Tous les lacs ne se ressemblent pas et bien souvent ceux qui attirent le plus notre attention sont ceux dont le cheptel est important en nombre de poissons et/ou en capacité à héberger des poissons de grandes tailles. Dans l’ombre de ces hots-spots du carp-fishing, se cachent de petits plans d’eau, souvent délaissés du plus grand nombre, cela en raison d’un cheptel moins « exceptionnel », ou du moins juste ordinaire.
Les principales caractéristiques d’un lac pauvre en nourriture naturelle se traduisent souvent par un faible cheptel en poissons, majoritairement de petite taille ou d’une population de carpes correcte mais marquée par l’absence de gros poisson. Ce point a évidemment tendance à rebuter de nombreux pêcheurs, puisque de nos jours seul l’exceptionnel compte, au XXIe siècle, les mauvaises journées de pêche se traduisent par 5 poissons avec juste une 20+… Dans de nombreux cas, ces lacs présentent des fonds majoritairement vaseux, l’eau étant souvent opaque, la nourriture naturelle a comme oublié de s’y développer. La vase présente bien sûr ses formes de nourriture, ainsi que les bordures, mais en règle générale la masse de nourriture disponible pour le nombre de poissons présents dans le lac n’est pas suffisante pour alimenter un cheptel conséquent. L’absence d’herbiers et de toute la nourriture qu’ils hébergent, ainsi que d’écrevisses, de corbicules et autres mets appréciés des carpes ne favorise pas la croissance de ces dernières, souvent représentées par des carpes communes fuselées ou des miroirs au taux de croissance très faible. A l’heure où les réseaux sociaux sont inondés de poissons pêchés dans des lacs où la croissance peut atteindre entre 2 et 3kg par an, dans le cas des lacs pauvres la croissance des carpes stagne, quand au mieux les poissons gagnent quelques centaines de grammes par an. A première vue, et sous cette description peu enchanteresse, ces lacs ne donnent guère envie d’y tremper les fils, pourtant leur principal attrait est justement lié à cette description, et donc à l’absence de pression de pêche, ce qui, associé au manque de nourriture naturelle disponible, en font des sites faciles à pêcher sur lesquels il est possible de s’amuser, en toute simplicité !
Une pêche sans prise de tête!
Malgré une facilité apparente, il ne suffit évidemment pas de lancer une ligne au hasard pour faire un carton. Comme partout il faut commencer par trouver le poisson, heureusement cette tâche est relativement aisée, puisqu’il suffit de trouver la ou les zones qui peuvent abriter un peu de nourriture naturelle, pour trouver le poisson. Les bordures sont souvent les plus propices, si celles ci sont boisées ou fortement végétalisées, elles seront à coup sur visitées régulièrement par les carpes, encore plus qu’ailleurs, la pêche de bordure est à privilégier. Et sur ces lacs abandonnés des autres pêcheurs, inutile d’aller chercher la berge d’en face, avec un peu de discrétion au bord de l’eau, notre propre bordure est un hot spot ! Dans le cas où le lac serait pêché par des pratiquants de la pêche au coup, feeder, anglaise et autres techniques visant le poisson fourrage, les zones régulièrement amorcées à la farine sont également à exploiter en priorité, il y a fort à parier que les carpes ne mettent pas longtemps pour venir faire les ramasses miettes… Et bien évidemment la berge qui est exposée au vent dominant reste une valeur sûre, l’effet des vagues et le soulèvement de matières qui vont être transportées au gré du courant offre aussi un peu de nourriture à ces poissons en manque de ressource. Le moindre changement quel qu’il soit sur ces fonds monotones mérite de recevoir un montage. Sur ces fonds souvent plats et stériles, la moindre cassure, bosse, changement de substrat ou obstacle, qu’il soit naturel ou non, sera certainement visité par les carpes de façon régulière. Vous l’aurez compris, les basiques de notre pêche prennent ici tout leur sens, que l’on soit débutant ou confirmé, aborder un lac pauvre en nourriture naturelle pour la première fois est un excellent terrain d’entraînement pour un débutant. C’est aussi un lieu de prédilection pour une session détente avec des amis ou de la famille pour un pêcheur disons, plus expérimenté, qui souhaite s’éloigner du tumulte des eaux sous pression, pour simplement prendre des carpes, quelque soit leur poids.
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Ces lacs où la pêche ne demande pas de mettre en place une stratégie pointue pour prendre des carpes sont parfaits pour initier des jeunes, ou faire découvrir la pêche à des non pratiquants. Des montages simples et une approche intuitive avec de bons appâts suffisent souvent pour prendre plusieurs poissons durant une simple journée de pêche.
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L’amorçage, un buffet pour carpes affamés !
Dans ces eaux où la nourriture se fait rare, nos amorçages sont une aubaine pour les carpes, et l’ensemble des poissons blancs. Dans ce contexte mieux vaut mettre de côté la pêche au stick ou en single, et préférer une pêche sur un amorçage conséquent. De part l’absence de nourriture naturellement présente sous l’eau, les carpes ont tendance à beaucoup nager et être très mobiles, ceci dans le but de chercher en permanence de quoi manger. Un amorçage placé sur leur chemin devient donc un véritable buffet qu’elles ne peuvent pas se permettre d’ignorer. Cette activité, voire même cette frénésie soudaine de quelques poissons, a souvent pour effet d’attirer les autres poissons, qui eux aussi vont vouloir profiter de cette nourriture riche et facile à attraper. Mieux vaut donc amorcer en conséquence, en éparpillant plusieurs kilos d’appâts dès son arrivée, voire la veille de la pêche sur une zone très large, de façon à ce que les premiers poissons qui arrivent sur la zone ne puissent pas nettoyer rapidement l’amorçage. Cela va permettre aux autres poissons d’avoir le temps d’arriver eux aussi sur la zone et de pouvoir profiter à leur tour des appâts distribués sur le fond. Le temps que tout ce petit monde arrive, il y a fort à parier que la compétition alimentaire qui va se mettre en place pousse les poissons à mordre très vite sur l’appât piégé. Cela entraîne donc une relance de la canne sur la zone et donc un rappel d’amorçage, qui aura pour effet de maintenir le poisson sur la zone et d’attirer de plus en plus de carpes. Cela augmentera la compétition alimentaire entre les nombreux individus présents et donc la perte de méfiance, ou du moins limitera l’effet de fuite lors de la piqûre d’un poisson. Bien évidemment ceci sera vrai tant que les poissons seront en activité alimentaire, ce n’est pas parce que le lac en question présente très peu de ressources que les carpes se jetteront sur un amorçage lorsqu’elles seront en léthargie, ou en période de fraie, ou tout autre événement qui vient perturber le poisson et limiter son activité. Néanmoins, même en plein cœur de l’hiver, un poste amorcé deux à trois fois avant une journée de pêche ou une session de plusieurs jours, aura tendance à être plus productif que sans amorçage, même si les conditions ne sont pas les meilleures.
Le choix des appâts
De part l’absence de nourriture naturellement présente, une simple boîte de maïs doux pourrait suffire à prendre une carpe, mais dans l’optique de pêcher pour prendre beaucoup de poissons, mieux vaut tout de même privilégier des appâts de qualité. Cela tout d’abord pour une question de respect du poisson, en lui proposant un aliment de qualité qui lui apportera ce que son environnement ne lui apporte pas suffisamment. Ensuite il faut bien être honnête, si l’on commence à amorcer la veille ou quelques jours avant la pêche, ou si l’on met en place un amorçage de plusieurs kilos, des bouillettes haut de gamme comme on les appelle, feront toujours une différence avec des bouillettes dites d’amorçage. Il est vrai que passer plusieurs kilos de bouillettes à 10€/kg sur une pêche a un coût, mais nous ne sommes pas obligés non plus d’amorcer lourd à chaque sortie, une pêche de temps en temps sur ce genre de site avec de bons appâts est finalement réalisable pour beaucoup de monde. Le tout est de savoir ce que l’on veut, pêcher avec des bouillettes à 3 ou 4€ le kilo n’empêche pas de prendre des carpes, mais les résultats sont tout de même meilleurs avec de bons appâts. Et dans le cas où deux pêcheurs opèrent sur un même lac, si l’un des deux amorce et pêche avec des bouillettes à faible coût, ses résultats n’auront sûrement rien à voir avec l’autre pêcheur, qui lui utilisera des appâts de bonne qualité, et cela dans une majorité des cas. Les appâts peuvent vite coûter chers, mais lorsque l’on regarde le prix du matériel « à la mode », finalement, en investissant moins d’un côté, il est possible de se faire un bon stock d’appâts. Et une chose est sure, un beau biwy ou de belles cannes très haut de gamme ne permettent pas de prendre plus de poissons sur ce genre de site, en revanche une bonne quantité d’appâts de très bonne qualité est bien plus utile pour prendre des carpes en grand nombre, après, c’est à chacun de faire un choix et de savoir quelles sont ses priorités et ses envies. A titre personnel, je préfère avoir du matériel simple mais de bonne qualité et avoir de très bons appâts en quantité, plutôt que l’inverse. Et pour ce qui est du choix entre les bouillettes maison et les bouillettes du commerce haut de gamme, pour parler de ma propre expérience, ayant roulé mes propres bouillettes pendant des années, et aujourd’hui bénéficiant de bouillette de très bonne qualité, une chose est sûre, mes résultats aujourd’hui sont bien meilleurs. Le poisson répond plus vite qu’avec les bouillettes maisons que j’utilisais à l’époque et reste plus longtemps sur la zone amorcée, tout cela en mettant moins d’appâts dans l’eau. Aujourd’hui j’arrive à avoir de meilleurs résultats, en utilisant trois fois moins d’appâts, donc l’un dans l’autre tout se regarde et au final cela ne coûte peut être pas forcément plus cher de pêcher avec de bons appâts ! Outre le coût des appâts, leur composition est aussi importante, des bouillettes fruitées, avec un taux de protéines faible peuvent très bien faire l’affaire sur des pêches courtes. En revanche, si l’on veut faire rentrer le poisson en nombre sur un amorçage, et surtout qu’il y reste, il sera préférable d’employer des appâts riches en farine de poisson et avec un taux de protéines élevé. Bien sur il n’y a pas que la farine carnée et le taux de protéine qui font une bonne bouillette, mais disons qu’il s’agit là d’une base importante si l’on souhaite fixer des poissons sur un amorçage.
A titre personnel, je préfère avoir du matériel simple mais de bonne qualité et avoir de très bons appâts en quantité, plutôt que l’inverse.
Ces plans d’eau souvent délaissés des autres pêcheurs en raison d’un cheptel réduit en carpes, en nombre et en taille, ne sont pourtant pas à négliger, il est possible d’y faire assez facilement de très bonnes pêches. Réaliser un carton sur ce genre de plan d’eau ne donne en rien une sorte de « valeur » au pêcheur, néanmoins il faut bien comprendre que ce n’est pas parce que le site est pauvre en nourriture naturelle que tout le monde y réalise des cartons, prendre quelques poissons peut sembler facile, mais il ne suffit pas non plus de lancer ses cannes devant soi avec 5 bouillettes autour du montage pour dérouler toute la journée, il y a comme partout certaines subtilités à comprendre, comme le fait de construire un amorçage et faire travailler « son coup ». Dans tous les cas ces plans d’eau sont un excellent refuge face au tumulte qui règne parfois sur les berges de plans d’eau plus prisés en raison de leur cheptel, tout comme une formidable destination pour une pêche courte où l’on a juste envie de s’amuser à prendre des carpes, quel que soit leur poids !