C’est bien connu, les carnassiers aiment passer leur temps à l’abri. Pierres, troncs, racines, nénuphars et autres herbiers les accueillent bien volontiers au fil de la saison. Comment les aborder pour tenter de les décider ? Nous classerons les différents types d’obstacles en deux catégories, ceux noyés et invisibles, comme les troncs immergés, les rochers ; et les autres, visibles : herbiers, nénuphars et piles de ponts.
Pêcher dans le monde invisible
En arrivant sur un nouvel endroit de pêche, toujours la même question : « Qu’y a-t-il en dessous ? » Pour tenter de répondre, un leurre souple ou un poisson nageur grand plongeur fait l’affaire. Ces deux leurres permettent une prospection efficace et complémentaire, les deux n’émettant pas les mêmes vibrations. Mais, il y a tout de même une obligation : limiter les accrocs ! Aux leurres souples, les texans sont faits pour cela, n’hésitez donc pas ! La pointe doit tout juste ressortir du plastique. Ainsi, en les montant, faites les dépasser de la matière afin de la trouer, pour tout juste les rentrer à nouveau et les y laisser. Seule la pression des mâchoires leur fera faire leur office : la matière étant déchirée, la pointe ressortira toute seule. Les marques Delalande et Sébile proposent chacun d’excellentes solutions : des shad pré-percés, respectivement les Swat Shad et l’AT Minnow.
Tous deux se composent de nombreux tunnels internes permettant l’utilisation de rattle, d’attractants et d’hameçons texans ou diverses montures, pour du lancer, drop shot, weightless… Parfaits ! Ne perdez pas votre temps à trouver les hameçons qui vont avec, car chaque marque propose des modèles adaptés à la taille de leur propre leurre. J’utilise les Delalande pour la prospection et, de préférence, les Sébile pour la frappe chirurgicale à la verticale. Je trouve que la caudale de ce dernier travaille mieux dans ces conditions.
Pour les leurres souples non montés, regardez du côté des hameçons Decoy VJ36, VMC Rugby Jig 7340 RJ, et autres Owner. Piquant et robustesse sont au rendez-vous. Ainsi, pour les postes invisibles, le maximum d’attention est requis afin qu’ils ne se coincent pas trop souvent entre les pierres. Au moindre toc, un coup de scion immédiat évite au leurre souple de s’accrocher et un relâché permet à votre poisson nageur de remonter.
Par contre, si les rochers sont trop gros, attaquez-les depuis une embarcation, et en Drop Shot si possible. Veillez également à ce que votre plombée ne soit pas trop lourde, cela favorise justement le phénomène d’accroc. Une plombée se bloque facilement entre deux rochers. La bombette agrémentée d’un leurre souple non plombé peut aussi être une solution mais cette dernière se retrouve parfois bloquée également, notamment les plus plongeantes. Ainsi, depuis une embarcation, le drop shot est la technique reine. Tout en contact, et à la verticale, il est très difficile d’y laisser du leurre et la précision est chirurgicale à l’aide d’un moteur électrique. Les plombs sabots, étudiés pour éviter au maximum les accrocs, sont largement utilisés ici. (Créafishing contact, Powerline Cube 45…) J’essaie tout de même d’utiliser les texans le plus souvent possible, la pointe est cachée, je n’ai aucun souci.
Pour les grands plongeurs, ôtez l’hameçon ventral pour passer à un seul triple en queue, voire un simple, comme le VMC 7266TI par exemple. Je garde le spinnerbait pour la fin, car ce dernier est vraiment un 4X4 de la pêche au lancer! Il réunit tous les stimuli nécessaires aux carnassiers : nombreuses vibrations, qui sont différentes entre les palettes et la jupe du leurre souple, palettes multiples, éclats de ces dernières, volume offert par l’ensemble… Voici le concentré offert par ce leurre! L’enseigne Décathlon en réalise de très simples pourvus d’hameçons très piquants pour un prix défiant toute concurrence. Pas de blister ou de présentation moderne, vous le trouverez tel quel dans de petites boites en carton dans le rayon ! En jaune, noir ou rouge. Pas très lourd mais ce dernier vous permet de prospecter tous les postes en rivière jusqu’à 5m de profondeur. Vous pouvez repeindre les palettes au besoin avec du vernis, pour commencer avec ce leurre, il n’y a pas mieux ! C’est aussi un leurre de prospection que j’utilise pour peigner les fonds à la recherche des obstacles. Et une fois repérés, je sors la barque !
Pêcher les herbiers
Les bancs d’herbiers parcourus par des veines d’eau libre sont assez faciles à attaquer, que ce soit du bord ou en bateau. (Cas pour les ceratophyllum appellés encore « cornifle » que l’on rencontre le plus souvent en bord de rivière.) Les lancers doivent impérativement être précis pour ne pas ramener la fameuse « salade ». Dans ces veines d’eau libre ou en pourtour d’herbiers, les leurres souples sans plombées et les spinnerbaits sont les plus adaptés. (Sébile Swimmer soft, Mister Twister Slug…) Les chevesnes y font aussi des sorties remarquées de l’été à l’automne. Sortez donc les imitations d’insecte, encore appelées « Créatures », grenouilles et autres imitations d’alevins en plastique, (Smith LS Hoptera, Niko Tadpole 73…) et autres mini poisson nageur, comme le très efficace Adam’s Jerkbait 50 SP/SR.
Pour les bancs compacts ou des zones totalement occupées, difficile de les attaquer autrement qu’avec des leurres souples montés en texan. C’est le cas par exemple en été pour la Scarpe canalisée à hauteur de Biache Saint Vaast dans le département 62. Les eaux sont totalement prises par les herbiers et aucun point d’accroche ne doit être présent sur votre ligne. Seule l’attache de l’hameçon est tolérée. Exit donc les agrafes, les triples et autres grossièretés, vive la douceur ! Les Slugs de Mister Twister ou des imitations de grenouilles flottantes et/ou légèrement coulantes sont parfaites ! Vous pouvez également faire descendre des L.S comme le Delalande Mister D déjà plombé et dont l’hameçon est déjà protégé. Pour vos autres L.S, Patrick Sébile encore propose le système « Soft Weight System ». Il s’agit de petits tubes mélangeant tungstène et caoutchouc d’un gramme. On en monte autant que l’on veut sur la hampe du texan. Très pratique, car pas d’accrocs possible et une totale efficacité sur ce type d’herbier compact. Vous pouvez d’ailleurs placer ces tubes où bon vous semble pour faire reculer votre L.S pendant sa chute ou le faire piquer du nez. (Pratique pour les « Tubes ».)
Depuis un bateau, laissez descendre votre leurre dès que ce dernier est sorti de l’herbier, résultat garanti sur un poisson indécis !
Pêcher dans les nénuphars
Ce type de poste est mon préféré pour le brochet. Le leurre peut y couler, les feuilles permettent à la ligne de rester à la verticale et dans ce cas on peut y imprimer une action de dandine au nez et à la barbe des carnassiers. Du bord, comme en bateau, les leurres précédemment cités y sont tout indiqués. J’y rajouterais les cuillers ondulantes dont l’hameçon est protégé, comme la DAM Effzett Weedless. Large, trapue, elle appelle les carnassiers de loin. Ce fut ma première ondulante et elle le reste. Elle a été un précurseur dans la pêche du silure à la fin des années 90 et ses grandes embardées en font un excellent leurre pour le brochet. Je fabrique aussi des tandems de tournantes agrémentés d’une belle faucille, montée sur un texan. Multipliant les passages dans le banc de nénuphars, les brochets sautent parfois hors de l’eau pour s’en saisir. En ces lieux, je lance toujours au même endroit, de préférence dans une trouée, afin que ce dernier puisse bien placer son attaque. Avec une grenouille, lancez sur les feuilles et faites trembler cette dernière : le nénuphar amplifiera les ondes que vous transmettez. Depuis un bateau, le fait de ramener le leurre vers le large facilite également l’attaque du leurre, le carnassier étant habitué à les voir revenir vers la berge. Il en va de même pour le combat puisque l’on ramène sa prise vers la profondeur. Simplement, le choix des leurres est ici plus vaste, les nénuphars ne s’accrochant pas autour des palettes de cuillères et autres, comme avec des végétaux plus fins et souples…
Pêcher l’arbre tombé
Très bon poste, pour peu qu’on l’attaque correctement. Depuis la berge, il est très difficile de s’en sortir : chaque branche sera généralement attaquée perpendiculairement, augmentant les chances d’accrocs. Les texans peuvent dès lors vous rendre de fiers services. Depuis une embarcation, les choses n’ont plus rien à voir… Il faut tout de même s’ancrer plusieurs fois afin d’attaquer chaque branche de façon parallèle. Je commence par l’amont et me laisse dériver après chaque branche pêchée en levant l’ancre de quelques centimètres pour la reposer une fois bien placé. Ici les spinnerbaits sont les rois, en compagnie de leurres souples montés en texan. Animez ces derniers par des coups secs et laissez les couler… cardiaques s’abstenir ! Certaines fois c’est un tronc entier qui barre la rivière et retient différents branchages, herbiers, sacs en tout genre, bref ce que la rivière peut transporter… Vu du dessus, cet amas forme un triangle dont la pointe se situe vers le large de la rivière. Les poissons nageurs suspending sont les armes parfaites pour ces postes, notamment le Rapala Husky Jerk 12cm. Si la berge est dégagée, pêchez en amont de l’embâcle. Quelques tours de manivelle pour faire plonger votre leurre et laissez-le se faire entraîner sous l’amas par le courant. Il faut veiller à noyer votre bannière pour que le leurre reste le plus efficacement possible sous cet amas de branches. Ramené ainsi avec de nombreuses pauses, c’est la façon la plus efficace de décider un carnassier.
En étang, vous pouvez également tomber sur de nombreux saules qui créés une véritable muraille végétale. Dans ce cas, je sors un popper quelle que soit la saison. Il ne me sert qu’à « appeler » le carnassier en poste. 5-6 lancers après et je sors un spinnerbait, un leurre souple sur texan… La différence de stimuli combinée avec une hauteur de nage différente peut faire la différence.
Pêcher les piles de pont
Ces dernières sont généralement très encombrées, en amont comme en aval. En amont, différents branchages s’y coincent et offrent le gîte et le couvert à l’ensemble de la chaîne alimentaire. Je les attaque par l’amont faisant passer le leurre au plus près de cet amas. Les spinnerbaits et autres ondulantes à l’hameçon caché sont les plus adaptés. Ces deux leurres offrent en effet plus de stimuli qu’un leurre souple, sans que ce dernier ne soit bien entendu inefficace. Pour les côtés de ces piles, des lancers sous la main, perpendiculaires à la berge, permettent de prospecter correctement ces lieux. En barque, la verticale est toute indiquée, notamment en se laissant dériver le long des piles et dans le contre-courant aval. L’aval d’ailleurs est des plus intéressant. Ce contre-courant permet aux différents représentants de la faune aquatique d’y trouver un lieu plus calme leur évitant de lutter contre le courant principal. Souvent tapissé de gros blocs, la verticale permet d’y tirer son épingle du jeu. Du bord, canne haute, j’emploie le spinnerbait en me plaçant le plus en aval possible afin d’être le plus parallèle possible aux courants.
Comme vous le voyez, ces postes ne doivent pas vous rebuter, bien au contraire, car ils accueillent les carnassiers. Avec des leurres et armements adaptés, y pêcher efficacement est assez simple et vous permettra de sortir du poisson.