La pêche à la carpe dans les grandes profondeurs fait peur à ne nombreux pêcheurs de carpes ! Nombreuses sont les questions qui gravitent autour de ces grands fonds obscurs; Tantôt effrayantes, inquiétantes, les grandes profondeurs attirent, elles intriguent sur leur capacité ou non à héberger de la nourriture naturelle. Pour beaucoup il n’y a pas de lumière, donc pas de vie, et pourtant!
Plutôt que d’écrire une thèse sur le sujet (ce qui serait trop long et ennuyeux), je vais tenter de vous faire partager mon expérience de pêche dans les grandes profondeurs. Comme beaucoup de pêcheurs, il y’a encore quelques années 15 mètres d’eau représentait pour moi des grands fonds dans lesquels je me risquais rarement à mettre une canne. Aujourd’hui les expériences et confrontations avec les abysses ont totalement modifié mon point de vue, et par conséquent mon approche sur les lacs de barrages.
[box type= »note » align= »aligncenter » class= » » width= » »]A lire aussi >>> Préparer sa pêche à la carpe en lac de barrage[/box]
Abysses, mes belles abysses!
Tout d’abord mettons nous d’accord sur ce que je nomme des grandes profondeurs. Pendant de longues années mes pêches en lacs de barrage se faisaient par recherche de paliers suivant la saison, en commençant généralement par une ligne dans plus ou moins deux mètres d’eau, puis 4/5 mètres, 7/8 mètres et une dizaine de mètres, et à de rares occasions je plaçais une canne entre 10 et 15 mètres, c’était en quelque sorte la canne joker avec laquelle on tente quelque chose, pour essayer.
Aujourd’hui ma vision des choses a radicalement changé, je considère que des fonds peu profonds vont jusqu’à une dizaine de mètres, et c’est vraiment à partir d’une vingtaine de mètres que je considère cela comme de grandes profondeurs. J’ai pris beaucoup de poissons jusqu’à 22 mètres, mais encore jamais au delà. J’ai essayé plusieurs fois d’exploiter des zones comprises à partir de 25 mètres et au delà de 30 mètres mais pour l’instant sans résultats, mais lors de ces « tests » les conditions n’étaient jamais bonnes et les résultats sur des profondeurs plus standards n’étaient pas plus parlant.
Néanmoins je peux dire avec certitude que les carpes descendent bien manger dans 30 mètres d’eau, car lorsque le scion de votre canne prend une violente secouée dans 30m de fond à 110m du bord avec un plomb de 220gr, il y’a quand même peu de chance pour que ce soit un gardon! Cela pourrait être un silure me direz vous, ou une grosse brème, mais dans le barrage en question cette fois là, point de silure, ni d’indésirable.
Y’a t’il de la vie dans les grands fonds?
La question de la présence de nourriture naturelle est une des interrogations qui revient le plus souvent. En effet pour la majorité des personnes avec qui j’échange sur le sujet il n’est pas possible que les carpes trouvent quelque source de nourriture que ce soit dans des fonds en permanence obsurs, où la lumière naturelle ne pénètre pas.
Il est vrai que lors de ma première confrontation dans des grandes profondeurs je ne me suis pas posé la question de la nourriture.
Cela s’est passé pour l’enduro du Salagou en 2010, après avoir subit un épisode cévenol (fortes précipitations souvent équivalentes à plusieurs mois de pluie) les premières 24h, presque tout le monde avait pris des carpes « dans les pieds », puis plus rien. Le poisson s’est alors mis à sauter de façon intempestive en pleine eau, je suis parti voir en bateau, les sauts se manifestaient sur une zone en pied de cassure dans 18,5 mètres d’eau, c’était plat, il n’y avait rien… à part beaucoup de carpe. Une seule canne dans cette profondeur m’as permis de prendre ma deuxième victoire de l’enduro.
Ce n’est qu’après que j’ai cherché à comprendre pourquoi les carpes se tenaient dans de telles profondeurs, pouvait-il y avoir de la nourriture naturelle? Et en cherchant bien j’ai trouvé, je n’ai pas de quoi dresser une liste complète et exaustive des différents organismes vivants qui peuplent les profondeurs supérieures à 20 mètres mais j’ai néanmoins pu trouver que certaines « friandises » de nos chers cyprins dans de très grandes profondeurs. En effet l’habitat de vie des dresseines peut atteindre 50 mètres de profondeur, ainsi que les corbicules, ces petits mollusques colonisateurs ont le même habitat que leurs cousines les dresseines. A noter également que lors d’une édition de l’enduro du Salagou un des pêcheurs participant a pris une brème dans 23 mètres d’eau! Les doutes sur la capacité des carpes à descendre dans de telles profondeurs n’ont donc plus leur place! S’il y a de la nourriture naturelle jusqu’à 50 mètres de profondeur et qu’un poisson d’à peine un kilo peut descendre manger par 23 mètres d’eau alors je ne vois pas ce qui peut empêcher une carpe de descendre manger dans 30 mètres et plus. Il y a quelques temps déjà un pêcheur avait annoncé une prise dans 40 mètres d’eau à Bin El Ouiddane si mes souvenirs sont bons, je n’étais pas avec lui pour vérifier la véracité des faits mais j’y crois, en fait aujourd’hui cela ne m’étonne même pas.
Les saisons les plus propices
Cela fait maintenant 4 ans que j’insiste sur les grands fonds et cela sur plusieurs lacs de barrage, ce qui m’attire est ce côté mystérieux, à chaque départ dans 20 mètres d’eau et plus, l’adrénaline et le palpitant sont au rendez vous!
Mes saisons préférées pour cette pêche sont l’été et l’automne, ce sont les deux périodes de l’année où j’observe le plus de poissons que ce soit par des sauts ou des échos importants au moment du sondage du poste. Bien sûr je ne pêche pas que les grands fonds durant ces périodes, mais j’essaye de toujours avoir au moins une canne dans 20 mètres d’eau minimum. On peut assister durant ces deux saisons à de très gros rassemblements de poissons dans les zones profondes, il m’est déjà arrivé d’assister à des matinées entières rythmées par des sauts de carpes à une fréquence hallucinante!
Sans la moindre brise sur le lac, le milieu de la grande baie de Liausson « bouillonait »! C’était incroyable, il y avait vraiment un nombre de carpes impressionnant, mais les sauts se tenaient hors de distance autorisée ( petite piqûre de rappel, 80 mètres du bord autorisé dans le département de l’Hérault…). J’ai voulu aller voir de plus prés, il ne s’agissait pas de bancs de poissons entre deux eaux en train de se déplacer mais bel et bien de poissons en pleine frénésie, les échos sur le fond étaient très nombreux, et la profondeur d’une moyenne de 30 mètres d’eau sous le zod, inutile de vous décrire la frustration que j’ai ressentie devant ce spectacle sans pouvoir vider une bobine pour placer un montage. Au vue de l’activité les départs ne se seraient sûrement pas fait attendre!
Une pêche pas toujours évidente
On ne s’attaque pas du jour au lendemain à pêcher dans plus de 20 mètres d’eau, le principe à beau être le même il y a quelques points à prendre en compte. Suivant les éléments, mettre en place une ligne dans ces profondeurs peut s’avérer plus compliqué qu’il n’y parait, il est donc utile de savoir à quoi s’attendre, tout doit être anticiper pour être le plus efficace possible au moment de la dépose.
Après l’enduro du Salagou l’année dernière j’ai décidé d’emmener Fabien, mon meilleur pote et équipier, pour une pêche sur le lac. Grand sceptique des premiers jours face à la pêche dans ces profondeurs, mes expérience passées commençaient à lui mettre le doute, je décidais donc de le plonger dans le vif du sujet!
En place pour trois nuits un vent fort de sud venait frapper notre berge, les carpes se manifestaient par de nombreux sauts devant nous. Afin de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier je lui laisse le plus de berge possible à pêcher, quant à moi je décide de n’y mettre qu’une canne, les autres iront exploiter les profondeurs entre 13 mètres et 22 mètres. Malgré le vent, à l’aide du gps et des points pré-enregistrés, je place mes cannes rapidement, Fabien veut également mettre une canne dans 20 mètres, mais il est déjà tard, il fera nuit dans moins d’une heure et le vent souffle vraiment fort, environ 80-90km/h. Je lui conseille d’attendre le lendemain que je puisse lui expliquer la démarche à suivre ce soir tranquillement, comme cela il aura plus de temps devant lui, car pour une première, et dans ces conditions, cela va être à coup sûr du sport! Le lendemain après avoir passé deux heures et demie sur l’eau à se faire ballotter par les vagues, trouver un spot, le perdre, le retrouver, le reperdre, bref, disons qu’il m’a remercié de l’avoir dissuadé de caler cette canne le premier soir.
Le vrai calvaire dans cette pêche est le vent, si le vent souffle fort, déposer une canne dans plus de 20 mètres d’eau peut très vite devenir galère! Lors d’une dépose sur un lac d’huile il n’y a pas grand chose qui change, mes montages sont les mêmes, la procédure identique. En revanche je veille à chaque fois à décoller mon plomb du fond, dans ces profondeurs le fond est presque toujours mou et vaseux. Avec une descente de plus ou moins vingt mètres un gros plomb à tendance à s’enfoncer profondément dans la vase, ce qui risque de rendre le montage inopérant, il est donc important de décoller le montage de la vase pour le reposer en douceur.
Là où les choses se compliquent vraiment c’est lorsque la surface de l’eau commence à « moutonner » sous l’effet d’un vent soutenu. Dans ces conditions aux allures extrêmes chaque geste doit être pensé avant de partir sur l’eau, dans ce contexte il n’y a plus de gadget, tout ce qui peut nous faciliter la vie, comme un gps, devient indispensable.
Anticiper la dépose de son montage
Avant de prendre le large je commence toujours par préparer le bateau, j’allume l’échosondeur, je place le gps devant moi, allumé et prêt à marquer un waypoint si je sonde, ou déjà sur le point si je pars déposer le montage, le seau avec l’amorçage couvercle ouvert, chaque geste qui permet de gagner quelques secondes une fois en pleine eau est important. Avec un vent fort lâcher les rames ou le moteur durant 2 ou 3 secondes peut vous infliger une dérive de plusieurs mètres!
Avant d’arriver sur la zone je met le moteur à l’eau si je rame (ce qui est souvent le cas pour économiser les batteries). Lorsque je suis au dessus du point je remonte le vent de quelques mètres afin d’avoir le temps d’amorcer ma zone durant la dérive. Pendant cette dérive je prends en compte la trajectoire du bateau afin de me replacer au mieux pour la dépose, puis je reviens sur le point à l’aide du gps, je met le moteur en marche de façon à pouvoir rester sur place et j’entame la descente du plomb. Une fois au fond, comme je l’ai cité plus haut je décolle mon plomb puis le redépose en douceur (dans des vagues de 50cm, la douceur est relative…), je garde mon fil à l’aplomb le temps d’amorcer précisément sur le montage puis moteur à fond, je tente de rentrer le plus droit possible, pick-up du moulinet ouvert. Au bout de plus ou moins 50 mètres, je referme le pick-up en prenant soin d’avoir desserré le frein du moulinet, cela permet de tendre la bannière tout en rentrant sur le poste. Il faut bien sûr pour cela utiliser des gros plombs pour s’assurer que le montage ne bouge pas, 220gr me semble être un poids minimum, cela permet de bien tenir le plomb mais aussi de faire descendre le montage plus vite lors de la dépose, donc de gagner du temps face aux éléments.
Indispensable GPS
Je me sert aujourd’hui d’un gps pour tous les aspects pratiques que celui ci confère : pouvoir marquer des points et ainsi les retrouver rapidement lors d’une autre pêche, pouvoir déposer un montage de nuit sans passer une heure sur l’eau à chercher en vain le repère et encore pour bien d’autres avantages. Mais dans le cas où vous avez l’habitude de placer des repères il faut penser à rallonger la ligne du repère avant de vouloir marquer un spot dans 20 mètres, car rare sont les repères du commerce vendu avec 35 ou 40 mètres de cordelette, tout comme les repères artisanaux. En général lorsque je confectionne un repère j’enroule une grosse quantité de nylon de 35 à 40 centièmes, j’essaye de mesurer une dizaine de mètres de fil que j’enroule, puis je réitère l’opération jusqu’à avoir une trentaine de mètres minimum. Je ne prend jamais de nylon plus fin car le fil s’abîme trop rapidement en remontant un gros caillou depuis 20 mètres de profondeur, du 35 centièmes est même un peu juste, le 40 centièmes est plus conseillé. il faut garder à l’esprit que « qui peut le plus peut le moins », même si vous ne pêchez que rarement des lacs abritant de grandes profondeurs avoir un repère capable de marquer un spot dans 30 mètres d’eau peut toujours s’avérer utile, surtout le jour où vous vous retrouvez confronter à de telles abysses.
Il y a un point qu’il me semble important d’aborder pour clôturer, car certainement le plus important, c’est le combat avec le poisson. Dans de telles profondeurs de pêche il est évident que l’issue du combat est plus souvent en notre faveur en combattant depuis le bateau plutôt que du bord. En fait lorsque le vent me permet de combattre chaque poisson depuis le bateau mes résultats sont proche de 100% de réussite, mais dès lors que le vent devient trop fort et rend un combat en bateau trop dangereux j’ai remarqué que je perdais la moitié de mes poissons. Bien sûr le Salagou est trés encombré, mais sur n’importe quel lac de barrage lorsque que l’on commence à pêcher entre 20 et 30 mètres il y a forcément de grosses cassures entre le poisson et nous. Il faut néanmoins garder à l’esprit que le poisson est piqué dans plus de 20 mètres d’eau, il est inutile de vouloir abréger le combat et faire monter vite le poisson. Le combat doit s’effectuer en douceur, car les poissons ont besoin de respecter des paliers de décompression durant leur remontée vers la surface.
Ceci est valable pour tous les poissons, petits ou gros, aucun d’entre eux n’a demandé à arriver en surface avec la vessie natatoire entre les lèvres! Et puis trés sincèrement, combattre un poisson même de taille modeste dans plus de 20 mètres d’eau est quelque chose de sensationnel, cela offre un combat qui n’a plus rien à voir avec ce que l’on peut voir dans quelques mètres d’eau, les sensations sont indescriptibles, en fait il faut le vivre pour comprendre.
J’ai moi même pris des carpes jusqu’à 20 mètres de profondeur, c’est une barrière psychologique qui saute dès le premier départ.
bonjour
votre recit sur vos prises concernent aussi la periode estivale ?????? merci de votre reponse et continuer comme ca ; bravo