Leurres bruiteurs ou non, quelle stratégie d’utilisation serait la plus payante en ce début d’année pour séduire maître Esox Lucius ?
Tintamarre dans l’eau ou discrétion : il n’est pas facile de se positionner au regard des échos divergents de chaque pêcheur car certains ne jurent que par des leurres sonores, entendez par là des billes au cœur du leurre sur un bigbait, un crankbait ou stickbait et d’autres que par des leurres discrets. On va essayer d’y voir plus clair et éviter une position sans appel, immuable, car à la pêche, comme chacun sait, rien n’est totalement figé.
Rattling for ever
Les leurres sonores dont l’usage premier des billes étaient plutôt un apport pour leur équilibre et faciliter le lancer, ont apporté une autre dimension : capter l’attention des carnassiers. Des billes qui s’entrechoquent émettent dans l’eau des bruits repérables de très loin pouvant amener des carnassiers à se déplacer aussi bien pour s’alimenter… ou faire cesser ce vacarme ! Quoi qu’il en soit, les prédateurs qui n’ont pas ou peu eu l’occasion d’entendre des leurres bruiteurs ont tendance à réagir assez rapidement. A contrario, l’utilisation régulière des leurres à billes sur certains secteurs sont perçus comme une menace et font disparaître le plus téméraire des brochets ! En début de saison, les poissons sont plus agressifs, le repos hivernal a fait disparaître momentanément l’association d’un leurre bruiteur à un danger potentiel, c’est probablement la meilleure période de l’usage d’un jerk à billes ou d’un crankbait, histoire de rameuter les carnassiers environnants qui se refont une santé après le frai. De plus, si les conditions sont venteuses, il semble au regard de l’expérience, que les leurres bruiteurs supplantent ceux du type silent notamment si l’eau est « piquée » entendez un peu trouble, ne permettant pas de visualiser une proie. On a donc tout intérêt d’utiliser des leurres rattling qui donnent, dans ce cas de figure, un plus considérable.
Le son pour comprendre
Les leurres à billes ont une fréquence sonore spécifique qui ne laisse pas indifférent les carnassiers, elle peut être haute ou basse selon le type de leurre utilisé. Il n’y a pas d’étude spécifique qui permette avec exactitude de déterminer pourquoi un jour l’utilisation de leurre à basse fréquence semble répondre aux souhaits des carnassiers et que le lendemain rien ne bouge avec le même leurre de la veille et qu’un autre émettant des hautes fréquences est plébiscité. Force est pourtant de constater que la variabilité d’une session à l’autre doit nous amener à reconsidérer assez rapidement le leurre fétiche qui pourtant donnait de bons résultats ces derniers jours. Rien d’étonnant au demeurant qu’il n’y a pas à la pêche de constance, chacun à forcément fait déjà l’expérience avec des leurres souples : on trouve la pêche du moment et le leurre qui va bien tant dans sa forme, sa longueur et sa couleur et puis on est décontenancé lors d’une nouvelle journée sur l’eau et malgré la même technique et le graal que l‘on a trouvé, de constater que ce super leurre que l’on a vite acheté en plusieurs exemplaires chez le détaillant local, est totalement boudé ! Mince alors ! Il y a donc forcément beaucoup à apprendre et à comprendre du milieu et à reconnaître que « Je sais que je ne sais rien » pour reprendre une boutade philosophique. Donc oui, une sonorité grave peut fonctionner très bien un jour et être décevante le lendemain, ce qui amène souvent un binôme sur une barque à être complémentaire et d’utiliser pour l’un, un jerk dont les billes émettent un son aigu, et pour l’autre compagnon, un leurre dont la sonorité sera basse.
Le silence est d’or
Sur des sites très fréquentés pour ne pas dire sur-pêchés, les leurres bruiteurs ont tendance à provoquer une accoutumance, voire une méfiance des carnassiers qui peuvent associer la sonorité excessive à un danger. De très bons pêcheurs ne jurent que par des leurres silent préférant jouer sur le rolling du leurre, son bruit naturel, sa densité et sa couleur plutôt que par un orchestre transporté par un leurre bruiteur. Cela étant, dans une eau claire et à faible profondeur, votre jerkbait est visible d’assez loin et son stimulus suffisant pour déclencher des attaques. C’est le type de leurre à conseiller en début de saison pour peigner les bordures à moins que l’eau ne soit trouble. La densité étant forcément inférieure à un leurre bruiteur en raison de l’absence de billes métalliques, ce sont des leurres peu plongeants sauf pour les crankbaits qui ont une bavette ou d’autres qui en sont munis.
En ce début de saison quand les carnassiers vadrouillent encore sur les bordures à la recherche de pitance, quel plaisir intense que de pêcher au jerkbait dans une eau cristalline, l’impact du leurre touchant la surface suffit souvent à alerter les poissons environnants et l’utilisation du rattling ne semble pas forcément utile.
On peut préférer le silent pour privilégier une prospection discrète en bordure, dans les bois immergés ou les roselières naissantes et il est fort probable qu’il ne sera pas refusé, un rattling joue une carte en power fishing pour aller chercher les poissons et les faire réagir même de très loin. L’un et l’autre sont complémentaires et donnent tous deux des résultats en fonction de la turpitude de l’eau, des conditions météo, de la luminosité et surtout… de l’humeur des poissons ! Testez, changez voilà peut-être la clef du succès !