Durant la saison chaude les alevins de poissons blancs grossissent à vue d’œil avec dans leurs sillages les perches grégaires qui selon leurs âges s’attaquent aux différentes espèces de « bait fish ». C’est en lac que mes observations sur ces phénomènes ont été les plus marquantes, certains lacs étant pourvus de populations phénoménales de perches de toutes tailles.
Les grands bancs de perches atteignent leur paroxysme au mois d’août/septembre, au moment où les poissons-fourrages sont au maximum de leurs activité alimentaire, lorsque l’eau est la plus chaude mais que la durée des journées diminue lentement laissant deviner l’arrivée de l’automne alors que l’été s’essouffle timidement.
Du CP au doctorat
Les plus petites perches sont comparables aux classes de CP, turbulentes et indisciplinées, elles sont nées en avril et mesurent déjà de 6 à 10 cm, elles sont légion, par nuages pouvant compter des dizaines de milliers d’individus. Leurs chasses donnent lieu à des spectacles permanents, elles s’attaquent souvent aux gardons ou ablettes de l’année. Dans certaines circonstances précises ces poissons peuvent souffrir de nanisme, ne grossissant plus elles deviennent alors des poissons fourrage pour d’autres prédateurs.
Les collégiennes
Les bancs de petites perches ne sont pas postés n’importe où, et bien sûr les perches un peu plus grosses ne sont pas loin. Les grandes sections, les collégiennes de 3 ou 4 ans mesurant 20 à 30 cm pouvant aussi former de très grands groupes mais contrairement à leurs petites sœurs, elles peuvent se déplacer sur de longues distances. Elles sont aussi sur le coup des petits poissonnets de l’année, mais pouvant aussi aller chercher les plus petites perchettes pour les réguler…
Viens ensuite les plus grosses, je ne parle pas des géantes, mais des poissons de plus de 35 cm, qui elles aussi forment des bancs pouvant atteindre plusieurs centaines d’individus, croisant généralement plus profond que leurs consœurs moins âgées, elles sèment la terreur dans les rangs des petits blancs et s’attaquent sans distinction à leur progéniture pour en éclaircir les rangs.
Les thésardes, des poissons plus rares, dépassant les 40 cm et pouvant atteindre les 50 cm se trouvent dans les bancs des poissons les plus gros, parmi les bancs des plus grosses perches, mais aussi s’il n’y a pas de bancs de perches dans les bancs de brèmes, de hotus, de barbeaux et même au sein des carpes s’il n’y a aucune autre bande à rejoindre. L’instinct grégaire est plus fort que tout chez ce poisson.
Un tramway de perches
Les bancs de perches sont très distincts quand elles sont très nombreuses, les petits ensembles, les moyennes aussi et les grosses ne forment pas le même groupe.
J’ai constaté que les bancs ne se mélangent pas (sauf lors des chasses quand la panique et la frénésie s’empare de tous les poissons), les petites forment des « boules », les moyennes des bancs serrés en pleine eau, les grosses nagent un peu plus profond et ne sont guère entassées sauf lors des grands déplacements ou lors des chasses.
Il arrive que ces grosses perches se regroupent lors de grands coups de vent ou quand les températures tombent subitement, cela forme alors les plus grands bancs de poissons visibles en eau douce sous nos latitudes. Pour la petite histoire j’ai vu dans un lac un banc de grosses perches comparable à un tramway …
La vie des perches dépend de la puissance du groupe, pour chasser ou se protéger par le nombre. De nuit il en est autrement, tout ce petit monde se pose sur le fond (pour le peu d’observations que j’ai fais en nocturne) et attend le lever du soleil pour retrouver la vue et leurs partenaires indispensables pour survivre.
Si vous capturez des grosses perches relâchez-les immédiatement sur le poste (après avoir pêché bien sûr) car si vous les amenez trop loin elles seront hors du groupe. Elles ne pourront pas le retrouver ou en former un autre car ces poissons sont rares et entrent dans le menu des brochets et silures et sans la force du groupe leur vie ne sera plus jamais la même…