La pêche de la carpe en automne est une pêche particulière dans le calendrier des pêcheurs. La végétation adopte sa parure de saison aux multiples couleurs plus belles les unes que les autres, avant de disparaître ne laissant que des branchages nus. Les températures baissent de jour en jour ce qui ne manque pas de signaler aux animaux terrestres mais aussi aquatiques qu’il est temps de faire les réserves avant la période de disette.
Vous l’aurez compris, il s’agit d’une saison importante pour la pratique de notre loisir. Il s’agit même de LA saison à ne pas manquer ! Les poissons vont rentrer en phase de boulimie avant l’hiver. Elles vont s’alimenter massivement dans le but d’accumuler le maximum de graisse mais aussi de sucre stocké dans le foie sous forme de glycogène. Une énorme partie dans la nourriture naturelle sera ainsi consommée. Si celle-ci se fait rare, elle pourra également ingérer des poissonnets qui auront l’imprudence de passer trop près de la bouche des poissons. La nourriture terrestre de type fruits, insectes fera également partie du menu. Et bien entendu, les appâts des pêcheurs sont également de la partie. A ce titre, la méfiance des poissons à l’égard de nos chères billes rondes, colorées et parfumées sera, par période, totalement oubliée. Voilà une aubaine à ne pas négliger.
A lire ces premières lignes, cela parait si simple et si prometteur. Mais la réalité est tout de même un petit peu différente : pour réaliser des « cartons », il va falloir bien calculer son coup. Etre au bon endroit, au bon moment et de la bonne manière. C’est ce que nous allons voir au travers de ces quelques lignes.
Pêcher la carpe en automne
Tout d’abord, il faut comprendre comment fonctionnent ces périodes de grosse alimentation. En effet, elles ne surviennent pas au hasard, ni à une date donnée. Elles ne se déclenchent que lorsque différentes conditions sont réunies.
Il est important dans un premier temps de comprendre que la température joue un rôle primordial dans cette saison. Des températures d’eau trop élevées ne stimulent pas favorablement l’appétit des poissons qui ne se contenteront que de s’alimenter normalement. Ceci dit, dans les régions du sud de la France, il existe parfois une 2ème période de fraie. Elle a lieu généralement en septembre lorsque la température de l’eau se rapproche des 20°C. La « sortie » de cette courte période de fraie est déjà un premier moment clef qui peut rapporter quelques séries de captures intéressantes. Mais c’est lorsque la température de l’eau approche des 12-10°C que les choses sérieuses commencent.
La durée d’ensoleillement est également un élément à prendre en considération. En effet, les jours sont nettement plus courts en hiver qu’en été ce qui rythme forcement les périodes d’alimentation diurnes. Plus les journées seront courtes, plus les périodes d’alimentation seront intenses.
Enfin, les événements météo seront bien entendu décisifs. Des périodes sans vents avec un soleil permanent seront signe de détecteurs muets. A contrario, les orages et les périodes dépressionnaires seront signe d’activité piscicoles accrues.
Lorsque ces 3 événements sont combinés, et que la pêche est correctement préparée, vous avez toutes les chances d’obtenir des résultats significatifs.
Pour résumer, en début d’automne, le mauvais temps vous permettra sur de courtes périodes de faire de jolies pêches ; en fin d’automne, ce sont les premières gelées précédées ou suivies d’un front pluvieux qui sont annonciatrices d’une quinzaine de jours très productifs.
Maintenant que vous connaissez plus ou moins les périodes à ne pas manquer, il vous reste à préparer correctement votre approche. A savoir : le choix du poste en fonction de la température de l’eau et de l’exposition au vent, mais également le choix des appâts et les stratégies d’amorçage.
Où pêcher la carpe en automne? Choisir les bons spots!
Démarrons par le choix du poste. En premier lieu, il faut analyser la température de l’eau qui va plus ou moins dicter la profondeur de la pêche. En effet, une eau trop chaude ou trop froide incite le poisson à se diriger vers des couches d’eau plus clémentes. En revanche, si les bordures sont tempérées ou aux températures de saison, ce seront elles qu’il conviendra de prospecter en premier. En effet, elles sont les plus productives en nourriture naturelle ; cette dernière se renouvelant assez rapidement, c’est là que le poisson y jettera prioritairement son dévolu. Ne pas oublier également les poches de vase possédant de grosses colonies d’anodontes. En fait, il s’agit de véritables aimants à spécimens. La partie basse des reliefs accumulent également de la nourriture naturelle en abondance et enfin les fameux lits de rivière qui abritent les poissons lorsque les températures ne sont pas idéales. Les herbiers et arbres immergés seront encore productifs mais seulement en période creuse sur des pêches au spot.
Les grosses pluies vont alimenter les arrivées d’eau qui charrieront très probablement une manne abondante de macrofaune terrestre susceptible d’intéresser les poissons, ne les négligez donc pas lorsque les eaux seront teintées.
Les mauvaises conditions météo génèrent des précipitations mais également du vent. Si ce dernier est suffisamment puissant, il pourra brasser les bordures, mettant en suspension le substrat et une bonne partie de la faune. En lac de barrage mais également dans la majorité des retenues d’eau, les poissons affectionnent les berges battues par le vent. De grosses pêches peuvent donc y être effectuées !
Quels appâts utiliser pour la pêche de la carpe en automne? Des bouillettes spécifiques pour pêcher la carpe en automne?
Les graines restent efficaces toute l’année, mais il faut avouer que les bouillettes se prêtent mieux aux cartons automnaux. En effet, les billes carnées correspondent le mieux aux besoins alimentaires du moment. Présenter un appât riche en hydrates de carbone alors que le poisson recherche protéines et graisses ne représente pas un choix judicieux. Etant donné que les poissons sont susceptibles d’ingérer une grande quantité d’esches, il est impératif d’utiliser des bouillettes de qualité irréprochable. Les appâts low-cost, mal équilibrés et faiblement digestes peuvent provoquer des accidents digestifs nocifs pour la santé des poissons. Il n’est pas question de les maltraiter. Si le budget vous manque, réalisez les vous-même, vous pourrez ainsi diminuer les coûts de moitié voir de trois-quart ce qui n’est pas négligeable ! Néanmoins, le prix n’est pas synonyme de mauvaise qualité et l’on trouve à présent dans le commerce des appâts de qualité suffisante pour des amorçages pour un prix inférieur à 5€ le kg.
L’amorçage carpe en automne
Si vous avez décidé de préparer un spot en vue d’une série de pêche ou que vous démarrez une longue session (1 semaine à plus), ceci est pertinent à partir du moment où vous avez déterminé un secteur qui abrite des poissons que vous aurez repéré.
Dans le cadre d’une préparation, l’idéal étant de prévoir plusieurs campagnes d’amorçage espacées de 48h. Le premier amorçage sera léger : 1 à 3 kg afin de démarrer la stimulation. Vous augmenterez les quantités au fur et à mesure des campagnes. Restez sur place après l’amorçage et observez l’activité. Plus elle sera visibles, plus les quantités devront être importantes. Faites bien sûr en fonction de vos moyens ! Ce n’est pas donné à tout le monde de disposer de 20 kg d’appâts à chaque amorçage. Ne démarrez votre pêche qu’au bout de 48 voir 72h afin de profiter de la faim grandissante des poissons. Une fois en action, diminuez bien entendu les quantités distribuées mais augmentez les fréquences.
Si vous démarrez votre session sans amorçage préparatoire, un sondage méticuleux est la priorité avant de tenter quoi que ce soit. Si vous connaissez les spots ainsi que les habitudes alimentaires des poissons, vous pouvez directement « charger » : 5kg d’appâts par spots peuvent être éparpillés sur une surface de quelques mètres carrés.
Si vous observez la présence de poissons sans pour autant avoir déterminé des spots précis, un amorçage de zone est alors indiqué. Bougez régulièrement les montages jusqu’à commencer à enregistrer les touches.
Si vous doutez de la présence de poissons sur le secteur, démarrez par une pêche au spot traditionnelle. Si vous enregistrez rapidement des départs, passez rapidement au « bennage » afin de garder les poissons en place. Si rien ne se passe, ne perdez pas de temps, cherchez un autre secteur. Les sessions campings ne sont pas pardonnables en automne ! Attention toutefois, lorsque vous introduisez de grandes quantités dans l’eau, les touches ne sont pas forcément immédiates et il peut se passer parfois plus de 48h avant d’obtenir une cadence intéressante. Un délai plus long est synonyme de quantité excessive déversée ou tout simplement que le poisson n’a pas été réceptif voire absent. C’est pour cela qu’il est intéressant de bien doser son amorçage. Des quantités trop faibles ne vous permettent pas de garder le poisson en place. Des quantités excessives peuvent saturer l’appétit des poissons. Ceci dit, en période de boulimie, l’appétit des poissons est tel qu’il est tout de même rare de gaver les poissons.
Gérer ses amorçages en action de pêche
Pendant les périodes calmes, les amorçages seront basiques avec des quantités habituelles. Les pêches au spot sont mêmes les plus indiquées car elles permettent de rapidement toucher les poissons peu actifs en place. En revanche, si les départs commencent à se succéder il faut passer aux choses sérieuses ! Comme nous vous l’avons suggéré plus haut, avoir la main lourde sera la seule et unique solution pour garder le poisson en place et en activité. Il n’est toutefois pas question de faire un tas d’appâts. En effet, il est préférable d’amorcer avec des quantités raisonnables mais régulièrement. Il faut jouer sur le principe que les poissons ne se piquent sur vos montages que lorsque votre amorçage est quasiment complètement consommé. En revanche, une poignée d’appâts ne suffit pas à stimuler un banc de carpe qui cherche à faire son gras d’hiver. Ce sera donc à vous de trouver le bon compromis. En règle générale 300 à 500gr d’appâts par canne et à chaque rappel reste un compromis acceptable.
En amorçage de secteur, un minimum de 5kg est à prévoir car il ne faut pas oublier que vos appâts vont être éparpillés sur une surface importante. Si les appâts ne sont pas suffisamment nombreux, l’effet escompté sera nul et donc l’amorçage inutile.
En espérant que ces quelques lignes vous aideront à réaliser de belles séries !
Stratégies amorçages carpe : Amorçage au spot ou amorçage de secteur?
L’amorçage au spot consiste à concentrer son amorçage sur une petite zone précise pouvant être inferieure à 1m². Ceci permet d’orienter le poisson directement sur le montage. A contrario l’amorçage de secteur consiste à arroser une grande surface afin d’intéresser le maximum de poissons rentrant dans la zone. En revanche, le poisson devra trouver les montages perdus au milieu de l’amorçage, qui sera pour le coup, dilué. Alors, pourquoi ne pas combiner les 2 techniques afin de profiter de tous les avantages : stimulations assez large et orientation du poisson vers les montages.