La question de l’amorçage est un éternel problème dans la pêche de la carpe. Bien entendu, ce n’est pas en deux pages que nous le résoudrons. C’est d’ailleurs un problème insoluble : il n’y a pas de règles et il est impossible, nous semble-t-il, de généraliser. Toutefois, quelques indices nous permettent de bien ajuster les quantités d’appâts mis à l’eau, ce qui est, à notre avis, la principale difficulté. Que ce soit pour une pêche au spot ou pour un amorçage de zone, le problème est le même : faut-il réamorcer lorsqu’il n’y a pas de départ ? Faut-il au contraire suspendre l’amorçage pour espérer séduire le seul poisson actif sur zone ? À quelle fréquence réamorcer ? Et surtout, quelle quantité ?
Quelques indices
Les quantités d’amorçage sont difficiles à ajuster surtout lorsqu’il n’y a pas de départs. Quand les touches s’enchaînent, le rappel d’amorçage est beaucoup plus intuitif, car il suffit de se référer aux volumes d’appâts préalablement mis à l’eau. Quand ça ne mord pas, l’équation reste à résoudre. Deux cas de figure s’offrent à nous :
Premier cas de figure : on n’observe aucune activité sur le poste (aucune tirée, aucun saut ni marsouinage). On peut alors se contenter de réamorcer très légèrement une fois par jour sur les spots que l’on a choisi. Entendez par « léger » une ou deux poignées de billes ou l’équivalent en graines. S’il n’y a qu’un ou deux poissons mordeurs sur la zone, trop réamorcer ferait très nettement baisser la chance d’avoir un départ. Ces carpes peuvent se nourrir de seulement quelques bouillettes, une vingtaine par exemple. S’il y a 400 billes éparpillées autour de l’hameçon, les probabilités pour qu’il soit saisi sont infimes.
Second cas de figure : les carpes ne sont manifestement pas actives, mais les poissons blancs font sonner sans arrêt les détecteurs. Il faut se dire alors que les appâts disparaissent très vite au fond. Nos expériences en plongée nous ont démontré qu’une demi-heure suffisait parfois pour que tout un coup soigneusement amorcé soit lessivé par quelques brèmes, tanches et autres chevesnes. La stratégie à adopter dans ce cas est de réamorcer très fréquemment de petites quantités. Un amorçage trop massif aura pour effet d’attirer encore plus d’indésirables sans pour autant impacter les carpes avoisinantes. Amorcer régulièrement permet à une carpe passant dans la zone de toujours trouver quelques appâts.
Une autre solution…. souvent efficace
« Souvent efficace », car encore une fois, il n’y a de solution meilleure que les autres qu’au cas par cas. Les volumes d’appâts sont ajustables en fonction de l’activité générale des poissons, nous l’avons vu, mais également en fonction du spot que l’on pêche. Une pêche au spot ne signifie pas de fait un amorçage léger. On peut, pourquoi pas, choisir d’amorcer lourd pour tenter de déclencher l’activité. Nous avons remarqué mon frère et moi qu’un amorçage lourd sur une zone restreinte pouvait donner des résultats surprenants, notamment sur les populations de carpes sauvages. Au lieu d’amorcer une dizaine de kilos sur une zone d’un demi-hectare (ce que fait la majorité des carpistes lors d’un amorçage massif), il peut être assez judicieux de mettre à l’eau ce même volume sur une surface infiniment réduite. Le fait de concentrer un grand nombre de bouillettes sur quelques mètres carrés (intelligemment choisis) va permettre aux poissons de mieux cibler la zone de pêche. Mais par-dessus tout, cela va grandement favoriser la compétition alimentaire dans le banc de poissons, la promiscuité les encourageant à se nourrir plus rapidement en faisant moins attention à ce qu’ils avalent. Les carpes les plus grosses tombent souvent lorsque l’on déploie une telle stratégie, car elles sont en général très sensibles au déclenchement d’activité alimentaire dans le banc dans lequel elles nagent. Et ce sont souvent les premières à mordre.
Conclusion
Les sticks-mix, les sacs solubles et autres microamorçages sont à la mode. Ils sont peu onéreux, assez « techniques » ou « technologiques ». Ainsi, ils séduisent de nombreux pêcheurs, notamment les plus jeunes. S’ils sont redoutables dans certaines circonstances, ils s’avèrent bien souvent trop « light » pour espérer séduire les grandes carpes, surtout en milieu sauvage. Mon frère et moi avons donc toujours en réserve de bonnes quantités d’appâts, ce qui nous permet de parer à toutes les situations… même si ça ne nous empêche pas de faire, comme tout le monde, quelques erreurs sur les quantités amorcées.