Pour beaucoup, l’hiver correspond à une période de pause halieutique. Effectivement, en cette saison, l’activité des carpes est fortement réduite et beaucoup d’entre nous remisent leur matériel au garage et piétinent d’impatience en attendant le retour du printemps. Pourtant, il n’est pas impossible de réussir de belles pêches en eau froide et notamment en lac de barrage. Cela n’est pas possible partout mais en associant un bon choix de destination et une stratégie adaptée, prendre des carpes en hiver dans ces les lacs est à la portée de tous.
Tous les lacs de barrage ne sont pas productifs en hiver, du moins pas de façon régulière. Pour écarter le côté aléatoire des résultats, le choix du lac est le premier facteur primordial. La France possède un réseau hydrographique très dense sur lesquels ont été érigés pas moins de 450 barrages ! De quoi laisser un large choix de destinations … Et puis, à cette époque de l’année, les berges sont désertes et les meilleurs spots délaissés, il est temps d’en profiter !
Le lac de barrage type pour pêcher la carpe
Choisir une destination au hasard n’a que très peu de sens et amène irrémédiablement à l’échec. Il vaut donc mieux s’orienter vers un lac que l’on connait bien ou pour lequel on a récolté un maximum d’informations fiables par son réseau d’amis. Les critères principaux du choix sont la taille, la quantité de nourriture naturelle, la densité de carpes et autres poissons blancs.
Les lacs de taille moyenne (entre 120 et 250 hectares) semblent les plus adaptés. Ils sont plus faciles à couvrir car, du fait de leur taille limitée, il est plus aisé de trouver les spots sur lesquels les poissons sont actifs et la mobilité, primordiale en cette saison, est facilitée par des déplacements plus courts.
L’eau froide limite la quantité de nourriture naturelle, les carpes n’ont donc pas grand-chose à aspirer, mais cela ne provoque aucun manque pour elles dont le métabolisme est ralenti durant cette période. On peut donc profiter de cet appauvrissement de nourriture pour tenter de les piéger.
Un lac faiblement stocké en carpes et poissons blancs est à proscrire pour la période hivernale. Beaucoup de lacs de barrage offrent un cheptel conséquent, le plus souvent composé de poissons de taille modeste au sein d’une population de type pyramidale. Il n’est donc pas exclu de toucher les poissons les plus gros du lac en cette période, d’autant plus que ce sont justement eux qui ont les besoins caloriques les plus importants.
En prenant en compte ces critères de choix, les lacs à cibler en priorité sont les lacs du massif central et du plateau du Morvan. Tous ne sont généreux en hiver mais il y a, parmi ces lacs, de très bonnes surprises !
Choix des postes en barrage
Une fois la destination choisie, il vous faudra en faire le tour. A cette période, l’activité de surface est nulle. N’espérez donc pas trouver les carpes en cherchant les sauts qui trahissent leur présence. L’hiver, les poissons sont peu mobiles, il faut donc leur pêcher dessus ou directement à proximité. Votre tour du lac vous permettra donc de repérer les zones propices à la présence de carpes.
Les poissons se tiennent, pour la plupart, près des bordures. Longer les berges silencieusement permet souvent de voir des poissons postés, immobiles.
Les zones ensoleillées sont, sans surprise, des spots de premier choix.
A cette époque de l’année, les lacs, qui subissent un marnage important, sont à leur niveau le plus bas. Ce mécanisme est mis en place pour absorber les crues avant que le niveau maximum ne soit atteint à la fin du printemps. Par niveau bas, les lacs laissent entrevoir des spots inexploités le reste de l’année. Vous trouverez des murets habituellement immergés sous plusieurs mètres d’eau, des champs de souches dans deux mètres d’eau que vous pouvez espérer pêcher à vue si la turbidité de l’eau vous le permet.
Egalement au chapitre des bons spots hivernaux : les obstacles et arbres tombés des berges et dont la tête est en partie sous la surface. Ceux-là sont littéralement des nids à carpes ! Si on devait décrire le poste parfait ce serait une tête d’arbre immergée sur un linéaire ensoleillé.
Il ne faudra pas non plus négliger les zones d’éboulis, surtout lorsque celles-ci sont prises en sandwich entre deux plages ou zones propres. De même les pointes ou moindre rocher qui s’écartent de la berge et en cassent la linéarité sont à prospecter. En effet, dans leurs faibles déplacements, les carpes sont obligées de les contourner et vous êtes ainsi certain d’être sur leur chemin.
De manière générale, par niveau bas, en regardant la partie de la berge hors de l’eau, on se fait une très bonne image de la partie qui continue sous la surface. C’est un bon indicateur pour choisir une zone où déposer son montage.
Le montage pour pêcher la carpe en barrage
La simplicité est signe d’efficacité, comme souvent. Par contre, aucun élément du montage n’est à négliger. En premier lieu, l’hameçon, dont le piquant doit être irréprochable. Nous sommes ici face à des poissons qui picorent plus qu’ils ne se nourrissent réellement. Il faut donc que le piège soit parfait et que, si une carpe engame l’esche, la piqûre se fasse très facilement. Préférez les hameçons de petite taille (numéro 4 à 8) à pointe rentrante car leur faible poids vous permettra de décoller des esches de petite taille. Ensuite, les pointes rentrantes minimisent le risque de décroche et sur des poissons tatillons, cela fait une énorme différence !
Optez pour un plomb grip de 130 à 250 grammes selon la distance de pêche. Ces plombs ont l’avantage de ne pas glisser dans les pentes. Ce point est important car la pêche hivernale requiert un placement précis du montage et il sera préjudiciable que celui-ci ne tienne pas en place. Aussi, un plomb lourd associé à un hameçon très piquant procure un auto-ferrage ultra efficace.
Pour ce qui est du matériau pour confectionner le bas de ligne, j’ai une préférence pour le Combi-Link réalisé à partir d’une tresse gainée que l’on peut dénuder sur une partie de la longueur de son choix et ainsi choisir à quelle hauteur du fond sera décollé l’hameçon. Le plomb qui plaquera le bas de ligne sera évidemment placé à la jonction entre la partie souple et la partie rigide.
L’adjonction d’un Leadcore en complément d’une tête de ligne solide (en 60 ou 70°°) assure une protection supplémentaire lorsque les fonds sont très abrasifs.
Stratégie de pêche en barrage
Il va s’agir d’éveiller la curiosité des carpes en leur proposant peu d’appâts et en leur présentant l’esche de façon à les intéresser.
Du fait de la configuration singulière des fonds rencontrés dans les lacs de barrage, décoller son esche est inéluctable. En effet, les fonds sont recouverts de cailloux de différentes tailles et pêcher avec une esche dense peut s’avérer être inopérant si l’esche se cale entre les cailloux.
Les pop-up fluo ou blanches, très voyantes activent la curiosité des carpes. Pour éviter de les gaver, chaque spot sera amorcé avec du pellet (diamètre 4, 7 et jusqu’à 15mm mélangé) en quantité modérée. L’utilisation du pellet permet plus de marquer le spot que de l’amorcer. Cette méthode permet de faire fouiller les carpes sans les nourrir et de les attirer vers le montage. Le second avantage est qu’en procédant ainsi, on peut déplacer la canne de quelques mètres pour trouver un spot plus propice sans étaler de l’amorçage partout.
L’idée est de déplacer les montages régulièrement jusqu’à trouver les zones et les profondeurs auxquelles les carpes évoluent.
Contrairement aux idées reçues, les poissons ne se tiennent pas dans les grandes profondeurs, du moins pas ceux qui sont enclin à s’alimenter. L’idée est donc de les chercher en bordure, dans des profondeurs comprises entre 1 et 5 mètres. Selon la déclivité de la berge, cela peut être très près du bord ! Puis, au fil de la pêche et selon les résultats, il faudra déplacer les montages le long de la berge et se garder une canne « joker ». Cette canne vous servira à aller stalker quelques obstacles en vous baladant le long des berges. Cette canne peut rapporter jusqu’à 50% des poissons de la session, à ne pas négliger donc …
Les poissons étant très peu mobiles, il faut savoir aller les chercher et multiplier ses chances en pêchant une multitude de spots, même quelques minutes.
Confort de pêche en hiver
En hiver, il fait froid. Tout le monde le sait mais si l’on n’est pas bien équipé pour lutter contre, le moral et l’efficacité s’en ressentent fortement.
Quand on a trop froid, on n’a plus aucune motivation pour replacer ses cannes, et pire on peut lâcher mentalement et rentrer à la maison tout simplement …
Les nuits sont longues et les journées, trop courtes, ne permettent pas de se réchauffer.
Pour éviter le froid, il faut bien s’équiper de vêtements chauds. Combinaison hivernale, sous-vêtements en polaire ou laine sont la base. Le corps perd sa chaleur par la tête et le thorax. Il faut donc prévoir bonnet, gants, écharpe et cache cou et couvrir le haut du corps de plusieurs épaisseurs. Prenez des vêtements respirants car la transpiration vous apportera du froid et c’est une sensation vraiment désagréable.
Pour les nuits, un abri muni d’un tapis de sol vous isolera du froid. Une astuce : placer vos sacs sous votre bedchair, cela fera une isolation supplémentaire. Il est préférable de choisir un abri qui se ferme, cela permet de gagner ou 1 ou 2 précieux degrés. En cas de froid extrême, vous pouvez chauffer rapidement votre abri en allumant votre réchaud quelques minutes.
Faire de belles pêches l’hiver n’est pas aisé mais est à la portée de tous. Cela requiert une motivation sans faille et une logistique parfaite. Un pot de pop-up fluo et un seau de pellets suffisent. Ensuite, c’est à vous de faire le reste et de pêcher sur les poissons, peu mobiles.