Vous hésitez encore à pêcher le silure avec une canne casting? La pêche du silure aux leurres est sans doute l’une des techniques de pêche au silure les plus intenses en émotions, tant du point de vue de sa recherche que du coup de fusil que vous ressentez à chaque attaque. Dans la plupart des situations, la technique du spinning est la plus employée. Malgré tout, le casting, beaucoup plus confidentiel est sous exploité alors qu’il représente bien souvent une alternative de choix. Découvrons ensemble cette technique qui impose un véritable corps à corps avec notre partenaire de jeu dès le début de sa traque…
Pêcher le silure avec une canne et un moulinet casting ?
Lors d’une discussion avec mon ami Lilian Fautrel, spécialiste de la pêche du silure aux leurres, nous sommes arrivés à la conclusion que le casting représentait une technique parfaitement adaptée à la recherche du glane. Voici trois saisons qu’il utilise régulièrement celle-ci et il en est parfaitement content. Il n’utilise pas ce type de matériel par snobisme ou par mode, mais parce qu’à un moment donné, lui seul lui a permis de répondre à des exigences de pêche bien précises et spécifiques. Tout au long de l’année, il pratique essentiellement la Saône. Sur cette rivière, lorsque les silures ne sont pas sur leurs postes de chasse, une première partie de la population de silures va trouver un peu de quiétude dans les profondeurs (les fosses), derrière les structures artificielles (comme les piles de pont), dans les largeurs des virages, au fond du chenal… En général, ces poissons-là sont traqués à l’aide des techniques de pêche en dérive et subissent tout au long de l’année une très forte pression de pêche. En revanche, une autre belle partie de la population de silures est souvent délaissée par les pêcheurs spécialistes de ce poisson. Ce sont tous les poissons qui vont venir s’abriter en bordure dans peu d’eau, sous les chaves, dans les arbres tombés, notamment en plein été quand la végétation terrestre des bordures et les végétaux aquatiques sont au paroxysme de leur développement. Tous ces poissons se trouvent donc non soumis à une pression de pêche dans ce que nos amis les « bassistes » (pêcheurs spécialistes du black bass ndlr) appellent le « hard cover ». C’est donc en s’intéressant à la pêche de ces poissons là qu’il a été séduit par les propriétés de la pêche en casting. Depuis, il a étendu son utilisation à d’autres circonstances et dès lors que les conditions de pêche le requièrent, il n’hésite pas à saisir un ensemble casting. Discrétion, précision, écologisme et ergonomie sont les maîtres mots des avantages du matériel casting dans la traque sur silure. Pour ne rien gâcher, il est vrai que les sensations à la touche et lors des combats sont extraordinaires. Sentir le fil s’échapper sous son pouce lors des premiers rushs rageur d’un poisson extrait en force de son antre immergée est un plaisir unique, propre à ce type de matériel.
Avantages du moulinet casting pour la pêche au silure
Dès lors que l’on pratique avec une stratégie dite « power fishing » nécessitant de très nombreux lancés, l’ensemble casting apporte un confort de pêche supérieur à du matériel spinning. La légèreté de l’ensemble, l’ergonomie de la prise en main du moulinet, l’aide de la gâchette de débrayage sont autant d’avantages qui permettent de se fatiguer moins vite et de pêcher efficacement plus longtemps. Toujours dans la même veine, le maniement de certain type de leurres à récupération canne basse (comme les crankbaits) est également beaucoup plus agréable sur un matériel casting. Sans atteindre la démesure des big baits chers aux traqueurs de brochets spécimens, la pêche du silure requiert dans certaines situations l’emploi de leurres aux masses et volumes d’eau déplacés relativement conséquents. Le confort du maniement et de l’animation de ce type de leurre reste supérieur avec un ensemble casting comparativement au spinning. De même, la position du moulin au-dessus de la canne sera beaucoup moins incommodante en float tube qu’un moulinet spinning qui lui, placé au-dessous de la main, sera nettement moins ergonomique. Passée la différence morphologique entre spinning et casting, le lancer est peut-être LA différence majeure entre ces deux techniques. Si la longueur de jet plaide indéniablement en faveur de l’approche spinning, la précision, la discrétion, et la rapidité d’exécution abonde dans le sens du casting. En effet, la possibilité de contrôler très précisément la sortie du fil par simple pression du pouce permet d’ajuster et de réguler ses longueurs de lancés. La technique spécifique dite du « pitching » permet de déposer, toujours sous contrôle du pouce, des leurres même volumineux avec une extrême discrétion au plus près des moustaches des silures. De plus, sur le moulin casting au moment du lancer, pas de pick-up à relever ni ne bannière à bloquer avec l’index. Le débrayage du frein et le maintien de la bobine se font par un simple mouvement du pouce qui permet une plus grande rapidité d’exécution. Concrètement, pour une même distance et un même temps de pêche (et à niveau d’expertise équivalente !), l’utilisation d’un matériel casting permet de réaliser un plus grand nombre de lancers qu’un moulin spinning. Le leurre étant plus souvent dans l’eau, la probabilité (toutes choses égales par ailleurs) d’une touche augmente mathématiquement. Une autre particularité d’un moulin casting est celle de permettre un contact rectiligne avec le leurre, au contraire du moulin spinning qui, lui, forme un angle entre la sortie du pick-up et le premier anneau de la canne. Cette différence d’architecture offre d’avantage de sensibilité notamment dans la détection des touches fines. Par exemple lors des gobages déclenchées par de grands relâchés dont raffolent les glanes postés dans les arbres noyés et qui aspirent le leurre sans se déplacer d’un timide petit mouvement de gueule.
Moulinet casting silure : le bon choix
La légèreté représentant l’une des qualités recherchées dans l’utilisation des ensembles casting, il est de loin préférable d’utiliser des moulins dit « bas profil » (plat, low profil) comparativement aux moulins dit « haut profil » (high profil) plus lourds et plus encombrants. Ceux-ci sont néanmoins très bons pour la traque de nos chers moustachus, je pense notamment à la série des Ambassadeurs C3 C4 et C6 (Abu Garcia) ou bien encore au Calcutta DC (Shimano). Pour la pêche du silure en casting, tous les moulins d’entrée de gamme sont à déconseiller eu égard à leur frein vraiment trop faible, à la robustesse des matériaux de fabrication inadaptée à la puissance des silures et aux capacités d’ajustement des freins de lancés trop lacunaire. Nous touchons ici du doigt ce qui peut être le plus gros frein à la démocratisation d’une approche casting pour la pêche du silure, à savoir son aspect onéreux. En effet, un bon moulin casting pour le silure a un prix, et les références en « bas profil » sont pour moi le Curado (Shimano) et la série des Revo Toro dont le Revo Toro Winch notamment (Abu Garcia). Soulignons ici une très jolie nouveauté 2013, le Revo Toro NACL (Abu Garcia), qui vient apporter une réponse technique à tous les siluristes rebutés par le trop faible ratio de récupération des moulins casting. Néanmoins d’autres moulins moins onéreux font également très bien l’affaire comme le Caenan ou le Citica (Shimano) car nous aurons toujours la possibilité de combler un manque de frein de combat par une pression additionnelle du pouce qui représente également l’un des plaisirs de la pratique en casting.
Canne casting silure : le bon choix
Les cannes casting « spécifiques » silures ne sont pas très attrayantes. A la recherche d’une certaine finesse et de légèreté avec cette approche, le côté trop massif et grossier de leur blank et de leur poignée rebutent pour la plupart des modèles dès leur prise en main en magasin. J’utilise actuellement une Stingray XH+ (Sakura). D’action progressive, sa réserve de puissance permet de lutter sans broncher avec les beaux spécimens. Ce blank est également idéal pour arracher les poissons tanqués dans le cover dense. Néanmoins, le choix d’une canne reste très personnel et propre au feeling de chaque pêcheur. Les traits généraux sont une canne comprise entre 190 et 220 cm de long pour une plage de puissance comprise entre 30 et 150 grammes (XH, XXH, XH+). Les cannes spécifiquement adressées pour la pêche aux big baits et aux pêches exotiques semblent les plus agréables pour la traque du silure. Dans le très haut de gamme, il va sans dire que se lancer à la recherche de silures en casting armé d’une Goliath casting, ou d’une Injection XH (Tenryu) est un must. L’Ashura Delivrance XH (Illex), notamment la version Monster Jerk, est également un régal pour la traque du silure au leurre en power fishing. Je reste un aficionado de la tresse pour la pêche au leurre. Afin de pêcher sereinement il convient de s’orienter sur un corps de ligne de 28 à 36 centièmes, terminé par un bon mètre de bas de ligne en fluorocarbone 75 à 90 centièmes. Avec cette pratique, il n’est pas rare que le bas de ligne frotte sur nombres d’obstacles qui pourraient être fatal à la tresse, le bas de ligne n’est donc pas à négliger.
Leurres pour pêcher le silure
Pour pêcher les bordures chargées de végétation, les leurres souples Fenix (Orka) en 16 cm sur des têtes plombées sabot ou football de 10 à 30 grammes armées en 5/0 font des merveilles. Avec sa poche dorsale propice à recevoir une grande quantité de crème attractante, ce leurre offre tout un panel de montages dont un particulièrement intéressant permettant (sans avoir recours à un hameçon texan) de dissimuler totalement l’armement dans la poche dorsal. C’est un montage parfaitement adapté pour se faufiler sans accrocher dans les endroits les plus encombrés, notamment les structures de bois noyés dont les silures raffolent. Bien entendu, chaque touche se devra d’être sanctionnée d’un ferrage un peu plus virulent qu’avec des leurres à armements dégagés. L’utilisation d’un leurre souple style grand worm bardé de skirts (Orka) et utilisé en weightless est également un « must ». Planés très lents et gros volumes font de ce pattern un aimant à silure. Le Chabot 11cm (Orka) est un leurre souple par opposition très compact qui s’envoie particulièrement bien sous les bordures creuses et au plus profond des pierriers. Je suis également un grand fan des leurres type crankbaits lorsque la végétation fait place à de l’empierrement ou du bois peu dense. Mes préférences se portent sur le Hi Dep Crank 65 et 88, coloris bones et firetiger (River2sea), le D&S crank (Sebile) avec son ingénieux système de gros simple mobile et le Acast Minnow Medium Lip (Sebile). N’oubliez pas de changer les triples et les anneaux brisés des modèles les plus petits, tout en veillant à conserver l’équilibre du leurre. D’autres leurres à très fortes vibrations font également parti de notre sélection de base comme le Flatt Shad 124 ou le Vibrato (Sebile). De plus, il est de bon ton de garder toujours à portée de main ces leurres anciens que sont les cuillères tournantes (Giant Marabou, Musky Killer de Mepps) et ondulantes (Syclop argent/rouge de Mepps, Onduspoon de Sebile, ou Athena de CatSpirit) qui n’ont plus besoin de démontrer leur efficacité.
Conclusion
Cette stratégie n’est à réserver qu’exclusivement à la pêche en bateau ou float-tube. Dès que l’on passe sur une traque du silure au leurre du bord, le casting ne répond plus à mes attentes, les cannes étant trop courtes et sans poignée de combat, les moulins de contenances insuffisantes, les distances de lancés trop courtes … Bref du bord en grande rivière, le matériel casting ne répond pas à notre cahier des charges pour une prospection idéale à la recherche des silures. Indéniablement, un petit apprentissage technique est à réaliser avec le matériel casting pour les non-initiés. Apprendre à connaître et à régler les trois freins de son moulin, puis maîtriser les lancés, notamment le pitching qui représente au moins les deux tiers de mes lancés. Comme les leurres utilisés ont une masse conséquente, l’apprentissage est rapide. La pratique du power fishing en casting pour traquer spécifiquement le silure est peu répandu et les poissons semblent moins éduqués (pour le moment) à cette approche discrète. Les périodes à privilégier sont les journées chaudes d’été et du tout début de l’automne. Le casting n’est pas à opposer au spinning. Toutes tentatives de comparaison directe du genre « le casting est-il plus efficace que le spinning » est un raisonnement stérile. C’est un peu comme se demander si pour manger, le couteau est plus efficace que la fourchette. Les deux sont complémentaires et remplissent des missions différentes. Ce qui est sûr, c’est que maîtriser les deux techniques et savoir utiliser l’une ou l’autre sans a priori en fonction des conditions de pêche est un atout très précieux qui peut faire la différence au cours d’une session. Alors n’hésitez pas à tenter l’aventure, le jeu en vaut la chandelle !
Merci à Lilian pour son aide précieuse dans l’élaboration de cet article.