Ce sont 13 nations qui se sont données rendez-vous du 23 au 27 octobre sur la ville italienne de Peschiera del Garda, sur les rives sud du lac de Garde, le plus grand lac italien, pour ce 3ème championnat du monde de street fishing. Et pour la première fois de son histoire, la France (et la FFPS Carnassier) remporte le titre suprême ! Un événement hors norme et une date mémorable pour la pêche française que nous fait vivre de l’intérieur notre auteur Morgan Calu, désormais champion du monde.
Repérage et premier pas
Emmené par Eric DESPALIN et Antoine LEGGERI (respectivement sélectionneur et délégué), l’équipe de France gagne l’Italie le 22 octobre au soir. Les compétiteurs sont Jeremy SEGUIN, Tom BONTEMPELLI, Baptiste VERGER, Martin JEANSON, Thomas GASNIER et Morgan CALU.
Le mot d’Eric DESPALIN, sélectionneur de l’équipe de France Street Fishing
Pourquoi cette équipe ?
Je voulais conserver une ossature ayant de l’expérience internationale en y ajoutant du sang neuf avec Baptiste et Martin afin de redynamiser l’équipe. Il fallait que cela matche entre eux, je n’en doutais pas au vu des différents rapports lors du championnat de France, mais c’était quand même un pari. Le résultat parle de lui-même, l’osmose fut parfaite. Au passage, merci aux compétiteurs pour avoir rendu cela si simple. Un vrai esprit d’équipe. Merci aussi en particulier à Tom et Thomas pour leur dévouement au service de l’équipe. Et merci à Antoine de m’avoir épaulé durant ce championnat.
Mon objectif était simple : à minima faire un podium peu importe la couleur de la médaille. Le résultat final va au-delà de mes espérances. Je suis fier de l’équipe, du travail accompli et du résultat obtenu.
Après un long voyage en voiture, tout le monde a hâte de se dégourdir les jambes et part à la découverte du parcours sous une pluie battante. Nous pensions voir des chevaines en maraude, des poissons en bordures… mais finalement nous déchantons vite.
Nous n’apercevons que très peu de poissons, quelques chevaines de belles tailles très méfiants, quelques black-bass seulement… Nous remarquons néanmoins une grosse concentration de chevaines sous un rejet d’eau de pluie en aval du secteur A. Nous observons aussi un poisson difficile à identifier : chevaines, ides mélanotes ? Nous apprendrons par la suite qu’il s’agit de scardola, une espèce de gros rotengle qui ne fait pas partie des espèces comptabilisées.
En parlant des espèces qui comptent, il y en a 4 et il s’agit de la perche (quota 6 poissons, maille de 20 cm), du chevaine, le fameux « cavedano », très proche cousin de nos chevaines français (quota 5 poissons, maille à 25 cm), du brochet, lui aussi cousin de nos brochets français (quota 2 poissons, maille à 40 cm) et enfin du black-bass (quota 4 poissons, maille à 23 cm).
Malgré la beauté et la variété du parcours (portion sur le lac de Garde, canaux, marina, douves, rivières…), nous ne sommes pas très optimistes. Nous attendons avec impatience le premier préfishing qui devrait donner la couleur…
À noter que certaines nations sont sur place depuis une voire plusieurs semaines ! Il est aussi à noter qu’il pleut quasiment quotidiennement depuis plus d’un mois sur le lac. Les niveaux et les débits sont très hauts pour la saison. Les eaux restent malgré tout claires, de couleur bleue, parfois légèrement « laiteuses » après les épisodes pluvieux.
Déroulement et parcours
Le déroulement est relativement simple : Deux équipes de deux compétiteurs par nation pêchent chacune un secteur le samedi et l’autre le dimanche. Le but est de cumuler le moins de points possible à l’issue de ces deux manches. Le cumul des points place par duo donne le classement général, et il en est de même pour le classement par nations, qui cumule lui les points places des deux équipes. En terminant premier, le duo marque 1 point, deuxième 2 points places, troisième 3 points… Il faut pour cela comptabiliser le plus de centimètres de poisson cumulé sur la manche. En cas d’égalité sur une manche, le calcul se fait de la sorte :
Par exemple, deux compétiteurs terminant ex-aequo à la 5ème place marquent 5+6 divisé par deux équipes, soit 5,5 points place.
En cas d’égalité au cumul des points place, c’est la longueur totale de poisson qui prime et non la régularité. J’insiste sur ce point afin que vous compreniez bien les résultats de nos Français.
Un binôme finissant 4ème à la première manche et 7ème à la seconde marque 4 et 7 points place, soit 11 points.
Les secteurs sont tirés au sort la veille de la première manche. Tous les duos pêchent obligatoirement les deux secteurs A et B. 13 duos d’un côté, 13 duos de l’autre, soit un total de 26 équipes.
Préfishing délicat
Le préfishing se déroule sur deux jours avant la compétition sur les secteurs qui seront pêchés samedi et dimanche. Cela nous paraît relativement aberrant car cela implique une pression de pêche énorme sur un milieu pas si grand que cela…
Et le premier jour ne nous rassure pas. Baptiste, accompagné de Jeremy, parvient à faire un chevaine d’environ 35 cm pour bien confirmer qu’il s’agisse de chevaines. Les autres compétiteurs (Tom, Thomas, Martin et Morgan) eux partent tout au nord du secteur, sur le lac de Garde, à la recherche de poissons et techniques sortant du lot… Et nous ne voyons rien du tout. Il faudra attendre que l’équipe gagne les douves pour commencer à dessiner les contours d’une stratégie. Les scardola sont très actifs. Je casse sur un gros sujet d’environ 50 cm en kickback rig alors que Martin sort un gros sujet d’environ 40 cm. Baptiste et Martin parviennent à leurrer quelques black-bass mais aucun ne dépasse la maille fixée à 23 cm. Nous insistons longuement sur les douves. En fin de session de ce premier jour de préfishing, plutôt axé sur le secteur B, nous repartons insister sur le lac. En drop shot, très loin, je prends une très grosse touche. Il me faut quelques secondes pour malheureusement me rendre compte qu’il s’agit d’un poisson harponné, en l’occurrence une belle carpe, ramenée grâce à la Pepper Akoya pearl. Cela ajoute de l’action, mais pas plus de solution. Jeremy lui, peu après, pense avoir réussi à leurrer une grosse perche, mais il s’agira cette fois d’un énorme carassin leurré par la gueule.
Les poissons blancs sont là contrairement aux solutions… Pas de brochet ni de perche en vue. Cela demeure inquiétant, du moins pas rassurant.
Le deuxième jour de préfishing, nous décidons d’insister davantage sur le secteur A. Et cela ne va pas dans le sens de l’optimisme. Aucune touche à l’horizon pour ce secteur qualifié de « cimetière » par les compétiteurs italiens eux-mêmes… Le lac et l’embouchure ne donnent rien. Nous peignons tous méticuleusement chaque amortie, chaque petit poste, toute la berge… Rien ! Il faudra attendre de passer sur la dernière portion aval pour que Jeremy et moi parvenions à leurrer une perche, au niveau du pont de chemin de fer ! Enfin ! Qui plus est, l’une d’entre elles semble proche de la maille ! Nous ne l’avons pas mesurée, car le jeu du préfishing est aussi de ne pas montrer aux autres nations où et comment nous avons pu capturer des poissons et nous l’avons vite relâchée. Après cela, plus grand-chose. Une partie des compétiteurs repart sur les douves. Thomas Gasnier et moi-même restons sur l’aval. Je m’entête en particulier à tenter de trouver des perches et confirmer la capture précédente. Et bien nous en a pris car nous parvenons à capturer quelques petits percidés en plein milieu du lit de la rivière, en plein courant, en drop shot (Illex tungsten weight 10,5 grammes et hameçons finesse down shot n°6) sur aucune zone marquée. Cela correspond aussi à une zone de profonds, légère fosse, identifiée par Eric sur la cartographie. C’est par ailleurs Antoine, en observant d’autres nations pêcher, notamment les Ukrainiens, qui m’a mis sur la piste du montage et du leurre, particulièrement la couleur, à employer. Le chartreux semble alors sortir du lot sur les perches.
Nous voulons avec Thomas confirmer que la possibilité de faire des perches est valable sur l’autre rive pour fournir un repli. Et ça marche car Tom BONTEMPELLI fait lui aussi une perche sur l’autre rive.
Nous sommes bien plus optimistes et nous espérons surtout que les mailles soient supprimées au vu des résultats de ces deux jours de préfishing. Nous avons la possibilité de faire des perches, des black-bass et ne sommes pas contre la prise en compte des scardola, évoquée par les organisateurs lors de la première réunion des capitaines…
La réunion des capitaines d’avant compétition est donc très attendue et déterminante pour la suite. Par ailleurs, ce seront Martin JEANSON et Baptiste VERGER qui pêcheront, ainsi que le duo inédit de Jeremy SEGUIN et Morgan CALU. Le choix a ainsi été décidé, du fait du peu de postes disponibles et de la nécessité selon nous d’arriver en premier sur les postes, notamment le poste à chevaines en aval du secteur A et les postes à bass dans les douves du secteur B. Saluons par ailleurs la grande classe de Thomas GASNIER et Tom BONTEMPELLI qui ont sans aucune difficulté validé ce choix et ont fait preuve d’un dévouement sans faille par la suite.
La réunion des capitaines continue, et les scardolas ne seront finalement pas comptées… reste la question de la suppression des mailles… qui sera rejetée à l’unanimité. En effet, certaines nations n’ont pas trouvé les perches et ne veulent pas laisser l’opportunité à d’autres de pouvoir les pêcher facilement, quitte à en pâtir et à subir la pêche qui s’annonce extrêmement difficile. C’est un coup de massue pour nous, mais il va falloir faire avec.
Enfin, nous apprenons que Baptiste et Martin pêcheront samedi sur le secteur A qu’ils ont peu pêché et Jeremy et Morgan sur le secteur B. Le soir est l’occasion des derniers préparatifs, départ prévu le samedi à 9h30.
Compétition jour un
Sur le secteur B, Jeremy et moi (et d’ailleurs le reste de l’équipe) comptons aller en premier sur les douves. Il y a en particulier un poste qui a retenu notre attention avec plusieurs black-bass maillés vus en préfishing.
Secteur A, Martin et Baptiste vont tenter de commencer sur le poste à chevaine en aval du secteur.
La pression est énorme, de notre côté, le départ est chaotique avec deux faux départs. À 9h30, les compétiteurs se mettent à sprinter. Je sais que Jeremy est derrière moi, je me jette littéralement dans un talus pour arriver très rapidement sur le poste convoité… et premier bon point, Jeremy et moi parvenons en premier là où nous voulions. Les discussions sont déjà houleuses, les Ukrainiens nous accusent d’avoir coupé, les Hollandais à côté, reprochent que les Ukrainiens ne respectent pas les 10 m de distance obligatoire entre binômes. La pression monte encore.
À 10 h le coup de corne retentit, marquant le début de la pêche pour une période de 5 h. Et ça ne commence pas du tout sous les meilleurs auspices ! Nous savons que la manche va se jouer à quelques poissons seulement ! Et les Ukrainiens, sur leur premier lancer, capturent un black-bass maillé ! Pire encore, les Hollandais font de même à peine deux minutes plus tard ! Il faut garder la tête froide et le moral, et je peux vous garantir que c’est très difficile mentalement. C’est à ce moment-là que Tom BONTEMPELLI entre en jeu ! Certes, il ne pêche pas, mais c’est l’un des meilleurs stratèges dans son domaine, et il nous permet de garder une vraie dynamique dans notre pêche.
Les quelques black-bass maillés que nous observons refusent nos leurres et rien n’y fait. Jeremy tente un coup de poker au poisson nageur (Illex Squirrel 61sp) jerké rapidement et leurre enfin un black-bass ! Le poisson nous semble très juste et effectivement, le bougre accusera seulement 22,5 cm sur la toise, à 5 petits millimètres de la maille ! Jeremy refait un autre petit bass, cette fois clairement non maillé. Tom nous demande de nous déplacer et de prospecter, en observant l’équipe anglaise qui a son quota déjà bouclé. Nous en sommes alors quasiment à la moitié de la manche, et seulement 3 équipes sur notre secteur ont fait du poisson (Anglais, Hollandais et Ukrainiens).
Sur le secteur A, aucune prise maillée n’est encore validée.
Avec Jeremy, nous prospectons et pêchons la berge en face de nous dans les douves. Un mur vertical avec en pied environ 1,50 à 2 m de fond et quelques frondaisons. Toujours en écoutant les observations de Tom, j’opte pour un montage kickback rig. Il permet d’avoir une présentation très lente et naturelle, tout en offrant la possibilité d’atteindre la berge d’en face, impossible en weightless ou avec des inserts en guise de lest…
Sous une frondaison marquée et sur un lancer parfait, je sens une lourdeur lors de la prise de contact. Je ferre dans le doute, une seconde passe puis un coup de tête ! Jeremy se jette sur l’épuisette. Malgré sa taille modeste, le poisson est puissant dans ce courant soutenu. Jeremy assure à l’épuisette, et ça y est ! Nous capturons un black-bass qui est à coup sûr maillé. Quel soulagement ! C’est incroyable. Le poisson sera validé à 30 cm et nous sommes alors deuxièmes. Seulement 4 nations ont alors du poisson sur 13 dans notre secteur.
Les Anglais déroulent et, malgré leur quota, préfèrent verrouiller leur bon spot sur lequel il semble y avoir plusieurs poissons maillés actifs, plutôt que de laisser la place.
Les Hollandais rentrent eux un brochet de tout juste 40 cm ! Les choses s’accélèrent à moins d’une heure et demie de la fin de cette première manche. Les Ukrainiens remontent et font pas moins de 4 perches maillées, un vrai exploit. Tom nous demande alors de tenter la perche dans les trois quarts d’heure restants. Les bass semblent maintenant « off » et nous n’avons plus de touches alors que nous changeons très régulièrement de leurre (worm, insecte, shad, finesse, creatures… tout y est passé !). Nous courons en aval avec Jeremy sur un bon kilomètre. Il ne faut rien lâcher et tout donner. Nous passons à une pêche méthodique en plein courant. Dans le money time, je parviens à enfin leurrer une perche, mais elle ne sera pas maillée… La fin de cette première manche sonne alors. De notre côté, nous sommes satisfaits. Ce black-bass nous permet de nous classer 4èmes et de marquer 4 points place.
De l’autre côté, c’est le néant ! Aucun poisson maillé n’a été capturé. Baptiste et Martin ne sont pas parvenus à duper les chevaines, devenus trop méfiants, et n’ont pas trouvé les perches. Ils marquent 7 points place ! Le calcul est le suivant : 13 équipes capots : 1+2+3+4+5+6+7+8+9+10+11+12+13 = 91, divisé par 13 équipes ex-aequo = 7 points place. C’est finalement peu pénalisant au classement individuel, même si la déception reste très grande.
La France est donc naturellement quatrième au général, le classement suivant celui du secteur B.
Nous débriefons assez rapidement. La question de remplacer Baptiste et Martin est évoquée, Tom ayant particulièrement bien saisi la pêche dans les douves. Le peu de points place acquis avec le capot laisse malgré tout une fenêtre, certes étroite, sur une potentielle médaille individuelle, et ils continueront de pêcher le deuxième jour.
Jeremy et moi sommes partagés entre pression et finalement une pointe de relâchement. Il n’y a pas grand-chose à espérer du secteur A, donc autant y aller le cœur déterminé mais léger…
Nous savons qu’un seul poisson sur le secteur A serait synonyme d’un bon résultat. L’objectif est simple et tellement compliqué : que chaque équipe fasse un poisson le dimanche !
Compétition jour deux
Après la traditionnelle accolade et les encouragements, nous gagnons chacun nos points de départ respectifs, Martin et Baptiste au secteur B, Jeremy et moi au secteur A. Nous échangeons avec notre ami Daniele TAMBORINI, brillant compétiteur italien auquel nous nous étions déjà mesurés en réservoir et cela avait d’ailleurs tourné en sa faveur. Je tente aussi de briser la glace avec un des compétiteurs ukrainiens, qui se fait tout de suite reprendre, et je comprends que cela ne va pas être une partie de plaisir…
Le départ sonne à 9h30. Là encore, c’est la course. Mais cette fois sur environ 1,1 km… Nous parvenons à prendre le dessus dans la course sur les autres nations… sauf les Ukrainiens, très rapides. Ils se placent directement en aval du pont de chemin de fer où Jeremy et moi avions capturé une perche chacun en préfishing. Nous connaissons leurs intentions et réussissons à arriver en premier au poste à chevaine convoité. Nous savons qu’il sera extrêmement difficile de capturer le cyprinidé désiré, mais nous ne voulons pas avoir de regret et voulons tenter notre chance en premier.
À 10 h, le coup d’envoi sonne. Les chevaines montent d’abord inspecter nos leurres… puis s’écartent rapidement de la berge en gagnant les profondeurs… La forte pression de pêche aura dissous leur motivation à mordre… Passées ces 20 premières minutes, nous nous mettons en mode perche pour près de 5 h.
Rapidement, un premier coup dur arrive. Les Anglais, premiers la veille, capturent un black-bass sur notre secteur. Ils scellent déjà quasiment leur titre de champion du monde individuel ! Dans la foulée, les Hollandais, 3èmes la veille, font aussi un black-bass sur notre secteur, faisant encore et toujours monter la pression.
De notre côté, nous parvenons à rentrer deux perches mais non maillées. « Rentrer » est d’ailleurs un bien grand mot puisque je décroche ces deux poissons à l’épuisette. Je ne suis pas rassuré car les touches semblent moins franches… Il ne manquait plus que ça… Nous restons concentrés dans cette pêche d’usure. Eric, derrière nous, nous annonce que Baptiste et Martin sont parvenus à faire un superbe bass de 37 cm. C’est une vraie délivrance et à la fois une nouvelle surcharge de pression. De leur côté, le travail de la journée est fait, tout repose sur nos épaules à présent, sur ce très difficile secteur A.
Il n’est pas loin de 11h30 et sur un poste très encombré en roseaux, sur une longue dérive, je sens une lourdeur, mais absolument rien de franc. Je ferre encore une fois fermement dans le doute. Ça bouge, poisson ! Jeremy s’empresse de prendre l’épuisette. Le courant plaque cette perche en bordure qui se prend dans les roseaux… La pression est maximale, ce poisson est peut-être maillé ! Ouf, la perche termine péniblement dans l’épuisette. Nous la posons sur la toise en retenant notre souffle ! 20 cm pile ! Nous restons par ailleurs étonnamment « pro », je maintiens le poisson sur la toise, Jérémy sort le téléphone pour prendre la photo et valider la capture sur l’application. Tout cela se déroule sous les yeux de notre commissaire qui valide tous nos gestes et le poisson. Nous relâchons cette perche maillée et pas le temps pour une accolade, le capitaine ukrainien à proximité nous dit que ce poisson ne compte pas car il n’était pas dans l’eau lors de la mise à l’épuisette. Il nous met la pression, à nous, à Eric derrière et à notre commissaire. Nous sommes en plein doute, Eric relit le règlement. Si le poisson de plus de 20 cm doit effectivement être mis à l’épuisette dans l’eau, rien n’indique qu’il ne doit pas compter et il n’y a pas de sanction pour cela. D’ailleurs, il ne nous était pas possible de faire plus propre vu l’encombrement du poste.
Cette perche est bel et bien validée, complètement logiquement. C’est la délivrance, mais il faut continuer à s’accrocher.
Le temps passe lentement et quelques autres perches non maillées viendront nous donner espoir. Les Ukrainiens nous rendent la vie impossible, d’abord en me mettant la pression car j’écartais simplement des roseaux devant moi… puis en fin de manche, le duo ukrainien « casse » nos dérives en nous collant en aval à chaque déplacement. Ils sont rejoints en face par l’autre binôme ukrainien du secteur A qui, lui, lançait très loin pour perturber, là encore, nos dérives… Il faut faire face et ne rien lâcher encore une fois.
Baptiste et Martin eux s’envolent. Bien inspirés par Tom BONTEMPELLI, ils parviennent à leurrer deux autres black-bass en pêchant… derrière un mur émergé où personne n’avait vraiment osé lancer jusqu’alors ! Quel feeling de Tom et quelle réalisation de Baptiste ! Baptiste et Martin assurent la première place de leur secteur.
À 15 h, la fin de pêche sonne. Nous ne réalisons pas encore. La pression fut énorme, la retombée est difficile et la fatigue immense. Nous rejoignons nos acolytes. Nous recalculons tout et il semble bel et bien que ce soit pour nous !
Conclusion et statistiques
Le résultat officiel tombe à 16h30 pétante ! Nous sommes champions du monde ! Baptiste et Martin sont troisièmes en individuel et Jeremy et moi quatrièmes. Comme évoqué, le capot est finalement peu pénalisant. Baptiste et Martin cumulent 7+1 = 8, Jeremy et moi comptabilisons 4+4 = 8 aussi, mais avec moins de centimètres de poisson au total…
Comme vous avez pu le constater au travers de ces lignes, la pêche fut extrêmement difficile. Nous n’avons pas eu de poisson gratuit, et cette fois les planètes se sont alignées pour nous !
L’occasion pour moi de philosopher sur cette petite perche de 20 cm seulement qui nous offre ce titre. Finalement, quoi de plus pur que de vivre tant d’émotion à la capture de ce poisson qui paraît bien quelconque, mais qui génère tant de joie et de plaisir ! L’essence parfois oubliée de la pêche.
La pêche fut ultra technique encore une fois, il fallait un mental d’acier pour obtenir ce titre. Personnellement, je n’avais jamais couru autant et aussi vite en street fishing.
Sur le secteur A, il ne s’est fait en tout que 4 poissons maillés !!! Tout le dimanche, un chevaine, deux black-bass et notre perche.
Sur le secteur B, 24 poissons maillés ont été capturés, majoritairement des black-bass, un seul brochet, un seul chevaine et 4 perches. Nous sommes à bien des titres fiers de cet aboutissement. Nous devenons les premiers Français à remporter l’or mondial sur une pêche au leurre ! Nous avons vécu une aventure humaine, sportive et technique hors norme ! Nous avons passé des moments grandioses et intenses dont nous avions toujours rêvé. L’organisation était sans faille, si ce n’est que cela manquait un peu de poisson.
Cerise sur le gâteau, je tiens à préciser que l’éponge est passée avec nos amis ukrainiens ! Nous étions voisins de camping et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on a bien rigolé dimanche soir.
Un immense merci à la FFPS Carnassiers, à Michel POLYDOR et Alexandre PORTHEAULT en particulier, dédicace aussi particulière à Fred MIESSNER et David PIERRON qui ont largement participé à la démocratisation du street fishing.
Merci enfin à tous ceux qui de près ou de loin ont pu contribuer au street fishing en France, ils sont très nombreux ! Comptez sur nous pour défendre ce titre aux États-Unis en 2025 !