S’il est un leurre dur qui fait l’unanimité chez les amateurs de power fishing, c’est bien le lipless. Cette crécelle subaquatique à la nage serrée est un véritable aimant à carnassier en activité. Doté de multiples formes le lipless crankbait a gagné un nom explicite : « le vibration». Dénué de bavette, nageant en position quasi verticale, il peine à équiper le débutant qui est dérouté par ce leurre trop vibrant, trop bruiteur. Mais une fois adopté, on ne peut plus s’en passer
Inventé aux Etats Unis dans un garage, comme c’est souvent le cas, le premier lipless a été conçu pour la traque du bass, ce poisson qui réagit (ou pas) au pire comme au meilleur. Il est des jours où il faudra un vrai concert du batteur fou du Muppet Show sous l’eau pour le faire mordre. Partant de ce constat, certes aux traits volontairement grossis, un pêcheur américain eu l’idée d’enfermer des billes dans une coque et d’en faire un leurre.
Le premier leurre creux bruiteur était né et bien entendu il fit fureur sur les tournois de pêche américains avant d’arriver en Europe quelques décennies plus tard. C’est en partie grâce à Rapala qui le démocratisa qu’on le vit arriver sur le marché Français et ma première pêche avec ce leurre fut déconcertante.
Ce « truc » faisait un bruit du diable sous l’eau, jamais encore je n’avais entendu cela mais les perches semblaient adorer. Puis ce furent les brochets qui prirent plaisir à déchiqueter le revêtement plastique qui servait de décor au leurre, et même sans ça, il prenait du poisson.
Dorénavant on trouve sur le marché des lipless à tonalité aiguë comportant des billes de verre, des plus graves à grosses billes d’acier ou un mix des deux. Pourtant tant de bruit sous l’eau peut quelquefois transformer ce leurre en épouvantail aquatique.
Les leurres lipless silencieux, l’éloge de la vibration serrée
Le lipless silencieux semble avoir été inventé bien avant, le méplat frontal qui permet la vibration en s’opposant à la force d’écoulement des liquides n’est pas une invention très récente. Réalisé en matériau coulant, son gros avantage est sa masse qui permet de le lancer loin et contre le vent, par contre il pêche très creux et les accrocs sont nombreux avec ce type de leurres.
Deux formes semblent générer la majorité des modèles : une massive, figurant un lipless bruyant auquel on aurait ôté ses billes, et une plus fine, qu’on destinait auparavant aux pêches en mer avant qu’on ne découvre qu’elle était très efficace maniée sur le fond. Sur cette dernière la vibration n’est pas mise en branle par un méplat mais par la différence d’épaisseur entre le dos et le ventre du leurre, tout comme une lame vibrante.
Ce modèle assez fin est représenté par le Bay Ruff de Duo et le Bay Blue de Smith qui sont des lipless très connus pour leur efficacité.
Les adaptations de la famille lipless
La famille des lipless n’a guère changée en quelques années, on retrouve des adaptations avec des tailspin au front biseauté qui vont en plus de la palette de cuiller offrir une vibration du corps très rapide.
Le lipless semble avoir été oublié de la mode du big bait, tout juste trouve t’on chez Lucky Craft un modèle de LV plus gros que la moyenne ou chez Spro un Screaming Devil de plus de 10 cm alors que la plupart des lipless mesurent 7 cm et se destinent au bass. Sébile se démarque avec un modèle Flatt Shad de 124 mm et même de 155 mm qui est une référence pour le silure. Storm à suivi le mouvement avec son Doom Bell Vib E de 124 mm.
Power fishing ou manié ?
Si le bon sens voudrait qu’on utilise le lipless pour pêcher l’eau, j’aime bien ratisser les bordures avec à la recherche du poisson actif. C’est un leurre de prospection qui nous permettra de localiser les carnassiers et de les pêcher plus finement ensuite lorsque les plus féroces auront succombé à notre lipless et que les autres n’oseront pas attaquer cette boule de signaux.
Le Lipless envoie trois types de signaux : le premier est vibratoire et se répercute loin dans l’eau, le second est sonore par l’action des billes bruiteuses et lui aussi va loin, le dernier est visuel par l’action de vibration qui produira des flashs lumineux rapides dus au rolling du leurre.
On peut donc pêcher de deux manières différentes avec ce leurre, soit un linéaire basique qui se suffira à lui même et qui mettra en œuvre les qualités vibratoires et sonores du leurre, soit une sorte de pêche au manié avec contact régulier sur le fond.
Le linéaire est une pêche de pure réaction qui s’adresse à tous les carnassiers en chasse ou prêt à l’être. Il convient de peigner l’eau en laissant le leurre pêcher dans les différentes couches d’eau. Avec cette méthode j’ai eu beaucoup de réussite sur de belles perches en maraude au milieu de nulle part. La touche est franche et l’hameçon se pique très bien en bord de gueule car le poisson poursuit le leurre avant de le mordre.
Le lipless manié est plus subtil car il s’adresse aux postes précis, aux carnassiers plus calmes. On va lancer notre lipless sur le poste et le faire progresser par bonds. Il va vibrer à la traction puis couler tête la première, se poser au fond puis à nouveau vibrer. De quoi énerver tout poisson posé sur le fond.
Brochet, perche, sandre sont les victimes habituelles de ce leurre mais j’ai aussi pris des gros chevesnes, des silures, des carpes et même des grosses tanches sur cette animation.
Le lipless reste l’un de mes leurres préférés l’été et l’automne, il sait déloger les carnassiers et les énerver. Pas besoin d’animation complexe, de canne super tactile, il ne nécessite qu’un matériel éprouvé basique capable de lancer loin et de ratisser large, et avec ça au bout de votre ligne, à vous les sensations !