Beaucoup de monde raccroche les cannes pour la trêve hivernale, le froid et le manque d’activité de la part des carpes ont tendance à rebuter de nombreux pêcheurs.
Cela peut se comprendre, l’hiver est souvent synonyme de froid, d’absence d’activité des carpes et d’un arrêt de la vie dans sa globalité. La nature est comme endormie et avec des nuits de plus de 12 heures, le temps peut paraître long au bord de l’eau dans l’attente d’une touche. Néanmoins certaines conditions permettent de prendre du poisson avec un peu plus de facilité, à conditions de choisir un temps propice à la pêche.
Du soleil avant tout !
L’hiver, la faune sauvage qu’elle soit aquatique ou terrestre est comme nous, elle a besoin du soleil et de ses rayons bienfaiteurs. Le temps idéal en hiver est donc un ciel ensoleillé, de façon à réchauffer cette ambiance hivernale froide et glaciale. Évidemment un ciel ensoleillé est un ciel découvert, ce qui procure une douceur agréable la journée mais en contrepartie cela donne bien souvent des nuits humides et glaciales. Des températures négatives la nuit ne posent aucun problème à condition que le soleil réchauffe tout ce petit monde durant la journée. Il est vrai qu’il est parfois plus agréable de passer les nuits au bord de l’eau sous un temps couvert avec des températures douces qui ne descendent pas en dessous de 0°C, malheureusement l’influence sur le poisson est flagrante. Avec un temps doux et couvert l’activité du poisson sera presque nulle en raison du manque de soleil la journée, malgré de longues heures en bateau ou du bord à observer l’eau, il est très rare d’observer des carpes en activité dans ces conditions. A contrario, lorsque le soleil brille et réchauffe l’atmosphère il n’est pas rare de voir du poisson s’activer en surface, voire même de pouvoir observer des carpes en maraude à la recherche de nourriture sur des zones peu profondes. Il faut donc surveiller avec attention les prévisions météo de façon à bien choisir son créneau pour planifier une pêche. Lorsque plusieurs journées ensoleillées se suivent, les conditions deviennent propices pour une session hivernale, voire même pour une simple journée de pêche. Il est heureusement possible de prendre des carpes même si le soleil n’est pas au rendez vous, mais un temps ensoleillé sur plusieurs jours a tendance à réveiller le poisson, parfois même une seule journée de beau temps après plusieurs jours de temps gris peut suffire à mettre le poisson sur « ON », en atteste cette anecdote vécue il y a quelques années sur une gravière bien connue du sud de la France pour ses gros poissons (à l’époque)…
3 jours en avance
Histoire de finir l’année en beauté, je décidais de partir pour un 72h sur cette fameuse gravière, la météo annonçait un temps gris, avec un vent de sud et ce que l’on appelle ici des entrées maritimes. Les températures devaient être douces, surtout la nuit, ce qui n’était pas pour me déplaire, en revanche sous ce ciel bas, les températures de la journée n’évoluaient guère. Durant ces 3 jours de pêche, malgré de nombreuses heures sur l’eau à chercher une « trace » de la présence des carpes aux abords des nombreux arbres immergés, je ne trouvais rien ! Pas le moindre signe d’activité sur l’eau comme sous l’eau, tous les spots étaient recouverts d’un léger dépôt, rien ne bougeait ! Le dernier matin les nuages firent place à un grand soleil, d’un coup il faisait bon être au bord de l’eau, à l’heure de tout ranger, je décidais de faire un dernier tour sur l’eau, histoire de voir si rien n’avait bougé… A peine arrivé à hauteur des arbres je m’aperçois alors que plusieurs tâches sont propres, alors que je suis les yeux rivés sur l’eau, un bruit sourd sous l’eau m’interpelle, le temps de tourner la tête j’aperçois furtivement un poisson s’enfuir, en regardant quelques mètres devant le bateau, quelle ne fut pas ma stupeur de voir un petit groupe de gros poissons en train de s’alimenter ! Elles étaient là, il n’avait pas fallu longtemps pour que le soleil incite les poissons à monter s’alimenter dans peu d’eau, quant à moi, je n’ai pu que me dire que j’étais arrivé 72h trop tôt…
En hiver les poissons sont de toute beauté, leurs couleurs sont éclatantes et en raison de la baisse de la fréquentation des pêcheurs, les poissons sont souvent intacts, exempts de toute blessure, en très bonne santé !
Le vent, ami ou ennemi ?
Tout au long de l’année il est de coutume de suivre le vent pour pêcher, l’hiver ne déroge pas à cette règle. Toutefois, il peut être divisé en deux parties, le début et la fin, et suivant le moment, le vent n’aura pas la même influence. Au début de l’hiver lorsque le froid s’installe et refroidit l’eau de façon régulière, le vent n’est pas notre allié puisqu’il va brasser les couches d’eau et mélanger la couche supérieure qui s’est refroidie en surface avec le reste de la colonne d’eau. Dans ce cas le vent va accélérer le refroidissement de la masse d’eau, ce qui n’est jamais très bon. Dans ces conditions il sera préférable de fuir le vent et de s’orienter vers des secteurs abrités de ce dernier, moins soumis à l’abaissement des températures. En fin d’hiver lorsque les températures sont déjà au plus bas depuis plusieurs semaines, le moindre rayon de soleil aura un effet de réchauffement immédiat sur l’eau de surface, le vent retrouve donc son effet bienfaiteur en venant adoucir l’eau qu’il brasse et apporter un peu de « mouvement » à des poissons sous léthargie depuis un moment. La deuxième partie de l’hiver, lorsque l’atmosphère se radoucit, le vent est donc à nouveau un bon indicateur et il est de nouveau judicieux de le suivre pour choisir son poste.
Choisir son site de pêche en fonction des conditions
Il n’est pas toujours possible d’être opportuniste et il arrive parfois que les bonnes conditions pour une pêche en hiver tombent en pleine semaine, ou du moins pendant son temps de travail. Dans ce cas et pour ceux qui souhaitent continuer de pêcher durant l’hiver, il faudra jongler avec la météo et choisir le site de pêche en fonction du temps prévu. Tout les sites ne se ressemblent pas de par leurs caractéristiques, les poissons d’un lac de barrage très profond ne ressentiront pas de la même façon un coup de froid que les poissons d’un petit plan d’eau avec des profondeurs de maximum de 3 mètres par exemple. Il est donc important de bien choisir son lieu de pêche afin de pouvoir trouver un maximum de poissons actifs. Il faut savoir que l’eau d’un lac de barrage restera chaude plus longtemps que celle d’un petit étang, et cela en raison de la masse d’eau qu’il y a à refroidir, évidemment en début de saison ce sera l’inverse qui se produira, l’eau d’un étang peu profond mettra moins de temps à passer le cap des 10°C que les millions de mètres cubes d’eau d’un barrage. La superficie et la profondeur des sites de pêche seront donc à prendre en compte avant de faire son choix.
Il y a toujours du poisson à prendre en hiver, même si les touches se font plus rares qu’à la belle saison, il est toujours possible de prendre du poisson. Bien sûr lors d’un 48h en hiver, la mission consistera à prendre une carpe, là où il serait possible d’en prendre 10 au printemps. Mais même si les touches sont plus rares, prendre un poisson au beau milieu de l’hiver dans une eau à moins de 10°C procure un réel plaisir, celui d’avoir réussi à prendre du poisson avec des conditions peu propices. L’hiver est aussi la saison du calme, la pression est retombée sur les sites à forte fréquentation, il n’y a plus de bruit, plus de nuisance, c’est une saison où il n’est pas rare de se faire ami avec un rouge gorge en quête de nourriture qui n’hésitera pas à venir picorer les miettes que vous avez laissé tomber à vos pieds. Il faut bien sûr être équipé en fonction pour affronter le froid, mettre les mains dans l’eau en pleine nuit alors que tout est gelé autour n’est jamais très agréable, mais l’hiver est une saison qu’il faut vivre, chaque poisson quel qu’il soit se mérite et lorsque les conditions sont bonnes, il est même parfois possible de réaliser de meilleures pêches qu’à la belle saison.