Pêcher la carpe seulement en journée

Beaucoup de carpistes n’envisagent pas la pêche sans passer les nuits au bord de l’eau, les cannes tendues. Bien souvent par manque de temps libre pour effectuer des sessions de plusieurs jours certains préfèrent simplement ne pas pêcher ! Devant l’impossibilité de rester pêcher les nuits ou par manque de temps, la pêche en journée est parfois l’unique solution pour croiser le fer avec dame carpe, le tout étant de bien la préparée, et d’oser y aller!

Comment pêcher la carpe en journée

Pêcher la journée demande souvent de faire preuve d’opportunisme quant au choix du poste, il ne s’agit pas de s’installer à 500m de la première carpe si l’on souhaite mouiller l’épuisette, mais bien au plus près des poissons. Pour une pêche de journée le seul paramètre qui ne rentre pas en compte est bel et bien le poste en lui même, il est inutile de disposer d’un emplacement tout confort, le matériel étant réduit au minimum le moindre petit carré de terre d’où il est possible de lancer ses montages et mettre des poissons à l’épuisette suffit ! C’est donc l’occasion de se rapprocher au plus près des carpes afin de se rendre sur des postes que l’on ne pêcherait pas pour une session classique de 48 heures ou plus.

Le choix du poste, place à la liberté!

Avoir un minimum de matériel est une aubaine dont il ne faut pas se priver pour sortir des sentiers battus, marcher 10 ou 20 minutes n’est pas un obstacle si à l’arrivée de nombreux poissons nagent en toute quiétude devant soi. C’est donc un point clé de la réussite d’une journée de pêche et certainement la meilleure façon pour en prendre un ou plusieurs en seulement quelques heures.  Lorsque l’on a la possibilité d’observer des poissons en nombre, même si l’endroit semble à première vue empêcher toute installation il faut chercher comment s’y prendre, il y a presque toujours une solution, à condition de s’en donner les moyens ! Pour vous donner un exemple, sur un petit bief de rivière non loin de chez moi, toute installation du bord est vaine. J’ai bien essayé d’amorcer le seul poste sur lequel il est possible de s’installer, mais en vain, le poste permettait de pêcher, mais pas de prendre de carpe, tout simplement parce que les carpes n’y passent pas ou très peu! Après les avoir observé pendant de longues heures les après midi le long d’un grand banc de potamots, j’ai finalement réussi à prendre ces carpes qui se voulaient imprenables, et cela en pêchant en waders, directement dans l’eau, le rod pod installé dans un mètre d’eau avec les rallonges. C’était la seule solution envisageable et les résultats ne se sont pas fait attendre, dès la première après midi de pêche les départs se sont enchaînés ! La solution n’est souvent pas très loin, il suffit de pêcher là où se trouve le poisson!

Les journées sont la solution pour pêcher des postes « impêchables »
Il ne faut rien de plus pour pêcher une journée
Le peu de matériel permet de sortir des sentiers battus

S’alléger pour mieux pêcher !

Lorsque je manque de temps pour effectuer des sessions, ce qui a été très souvent le cas durant ces trois dernières années en raison de mon emploi en hôtellerie, je n’hésite pas à me rendre au bord de l’eau, parfois juste pour quelques heures après le boulot. Il est vrai qu’au début l’installation et le matériel que nécessite la pêche de la carpe aux techniques modernes rebute. Rien qu’à l’idée de la quantité de matériel qu’il fallait transporter, le temps de tout installer, j’avais tendance à me dire (à tort) que cela ne valait pas le coup pour quelques heures de pêche. Puis j’ai réfléchi à la chose différemment, je me suis posé la question de savoir ce dont j’avais réellement besoin pour prendre une carpe en quelques heures, je suis descendu au garage, puis j’ai sorti le matériel dont j’avais vraiment besoin. Une fois tout étalé à mes pieds, une évidence m’a sauté aux yeux, je n’avais besoin de presque rien ! Voici donc la liste du matériel que je retiens pour des pêches rapides de quelques heures à une journée.

Pour ce qui est des cannes je n’en prends que trois, je ne me sers souvent que de deux cannes, la troisième est là au cas où un poisson se manifesterait une fois en action de pêche ou si le poste permet de placer trois montages. Autrement lorsque le poste est restreint je préfère n’avoir que deux lignes qui pêchent bien et sans se gêner, plutôt que d’envoyer trois montages dans l’eau qui pourraient surcharger le poste. Je prends des 10 pieds pour le faible encombrement et la maniabilité que cela offre sur des postes « fermés », cela permet de pouvoir pêcher du bord sans pour autant commencer la journée en débroussaillant la berge. Viennent s’ajouter dans le fourreau une épuisette, trois piques avec détecteurs, la louche vissée sur un pique, le cobra et la fronde.

Je prend ensuite un petit sac à dos dans lequel je met une petite boite de pêche avec juste ce dont j’ai besoin pour réaliser quelques montages en cas de casse, c’est à dire une pochette d’hameçon, une bobine de tresse, 5 ou 6 émerillons, quelques clip plombs et connecteurs, 4 ou 5 plombs, en prévoyant des missiles et des plats, suivant si je décide de pêcher en rivière ou en lac. Je prends évidemment une aiguille à bouillette, une paire de ciseaux, quelques stop bouillette et des petits bouts de liège. S’ajoute à cela le peson, un sac de conservation (on ne sait jamais…), un pot de pop up ainsi que le tapis de réception, le sac de pesée et… c’est tout ! Il ne faut absolument rien de plus pour une journée de pêche ! Bien sûr ceci n’est pas une généralité, suivant le lieu, il faudra ajuster le matériel, comme sur le secteur de rivière impêchable dont je vous parlais plus haut, où je prends le rod pod et les waders, mais dans ce cas, le rod pod est déjà monté, et j’enfile les waders à la voiture pour ne pas avoir à les porter. Je pense que le plus important est que tout soit prêt et compact, il ne faut pas commencer à perdre une heure à préparer le matériel avant d’aller pêcher, tout doit être préparé dans un coin du garage, à la moindre envie, ou parce que le temps « sent » le poisson, il faut pouvoir faire feu rapidement, et se mettre en action de pêche rapidement également.

Le peu de matériel nécessaire est une aubaine

L’amorçage… pour un poisson et plus si affinités

Au niveau des appâts, je ne me charge jamais inutilement, je prends avec moi un fond de paquet de bouillette et un petit seau de maïs. Dans le contexte d’une journée de pêche il est inutile de partir avec des ambitions d’amorçage, on pêche généralement pour prendre une carpe à la fois, donc 3 ou 4 frondes de maïs suffisent largement pour intéresser une carpe. Lorsque cela est possible j’essaye d’amorcer un peu avant, si le coin de pêche n’est pas très éloigné du trajet domicile/boulot, il est tout à fait envisageable d’amorcer un jour ou deux, si les appâts sont distribués au milieu des carpes, il ne faut pas longtemps pour que les détecteurs se fassent entendre une fois en action de pêche. A contrario, si je n’ai pas le temps d’amorcer, j’opte pour tout ce qui peut attirer les carpes rapidement, mais ça, je vous l’ai déjà expliqué avec le Frolic dans le numéro 3. (<<< lien ???)

En revanche si je décide de pêcher plusieurs journées d’affilées, sans rester les nuits, et dans le cas où la saison s’y prête je prends un peu plus d’appâts de façon à en distribuer quelques kilos le premier jour de pêche. Je préfère amorcer le matin en arrivant, de façon à pêcher sur mon amorçage durant mes heures de pêche en journée, et je remets quelques appâts en partant pour essayer de garder quelques visiteuses nocturnes sur le poste. J’essaye d’amorcer le matin pour habituer les carpes à trouver leur pitance la journée, en effet, amorcer le soir à tendance à faire rentrer le poisson la nuit, même si cela n’empêche pas quelques carpes de rester la journée, la majorité des poissons qui se nourrissent sur l’amorçage en milieu de nuit n’y sont plus durant la journée. Il ne faut pas croire mais trois kilos de bouillettes ont vite fait de disparaître une fois le poisson sur le coup. Il m’est déjà arrivé de prendre le même poisson de 15 kilos à 24 heures d’intervalle avec une différence de poids de 700/800 grammes, cela résume qu’à son poids le plus haut, la carpe avait en fait 800 grammes de nourriture dans le ventre !

Pêche de nuit interdite, la solution des journées !

Sur certains lacs et rivières où la pêche de nuit est prohibée et où l’environnement ne permet pas de rester faire les nuits sans se faire virer dès le premier soir, beaucoup préfèrent renoncer, alors qu’une fois encore, il est tout à fait possible de pêcher et de prendre beaucoup de carpes en ne pratiquant que les journées. Dans ce cas là, le matériel reste le même, il faut juste prendre un peu de nourriture en plus, mais un sandwich, une bouteille d’eau et un petit thermos de café sont largement suffisant pour une journée de pêche. La différence majeure vient des quantités d’appâts, tout dépend en fait de ce que l’on veut faire. S’il s’agit d’une simple journée de pêche inutile de voir large, en revanche, il est tout à fait envisageable de pêcher plusieurs journées de suite, et donc de mettre en place un amorçage adéquat comme je l’ai expliqué plus haut.

Je vais ici vous narrez une petite anecdote vécue au mois de juin 2014, sur un lac naturel de 14ha dans le département du Cantal, un plan d’eau communal où la pêche de nuit est interdite (il est plus agréable de finir avec une petite histoire que sur de grandes phrases théoriques!).

Le coup du soir est un moment propice
Les pêches de journée sont la solution par manque de temps

Pas que pour les petits

Les pêches de journées ne sont pas réservées aux petits plans d’eau et petites rivières. J’ai pêché le lac de St Cassien pour la première et seule fois en juin 2007, la pêche de nuit fermait le lendemain de mon arrivée. Plutôt que de prendre le risque de pêcher les nuits en fraude j’avais choisi de ne pêcher que la journée, il m’aura fallu attendre le troisième jour de pêche pour prendre ma première carpe de la mecque, une petite miroir, mais pour une première visite sur le géant varois, mon objectif était atteint.

Partir pêcher une journée est aussi l’occasion de découvrir de nouveaux secteurs sans avoir à emmener avec soi toute une logistique en matériel pour plusieurs jours. En arrivant le matin très tôt,  une journée de pêche permet d’observer et de tester un secteur inconnu, de façon simple, sans se compliquer la pêche. Cela permet dans certains cas de dénicher de petits paradis ignorés des autres pêcheurs.

Une journée peut rapporter autant qu’une session

Le lac des débuts

C’est sur ce lac que m’a pris le virus de la pêche il y a maintenant 21 ans… Cela faisait trois ans que je n’avais pas pu remonter pêcher ce lac où tout a commencé pour moi, j’ai donc décidé de m’y rendre fin juin, pour 4 jours. Lors de mes précédentes venues j’avais pêché en session, en pêchant les nuits, avec de très bons résultats. Mais cette fois ci était différente, cette pêche était synonyme de vacance et de détente, je n’avais donc tout simplement pas envie de frauder ! J’ai donc pris un emplacement au camping municipal afin de pouvoir dormir sur place. Arrivé le dimanche soir, j’ai commencé par observer, une fois les poissons localisés, sur la zone la moins profonde du lac bordée d’une immense roselière et de nénuphars, j’ai amorcé le poste pour le lendemain avec 5 kg de bouillettes. La pêche a donc démarré le lundi matin à l’aube, grâce au peu de matériel emmené, j’étais opérationnel après seulement deux voyages de la voiture au poste et après 30 minutes, les cannes étaient en action de pêche. Au dire des pêcheurs locaux une bonne journée de pêche se faisait avec 5 ou 6 départs, et côté poissons une carpe de 10/12kg constitue déjà un super poisson ici. La première journée de pêche me rapportera 6 départs, donc jusque là tout allait bien. J’ai réamorcé mon poste avec quelques kilos de bouillettes avant de plier, puis je suis rentré au camping pour manger et prendre une douche (un confort que je ne connais pas en session!). Le lendemain matin, réveil à l’aube et direction mon poste, plein d’espoir, mais aussi de doute, l’amorçage allait-il payer, ou les carpes allaient elles me bouder la journée ? Les questions ont vite trouvées leurs réponses, j’ai vécu une journée de pêche totalement hallucinante ! Je n’ai pêché que de 7h du matin jusqu’à 20h, alors que les heures légales me permettaient de pêcher plus longtemps, mais très franchement, j’en avais bien assez, puisque cette journée de pêche m’a rapporté 24 départs ! Et cerise sur le gâteau, je me paye le luxe de prendre le record du lac et de faire un doublé de carpe de 15kg+ ! Du jamais vu là bas, et surtout un rêve de gosse qui trottait dans ma tête depuis très longtemps et qui s’est réalisé, prendre une carpe de 15kg dans ce lac ! Un souvenir fantastique ! Le troisième jour de pêche me rapportera encore 14 départs, quant à la dernière journée de pêche je n’ai réussi à prendre que deux poissons, l’amorçage avait atteint ses limites je pense, les carpes étaient toujours là, mais elles tapaient furtivement dans les montages, d’ailleurs j’avais déjà pris ces deux poissons les jours précédents. Il m’aurait sûrement fallu changer d’appât pour relancer les départs, mais avec les résultats des deux journées de pêche précédentes, je n’en avais vraiment pas besoin !

Comme vous pouvez le constater, le manque de temps ou encore le manque de secteurs de nuit ne sont en rien des excuses pour ne pas pêcher.  Il n’y a pas de saison plus favorable qu’une autre, l’hiver cela permet de prendre une carpe sans avoir à passer les nuits dehors mais en règle générale, ne pêcher que la journée permet de pêcher des secteurs que l’on ne pêcherait pas en session et de profiter de tous les avantages de la pêche, sans avoir à en supporter ses désagréments, alors n’attendez plus, pêchez !

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