Les poissons nageurs coulants font partie de l’arsenal des pêcheurs de truite au leurre depuis de nombreuses années. Parmi toutes les possibilités offertes par les marques en termes de leurre, l’une d’elle se développe et a conquis de nombreux spécialistes de la truite au leurre : les poissons nageurs coulants. Voyons pourquoi ces leurres sont devenus, à juste titre, indispensables dans nos boites.
Un poisson nageur coulant va d’abord se caractériser par sa densité. Il vient en complément des leurres flottants (densité inférieure à l’eau) ou suspending (suspension, ni coulant ni flottant de densité égale à celle de l’eau). En effet, il est coulant (« heavy weight » ou « sinking » en anglais), c’est-à-dire que sa densité dépasse celle de l’eau, soit plus d’un gramme par centimètre cube de volume de leurre. Ces leurres sont donc assez peu volumineux, mais fins et pisciformes : il s’agit de minnow ou jerkbait minnow. Afin d’équilibrer le poisson nageur, les lests (en plomb ou tungstène) sont positionnés au plus bas, autour de la fixation de l’hameçon ventral. Ces minnows possèdent une bavette courte et une silhouette hydrodynamique. Car outre sa capacité à pêcher creux, du fait qu’il soit coulant, la densité du leurre va offrir plus d’inertie. C’est-à-dire qu’il va falloir exercer plus de force pour mettre en mouvement le leurre. C’est d’ailleurs ce qui a longtemps dérouté de nombreux pêcheurs au leurre : « il ne nage pas ce caillou ! ». Pour être mis en mouvement et nager, il faut solliciter son leurre coulant, « rentrer dedans ». Plus un leurre est dense et lourd, plus il faudra de force pour le mettre en mouvement, c’est-à-dire le faire nager. Un minnow coulant est avant tout un « twitch bait » ou « jerkbait », c’est-à-dire un leurre qui s’anime par une série de twitchs qui vont désaxer le leurre et le rendre attractif. Les twitchs sont des animations rapides, des coups de poignet plus ou moins secs et amples. Si l’on cherche les animations linéaires, il faudra ramener son minnow très vite ou dans de puissants courants. L’inertie du leurre permet justement de s’affranchir de la force du courant et de pêcher creux et méthodiquement, là ou un PN de densité inférieure serait simplement « balayé » par la force de l’eau.
Pêche de la truite au leurre dur coulant en rivière
Les minnows coulants tirent leur pleine puissance dans les rivières et torrents, particulièrement sur les pêches amont. La masse du leurre autorise des lancers précis d’un simple coup de poignet. Comme évoqué précédemment, le minnow coule et trouve rapidement de la profondeur, sans même entamer de récupération, à l’inverse des PN plongeants. Durant cette phase de descente, le leurre est déjà pêchant et attractif. Il sera alors possible de l’animer en twitchs sur des zones et postes courts et de garder contact avec son leurre. Un moulinet à haut ratio facilite grandement la manœuvre. En aval, il faudra alterner les tirés et relâchés (durant lesquels le leurre recoule) pour que le leurre ne remonte pas trop. Sa bavette courte offre peu de prise et d’appui dans l’eau. Les minnows coulants tiennent très bien les courants mais se limitent à la prospection aval de zones dont la profondeur n’excède pas le mètre ou mètre cinquante pour les rivières à grand débit. Sinon il faudra pêcher plus lourd et plus gros. L’hydrodynamisme (et donc aérodynamisme) couplé à la densité permet de lancer ces leurres précisément et loin. Ce dernier atout n’est pas seulement appréciable en cours d’eau, il l’est aussi en lac.
Pêche de la truite au poisson nageur coulant en lac
Il n’y a pas qu’en rivière que les minnows coulants sont intéressants ; en lac et plan d’eau aussi. Outre le fait de pêcher creux (il suffit de laisser couler le leurre à la profondeur de pêche désirée), là encore l’inertie de ces leurres est intéressante. Les PN coulants ont une très grande présence et sont très incitatifs. Ils vont en effet déplacer de l’eau, pêcher loin, frétiller nerveusement et émettre de nombreux stimuli. En lac où la prospection est de mise, il s’agit d’atouts en parfaite adéquation avec la stratégie du powerfishing et la prospection du maximum de surface, en quête d’un poisson actif.
Matériel de pêche pour la truite au leurre coulant
A contrario de bon nombre de cannes à truite d’action modérée, l’emploi d’un minnow coulant nécessite une canne nerveuse, fast ou extra fast. En effet, il faut imprimer de forts mouvements, des twitchs ou jerks, pour entrainer le leurre et le faire nager correctement. Pas question donc que la canne, de par sa souplesse, vienne absorber et amortir nos coups de poignet. Il faut que ceux-ci soient répercutés au maximum au leurre pour l’animer précisément et confortablement. Il faut une canne directive et précise. Concernant le moulinet, comme toujours, je préconise un moulinet à haut ratio de récupération pour les pêches amont, qui grâce à sa capacité de récupération permet un meilleur contact avec le leurre et un moulinet de ratio intermédiaire pour les pêches aval, plus fluide et puissant. Suivant la taille des poissons cherchés et les leurres employés, on peut avoir recours à des moulinets de taille 1000 jusqu’à 3000. Pour le garnissage des bobines, j’opte principalement pour le nylon mais pas que. Le nylon, élastique, va se déformer et absorber la force déployée par le pêcheur pour mettre en mouvement son minnow coulant. Je vais donc opter pour le nylon, lorsque j’emploie des leurres de moins de 6 grammes. De cette façon, son élasticité impactera alors peu mes animations mais sera un précieux allié pour amortir les coups de tête de dame truite et ne pas perdre trop de poissons. Pour des leurres supérieurs à 6 grammes et la traque de beaux poissons, j’emploie principalement de la tresse pour animer confortablement mon minnow et compte sur la canne pour absorber les « chocs ». Pour l’emploi de minnow coulant, il est aussi possible d’utiliser un combo baitfinesse. Il s’agit d’une technique en vogue qui consiste à pêcher « léger » avec un ensemble bait casting (moulinet à tambour tournant). Ce matériel est adapté à la traque de dame fario avec des leurres denses qui se lancent aisément avec ce type de matériel. L’approche est très technique et réservée aux plus aguerris, mais se révèle pertinente en termes de précision et de sensation.
Pour l’armement, j’opte souvent pour des hameçons simples sans ardillon. Prenez par contre en compte lorsque vous changez les hameçons, que les hameçons simples sont plus légers que les triples.
Efficace mais pas que !
Les minnows coulants sont des leurres réellement prenant de par leur capacité technique. Mais outre cet aspect, ils sont aussi des leurres ludiques, plaisants et techniques à animer. On ne se contente pas de ramener en linéaire son leurre, on le travaille, on le sent passer dans les veines d’eau, on le pilote réellement du bout de la canne. C’est entre autre pour cela que de nombreux puristes ne jurent que par l’emploi de PN coulants, plus techniques, peut-être plus nobles… Les japonais ne me contrediront pas : la pêche des natives, truites sauvages de souche se fait en très grande majorité à l’aide d’un minnow coulant au pays du soleil levant. Surement pour l’efficacité mais je pense surtout pour l’art et la manière d’animer ces minnows coulants. Là-bas d’ailleurs, de nombreux « crafteur » s’emploient à créer leur propre PN coulant en bois, qui pour certains sont de vraies œuvres d’art.
On l’a vu, ces leurres permettent de pêcher parfaitement vers l’amont, ils évoluent confortablement vers l’aval et sont tout indiqués pour la pêche en lac. Il s’agit de vrais 4×4 très performants quand on a bien appréhendé la façon de les exploiter. Pour trouver les poissons actifs, les minnows coulants seront encore des indispensables pour cette ouverture 2018 !
merci pour ce très bon article! Le coulant avec des tenues de cannes plus ou moins hautes peut servir à prospecter à lui seul touts les couches d’eau. je ne me serts que du flottant dans un seul cas de figure: la pêche aval sous des frondaisons ayant rendue des lancers impossibles sans s’y accrocher.