S’il y a bien une pêche qui donne des sensations décuplées, c’est la pêche en stalking. Mais on a tendance à y mettre un peu tout ce qui sort du cadre traditionnel avec les pêches à courte distance, les pêches rapides, les pêches en surface notamment, et c’est bien normal car « stalking » veut dire traquer.
C’est donc une traque de la carpe, et non une pêche passive, comme on peut traquer la truite. D’ailleurs on retrouve ce genre d’émotions lorsque l’on pratique la nymphe à vue sur la truite, sauf que là la nymphe est une bouillette et la truite est devenue une belle carpe ! Dans cet article, nous allons nous intéresser à la pêche de la carpe à vue, qui est l’une des plus excitantes à mon sens et que j’ai eu la chance de pratiquer intensément en ce début de saison. Pour faire simple : il faut que le piège soit parfait ! Ni plus ni moins. Si vous arrivez à tout mettre en œuvre, les résultats seront au rendez-vous et les poissons aussi. Mais la moindre erreur se paie cash, alors nous allons voir ces petits détails qui vont vous permettre de passer à l’acte et basculer dans une autre dimension.
Matériel pour pratiquer le stalking
Au niveau du matériel, la pêche en stalking est absolument géniale : une canne, un moulinet, du fil, un montage, quelques appâts, une épuisette et un tapis de réception. Et vous voilà prêt à pêcher quelques heures, c’est light et c’est franchement agréable ! C’est ainsi que je pratique le stalking, bien souvent pour une heure seulement. Et quand je dis une heure, c’est le temps d’arriver, amorcer, prendre un ou deux poissons, faire quelques photos et repartir. Et oui, on est bien loin du cliché « camping » et siège d’un poste pendant plusieurs jours en attendant parfois plusieurs heures entre les touches. Concernant la canne, je préfère les cannes courtes, voire très courtes de 9 ou 10 pieds, pour des puissances entre 2.5 et 2.75lbs. Elles sont légères, ont généralement une action plus parabolique ce qui permet d’éviter les décrochés sur le premier rush, et elles sont très maniables, bien pratique lorsque l’on pêche entre et sous les branches. Côté moulinet, je pars bien souvent sur une taille 4000 ou 5000 pour avoir un ensemble équilibré, le moulinet étant garni de tresse 30/100ème mais peu importe car le combat se fait sur la tête de ligne la plupart du temps. Il y a peu d’importance sur la contenance car je ne suis pas sûr d’avoir sorti plus de 10m de fil depuis le début de l’année à vrai dire. Pour l’épuisette, choisissez peut-être un modèle avec un long manche, c’est un plus dans les endroits escarpés. Pour le tapis, je prends celui que j’utilise habituellement. Une bonne paire de lunettes polarisantes, c’est peut-être l’élément le plus important, et vous voilà paré niveau matériel. Il reste les appâts, vous avez le choix. Personnellement, j’ai utilisé des bouillettes, la chose la plus importante est d’utiliser les mêmes appâts que vous utilisez lors de votre stratégie d’amorçage et surtout avoir une confiance absolue en eux sinon vous risquez de gamberger face aux attitudes des poissons.
Stratégies d’amorçage
Oui, je parle bien de stratégies d’amorçage. Si on voit le stalking comme une pêche opportuniste, ce n’est pas ainsi que je la pratique. Je commence au préalable en repérant les postes en longeant les bordures à la recherche de zones de tenue. Ces zones de tenue sont souvent des obstacles, à savoir un amas de branches et j’ai observé pas mal de poissons ainsi. Ils sont pratiquement impossibles à pêcher mais en s’adaptant, il est possible de faire de très jolies pêches ! C’est pour cela que les lunettes polarisantes sont un vrai élément clé de la réussite, si vous ne voyez pas les poissons, vous ne pourrez pas pratiquer cette pêche efficacement. Un autre moyen de prospecter rapidement est le drone, mais nous y reviendrons dans un prochain article. Une fois les poissons repérés sur une zone de tenue, souvent impossible à pêcher sans éveiller les soupçons, je commence à amorcer directement sur le poste au milieu des branches pendant 3 jours. Durant ces amorçages, j’observe les poissons, leur comportement, les heures auxquelles ils sont ou ne sont pas là, bref, j’essaie de comprendre leurs petites habitudes. Pour le moment je ne pêche pas, je construis mes futures pêches et c’est un élément clé pour la suite.
Après quelques séances d’amorçage, les poissons sont normalement habitués à mes appâts et en confiance, c’est le moment où je vais chercher comment ils arrivent et partent de la zone de tenue. Il faut chercher le premier endroit à toute proximité de la zone pour essayer d’y deviner si les carpes empruntent ce chemin. Le poste étant en bordure, il n’y a que 3 chemins pour arriver sur la zone de tenue : bordure de gauche, bordure de droite ou en face en pleine eau. Si les poissons arrivent d’en face, j’opte pour une pêche d’obstacles, s’ils arrivent par un côté, j’opte pour le stalking, le sujet du jour ! Comment savoir par où ils arrivent ? De l’observation, encore et toujours. Il suffit de se poster, bien cachée, et regarder ce qui se passe pendant une à deux heures. L’autre moyen est de placer quelques bouillettes en toute bordure et revenir quelques heures plus tard pour vérifier si tout a été mangé.
A partir de là, lorsque vous avez confirmation que ce sont bien des carpes qui ont mangé vos appâts, c’est pratiquement gagné ! Il suffit d’amorcer le poste régulièrement pour que les poissons y trouvent de la nourriture quand ils rejoignent ou repartent de la zone de tenue. Ils sont en confiance sur les appâts, ils peuvent même se nourrir en toute bordure, devant vos yeux et au bout de quelques jours la bordure est littéralement labourée ! Chose observée et vérifiée cette année, le seul fait d’avoir le bruit des appâts qui tombent dans l’eau attirait les poissons sur le poste. J’ai pu ainsi observer jusqu’à 10 poissons sur le spot moins de 5 minutes après l’amorçage. J’ai aussi vu plusieurs fois 1 ou 2 poissons arriver dans les 30 secondes après l’amorçage. Cette situation est parfaite pour commencer la pêche, et vous vous doutez bien que dans de telles conditions il est plus facile de faire un poisson.
Le montage
Concernant le bas de ligne, j’utilise un montage classique de 20-25cm avec de la tresse dense en 20lbs ou alors en fluorocarbon. Un hameçon résistant en taille 4 ou 6 esché d’une bouillette de 24mm et c’est parfait ! J’ai essayé de pêcher avec un montage hélicoptère (car à proximité des obstacles) mais je suis finalement revenu au basique in-line pour avoir un excellent auto-ferrage car il m’était impossible de ferrer sous les arbres. J’ai ensuite 10m de fluorocarbone en 0.50mm, rien de plus. Pourquoi du fluorocarbone ? Car il est quasi invisible, coule et se plaque sur le fond et avec de l’élasticité, ce qui permet d’encaisser le premier rush. Le poste que j’ai pêché était très difficile à manœuvrer, même avec une canne de 10 pieds, et à seulement 3m d’arbres à moitié immergés où se tenaient les carpes, il me fallait donc ne pas laisser plus de 3m au poisson, y compris sur le premier rush. D’où l’importance d’une canne parabolique et du fluoro pour éviter les décrochés au maximum.
Action de pêche
Rien d’insurmontable, il faut juste bien préparer les choses pour éviter de faire trop de mouvements. En général je m’approche avec un seau d’appâts, ma canne prête à pêcher et l’épuisette. La première chose est de positionner l’épuisette prête à servir. La deuxième chose consiste à positionner le montage au bon endroit, avec la bannière détendue pour éviter que les poissons ne la touchent. J’ai vu un superbe poisson se nourrir sur le spot pendant quelques dizaines de secondes, toucher la ligne trop tendue et faire demi-tour immédiatement et prendre la fuite vers les profondeurs. Une fois en place, je lance 2 poignées de bouillettes sur le spot, avec 5-6 bouillettes de manière un peu plus large. Ensuite je m’assieds, une main sur la canne et je ne bouge plus du tout en scrutant ce qui se passe sur le spot. La plupart du temps, la touche se produit en moins de 5 minutes, et voir les poissons arriver sur la zone vous donne une sacrée décharge d’adrénaline. Quand il y a 2 ou 3 poissons, vous essayez de deviner lequel sera le premier à se faire piéger, c’est vraiment excitant. Et lorsqu’un gros poisson est sur le spot, je ne vous cache pas que les sensations sont encore plus incroyables. J’ai eu la chance de voir un gros poisson se nourrir 2 fois lors de mes amorçages préalables, mais je n’avais pas eu la chance de le capturer sur mes premières pêches. Mais il a finalement fini par croiser ma route, et ma bouillette et après un combat titanesque, il était dans mes bras pour la séance photo. Un poisson de 20 kilos, à vue en stalking, c’est une magnifique récompense et ce sont des sensations vraiment incroyables.
Bien entendu, les poissons sortent immédiatement de la zone lors du combat, mais s’il n’est pas trop long, vous pouvez tout à fait parvenir à prendre un deuxième poisson moins de 15 minutes après la remise à l’eau. J’ai pratiqué ainsi plusieurs jours, et j’ai toujours pris des poissons très rapidement, la clé étant de trouver les poissons et de les mettre en confiance sur les appâts. Si vous avez plusieurs postes, rien ne vous empêche de pratiquer une pêche itinérante sur 3-4 postes par exemple, de quoi vous occuper pleinement pendant une demi-journée de pêche intense. Cela a été pour moi la clé pour pêcher efficacement ce poste, et j’ai eu des résultats bien meilleurs en pratiquant ainsi qu’en pratiquant une pêche d’obstacle depuis la berge opposée et je ne regrette vraiment pas cette décision ! Mon prochain défi étant de les faire monter en surface cet été, pour encore plus de sensations !
Bonjour, j’ai beaucoup aimé