La Saône, longue d’environ 480 kilomètres et bassin versant principal d’autres belles rivières comme le Doubs ou la Seille pour ne citer qu’elles, prend sa source à Vioménil dans les Vosges pour se jeter dans le Rhône à Lyon. Fortement médiatisée il y a une dizaine d’années par des pêcheurs reconnus comme Léon Hoogendijk par exemple qui a réussi à capturer de nombreux gros poissons, on entend désormais moins parler d’elle. Un mal pour un bien ?
De retour en région Lyonnaise endébut d’année, j’avais décidé de concentrer mes efforts sur la Saône, rivièreque j’avais découverte il y a déjà plusieurs années, principalement en milieuurbain au cœur de Lyon. Cette fois-ci, j’avais envie de me mesurer à cetterivière en milieu sauvage, en dehors du tumulte de la ville et de ses nuisancessonores afin de me confronter aux belles écaillées qui nagent dans ses eaux.
Des résultats fortement dépendants de la température de l’eau
Pour des raisonsprofessionnelles, j’ai commencé mes pêches en zone péri-urbaine pendant lesmois de mars et avril avec pour objectif de partir à la découverte de zonesplus sauvages dès le mois de mai. Comme à mon habitude, j’amorçais la veille dechaque pêche entre 3 et 5 kilos de bouillettes de façon à intéresser du poissondans le secteur. A cette époque, les herbiers et notamment les nénuphars nesont que peu présents, il est donc possible de s’installer un peu partout dubord, sans bateau, et d’être certain de pouvoir ramener les poissons jusqu’àl’épuisette sans encombre.
Les premières pêches serontrelativement calmes etj’ai dû user de particules, en complément desbouillettes, pour créer de l’activité sur la zone péchée. Mais, à partir demi-avril, l’activité a radicalement changé. Une dépression était annoncée, j’aidonc chargé davantage le pré-amorçage sur un petit poste qui me rapportera unedizaine de carpes entre 16h et 4h du matin. De quoi rentrer à la maisonheureux !
Fin avril, la température del’eau approche les 15/16° C et nous planifions une pêche avec un ami sur unezone peu profonde, susceptible de regrouper des poissons en pré-fraie. Biennous en a pris puisque nous mettrons au sec 33 poissons en 4 nuits. Enprocédant de la même façon, nous réussirons à capturer bon nombre de poissonspendant les périodes de pré et de post-fraie dans les semaines qui suivirentavec dans le lot, quelques poissons aux mensurations intéressantes !
De la fin juin jusqu’au début dumois d’août, les résultats seront beaucoup plus aléatoires pour mon binôme etmoi. Parfois, en ciblant des zones de tenues telles que des obstacles, noustoucherons de nombreux poissons et sur d’autres pêches, peu voire pas detouche. La canicule de fin juin et celle courant juillet auront déclenché ponctuellementde nouvelles périodes de fraie, principalement la nuit et à des endroits peuhabituels. Ne pêchant quasiment que sur des nuits rapides entre deux journéesde travail, ces ébats nocturnes pourraient expliquer dans certains casl’absence de touche sur un certain nombre de mes pêches au cours de cespériodes de fortes chaleurs. Il faut également se rendre compte que latempérature de l’eau est montée jusqu’à 31/32° C certains jours avec, commeconséquence notable, une baisse de l’oxygénation de l’eau mais également del’activité halieutique en général.
Depuis mi-août et la fin desgrosses chaleurs jusqu’à l’heure où j’écris ces lignes, les résultats sontredevenus plus cohérents avec le retour à un niveau correct de la températurede l’eau avec des poissons davantage enclins à s’alimenter et qui ont rejointles zones sur lesquelles il est fréquent de les capturer tout au long del’année.
En résumé, les périodes m’ayantapporté les meilleurs résultats ont eu lieu au printemps lors du réchauffementprogressif des eaux, à partir des regroupements pré-fraie jusqu’à l’arrivée desfortes chaleurs et par effet inverse, de la fin des fortes chaleurs jusqu’àl’automne. Néanmoins, comme ce fut le cas fin juillet, une grosse dépressionapportant des précipitations et du vent n’est pas à délaisser car l’activité halieutiquereprend comme par enchantement !
Autoroute à carpes !
Après plusieurs casses sur la tête de ligne, proches du montage, j’ai banni un haut fond particulièrement prolifique mais bien trop dangereux pour les poissons. Après un sondage méticuleux, j’ai trouvé un autre haut fond moins marqué mais cette fois ci en plein milieu du chenal et non en bordure. On parle souvent du chenal, sous les passages de péniches, comme une autoroute à carpe mais je peux vous garantir que le terme n’est pas abusé, tant ce nouveau haut fond, constitué de blocs de roche de différentes tailles m’a rapporté de nombreux poissons !
Silures et autres nuisibles, comment les éviter ?
Pour cette saison en Saône,j’avais commencé comme à mon habitude avec mon duo gagnant, un combiné debilles épicées et d’autres crémeuses (présenté dans un précédent numéro). Dèsle mois d’avril, lorsque j’ai commencé à toucher mes premiers silures sur larivière, j’ai fait le choix de laisser de côté ces appâts pour tout miser surun appât fruité qui devait en théorie, moins attirer les silures. Force est deconstater que ce choix fut payant puisqu’une fois ce changement d’appât, jen’ai sorti que 2 silures sur environ 35 nuits passées au bord de l’eau depuis.
L’autre facteur qui, à mon sens,explique la faible activité des silures sur mes coups est la non-utilisationdes graines. Ces dernières attirent les poissons blancs qui, à leur tour, fontrentrer les silures sur le coup, en quête de nourriture, qu’elle soit piscicoleou exogène comme des bouillettes par exemple. Au terme de cette saison, lespré-amorçages et amorçages 100% billes m’ont permis d’éviter d’une part lessilures mais également les blancs, pourtant nombreux en Saône, que l’on parlede chevesnes ou de brèmes.
Les rares sessions où j’aifinalement touché des blancs ont eu lieu lors de pêches avec mon binôme quilui, de son côté, pré-amorce et amorce à la graine, entraînant la prise dequelques brèmes et ponctuellement d’un petit silure.
Bien qu’il soit difficiled’éviter les silures lors de leurs périodes de frénésie (mois d’avril et autourde leur fraie), cette façon de procéder, en pêchant exclusivement à la billeavec des appâts fruités peut être une piste à explorer davantage au cours desprochaines années !
Un type de poste à privilégier ?
J’ai eu l’opportunité de pêcherde nombreux types de postes cette saison. Cela va d’un « tout droit »où rien ne semble varier particulièrement au premier abord, à des bras « morts »(ou zones où le courant est moindre) ou des zones où le fond ressemble à lalune et ses cratères, que ce soit proche du bord ou même sous le passage despéniches.
Ce qui semble le plusmarquant c’est qu’il est possible de faire du poisson sur toutes cesconfigurations de postes mais pas forcément à toutes les périodes. En fonctionde la température de l’eau, nous avons pu remarquer au printemps que lespoissons remontent dans les couches d’eau et délaissent temporairement leszones plus profondes. Ce phénomène ne dure peut être pas très longtemps mais ilest particulièrement marqué et m’a valu, entre autres, une belle « taule »sur des spots qui donnaient bien quelques semaines auparavant tandis que monbinôme cartonnait à côté de moi en pêchant des zones bien moins profondes avec les mêmes appâts et les mêmes présentations.
D’une manière générale, nousavons eu de bons résultats (en termes de nombre de touches et pas forcément auniveau des gros poissons) sur des gros plateaux de galets en plein courant (pasforcément dans des zones profondes d’ailleurs) et encore plus sur des hautsfonds que l’on peut trouver ça et là en prenant le temps de sondercorrectement. Ces hauts fonds sont généralement rocheux, ou tout du moins trèsdurs, issus de vestiges historiques comme des passages à gué ou des îles quiont été rasées depuis les années 50 et constituent des réservoirs considérablesde nourriture naturelle puisque les dreissènes s’accrochent de partout et lesécrevisses colonisent ces lieux. A ce sujet, n’hésitez pas à utiliser Geoportailet à combiner par jeu de transparence la carte actuelle avec les photosaériennes datant de 1950, vous pourriez comprendre de nombreuses chosesrelatives à la topographie de vos postes habituels !
Il semble évident que d’autres pratiquants assidus de la Saône vous proposeront peut être d’autres arguments issus de leurs expériences propres sur cette rivière et qui sont certainement très intéressants, pour vous comme pour moi d’ailleurs, mais tous les éléments présentés dans cet article, recensés comme des retours d’expériences, peuvent être une base pour vous, pour vous lancer sur cette rivière relativement poissonneuse et qui saura vous récompenser !
Hot Spot à corbicules
Un autre profil de poste intéressant, qui constitue pour moi une piste pour la saison prochaine au vu des premiers résultats cette année, est constitué des zones sableuses (donc plus molles) que l’on trouve le plus souvent derrière un haut fond ou un décroché de la berge. Ces zones regorgent de corbicules et au vu des résidus retrouvés dans les sacs de conservation cette année, les carpes ont l’air de s’en occuper sérieusement. Ces zones sont le plus souvent à l’abri du courant ce qui permet de pouvoir les pêcher presque tout au long de l’année, là où les plateaux de cailloux sont bien souvent impêchables dès que le courant se renforce.
Bonjour,
Bon article qui donne envie de découvrir cette pêche ! Quels sont de manière général, les postes intéressants pour pêcher la carpe ? Sont-ils les même que pour les carnassiers ? Merci
Tom