisson connu d’un bief d’une petite rivière il y a 2 ans au début de l’hiver suite à un amorçage de zone composé de 10 kilos de billes pures la veille. Les conditions s’y prêtaient à mon sens, l’eau n’était pas encore trop froide et bien que les premières gelées arrivaient, j’avais estimé que le créneau était le bon, bien m’en a pris !
A l’inverse, en début d’année, je privilégie comme beaucoup une approche plus fine et plus légère. Je laisse désormais à la maison les grosses quantités de billes pour miser sur des particules et les petites graines. Dans une eau froide, il n’est pas question pour moi de faire nager les poissons sur de grands amorçages pour tomber sur mon appât, il faut que le poisson tombe le plus vite possible sur l’esche. J’abuse alors du method feeder (ou d’une boule d’amorce autour d’un plomb grippa) et des sticks solubles pour concentrer un maximum d’attractivité au plus proche de mon piège.
Pour cela, j’aime utiliser un stick mix ainsi que des micro-pellets, du maïs doux voire du chènevis quand je prends le temps d’en préparer. L’avantage des particules réside dans leur capacité à attirer les poissons blancs et ainsi à piquer la curiosité des carpes et engendrer une concurrence alimentaire.
Concernant les esches, j’ai tendance à utiliser davantage d’appâts flottants de couleurs vives. L’objectif est de se servir des pop-up comme d’un leurre. En fonction du lieu de pêche, je ne descends pas forcément en taille d’appâts comme beaucoup de carpistes le font. Je préfère utiliser des 20mm en eschage, quitte à mélanger 20 et 14mm en amorçage mais au moins, je suis sûr que ça pêche. A poids égal, on obtient en quantité beaucoup plus d’appâts de 14mm que de 20mm et le piège, à mes yeux, est de trop étaler les appâts au fond de l’eau au risque de retarder la touche voire même de ne jamais en avoir si les poissons se sont déjà suffisamment nourris de l’amorçage.
En résumé, concernant les appâts, une bonne dose de farines combinée à des pellets et du maïs doux autour du plomb, accompagnés par une petite poignée de billes par-dessus et un montage visuel pour le démarquer de l’amorçage feront l’affaire.
Pour les montages, je n’ai pas tendance à changer par rapport aux autres saisons. Je pratique sensiblement les mêmes eaux que le reste de l’année, le plus souvent chargées d’obstacles et, comme à la belle saison, je préfère limiter mon nombre de touches mais les assurer plutôt que de pêcher plus fin et plus discret et risquer de casser sur un poisson.
Tous ces petits conseils, basés sur mes propres expériences, doivent vous permettre d’avoir quelques bases pour tenter vos approches en hiver. Bien évidemment, il n’y a aucune vérité dans la pêche et ce qui a fonctionné une fois ne se reproduira peut être pas dans les mêmes conditions. Il convient donc à chacun de se lancer et d’apprécier les plaisirs de la pêche en hiver où les berges sont bien plus calmes et les couleurs de notre environnement toujours appréciables !