Pour le pêcheur qu’il convient de nommer maintenant le leurriste, le leurre de surface reste l’apogée de son art mais encore peu d’entre nous osent sortir un stickbait de sa boite le matin en pleine eau et ne pêchent avec que les soirs d’été. Le leurre de surface n’a pas encore l’audience qu’il mérite, il permet pourtant cette énorme décharge d’adrénaline qu’aucun autre leurre ne procure et par cela en devient vite addictif.
Voir le gros plouf de la chasse, l’eau soulevée derrière le leurre avant l’attaque, la nageoire dorsale toute hérissée de la perche qui sort de l’eau lorsqu’elle poursuit votre stickbait, le brochet qui saute hors de l’eau et fait gicler votre leurre à plusieurs mètres…
Rien à mes yeux ne peux rivaliser avec les émotions ressenties lors d’une pêche aux leurres de surface
Il n’existe pas énormément de types de leurres de surface, on pourrait quand même en citer six : les poppers, les stickbaits, les crawlers, les wakebaits, les frogs et les buzz baits. Ces différents types de leurres tentent d’imiter chacun un comportement aquatique, chasse pour les poppers et les buzz baits, fuite de blancs pour les stickbaits, insecte ou animal qui se débat dans l’eau pour le crawler, souris qui nage pour le wakebait et grenouille bien évidemment pour la frog. Nos carnassiers ont presque tous les yeux qui regardent en haut et même le gros silure pourra monter sur un leurre de surface. On pourrait si on le veut vraiment passer la quasi totalité de sa saison de pêche à manier des leurres de surface, c’est ce que font quelques passionnés avec une certaine réussite mais cela reste marginal. Découvrons tous ces leurres aux noms peu communs et à l’utilisation quelquefois empreinte d’un peu de mystère.
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Le bas de ligne
Pour pêcher en surface il ne faut pas alourdir le leurre par un bas de ligne inadapté, les fluoros de faible diamètre peuvent convenir mais un gros fluoro coulant pourra perturber la nage équilibrée d’un stickbait. A titre personnel je me passe de bas de ligne mais en zone risquée avec de jolis brochets c’est un titanium plutôt fin que je vais utiliser.
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Le popper
C’est peut-être le leurre le plus célèbre dans l’imagerie populaire, le popper du pêcheur américain au bob de pêche couvert de mouches multicolores. Le popper a été inventé pour pêcher le bass mais chez nous on s’est aperçu que les perches y étaient très sensibles et dernièrement c’est avec les silures que les spécialistes s’amusent.
Un popper est un leurre imitatif qui ne pêchera pas forcément en mouvement, c’est même souvent à l’arrêt depuis plusieurs secondes qu’il est violemment attaqué par le carnassier. La gueule concave du popper crée une dépression dans l’eau lors de tirées assez fortes, ceci se manifeste par le bruit « pop » qui lui a donné son nom.
Rien de particulier dans son usage, on lance, on fait popper et on attend, puis on refait popper… C’est presque toujours à la pause que le carnassier curieux qui suit le leurre viendra l’engamer avec férocité.
Le stickbait
Le stick est l’une de mes techniques favorites, plus dynamique que le popper elle s’adresse aux poissons actifs mais réveille aussi les instincts des carnassiers léthargiques.
L’utilisation à bon escient du stickbait demande de maîtriser l’art du « walking the dog » ou promenade du chien. Il s’agit de faire avancer alternativement de gauche à droite le leurre, en zigzag, par de petites tirées sur le scion. Il faut quelques minutes pour maîtriser le geste et chaque stickbait a sa tirée optimale en termes d’amplitude mais aussi de fréquence pour que l’animation soit parfaite.
Oublions les autres animations plus marginales en eaux douces pour nous concentrer sur le walking the dog qui va simuler la fuite éperdue d’un petit blanc attaqué par un carnassier. Bien évidemment ceci va déclencher le réflexe de défense du territoire en plus du réflexe d’attaque et cette dernière sera puissante. La perche va chasser à courre et il n’est pas rare d’en prendre deux à la fois, le brochet va se jeter dessus comme un furieux et souvent rater son attaque, on pourra le faire mordre jusqu’à trois fois comme ça m’est arrivé mais rarement plus. Au delà de quelques attaques avortées, maître esox semble comprendre que ce leurre n’est pas fait pour lui, il suffit alors de passer à un autre leurre qui pêchera plus creux et bénéficiera de l’effet énervant du stickbbait.
Seul le sandre ne m’a jamais gratifié d’une attaque sur un stickbait alors que bass, silure, brochet, perche, chevaine, truite, rotengle… et j’en passe, vous procureront des émotions intenses qui quelquefois vous feront ferrer avant que le leurre ne soit dans la gueule du poisson.
Le crawler
Un leurre encore inconnu pour moi il y a un an, une imitation de gros insecte qui comporte un déflecteur concave en partie avant qui le fera se désaxer sur ses flancs, ou alors est équipé d’ailes qui vont faire un raffut d’enfer dans l’eau en le désaxant là aussi sur ses flancs.
Ce dernier leurre est souvent appelé cicada car il imitera un gros insecte et les ailes déployées lui font nager un crawl endiablé, d’où son nom de crawler.
Ce leurre a été inventé pour les black bass mais se fait régulièrement engouffrer par les gueules de brochets ou les perches gourmandes.
L’animation s’apparente à celle du popper avec de nombreuses pauses.
La frog
Le leurre qui provoque le plus grand nombre de décrochés à cause de son armement particulier mais qui peut pêcher une jungle aquatique. La grenouille classique est un leurre souple creux armé d’un hameçon double orienté vers le haut et dont les pointes sont cachées par les flancs du leurre, seul l’appui d’une mâchoire permettra de les libérer.
La frog est destinée aux milieux très encombrés, généralement les forêts de nénuphars où on la lance et on la fait bondir à la façon d’une grenouille. De multiples modèles existent avec ou sans palettes, jupes silicones, pattes réalistes etc.
Le buzz bait
Ce leurre de surface s’apparente presque à un spinnerbait dans l’esprit. Les palettes sont remplacées par une hélice qui va brasser l’eau et la faire bouillonner alors que parallèlement à celle-ci un trailer à jupe silicone sera chargé d’être la cible à intercepter pour le carnassier. Peu utilisé chez nous hormis par les traqueurs de bass en milieu encombré, le buzz bait gagnerait à être plus connu.
Le shallow crankbait ou wakebait
Un crank pas assez utilisé à mon goût, le shallow crankbait est un gros crank rondouillard équipé d’une petite bavette verticale. Toujours flottant, il nagera dans la pellicule en poussant énormément d’eau. Le Shallow Crank emblématique est le Rat a Tat de la marque japonaise Evergreen qui permettait de lui installer une queue en plastique à l’arrière sensée imiter une souris.
C’est un leurre à utiliser dans les zones peu profondes qui rameute les carnassiers de loin.
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La canne, le moulinet : le matériel pour pêcher aux leurres de surface
Je pêche au leurre de surface depuis pas mal d’années et s’il m’arrive d’y pêcher en casting, pour le stickbait c’est exclusivement en spinning que je pratique. Le mouvement de walking the dog est plus facile à faire avec un moulinet spinning pour moi et les cannes spinning sont aussi un peu plus souples.
Ce dernier point est important, lors de l’ attaque à vue vous allez envoyer instinctivement un ferrage de bûcheron et avec une tresse sans aucune élasticité c’est la canne qui devra amortir ce ferrage, d’autre part une certaine souplesse permettra une animation plus douce et pardonnera les erreurs de maniement. Si durant un temps j’ai plébiscité les cannes dures pour les leurres de surface qui sont affaires de spécialistes mais permettent des maniements ultra précis, je suis revenu à du plus classique pour ne plus casser à la touche, mais tout ceci est affaire de goût et de choix personnel.
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La pêche aux leurres de surface est selon moi la pêche la plus riche en émotions, elle conjugue le plaisir de voir la touche dans toute sa furie au plaisir du combat. Rien que pour ça, je vous conseille de vous y mettre sans tarder.
Un dernier conseil, oubliez vos réflexes et ne ferrez qu’une fois que vous sentirez la touche dans la canne, sinon vous ne ferez qu’enlever le leurre de la gueule du poisson, voire pour les plus nerveux d’entre nous, d’arracher le leurre de l’eau juste avant qu’il ne soit gobé !