Aujourd’hui je vous propose de vous attaquer à un poisson qui n’a pas une excellente réputation auprès de certains pêcheurs qui ne classent que par degré de valeur gastronomique. Le chevesne, dit cabot, ou chub comme l’appellent les jeunes est un poisson sans valeur culinaire mais au combien plaisant à pêcher. Il est bien représenté dans la majorité des cours d’eau de seconde catégorie français et sa pêche ludique en fait un adversaire qui n’a rien à envier aux autres carnassiers.
La pêche est devenue pour la plupart des pêcheurs un loisir, une passion, une façon de s’évader au quotidien. La pêche aux leurres fait partie des pêches les plus simples à mettre en action, une canne courte, un moulinet, une poignée de leurres et vous voilà parti. C’est simple, rapide et tellement facile que beaucoup y ont pris goût et ne pourraient désormais plus s’en passer. Pour ne rien gâcher les leurres durs ou poissons nageurs sont devenus de plus en plus jolis et poussent même à la collectionnite aiguë. Avoir tous ses leurres dans une boîte c’est bien, mais s’en servir c’est mieux, vous ne croyez pas ?
Quels sont les secrets pour les leurrer ?
Tout d’abord choisir une canne light ou médium light pouvant propulser des leurres d’un grammage compris entre 2 et 12g. Si vous pratiquez du bord en grande rivière, une canne mesurant plus de 2 mètres vous permettra de propulser un peu plus loin votre leurre, par contre si vous pêchez en milieu plus confiné, en float–tube ou en bateau, alors sans hésitation une canne de moins de 2 mètres sera parfaitement à l’aise. Dans les séries de cannes adaptées à cet exercice, on retrouve les Shimano ZODIAS L et ML, la Poison Adrena ML puissance 4-12g et bien d’autres cannes encore. Pour équilibrer l’ensemble un moulinet en taille 2500 avec un ratio plutôt rapide. Pourquoi un ratio rapide me direz-vous, c’est tout simplement pour pouvoir pêcher les courants vers l’amont. Si le ratio n’est pas assez élevé (une récupération supérieure à 70 cm au tour de manivelle), dans le courant vous ne ferez pas nager votre leurre. Pour le choix du corps de ligne, une tresse fine en diamètre 6 ou 8 centièmes permettra de brider tous les poissons, tout en permettant d’atteindre de grandes distances lors des lancers. En ce qui concerne la tête de ligne il va falloir jouer en finesse notamment dans les eaux calmes où il faudra descendre dans des diamètres compris entre 16 et 18 centièmes en fluorocarbone, alors que dans les secteurs de courants on pourra monter jusqu’à 22 centièmes en fonction de la taille des leurres utilisés.
Pour les leurres, quelques petits cranks (poisson nageur court et trapu à bavette), des minnows (poisson nageur effilé évoluant sous la surface), des lipless (poisson nageur dépourvu de bavette) et quelques inévitables topwaters (poisson nageur évoluant en surface). A tout cela on ajoutera une pince coupe fil pour décrocher les poissons et une épuisette pour sécuriser la prise lors des manipulations. Pour l’épuisette j’ai une forte préférence pour les mailles non nouées caoutchoutées. Les épuisettes à mailles en tissu sont à oublier car bien vite elles ne ressembleront plus à grand-chose tellement vous aurez fait de trou dans le filet après le passage des triples dans les mailles.
Je vous propose d’aborder la rivière par 4 types de poste :
- La pleine eau
- Les herbiers
- Les frondaisons
- Les zones de courant
La pleine eau
La pleine eau est la plus difficile de toutes les zones, la première chose à faire sera de repérer en visuel vos adversaires en maraude. Pour cela une bonne paire de lunettes polarisantes sera de rigueur. Lorsque que je repère un poisson soit en stationnaire soit en ballade, la plupart du temps je l’attaque avec un petit leurre de surface de type stickbait ou popper, par exemple : les Storm Gomoku Pencil et Popper, les Sakura Naja 65, les Lucky Craft Bevy Pencil et Bevy Popper … Première chose à ne pas faire, lui lancer le leurre sur la tête, car n’étant pas en phase d’alimentation ou en poste son premier réflexe sera de disparaître dans les profondeurs ou tout bonnement de s’écarter. Deuxième chose à éviter c’est le fait de lui faire passer le fil au-dessus, vous pouvez être certain qu’il va le remarquer et le poisson alerté va s’écarter. L’approche doit se faire différemment, le poisson n’étant pas en activité il faut le solliciter discrètement et poser le leurre suffisamment loin pour ne pas l’effrayer. C’est au poisson de se déplacer, pas au pêcheur de l’assommer avec son leurre, si le leurre tombe entre 1 et 2 mètres devant le poisson c’est parfait. À l’impact du leurre sur l’eau, attendre et observer, le chevesne aura parfaitement entendu la chute de l’intrus dans l’eau. Pas d’animation, rien, attendre pour voir la réaction du poisson. S’il est intéressé, il va prendre la direction du leurre, faites-le alors vibrer tout doucement, le chevesne accélère ne bougez plus et laissez-le se saisir de votre leurre. Ne ferrez pas quand vous allez voir les deux lèvres blanches et charnues s’ouvrir autour de votre leurre car vous lui retireriez de la bouche, attendez simplement que la ligne se mette en tension et ferrez en douceur, ils ont la gueule tendre. Mais là, c’est quand tout se passe bien, parfois le poisson va se déplacer jusqu’au leurre, se coller le nez dessus et ne pas bouger. La solution peut venir d’un démarrage rapide de la nage avec une petite série de twitchs de la pointe de la canne, voyant sa proie partir, cela peut déclencher un réflexe de prédation. Si cela ne fonctionne pas sur les premiers mètres, stoppez tout, faites une pause et redémarrez, cette animation déclenche souvent les touches.
Les herbiers
La seconde zone que je vous propose d’aborder est constituée par les herbiers qui sont visibles sous la surface et abritent toujours une grande population aquatique. Les chevesnes vont occuper deux types de poste dans ces herbiers. La périphérie : on va les retrouver en tête d’herbier, sur les deux côtés à chaque décroché de la végétation et en fin d’herbier. L’autre type de poste est dans l’herbier, ce sont les veines de courant provoquées par les structures. Même infime le courant est toujours porteur de nourriture et comme tout poisson, le chevesne ne rechignera pas à limiter ses efforts pour se mettre à table. A noter que le positionnement des poissons sur la périphérie de l’herbier est quasi similaire aux positionnements occupés par les poissons autour des péniches ou autres structures. Pour aller les chercher, comme précédemment je vais utiliser des petits leurres de surface qui auront la particularité de passer au-dessus de la végétation, à ces derniers je vais ajouter quelques petits crankbait comme les Rapala Ultra light Crank, les Illex Chubby… Je vais les utiliser pour peigner le devant de l’herbier et l’arrière de l’herbier. Animation simple en lancer ramener rapide, le poisson est là, en poste, il attend pour passer à table. Alors n’hésitez pas à tomber moins loin de votre adversaire, environ 1m avec les leurres de surface et passez plus près des tenues potentielles. Même si vous ne voyez pas votre adversaire il peut être à l’abri de chaque feuille de nénuphar, alors à vous de chercher les postes !
Les frondaisons
La troisième zone est celle qui est à la fois la plus loin et la plus proche de vous, c’est évidemment la frondaison. On va souvent aller chercher celle d’en face alors que cela se passe à nos pieds. Les poissons vont se positionner en fonction de la luminosité, en fonction de ce qui tombe du ciel, je pense notamment aux insectes ou aux fruits (cerises, mûres, figues, prunes…) et autres baies. En observant vous allez pouvoir cibler les arbres potentiellement productifs. Les poissons aiment également se positionner proche de structures qui brisent le moindre courant et pour eux les branches immergées, les racines seront des postes d’affût parfait. Au niveau des leurres on va pouvoir se tourner vers un panel un peu plus large en utilisant les leurres de surface, les crankbaits et les minnows. Les poissons sont en poste et pour la plupart attendent le plouf pour réagir et sauter dessus. Si le chevesne est repéré le plus simple sera de lancer juste derrière lui, attaque violente garantie. Si vous pêchez sans les voir, ce sera pêche rapide pour prospecter un maximum de postes. Plus facile à pêcher en bateau ou en float-tube que du bord la frondaison est une zone très productive à ne surtout pas négliger.
La zone de courant
A la façon des truites, les chevesnes se positionnent derrière les obstacles ou dans les retours de courant qui leurs permettent de rester dans une zone calme en attendant que la nourriture passe à portée de gueule. Le poisson est en poste et pour lui pas question de laisser passer la moindre proie. Les attaques sont violentes et rapides, sous peine de voir la proie définitivement hors de portée. Les leurres de surface seront moins à l’aise dans cette zone et je vais leur préférer tous les leurres qui nagent sous la surface, comme les crankbaits, les minnows et les lipless. Les poissons ayant la gueule face au courant il est important d’y penser lors de la présentation des leurres qui évoluent entre deux eaux, pour les leurres de type lipless préférez une prospection de ¾ amont vers l’aval cela limitera les accrochages avec le fond. Une petite astuce également pour limiter les accrochages sans limiter les prises passez en hameçon simple (VMC 7237 Simple en ligne super light) à la place des triples, c’est ultra efficace.
Comme vous le constatez, le chevesne peut occuper toute la rivière, il peut se pêcher à vue, il se pêche à toute heure du jour, avec tout type de leurre jouez sur les couleurs et les sonorités. Attention à vos hameçons triples, il n’est pas rare qu’ils se fassent malmener, pensez à prévoir une pochette de rechange, cela évitera de casser un hameçon sur un joli poisson. C’est un fabuleux adversaire, fascinant et plaisant qui mérite d’être respecté comme tous les autres poissons. Découvrez cette pêche ludique et facile, amusez-vous bien !
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