Il m’arrive souvent de pêcher exactement pareil c’est-à-dire avec les mêmes méthodes et stratégies, et des fois cela ne fonctionne pas, et d’autre fois cela fonctionne bien, j’imagine comme beaucoup. Il est alors impossible de savoir ce qui fait la différence entre les résultats de différentes sessions, les conditions météo sans doute, mais le sait-on vraiment ? En tout cas rien dans les choix du pêcheur contrairement à ce que notre esprit avide de reconnaissance veut croire. Mais justement durant cette session j’allais changer une chose, et tout allait changer… Mais était-ce vraiment cela la raison ?
Une eau particulière, une eau à bredouilles
Ce réservoir peu profond d’environ 100 hectares est particulier pour moi, je le pêche depuis environ 2 ans, j’ai cumulé une quarantaine de nuits pour…3 carpes, et pas des grosses en plus ! Vous vous doutez que cela m’a un peu forcé contrairement à mes habitudes à essayer différentes techniques, à commencer par ma préférée : l’amorçage massif et large à la bouillette pure, qui permet en général d’éviter les petits poissons. De ce côté-là ça a bien marché je n’en ai pris aucun, mais aucun gros non plus ! A force j’ai aussi essayé des pêches en spot, des flottantes de tout le bas de ligne, des montages souples, rigides, près du bord sur fond dur, au loin sur fond mou, j’ai essayé des postes différents, des saisons différentes, face au vent, dos au vent etc. Bref rien n’y faisait jamais. A vrai dire je pense aussi que les autres pêcheurs prenaient peu de poissons, il y avait bien quelques cartons dans l’année, mais assez rares, pas mal de bredouilles évidemment, mais tout de même aussi d’autres pêcheurs faisaient des petites pêches régulières de 2 ou 3 carpes par weekend ou par semaine au pire, et je faisais vraiment baisser les statistiques malheureusement. Au moins j’ai testé et réussi une épreuve : la persévérance, car chaque weekend j’y allais rempli d’espoir, en occultant les échecs passés, ce qui fait le sel de la vie des pêcheurs finalement car sans espoir on reste chez soi dans son lit ou son canapé.
Encore un week-end
Donc en ce début de long weekend de mai, comme toujours je prends le chemin du lac gonflé d’espérance, cette fois pour un poste jamais essayé encore, près de la digue à la jonction d’une baie et du bras principal, l’eau est à 16 ° en surface depuis peu, bref la fraie n’est pas encore là. Par contre ayant un peu évolué dans ma réflexion, je me disais qu’un amorçage à la bouillette pure mettrait un moment pour fonctionner, un jour ou plus et donc en attendant autant essayer quelques touches avec une pop-up décollée de 5 cm. Ainsi la première nuit j’amorce environ 2 kg de bouillettes bien étalées, je pêche avec sur 2 cannes et une flottante sur la 3e, rien de très innovant.
1ère nuit habituelle, et première journée qui ne l’est pas du tout !
Evidemment, la première nuit donnera zéro touche, ça ne m’inquiète pas du tout tellement c’est habituel pour moi ici ! Je ne touche à rien, ayant pris l’habitude de laisser mes appâts 24 h d’affilé. Mais à 9 h sonnerie, c’est bien un détecteur, je regarde si un bateau n’a pas pris mon fil car j’ai bien plus l’habitude de cela, mais non, on dirait un vrai départ ! Je ferre, et en effet c’est bien un poisson, quelle surprise ! Dans ce genre d’eau peu profonde, les combats se ressemblent souvent, de grands déplacements latéraux gauche/droite du poisson, et je finis par la mise dans l’épuisette, un beau poisson en plus : 15.8kg, mon record ici est battu, bien ! C’était sur la canne équipée d’une flottante, je la relance au même endroit. 1 heure se passe et départ à nouveau, sur la même canne que je venais de relancer ! Ça commence à me faire bizarre après toutes ces journées sans aucun mouvement. Je commence le combat, le poisson a des mouvements lents, tranquilles. J’ai encore l’impression que ce n’est pas petit, et j’ai la confirmation dans l’épuisette, et au peson : miroir de 19.6kg !
Je relance à nouveau, je mange puis un peu après encore un départ, et j’entame à nouveau un combat. Et là j’entends mon autre canne à gauche démarrer, un doublé ! j’ai toujours eu comme principe d’assurer la première carpe, sauf si elle me paraissait petite, ce qui n’est pas le cas ici. Donc je coupe le détecteur de l’autre canne, resserre un peu le frein, et la laisse tranquille pour m’occuper de la première. Il est difficile de faire abstraction et de se concentrer quand on entend le moulin derrière soi qui crisse, mais au bout de minutes me paraissant interminables, à nouveau une superbe miroir est dans l’épuisette, ouf ! Je vais donc vite prendre contact avec l’autre canne, et la carpe est encore bien au bout, chanceux. Là le combat est plus serein et plus rapide, et c’est une miroir avec un gabarit plus petit qui finit dans ma deuxième épuisette, comme quoi ça peut servir d’en déplier deux. A peine dedans, que ma 3e canne démarre, un triplé, le premier de ma vie ! L’avantage est que plus aucune canne ne gêne, l’inconvénient est que je n’ai plus d’épuisette libre, je traine donc l’épuisette avec la petite miroir avec moi une fois la troisième canne ferrée, et le combat cette fois est plus difficile, et après de longs aller-retour à gauche et à droite une superbe commune rentre dans l’épuisette, ouf !
Premier triplé de ma vie
Je vous laisse imaginer l’état de chaos dans lequel est mon poste avec des cannes qui trainent, 3 carpes dans deux épuisettes à démêler, décrocher, peser, prendre en photo, relancer ! Ce sera donc une commune de 18.8kg, une miroir de 9kg et enfin une autre de 17kg avec des écailles cuivrées magnifiques, quelle action de folie !
Après avoir fait tout cela, je peux enfin me reposer et repenser à ce qu’il vient de m’arriver. Je m’attendais ensuite à enchainer des départs tout l’après-midi, finalement, ce n’est qu’en milieu d’après-midi que j’ai enfin une autre touche, pour un combat autant en lourdeur d’une superbe commune de 19 kg toute en rondeur, quelle journée ! Déjà où que ce soit ce serait une pêche insensée, mais ici particulièrement où j’ai cumulé les jours sur off cela est improbable.
Il faut bien relancer chaque canne le soir dans ces conditions là car avec tous ces mouvements il n’est jamais certain que tout pêche parfaitement pour la nuit à venir autrement.
Une nuit aussi bonne que la journée ?
Et pourtant, finalement la nuit sera très calme, avec quand même une 14 kg qui se laissera prendre pas loin avant le début de l’aube. Et la journée sera aussi assez calme par-rapport à la veille, avec « seulement » une carpe vers 16h, je me suis dit que la folie était terminée. La nuit me donna presque raison, sans aucune touche sauf à 6h du matin au petit jour avec à nouveau un poisson de 13.6kg. Fallait-il se faire une raison, une seule journée avec des carpes affamées ? Et bien non, cette dernière sera aussi productive, et dès 8 h avec le poids lourd de la session, une commune missile de 20.5kg ! Suivie à 11h d’une miroir d’un peu plus de 19kg, et l’après-midi des poissons plus petits malheureusement, mais un avec des écailles méritant une photo tout de même. Ces mêmes photos un peu plus difficiles à faire seul, car sous une pluie battante en laissant l’appareil sous l’abri et en se plaçant juste devant la porte, le choix de lumière était restreint malheureusement, quoique finalement vu le soleil peu présent, peu importait. Et j’ai eu beau essayé de faire durer la journée de pêche plus que prévu, il m’a fallu rentrer avec regret.
Si l’on veut résumer cette session qui reste d’anthologie pour moi en chiffres : 16 touches, 14 carpes, dont 8 de plus de 15 kg !
Et donc, comment cartonner à la carpe ?
Car si on se pose la question avant d’aller à la pêche et c’est bien légitime, une fois que l’on est rentré chez soi et que l’on vient de cartonner finalement, comment conclure que telle ou telle cause a contribué le plus aux bons résultats ?
Il y a une chose déjà qu’il est forcé de reconnaitre : on cartonne quand les carpes sont folles et qu’elles mangent n’importe quoi, cela semble évident ! Donc quelque chose qui finalement n’a rien à voir avec le pêcheur et sa technique, pourtant l’on voit bien souvent des pêcheurs dirent à tort que leur carton vient de tel montage ou de tels appâts. Deuxième chose évidente : on cartonne quand les carpes mordent, et qu’on les ramène à l’épuisette. Donc que l’on utilise des montages solides et fiables, encore une raison je trouve qui fait que les montages discrets sont une fumisterie. Enfin troisième raison, la vraie part de ce que peut faire le pêcheur ou non. Et c’est là que j’ai dû me rendre à l’évidence, il y avait une vraie différence entre la, ou les cannes eschée(s) d’une bouillette flottante de quelques centimètres et celles eschées d’une bouillette dense normale.
Les montages discret sont-ils meilleurs ?
En effet durant ces 3 jours j’ai essayé du mieux possible de varier les différentes caractéristiques entre mes cannes pour voir ce qui est efficace de ce qui est inutile. Rappelons que c’est toujours très difficile car on peut confondre et cumuler plusieurs choses sur une même ligne, et n’en retenir qu’une seule. En effet durant une journée j’ai pris le plus de poissons sur un montage avec un cheveu coulissant, un petit hameçon et une bouillette flottante. J’aurais pu déclarer de suite que les montages fins prennent plus que les montages solides. Mais par chance (ou manque de préparation !) j’avais un seul montage de ce type, donné par un ami ayant pitié de mes bredouilles répétées, même si j’étais persuadé que cela ne venant pas de mon montage, j’ai testé pour lui faire plaisir. Et j’ai donc dû faire moi-même un nouveau montage pour essayer une flottante sur 2 cannes sur mes 3 au lieu d’une seule. Pour faire mes montages, j’avais quand même une tresse gainée de 65 lbs qui permet de faire un montage flottant plus facilement que mon habituel nylon de 0.70 mm, et bien le lendemain j’ai pris tout autant de poissons entre ces deux montages, donc ce qui plaisait vraiment aux carpes semble être une bouillette décollée, et non un montage fin !
La flottante cartonne à la carpe ?
Et bien je pense que oui, sur 14 poissons, 11 ont été faits à la flottante, pourtant au début 2 cannes sur 3 étaient à la bouillettes normales, et à la fin 1 sur 3, j’en ai quand même conservé une avec bouillette sur le fond. Il aurait pu sans doute été plus malin de faire 3 flottantes le jour et 2 denses la nuit, car je n’ai eu aucune touche à la flottante la nuit bizarrement mais quelques poissons nocturnes qui ont tous été faits à la 24 mm identique à l’amorçage.
Que faire ensuite
Il est indéniable que sur cette eau vaseuse, sur laquelle j’avais cumulé des dizaines de jours et nuits bredouilles à la bouillette dense, la flottante a pu, et se révélera je pense à nouveau un élément clé de la réussite. De même je pense les prochaines fois essayer au moins les premiers jours le temps que l’amorçage fasse effet, des lignes avec une esche décollée. Pour une fois, mon entêtement a trouvé ses limites, mais pas complètement, car si en effet j’ai lâché du lest sur l’utilisation de bouillettes différentes de l’amorçage, ce que je n’avais pas utilisé depuis plus de 10 ans, je me suis quand même à nouveau prouvé qu’un montage fin n’est en aucun cas un critère de réussite pour la carpe, ça peut me rassurer à nouveau.