L’arrivée du menu fretin migrateur sur nos côtes est toujours un grand moment pour les carnassiers marins. Cette manne abondante constitue une nourriture de premier choix qui attire et rend euphorique de formidables combattants qu’il serait dommage de ne pas traquer. Nous allons ainsi, au travers de cet article vous faire découvrir une technique singulière : la pêche dans les chasses, depuis une embarcation.
C’est au printemps pendant la période de fraie, que sardines, anchois et autres lançons arrivent par bancs de millions d’individus sur des zones assez proches de nos rivages. Cette agitation ne passe pas inaperçue et les prédateurs ne sont jamais loin. En effet, pour eux également la saison des amours bat son plein. La demande en énergie étant ainsi importante ces poissons ont donc besoin de s’alimenter et profitent de cette forte concentration. Cela étant dit, il ne s’agit pas nécessairement de la meilleure saison pour pêcher dans les chasses. Il faut tout de même garder à l’esprit que le fraie occupe beaucoup les esprits de nos éventuelles captures. Celles-ci ne font que s’alimenter mais ne sont pas agressives envers nos leurres. Pour faire simple, s’ils ne tombent pas devant leur bouche, il est peu probable de provoquer de touches.
La fin de l’été annonce la « rentrée » pour les touristes fréquentant nos côtes, synonyme d’une activité de plaisance fortement diminuée. De ce fait ceci présage également le retour de la « mange », nos fameuses sardines et anchois, qui vont rechercher le plancton présent dans les couches d’eau chaude qui se raréfie au fur et à mesure que l’automne, puis l’hiver s’approchent. Cela signifie qu’il s’agit de la période de boulimie des carnassiers qui préparent le gras d’hiver. Nous vous le précisons : c’est LA période à ne pas manquer. Maquereaux, sévereaux (chinchars), bonites en tous genre, thons, bars (loups), barracudas méditerranéens, sparidés en tous genre, sérioles sont autant de fabuleux bagarreurs qui passent à table du lever du jour jusqu’au coucher du soleil. Non seulement ces poissons sont affamés mais sont également agressifs et n’hésitent pas à donner des coups de mâchoires à un leurre un peu trop insolent.
Vous avez l’eau à la bouche ? Alors suivez nous !
Qu’est-ce qu’une chasse
Une chasse est, comme vous l’avez compris, une période d’alimentation des carnassiers qui se repaissent de menu fretin. Voici le déroulement d’une chasse classique : les prédateurs repèrent un banc de mange. Des milliers de poissonnets évoluent en banc ce qui leur offrent une protection efficace. En effet, il est difficile de choisir sa proie devant des centaines et des centaines d’individus. Reste la technique qui consiste à « rentrer dans le lard ». Mais la densité n’est pas suffisante pour faire mouche à tous les coups. Les assaillants ont trouvé une parade efficace : concentrer le poisson. Ils tournent autour du banc de proies, les obligeant à se déplacer soit vers la surface, soit vers le fond. Ces dernières se retrouvent ainsi bloquées par ce mur infranchissable, et dans la panique, elles se concentrent. Pour le prédateur, il ne reste plus qu’à foncer, la bouche ouverte dans cet amalgame afin de capturer sa nourriture. Si une proie tente de s’évader, la sanction sera immédiate puisqu’elle pourra être ciblée.
Une autre forme de chasse est également observée. Le terme le plus évocateur est « chasse à courre ». Vous l’avez compris, lorsque les proies ne forment que de petits bancs épars, les prédateurs les poursuivent afin de pouvoir les capturer.
Pour notre technique, ce sont plutôt les chasses de surface qui sont à privilégier car elles sont bien évidement plus faciles à localiser.
Repérage des chasses
En ce qui concerne les chasses de surface, rien de bien compliqué nous diriez-vous. Effectivement, en automne, elles sont relativement bien voyantes : sauts de poissons concentrés sur une zone précise, présence d’oiseaux en surface, et beaucoup de bateaux de pêcheurs ! Ces chasses sont tellement évidentes que malheureusement, beaucoup de concurrence poussent certains pêcheurs à faire quelques imprudences rendant la pêche compliquée.
Il existe d’autres chasses de surface beaucoup moins visibles. Elles sont provoquées par des prédateurs en nombre moins important ou tout simplement plus discrètes. La présence d’oiseaux peuvent les trahir, ou par une mer d’huile il est possible d’observer de légers frémissement en surface, signe que la mange est concentrée. Dans ces conditions les attaques ne font que dans la partie basse du banc.
Il existe enfin un autre type de chasse que nous allons baptiser les chasses de fond. Elles ne peuvent être repérables que grâce à un sondeur. Le banc de mange regroupé sur le fond est nettement visible sur l’écran. La densité peut être telle que votre sondeur peut vous indiquer tout simplement une structure voir un haut-fond. Dans ces conditions il y a fort à parier que votre leurre ne descendra pas jusqu’en bas et sera engamé pendant sa chute.
Le matériel
Il faut garder à l’esprit que les chasses peuvent être provoquées par de simples maquereaux de quelques dizaines de grammes et parfois par des thons de plus de 100kg ! Cela étant dit, et fort heureusement, l’espèce et la taille du poisson est facilement identifiable. De ce fait il reste assez simple de cibler ses futures captures. Ainsi, devant ces multitudes de possibilités il convient d’utiliser un matériel adapté aux futures captures.
On utilisera un ensemble ultra léger (2-10gr / 4-8lbs) pour taquiner petits maquereaux, sévereaux, oblades, orphies, etc. Un ensemble léger de type 10-30gr voir 20-50gr (12-16lbs) pour la traque des maquereaux aux bonites. Il est fort probable que ce soit le type de combo que vous utiliserez le plus du fait de sa polyvalence, de sa maniabilité et du plaisir que vous en retirerez. Enfin, un ensemble 50-100 voire 100-200gr (30 à 70lbs) pour la traque des gros pélagiques notamment le thon.
Les cannes, pour une utilisation optimale, doivent avoir une longueur comprise entre 2,1 et 2,4m. Il s’agit d’un excellent compromis entre distance de lancer, maniement du leurre et travail du poisson depuis une embarcation. Privilégiez des moulinets de bonne qualité afin de pouvoir résister à l’environnement marin ainsi qu’un frein robuste et puissant. La tresse constitue un corps de ligne de premier choix qu’il faudra surmonter d’une tête de ligne en fluorocarbone de 60 à 80cm. Ce dernier allie à la fois invisibilité et résistance à l’abrasion. Une agrafe solide vous permet de changer de leurres à votre guise pour vous adapter à chaque situation.
Les leurres
Casting jigs : si il y a bien un unique leurre à avoir dans sa boite, c’est bien le casting jig. Il s’agit d’une sorte de cuillère lourde imitant avec plus ou moins de réalisme un poissonnet. Sa densité lui permet d’être propulsé à grande distance offrant la possibilité de pêcher une surface d’eau importante. Ce leurre doit être ramené à une vitesse assez soutenue ponctuée de jerks assez cours afin de lui donner une nage prenante. A noter qu’il existe différentes formes qui permettent au leurre soit de couler rapidement, soit de papillonner lors de sa descente. Les nages sont ainsi différentes. Il convient donc de tester les différentes variantes afin de repérer les plus prenantes du moment.
Le poisson nageur : inconditionnel leurre du pêcheur de carnassier, il demeure une arme redoutable pour pratiquer dans les chasses. Certaines versions sont tellement réalistes, qu’elles imitent à la perfection les proies présentes au moment de votre pêche. Cela dit, les distances de lancer atteintes ne sont parfois pas suffisantes pour atteindre les poissons.
Les leurres souples : ceux-ci possèdent une nage très attractive qui permet de faire la différence selon les périodes. Sa texture souple à l’avantage d’être plus facilement « acceptée » par les carnassiers qui n’hésitent pas à les engamer profondément. En revanche, ils ne sont pas très résistants et peuvent facilement être déchiquetés.
A noter que l’utilisation d’un « teaser » est parfois utile pour stimuler l’agressivité des prédateurs. On placera ainsi un petit leurre souple (de type raglou par exemple) 50cm au-dessus du leurre principal. En revanche, lorsque l’on pêche les gros carnassiers tels que thons ou sérioles, les teaser sont vivement déconseillés en raison de l’affaiblissement de la ligne provoqué par le nœud de fixation.
L’action de pêche
Comme l’encadré le précise, il ne faut jamais « rentrer » dans la chasse mais rester juste aux abords, à distance respectable pour ne pas déranger le poisson. L’idéal étant de lancer votre leurre de l’autre côté de la chasse afin que celui-ci traverse cette dernière. Si votre choix s’avère le bon, il y a fort à parier que vous aurez une touche au bout de quelques tours de manivelle. Il arrive malgré tout de ne pas faire mouche. Il convient alors de changer de leurre, d’animation, de patern de jerk et parfois, simplement de couche d’eau en laissant plus ou moins votre piège couler.
Vous aurez l’occasion de remarquer qu’une chasse peut se déplacer et que les poissons mordeurs sont souvent en tête. Il convient alors de placer votre bateau en anticipant le mouvement du banc, et ainsi, en se positionnant en amont.
Armement du leurre
Concernant les leurres souples, les têtes plombées couramment utilisées dans les autres techniques de pêche feront amplement l’affaire. Cela-dit, les versions profilées sont plus adaptées pour les nages en pleine eau et leur profil est très réactif au moindre jerk.
Les leurres durs sont armés d’origine par des hameçons triples plus ou moins résistant qu’il convient parfois de changer pour des versions plus solides. Si vous désirer pratiquer le no-kill, ce qui devient indispensable lors des périodes fastes, remplacer les hameçons triples par des hameçons simples demeure la meilleure alternative. Ils sont plus faciles à retirer de la bouche du poisson et font moins de blessures. De plus, les « décroches » en cours de combat sont bien moins fréquentes avec un armement simple.
Règles de base pour aborder une chasse
La plus importantes de toutes consiste à ne jamais traverser une chasse ! Une erreur qui est trop souvent commise et qui a pour effet, dans la majorité des cas de stopper net la frénésie. Donc, toujours s’arrêter aux abords d’une chasse afin de pouvoir jeter ses leurres dedans sans gêner l’activité alimentaire. Il faut également s’aider du vent et du courant pour se laisser guider vers le précieux rassemblement. Il est aussi intéressant de se soucier de la projection de l’ombre du bateau, notamment concernant les chasses de fond. Cela peut parfois perturber les prédateurs. Enfin, lorsque l’on pratique sur les chasses visibles, il est conseillé de ne pas allumer son sondeur. Les ondes émises par la sonde de votre appareil peuvent être ressenties par les gros prédateurs et de ce fait ils ont tendance à rester à distance de votre embarcation, les rendant hors de portée.
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