La densité est un paramètre physique qu’il est important de comprendre pour mieux pêcher. Cette notion est souvent confondue avec d’autre grandeur, comme le poids ou la masse, ou elle n’est parfois pas prise en compte par le pêcheur au leurre. Apprenons ensemble à connaitre cette grandeur et à utiliser nos connaissances en les appliquant à la pêche, sans pour autant avoir l’impression d’être sur les bancs des cours de physique/chimie du collège…
Bien comprendre la notion dedensité, c’est aussi parfaire sa culture pêche et comprendre dans sa globalitéles grandeurs et mécaniques physiques qui régissent la pêche au leurre.
Rappel de physique
Définition de la densité : ladensité d’un corps ou densité relative d’un corps est le rapport de sa massevolumique à la masse volumique d’un corps pris comme référence.
Deux questions se profilent déjàà l’horizon : qu’est que la masse volumique ? Quel est le corps deréférence ?
La masse volumique est une grandeur physique qui caractérise la masse d’un corps par unité de volume. Cette grandeur est la masse d’un corps, exprimée en kilogramme par rapport à son volume en mètre cube (Unité en gramme/centimètre cube, kilogramme/litre, ou tonne/mètre cube). La masse volumique la plus connue est celle de l’eau. Un volume d’un litre d’eau (100 centimètres cube, soit 0,001 mètre cube) pèse 1kg. Sa masse volumique est de 1kg/1litre, soit 1g/cm3, 1kg/litre ou 1tonne/m3.
Et cela tombe bien pour nous pêcheurs, car le corps de référence pour caractériser la densité est l’eau (pure à 4°C). La densité d’un corps sera donc une grandeur sans dimension et sans unité de mesure (ratio d’une masse volumique par rapport à une autre masse volumique, celle de l’eau). L’eau a une densité de 1.
Et le leurre dans tout ça ?
La densité permet aussi decaractériser la flottabilité d’un corps, puisqu’elle se calcule par-rapport àun liquide, corps de référence, qui est l’eau.
En caricaturant et en coupant court,les pêcheurs disent souvent que si le leurre est plus lourd que l’eau, ilcoule. C’est vrai. Mais la vérité physique et complète est en fait qu’un leurreayant une masse volumique plus grande que l’eau, va avoir une densitésupérieure à 1 (supérieure à l’eau donc) et va couler.
Mais ce raccourci est aussi lasource d’erreur et de confusion. Plus mon leurre est lourd, plus il coule vite.Mon leurre est plus lourd qu’un autre leurre flottant, il va donc couler… Enfait non !
Un tiny fry 38 S de 2 grammespeut être plus dense qu’un Dexter Jerk de 100grammes ! Il ne faut pasoublier de prendre en compte le volume du leurre !
En fait, on ne peut pas non pluscomplètement jeter la pierre aux pêcheurs qui font cette confusion :avez-vous déjà vu la densité d’un leurre indiquée sur une boite deleurre ? Moi non ! L’indication donnée par les fabricants est lamasse du leurre. En fait, les fabricants, nous indiquent la masse du leurre carc’est une information surement plus utile pour adapter sa canne, son moulinetet son fil… Mais en termes de pêche, la densité n’est pas précisée. Du moinspas quantifiée. Les seules indications résident dans des codes tel que F pourFlottant (floating), SP pour suspending (neutre, reste suspendu sans couler niflotter), S pour Sinking (coulant) et HW Heavy Weight (pour très lourd). Notezd’ailleurs qu’en anglais aussi, on parle de masse (weight) et non directementde densité (« High Density » par exemple).
Il faudra se fier à cesindications à moins de mesurer le volume de vos leurres et calculer la massevolumique et donc la densité, mais cette opération est plutôt fastidieuse etimprécise avec des moyens artisanaux…
Eau salée et température
Pour les plus attentifs, vousaurez remarquez un peu plus haut que le corps de référence est l’eau pure (H2O)à 4°C. Cela n’est pas négligeable, car en mer, où l’eau est salée, ou en eautrès froide ou très chaude, la densité de votre leurre sera la même, mais saflottabilité va changer. En effet, le corps liquide dans lequel va évoluervotre leurre aura une densité moins proche de 1. Dans l’Atlantique, 1cm3d’eau va peser environ 1,025g au lieu de 1g pour l’eau douce. Cela représenteun écart de 2,5%.
L’eau douce va avoir une densitéproche de 1. L’eau salée va avoir une densité de 1,025. Ce qui veut dire qu’unleurre sera plus flottant (l’exemple extrême étant la mer morte, très saléedans laquelle nous flottons sans effort). Si un leurre très coulant et dense en eau douce restera coulant et denseen mer, un leurre suspending pourra lui se révéler flottant en mer et un leurretrès peu coulant pourra être suspending. C’est assez embarrassant lorsque l’onveut pêcher creux au poisson nageur ou laisser couler son leurre. En mer, ilfaudra donc pêcher un peu plus dense qu’en eau douce. A volume égal, le leurresera plus lourd. On remarquera d’ailleurs que les gammes de poissons nageursjaponais adaptés à la pêche en mer sont souvent lourds et compacts, donc denses.La majorité des poissons nageurs sont coulants, très coulants ou flottants maispeu sont suspending et spécifiques aux pêches en mer.
Moins visible encore, latempérature de l’eau influence aussi la flottabilité d’un leurre. Si cela estquasiment négligeable pour un leurre, j’imagine que pour une micro nymphe surhameçon de 20 ou une ligne au coup lestée au dixième de gramme près, cela doitavoir une légère influence…
Quelques exemples de matériaux
Pour la conception des leurres, les fabricants utilisentquelques matériaux assez connus pour ajuster la densité des leurres et lesrendre plus ou moins coulants. En voici quelques-uns.
- Le plomb, peu couteux et très utilisé est un métal très dense. Il est malléable et assez facile à mettre en œuvre. Sa densité est de 11,3.
- Le Laiton, moins dense que le plomb, est lui aussi très utilisé et inoxydable, il possède une densité de 8,73.
- Plus récemment utilisé, le tungstène est très dense. Il permet des montages lourds avec un volume restreint et discret. Sa densité est de 19,25. Sa dureté et sa haute température de fusion (3400°C, la plus haute de tous les métaux) offre une mise en œuvre assez délicate et il est souvent façonné dans des moules par frittage (technique d’agglomération différente de la fusion).
Notez qu’à volume égal, une bille tungstène sera plus dedeux fois plus lourde qu’une bille en laiton !