L’hiver est la saison idéale pour se creuser les méninges sur les vraies bonnes destinations de l’année à venir. Les lacs de barrages sont des destinations de choix pour ceux qui ont l’âme de baroudeur.
Le printemps sera bientôt là. Entre les lacs de barrage de moyenne montagne et ceux des plaines, il faudra faire un choix. Les premiers offrent un cadre grandiose. Les seconds se réchauffent plus vite et sont moins capricieux aux variables de saison. A titre personnel, j’opte plus volontiers pour les lacs encaissés, de moyenne altitude. La raison principale de ce choix tient au faible nombre de pêcheurs sur la plupart des berges. Souvent, on y croise au fil de l’eau des figures locales. Des « anciens » qui pêchent le sandre sur des pointes, accédant par des sentiers connus d’eux seuls. Globalement, les pêcheurs de carpes ne s’aventurent pas tant que ça en grand lac de barrage. Et pour cause, ce n’est pas si simple. Avant de tenter cette aventure, il faudra au minium observer une logique de sécurité et de logistique. Disposer d’un kit de réparation de pneumatique (si vous en avez un) et prévoir des chaussures de marches hautes, de type randonnée, afin de bien tenir vos chevilles. Nous ne sommes pas des chamois et les accidents sont très vite arrivés à raz de falaise ! Ils peuvent prendre des proportions alarmantes dès lors que le pêcheur se trouve loin de tout. Pour le campement un petit abri de type brolly se nichera dans un recoin entre caillasses et ronces. Et côté protection des carpes, un matelas de type cocon sera un gros plus pour tenir callé dans la pente par un alignement de pierre.
Anticiper sans se sur-informer !
Verser dans la surinformation est un gâchis de l’expérience extraordinaire que l’on peut vivre, presque seul au monde, en lac de barrage. Les seules infos indispensables qu’il est souhaitable de récolter concernent 3 critères. Le premier, c’est de savoir si historiquement il y a présence de carpes dans ce lac. Si vous avez l’âme d’un baroudeur qui veut découvrir du pays, cette seule info peut vous booster. La seconde, c’est de savoir si les carpes y sont toujours ! En effet, vous devrez essayer de connaître la date de la dernière vidange et surtout les conditions dans lesquelles elle a été faite. Plus la vidange est ancienne, plus le potentiel et le mystère de gros poissons s’accroit. Enfin, la troisième c’est de disposer d’un calendrier et d’éviter de cocher sa session sur les ponts du printemps. Pêchez en décalé ! Evitez la cohue sur les barrages les plus fréquentés. Pour éviter toute mauvaise surprise, pêchez hors vacances scolaires dans les lacs les moins médiatiques ! Pour autant il faudra tout de même réfléchir à l’environnement de votre destination. Dans la pratique il faut savoir que les carpes de lac de barrage se déplacent énormément. La localisation du poisson est importante. Ce dernier a une forte tendance à suivre les marnages. Quand l’eau baisse les poissons ont tendance à se rapprocher des barrages. Quand l’eau monte, les carpes investissent plus volontiers l’amont et toutes les zones moins profondes. C’est une théorie globale et non une règle immuable. Il faut toujours vérifier sur le terrain… Tout comme les carpes, l’eau monte et descend ! La vigilance est de mise par rapport à l’activité humaine qui régit les barrages. A tout moment, on peut être spectateur de très importantes variations de niveaux d’eau pour diverses raisons de gestion de la ressource en eau et en électricité par EDF.
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Des lieux sauvages par excellence
David Mollon l’explique bien dans cette vidéo, bien qu’artificiels, les lacs de barrage sont souvent bien plus sauvages que des lacs de plaine. La raison est simple. La nature a eu le temps de reprendre ses droits depuis plusieurs décennies dans des contrées très peu fréquentées par l’homme en raison de la déclivité des lieux, des accès étroits en forêt, etc. En effet d’immenses forêts bordent parfois les lacs de barrage. Elles sont peuplées d’animaux plus ou moins hostiles à notre présence. Le pêcheur de carpes avance dans l’inconnu et devra toujours rester vigilant par rapport à la présence de grands cervidés comme le cerf élaphe, les vipères ou les sangliers. Ce dernier est omnivore et donc attiré par toutes sortes d’odeurs. S’il y a une présence de glands sous votre biwy, il peut venir labourer en règle votre campement… Autant de petits paramètres qu’il faut savoir anticiper pour bien négocier les lacs de barrage.
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Bien négocier la pente…
Les barrages, surtout ceux qui sont très escarpés, peuvent vite dérouter le pèlerin moyen. Dans un univers de caillasses tranchantes et d’à-pics bordés de sombres forêts, on a besoin de redoubler de vigilances. Anticiper ce que sera sa pêche est très utile d’un point de vue logistique et sécurité. Le repérage, qu’il soit fait par carte IGN, sur Geoportail ou Google Earth reste sommaire. Il a vocation à dégrossir des points d’accès et zones de pêche dans les très grandes lignes uniquement. On ne cale jamais une pêche depuis un écran et ce qui est net sur le papier est aux antipodes parfois de ce que l’on découvre sur le terrain. Les tempêtes, le marnage et l’érosion modèlent le paysage en permanence. Nombre de pêcheurs fantasment trop sur une immense plage accessible où ils pourront pêcher nombreux. C’est sans compter sur les fluctuations d’eau. Les plages souvent ne sont si belles qu’au mois d’octobre et pas en début de saison. En définitive, il faudra arpenter les lacs que vous voulez pêcher. Une micro session découverte peut être le moyen de prendre ses repères. Et même s’il en résulte un capot, vous aurez la sensation d’être prêt pour « la vraie session revanche ». En tout état de cause, lors des repérages, il est utile de pêcher tout ce qui semble « casser la pente ». Les spots d’école sont les murets. Il y a toujours 1 ou 2 m de joli plat derrière un mur en pierre qui apparait et disparait au gré des niveaux d’eau. Ce petit plat est une auge à carpe. L’amorçage y tiendra et sera souvent visité par des poissons ultra mobiles. Les souches sont une option qui propose aussi un petit amorti dans la pente. Idem pour les anciennes routes. En somme, il faut arriver à pêcher là où la zone de pêche semble confortable. Dans un second temps, rien ne vous empêchera de tenter le diable en pêchant des pentes plus vertigineuses. Globalement, il convient de garder dans un coin de la tête une règle qui a fait ses preuves : priorité à un appât pêchant, avant de penser à un joli spot…
Le matériel adapté aux lacs de barrage
S’il y a quelques points sur lesquels insister, c’est très certainement sur l’utilisation du bas de ligne rigide. Mais c’est une question de point de vue, nous y reviendrons en fin de ce paragraphe. Certains lacs sont peuplés de grosses écrevisses qui détectent assez vite vos appâts pour en faire de la charpie ! Le blindage d’appâts assez durs, et la rigidité du bas de ligne peuvent rendre la ligne pêchante pour au moins 12 heures. C’est un premier préalable. Ensuite on doit porter un regard pointilleux sur la force de la tête de ligne. Les grosses têtes de ligne de 60/100 à 90/100 sont indispensables. Cela peut faire sourire de pêcher avec de tel «câble», mais il faut comprendre que ce n’est pas rendre service au poisson ni au pêcheur que de casser parce qu’on pêchait « en mode étang ». Les pierres tranchantes, les souches peuplées de moules ne demandent qu’à faire exploser votre ligne au premier départ. Les poissons des lacs de barrage sont des sauvageons. Ils démarrent en trombe. Le moindre frottement peut vous faire perdre un poisson immédiatement. Prévoyez au moins 15 mètres de shock leader de 60 centièmes au strict minimum. Coté montage, il faut rester très pragmatique. Etant donnée la nature accidentée des fond très caillouteux, le décollage de l’appât est de rigueur. Une bouillette mal présentée ou pire, coincée entre des gros cailloux n’a aucune efficacité. Il faut à tout prix éviter ce piège. Dans le doute, décollez votre appât avec une pop-up. Ensuite il peut y avoir débat sur l’utilisation de bas de ligne souple ou rigide. Une présentation avec un bas de ligne plus long et en matériaux souple peut convenir pour les éboulis. Un montage rigide est certainement moins discret sur le fond de gros cailloux ! Pour le coté respectueux de l’environnement, on pourra utiliser une pierre à la place du plomb.
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Film « Carpe Expédition # 4 », en lac de barrage
Immersion totale garantie en lac de barrage et paysages grandioses. Ce nouvel opus de « Carpe Expédition » vous emmène en plein cœur de plusieurs lacs français. C’est une session vécue à 4 copains. Ils vont y vivre toutes les joies et toutes les galères telles qu’on peut les vivre en lac de barrage, loin de tout… C’est très représentatif de la réalité. David Mollon et ses amis se dispersent sur des centaines d’hectares. Les pêcheurs tentent leur chance à raz de falaise ou d’éboulis rocheux qui plongent dans 25 mètres de fond. Prendre une carpe de plus de 15 kilos dans un lac aux allures de bout du monde, ça vous marque à jamais. Entre road trip et pionneering, on touche dans ce film a l’exploration de la nature mais aussi l’exploration intérieure ! Carpe Expédition # 4, en lac de barrage, c’est 18 minutes de bonheur pur dans une nature ultra sauvage ! J’ai eu la chance de réaliser ce film et le souvenir de cette session est encore poignant.
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