Et si on vous disait que les carnassiers l’été, outre qu’ils peuvent fréquenter les herbiers, sont susceptibles en pleine eau d’être décollés du fond ? Si on a souvent tendance à les rechercher tapis sur le fond, la pratique nous amène à reconsidérer leur positionnement. Les carnassiers vaquent entre deux eaux.
Quand le poisson fourrage et les alevins de l’année déambulent sous la surface à 4 mètres, même si la profondeur est de 14 mètres, on commettrait une erreur stratégique à chercher désespérément des carnassiers sur le fond. Souvent, très souvent les carnassiers montent sur plusieurs mètres quand ils sont, par exemple, dans une ancienne structure meublée de bois. Mais ils peuvent aussi se balader en pleine eau à quelques mètres de la surface et suivre ainsi le poisson fourrage qui évolue sous la surface.
Poisson suspendu !
Il n’est pas rare dans les lacs dont les structures sont abruptes, avec des tombants, falaises voire piles de pont, de trouver l’été des poissons suspendus, mais c’est aussi le cas dans des lacs quand le fretin est peu profond. Qu’on se le dise ! Faire évoluer un shad ou un drop vif à 12 mètres alors que le poisson fourrage est proche de la surface, c’est tout bonnement s’assurer… D’une bredouille ! Si on considère qu’un carnassier est capable de monter de plusieurs mètres pour s’alimenter, notre shad ou appât aura des difficultés à le séduire s’il est en dessous de son cône de vision. En d’autres termes vous pêchez trop creux et pas dans la couche de référence. L’idéal est de prospecter au sondeur pour trouver des boules de cyprinidés ou de perchettes et même si vous ne localisez pas de carnassiers, pêchez autour ! On a souvent des difficultés à savoir si notre évolution est à la bonne hauteur, certes, on peut calculer la descente du leurre avec une donnée générale qui est d’un mètre par seconde, mais cela n’est pas forcément en adéquation avec la réalité car il faut prendre aussi la densité du leurre, sa morphologie et bien sûr son grammage. Pour régler cette petite problématique, il est intéressant d’utiliser des tresses qui ont une couleur différente chaque mètre, on a ainsi une idée précise où notre leurre évolue.
Méthode de prospection
Si les leurres durs ont leur efficacité, et je parle là des leurres à bavette du type crankbait, le shad parce qu’il est possible d’adapter le grammage pour un effet plus planant, reste un leurre de prédilection. Prospectez en linéaire avec de courtes pauses et en donnant des accélérations en veillant néanmoins à ce que vous pêchiez toujours dans la bonne couche d’eau, celle où se situe le fretin ou juste en dessous. Mais quels alevins ? Une question qui a du sens et va déterminer la couleur du leurre. S’il s’agit de cyprinidés, un blanc pailleté sera opérant, mais il peut aussi s’agir d’un banc de perchettes, auquel cas on trouvera forcément l’équivalence dans notre boîte de pêche. Cela étant, on ne reste pas figé sur ces deux couleurs et quelquefois une couleur plus flashy peut convaincre. Dans cette méthode de prospection, on utilise des shads qui sont en dimension relative avec le fretin rencontré, un peu plus gros, mais on ne sortira pas l’artillerie lourde si les carnassiers s’alimentent de l’apéricube ! Des touches avortées ? Cela donne un indice que le poisson est présent, mais qu’il n’est pas convaincu, la solution réside à utiliser un modèle plus gros ou changer de leurre en gardant la même couleur afin de trouver une vibration qui réponde mieux. Il y a aussi des poissons que l’on nomme erratiques parce qu’ils sont suspendus au milieu de nulle part et sans présence de boule de fretin. On ne sait pas vraiment pourquoi ils sont là peut-être en raison de la thermocline qui est une couche de confort dont la température est constante. Quoi qu’il en soit, ces carnassiers ne sont repérables qu’au sondeur et peuvent être sollicités avec un vif à bonne hauteur. Pour le leurre, c’est plus délicat car il faut passer à sa portée et une dizaine de lancers improductifs, c’est quand même vite lassant. Certains réussissent en pêchant au drop-vif et portent leur appât à hauteur du prédateur, mais c’est forcément un autre domaine de prospection et de technique.
Changez de partenaire !
Je vous parle de vos leurres, pas de votre conjoint(e) et pas davantage de votre compagnon de pêche, mais vous aviez forcément compris ! L’été l’eau est chaude et les proies sont copieuses pour tous les carnassiers qui peuvent se gaver d’alevins et des bancs de cyprinidés ou de perchettes qui déambulent un peu partout. Si, comme nous l’avons vu, il est loisible de rechercher des carnassiers autour des boules d’alevins, force est de constater qu’un gros brochet ne va pas s’arrêter aux amuses gueule, mais sera intéressé par une proie conséquente comme les brèmes, les gardons et les perches qui se tiennent généralement à cette saison dans la thermocline, couche d’eau généralement riche en plancton. C’est donc une deuxième stratégie d’été avec une prospection de leurres d’au moins 23 cm car là, on cible gros ! Le linéaire semble la piste la plus plausible pour réussir, et pas besoin de pause, une action dynamique et continue semble assez efficace pour séduire. Forcément on pêche l’eau et je dirai plus : c’est une variante possible quand on détecte du poisson fourrage entre deux eaux car les alevins sont fortement sollicités si je puis dire, par les perches notamment. Un gros brochet ne sera pas insensible à cette danse frénétique et pourra aussi en profiter mais sur des tailles de proie plus conséquente.
L’été est souvent délaissé par nombre de pêcheurs considérant que la pêche est difficile, ce qui est vrai, mais elle n’est pas atone car les carnassiers continuent à s’alimenter et plus encore car la température de l’eau, plus chaude, leur permet une digestion plus rapide étant des espèces à sang froid. Il n’y a donc aucune raison de délaisser le bord de la rivière ou le lac à cette saison, même si la prospection nécessite une stratégie et beaucoup plus de recherche pour s’assurer de croiser des carnassiers en mouvement et actifs. Et puis et puis, une température agréable, du soleil c’est aussi l’occasion de passer une belle journée sur l’eau avec un ou deux beaux poissons à la clé !