Technique ancestrale relativement peu utilisée de nos jours pour la pêche des carnassiers car souvent ringardisée par l’arrivé de la pêche moderne aux leurres, la pêche au manié s’avère redoutable sur les moustachus ! Allons voir les grandes lignes de la pêche au manié en pêche embarquée pour les silures glanes…
Quelques avantages du manié
Dans la pêche du silure, les vifs sont souvent une contrainte pas toujours facile à gérer. Il faut déjà réussir à se procurer des vifs de la bonne taille (soit en les pêchant, soit en les achetant) puis aussi et surtout réussir à les conserver jusqu’au lieu de pêche et tout au long de la session. Ce qui n’est pas forcement évident particulièrement l’été, ou quand on ne dispose pas d’un vivier dans le bateau.
Du bord, il est facile de conserver des vifs dans une bourriche. En bateau, dans une bourriche flottante. Mais pour les dérives courtes, les petits spots ou petits secteurs, quand il est question de repasser plusieurs fois sur la même zone, il faut systématiquement remonter et redescendre la bourriche pour refaire plusieurs fois la même dérive.
Les vifs vivent assez mal la manipulation et quand il faut le faire 30 fois dans la journée, c’est vite une grande contrainte aussi bien pour les poissons en bourriche que pour les vifs eschés qui meurent vite quand on les remonte 10 fois à bord du bateau pour refaire la dérive ou pendant les déplacements.
Même si avoir des vifs frais et vivants peut-être supérieur niveau résultat, les poissons morts congelés peuvent s’avérer tout à fait efficace et nettement moins contraignants surtout pour des pêches rapides en coup du soir quand on se décide sur un coup de tête en sortant 3 gardons du congélateur…
Les différents types de montages aux poissons morts
Il existe quatre grands types de montures pour le poisson mort manié toutes vendues dans le commerce, et il n’est pas compliqué avec un peu de volonté et de matériel de les fabriquer soit même.
– La monture traditionnelle fixe, où le poisson est plombé en tête avec un plomb sabot ou une tête ronde, soit avec une tête plate qui permet au poisson de voler et de tournoyer lors de la descente du poisson et de la traction.
– La monture type Drachkovitch où le plomb n’est pas fixe en tête du poisson. Le poisson mort pouvant alors se désaxer lors de l’animation.
– La monture fireball avec un poisson mort animé (contrairement à la pêche au fireball avec un vif vivant qui consiste plutôt à laisser évoluer le vif soit sur le fond soit à la profondeur à laquelle on détecte les échos de poissons).
– Pour finir (Il existe d’autres montages mais pour la pêche au posé), la monture dite planante où l’on place un plomb allongé de 50, 100, ou 150g (en fonction de la nage que l’on veut, de la taille du vif et du courant) à l’intérieur du vif. La même idée que certains montages vairon manié pour la truite en mode XXXL.
Evidemment, plus le plomb sera lourd, plus le poisson mort descendra vite au moment où l’on relâche la main. Inversement, plus la monture sera légère et plus le poisson planera. Il faut trouver un bon compromis entre la taille du poisson mort, le courant et l’animation du jour.
La monture planante que j’ai largement utilisée ces derniers temps m’a permis de sortir mon épingle plusieurs fois du jeu. La technique, relativement simple est parfois supérieure au classique fireball. Autre avantage, le vif est solidement attaché sur la monture fixée à la fois à l’intérieur du poisson et à l’extérieur avec une partie métallique piquée au dessus de la tête. La monture tient généralement bien sur le poisson, permettant de faire parfois plusieurs silures avec le même vif ! Avantage non négligeable quand nous disposons de peu de poissons.
L’action de pêche et le matériel utilisé pour la monture planante
Elle est relativement simple ! J’utilise généralement en bateau une canne légère de 1.90m à 2.10m qui permet d’avoir de l’amplitude et de manier le poisson mort correctement. En dessous de 1.90m la canne est à mon goût trop courte pour avoir suffisamment d’amplitude pour manier correctement le poisson mort et avoir de la réactivité pour faire évoluer le montage rapidement en cas d’échos dans différentes couches d’eau.
Au dessus de 2.10m, on est vite trop loin du bateau pour se voir dans le cône de l’écho sondeur dans le cas où votre sonde est placée à l’arrière du bateau ou encore sous votre moteur électrique à l’avant.
On utilisera un moulinet de taille 4500 à 5500 garni de tresse de 30/100 à 40/100°, un bas de ligne en fluoro 80 ou 100/100° voire plus en fonction des poissons visés et de la taille des poissons ciblés du secteur ou encore en tresse.
On privilégie du matériel plutôt léger, le matériel trop lourd est vite désagréable à manier toute une journée.
Sans clonk, on fait des tractions plus ou moins grandes et plus ou moins rapides à la verticale du bateau juste au dessus du fond.
En fonction des spots pêchés, il n’est pas toujours aisé de se voir au sondeur. La monture ne descend pas verticalement lors de la descente ou de la traction, le poisson mort peut vite planer d’un côté ou de l’autre et ainsi sortir du cône de détection de l’écho sondeur nous empêchant alors de visualiser le montage au sondeur, encore plus quand il y a peu de fond. Ce qui arrive d’autant plus souvent quand on pêche des zones à fort courant et avec un vent soutenu. Il arrive d’ailleurs de prendre une touche sans se voir à l’écran et donc forcément sans s’y attendre… Ce qui donne un certain charme parfois à cette pêche.
Touches & animation
Les touches peuvent se déclencher à tout moment, lors de la traction, mais aussi très souvent lors de la retombée du poisson (un peu comme la pêche au lipless)… On prend des touches (en fonction des jours) dans environ 70% des cas à la redescente et dans 30% des cas lors de la traction.
C’est pour cela qu’il faut accompagner légèrement le poisson mort lors de la descente et ne pas laisser de mou (comme au plomb palette par exemple) pour parfaitement sentir la touche même quand le poisson mort regagne le fond. Il arrive de prendre de très grosses touches avec ce type de monture poisson mort mais aussi des touches très discrètes ! Parfois le silure s’empare du montage sans vous arracher le poignet. Lors de la descente par exemple, un silure peut rester stationnaire sans avoir mis de « tampon » préalable ce qui rend les touches nettement plus compliquées à détecter. Il faudra dans ce cas, reprendre contact avec le poisson en faisant un tour de manivelle tout en redescendant le scion pour pourvoir parfaitement envoyer le ferrage.
Cette technique peut s’avérer très efficace sur les poissons qui ne sont pas forcement dans une grosse période d’activité, elle permet même de déclencher des touches pendant les plus mauvais jours.
L’armement de la monture planante
On peut armer la monture de deux triples ou d’un seul du type VMC 7560 en 1/0, 2/0 ou 3/0 pour les plus gros vifs. Je préfère toujours armer d’un seul triple. Cela évite les accrochages trop réguliers sur le fond notamment quand on cherche à pêcher la zone d’ombre de l’écho sondeur (zone de quelques dizaines de centimètres en fonction de la topographie du fond qui n’apparaît pas à l’écran), ou sur les zones que l’on ne connaît pas.
Limiter les hameçons est aussi toujours mieux pour le poisson pêché mais aussi pour nos doigts. Dans un montage, moins il y a d’hameçons ou de métal et moins le silure captera la supercherie…
Petite astuce, vous pouvez masquer le métal pour un maximum de discrétion comme la hampe de l’hameçon par une gaine en plastique ou encore peindre toute la partie de l’œillet jusqu’à la courbure de l’hameçon avec un vernis.
Le montage
Le montage est simple, une empile courte en tresse ou fluoro à laquelle on ajoute un triple que l’on pique d’un côté dans le dos du poisson. En bas de ligne, une tresse de 80kg ou un fluoro de 80 à 110/100°. J’utilise la plupart du temps pour cette technique, des vifs de taille moyenne comme des gardons, rotengles ou chevesnes (de rarement plus de 25cm).
L’utilisation du clonk est possible lors de la pêche à la monture planante. Mais assez peu pratique !
Pour garder un bon maniement, il est préférable de ne pas prendre le fil à la main mais de plutôt utiliser la canne. Assis, j’anime alors main gauche et clonk main droite (pour les droitiers) ! Ce n’est pas une position très confortable mais se prendre les premières cartouches main gauche change un peu… Ca peut sembler absurde les premiers coups mais on s’y habitue très vite !
Après la première touche, on prend la canne mains droite (si vous êtes droitier // ou votre main la plus forte) pour assurer un ferrage énergique.
Au clonk, il n’est pas nécessaire de chercher tout le temps le fond. Un maniement entre deux eaux peut aussi être redoutable !
Quand les silures sont bien décollés, il peut arriver de les toucher avec le montage ou avec le fil. Généralement quand c’est le cas, c’est le refus assuré, c’est un poisson que l’on voit immédiatement redescendre au sondeur et que l’on ne reverra plus !
Autre petit point personnel concernant le manié. Cette pêche est finalement moins cruelle que d’utiliser un vif vivant ultra stressé qui nage dans une eau entourée de prédateur avec des hameçons dans le corps et sans pouvoir fuir… Libre à chacun de se faire son opinion.