L’amorçage est sans nul doute le paramètre le plus difficile à ajuster, car il est impossible d’en maîtriser tous les aspects. Il n’y a jamais d’amorçage parfait. On ne peut jamais savoir en détail si les appâts ont été mangés en intégralité, combien de temps il faut pour que la totalité de l’amorçage disparaisse, quels sont les poissons qui se sont régalés de nos appâts. Des carpes, ou de la blanchaille ? Au-delà de ces difficultés, la stratégie est elle-même primordiale. C’est pour cela qu’il est toujours préférable d’en avoir quelques-unes en réserve. Dans cet article, nous allons vous proposer une stratégie d’amorçage peu conventionnelle, et qui nous a plus d’une fois permis de tirer notre épingle du jeu.
Cette technique nécessite une réelle connaissance des lieux et des carpes qui y résident, ainsi qu’une compréhension globale des mécanismes de fonctionnement du spot de pêche
Le budget des carpistes est souvent réduit. Et les bouillettes de qualité coûtent cher. C’est pour cela que nous vous proposons ici de mettre à l’eau de petites quantités de billes, mais sur une très grande étendue, et théoriquement, à des endroits où les carpes vont venir se nourrir. Le but étant que le ou les poissons ciblés rencontrent un maximum de petits spots amorcés avant qu’ils n’arrivent sur le vôtre. Ils seront ainsi conditionnés à votre type d’amorçage au moment de saisir votre esche. Il existe deux problèmes majeurs pour la mise en place d’un tel dispositif. Le premier étant de connaître les cheptels et les poissons convoités du plan d’eau que l’on a sélectionné. Le deuxième, vous l’aurez compris, est de connaître le trajet et les spots précis d’alimentation. Et c’est en cela que nous trouvons cette technique exceptionnelle. Il ne suffit pas d’arriver sur un poste et de benner 20 kilos de billes devant en attendant que les poissons rentrent. Au contraire. La stratégie nécessite une réelle connaissance des lieux et des carpes qui y résident, ainsi qu’une compréhension globale des mécanismes de fonctionnement du spot de pêche. Ainsi, elle n’est pas applicable de manière efficace la première fois que l’on arrive sur un lieu de pêche. Mais chacun d’entre nous a un ou deux endroits privilégiés, où il se rend régulièrement : une gravière, un plan d’eau ou un grand lac. Peu importe la taille du lieu, l’important est de connaître l’endroit. Évidemment, plus la surface est grande et plus l’interprétation devient complexe. Mais cette technique est tout à fait appropriée aux grands lacs, nous en avons déjà fait souvent l’expérience.
Fragmenter son amorçage carpe
Lorsque l’on connaît un plan d’eau, on sait où les poissons se nourrissent majoritairement, grâce à nos observations, nos propres captures et aux renseignements glanés auprès des autres pêcheurs. En admettant que l’on cible un poisson en particulier, il est possible à force d’observation et de compilation d’informations, de définir, en gros évidemment, plusieurs spots d’alimentation de ce poisson. Il faudra tous les amorcer : c’est ici qu’intervient notre stratégie. Elle devra être adaptée à la taille du lieu. Si l’on décide de pêcher une petite gravière de 5 hectares, il faut choisir le poste semblant le meilleur, et amorcer tous les spots que l’on connaît sur le lac avec quelques billes seulement. Ce ne sera évidemment pas possible sur un lac de 200 hectares, où il faudra se contenter d’amorcer les spots d’une grande baie, où les petites pointes d’un grand linéaire, par exemple. Mais dans les deux cas, il faut viser large ! Le plus large possible. Et viser précis ! Puisque l’on n’utilise que quelques kilos de billes, il faut que chacune d’entre elles soit efficace. Je me répète : c’est pour cela qu’il est nécessaire de bien connaître le lieu et le cheptel que l’on convoite, la population de carpes et son comportement. Vous me direz que tout cela est très théorique, et que le comportement des carpes change souvent en fonction de la saison, de la météo, et même d’une année sur l’autre. C’est à la fois vrai et faux. Certes, les carpes sont faites de chair et de sang, et n’agissent pas comme des machines. Mais bien souvent, elles suivent le même trajet selon un schéma comportemental que l’on peut, avec un peu d’expérience plus ou moins identifier. Par exemple, les bancs de carpes se dissocient rarement. Je vois souvent nager ensemble les mêmes poissons d’année en année. De plus, les poissons ont des habitudes bien ancrées et se nourrissent très souvent au même endroit. En 2014 et 2015, nous avons capturé 2 fois la même carpe de 25 kg au même endroit, au même appât, à un an d’intervalle pile-poil. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
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Comment procéder ?
Voilà comment nous procédons pour mettre en place cette technique. Nous choisissons une quinzaine de spots et nous en pêchons huit. Si nécessaire, il faut marquer les endroits à l’aide d’un repère. Nous pêchons en général les endroits se trouvant le plus en face de nous et amorçons simplement les autres. Si au bout d’une journée, les résultats manquent, on décale les cannes sur les autres spots. Cela veut dire que nous avons mal interprété le trajet des carpes, et qu’il faut changer.
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Écartement des spots
Il peut paraître un peu farfelu d’amorcer des spots se trouvant à bonne distance de ceux que l’on pêche, mais soyons clair, il ne s’agit pas ici d’attirer ou de fixer un poisson sur un amorçage. Le but est que le poisson, au fur et à mesure de ses déplacements, assimile la bouillette comme une source de nourriture intéressante et surtout sans danger. Dites-vous bien qu’amorcer des spots loin de votre hameçon revient au même que d’amorcer un spot à côté : c’est du conditionnement. Attention, il ne servirait à rien d’amorcer des spots trop loin. Il faut garder une certaine mesure. Et surtout, il faut faire en sorte que l’amorçage ne concerne que les poissons susceptibles de passer à un moment ou à un autre sur vos montages. Pour être clair, si la surface est de 2000Ha, rien ne sert d’amorcer à l’autre bout du lac !!!
Pour rendre plus efficace cette stratégie, il faut aussi écarter les cannes au maximum. Lorsque nous pêchons ensemble, mon frère et moi, nous écartons beaucoup nos montages. Il y a souvent 400 ou 500 mètres de distance entre la canne de gauche et la canne de droite de notre binôme. L’effet souhaité est de généraliser le principe de l’amorçage fragmenté à la stratégie de pêche elle-même. Ainsi, en plus d’amorcer large, on pêche large pour se donner la possibilité d’intercepter les poissons partout dans leur déplacement. Bien sûr, tout ceci doit prendre en compte les autres pêcheurs, pour une bonne entente au bord de l’eau. Mais s’il n’y a personne, il n’y a aucune raison de se restreindre.
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Respecter les autres pêcheurs
Cette technique demande d’avoir beaucoup d’espace et elle n’est pas compatible avec la présence excessive d’autres pêcheurs. Il faut respecter les autres carpistes, quitte à prendre moins de poissons. On attendra alors d’être un peu plus isolé pour mettre en place cette approche. Sur des petites surfaces, il ne faut pas hésiter à entamer le dialogue avec les autres pêcheurs pour être sûr de ne pas les importuner.
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Petite histoire
J’ai une petite anecdote à ce sujet. Mon frère et moi pêchions un plan d’eau régulièrement, environ cinq fois par an. La clarté de l’eau nous permettait d’observer de longues heures les poissons qui nageaient sous le bateau. Il y en avait un qui était réellement monstrueux, magnifique. Ayant déjà capturé bon nombre de carpes dans cet endroit, nous décidons de cibler exclusivement ce poisson hors norme. Je suis seul pour cette session, mais nous décidons des stratégies ensemble avec le frangin, pendus au téléphone à longueur de journée. Quand j’arrive sur le plan d’eau, il y a déjà du monde. Je peux m’installer, mais le spot me semblant le plus propice pour capturer le « monstre » est inaccessible, car un pêcheur me barre la route avec sa ligne. Je m’installe et commence à amorcer. Avec mon frère, nous compilons toutes les infos que nous avons sur ce poisson. J’amorce ainsi une dizaine de spots où nous avons observé cette carpe se nourrir, mais aussi deux spots où nous sommes sûrs de l’avoir vue sauter par le passé. J’amorce aussi une tache de galets où nous savons qu’elle s’est déjà faite capturer. Je mets quelques bouillettes par spot pas plus. Je ne veux pas attirer de trop nombreux poissons. Le premier soir, je ne pêche pas pour ne pas déranger la zone. C’est une réelle privation d’être prêt à pêcher, mais de garder les cannes dans leur fourreau, juste pour laisser travailler l’amorçage. Le lendemain matin rebelote, j’amorce de manière fragmentée toute la zone, sur les mêmes spots que la veille.
Le lendemain, j’attraperai un autre poisson géant au même spot. Et comme par hasard, j’avais déjà observé ces poissons nager ensemble plusieurs fois.
L’après-midi, j’observe que bon nombre de bouillettes ont disparu. Je réamorce avec les mêmes quantités essayant d’être le plus discret possible avec mon embarcation dans ce lac qui subit une forte pression de pêche. Le troisième jour, le pêcheur avec qui je me suis lié d’amitié, décide de plier bagage. Je vais enfin voir si ma stratégie fonctionne. Je m’empresse de placer une ligne sur le spot que je crois bon. J’y amorce dix bouillettes, pas plus. Les autres spots amorcés depuis deux jours sont bien moins bons à mon goût, mais j’espère qu’ils auront tout de même vu passé mon poisson géant. Trois heures après avoir posé la ligne, et après un combat de dingue, je vois ma carpe de plus de 30 kilos rentrer péniblement dans l’épuisette. Le lendemain j’attraperai un autre poisson géant au même spot, qui aura profité lui aussi de mon amorçage. Et comme par hasard, j’avais déjà observé ces poissons nager ensemble plusieurs fois.
Conclusion
C’est vrai, je l’avoue, cette technique n’est pas facile à mettre en place. Elle se base beaucoup sur l’interprétation et laisse ainsi une grande part d’incertitude. Mais quelle fierté lorsque l’on arrive à attraper un poisson gigantesque grâce à cette stratégie d’amorçage. On a vraiment l’impression d’être rentré dans la tête du poisson. C’est également la technique par excellence pour capturer les poissons rares, méfiants, les vraies perles de nos lacs et rivières.
Bravo, pour cet article très précis sur votre stratégie d’amorçage. Je pêche régulièrement une petite rivière, l’Indre, large d’une 30 met avec de nombreuses fosses de 5 à 7 mètres. J’amorce avec de petites quantités de maïs et de blé et une trentaine de frolic l, les abords de ces fosses et les bois immergés qui sont nombreux. Nous prenons environ 1 carpe toutes les 2sorties et toujours des poissons se situant aux environs de 9 kg. J’aurai deux questions à vous poser: Au bout de 2 ou 3 captures sur le poste les poissons ne mordent plus, et comment faire pour toucher des plus grosses? Peut-être qu’il faut que je change ma stratégie d’amorçage?
Cordialement,
Jean-Louis
Je pratique également de cette façon assez régulierement sur mes session d une semaine sur des eaux inconue ou pas le but étant d endormir la méfiance du poissons en proposant de petites quantités sur une multitude de spots potentiellement succeptible d y voir passé des carpes je lie aussi certains spot entre eux avec de petit chemins avec une bouillete par une bouille te ceux qui permet selon les quantités et la surface de pouvoir conditionné un maximum de poisson évidemment il faut une bille d excellente qualité et fraîche