Il est de coutume de parler de discrétion dans son approche, son montage, sa ligne mais dans certains cas comme des eaux peu profondes ou des sites sur-pêchés, la discrétion du pêcheur aussi bien sur la berge que sur l’eau est bien plus importante. Voyons ici comment limiter les nuisances sonores et donc garder au calme sa zone de pêche.
L’eau et le bruit
Il est bien connu que sous l’eau, les sons extérieurs portent de façon significative, tous les plongeurs vous le diront, le monde du silence ne l’est plus dès lors que l’humain s’en approche… Bien avant de penser à la discrétion de son montage il est donc primordial de penser à rester discret sur la berge de façon à garantir une forme de sécurité pour le poisson sur la zone de pêche, car bien avant d’arriver sur votre spot, le poisson devra évoluer en confiance dans le secteur. Ce qu’il faut savoir du bruit sous l’eau, c’est que le son se propage quatre fois plus vite que dans l’air ! Pour vous donner un ordre d’idée, le son se propage sous l’eau à une vitesse de 1400 mètres par seconde, la surface de l’eau renvoie presque tous les sons comme un miroir acoustique. Il est donc important de veiller à ne pas mettre en alerte les poissons avant même qu’ils ne s’approchent, cela est valable sur des secteurs subissant une forte pression de pêche comme sur des eaux où les poissons ne voient jamais un pêcheur (cela existe encore !).
Trop de bruit sur l’eau peut tout simplement faire fuir le poisson !
Sur la berge, à pas de velours…
La discrétion sur la berge s’applique dès notre arrivée, en évitant de claquer la portière de la voiture par exemple, n’avez-vous jamais remarquer qu’à l’arrivée d’un véhicule et au son de la portière qui se claque bruyamment, toute la surface de l’eau pétille sous l’effet des milliers de petits poissons blancs présents en surface qui s’effrayent et replongent vers les profondeurs ?! Les bruits sourds sont néfastes, il faut donc prendre soin lors du déchargement du matériel et de l’installation sur le poste d’éviter à tout prix les bruits sourds de choc, comme un seau qui tombe lourdement ou du matériel lourd jeté bruyamment au sol dans la précipitation du déchargement. Il y’a certains sites où il n’est pas possible de faire autrement que d’employer un maillet ou un marteau pour planter solidement les sardines de l’abri, là aussi autant que possible il faut tenter de les planter au maximum à la main ou au pied, afin de limiter le bruit et la résonance des coups de maillet dans le sol, ceci est encore plus vrai si le poste présente peu de profondeur où que l’on souhaite pratiquer une pêche de bordure. Evidemment pour les adeptes de la pêche à très longue distance quel que soit le site, l’impact néfaste du bruit sera beaucoup moins dérangeant pour la pêche, mais avant d’aller systématiquement chercher des poissons très loin, il faut garder à l’esprit qu’il y a presque toujours des poissons à prendre pas loin de ses pieds, à condition de ne pas les faire fuir en face dès notre arrivée. Vous l’aurez compris savoir rester discret sur son poste de pêche permet également de s’approcher au plus près du poisson et ainsi être bien plus efficace dans sa pêche, surtout qu’à bien y réfléchir, il est plus facile de garder un coup au calme, sans bruit sur un périmètre proche de soi, qu’à 200 ou 300m du bord où là il sera délicat d’éviter des nuisances si d’autres personnes s’installent à proximité pour pique-niquer, se baigner ou tout autre activité bruyante. Pêcher à courte distance ouvre les portes d’une pêche plus simple, dans laquelle on est forcément plus efficace, il est logiquement plus simple de pêcher à moins de cent mètres lorsque les conditions se dégradent qu’à très longue distance, mais pour cela il convient de ne pas alerter le poisson de notre présence. Sur certaines berges de lacs de barrages accidentées et caillouteuses, des pas lourds et des cailloux qui roulent sans cesse peuvent anéantir tout espoir de prendre des poissons tout près de sa bordure, il faut savoir évoluer au bord de l’eau tel un chat, et éviter de se précipiter, même lors d’un départ, cela est valable pour la pêche mais également pour sa sécurité d’ailleurs.
Marcher à pas de velours le long des berges équipé de lunettes polarisantes permet de débusquer de nombreux poissons en maraude ou en train de s’alimenter, parfois très près du bord, le tout étant d’évoluer comme un chat et non comme un ours ! Les pêcheurs au stalking le savent bien, la discrétion dans ses pas et dans ses gestes permet d’approcher et de prendre des poissons très près, et surtout très rapidement.
Sur l’eau, tel un chasseur à l’approche
Rester silencieux sur la berge est un atout pour pratiquer une pêche à plus ou moins courte distance, mais sur des eaux peu profondes savoir se faire discret en bateau est également important. Une fois sur l’eau quand vient l’étape du sondage des spots, de déposer les lignes et d’amorcer, nous pouvons créer de nombreuses nuisances sonores qui auront pour effet de mettre le poisson en alerte. Savoir se passer du moteur électrique lorsque les conditions le permettent est un avantage considérable, sous l’eau, l’hélice du moteur émet des bruits et des vibrations qui peuvent être assimilés à une source de danger par le poisson, notamment sur des sites sur-pêchés où tout le monde passe beaucoup de temps à naviguer au moteur. L’utilisation du moteur ne va pas anéantir la pêche mais il peut retarder les touches à cause de la gêne occasionnée, savoir conserver sa zone de pêche comme une zone de tranquillité où il y a moins de tumulte que sur le reste du lac ne peut pas être néfaste, bien au contraire ! L’emploi des rames permet donc de se déplacer de façon plus silencieuse, plus discrète, principalement à l’approche du spot, il n’est d’ailleurs pas rare d’approcher des poissons de très près lorsque l’on se déplace à la rame, à condition de ramer doucement, pas comme une brute. Approcher des poissons est également possible au moteur, mais à condition d’évoluer à toute petite vitesse et bien souvent le poisson s’aperçoit de notre présence bien plus vite que lors d’une approche à la rame, ce qui provoque à coup sûr la fuite du poisson et la mise en alerte des autres poissons qui gravitent autour. Il n’y a pas que le moteur sur un bateau qui peut mettre en alerte les carpes, l’écho-sondeur, outil souvent indispensable dans des profondeurs importantes ou dans des eaux chargées qui ne permettent pas de voir les fonds à l’œil nu peut également créer une nuisance sous l’eau à cause des ondes qu’il émet et reçoit. Il faut savoir l’utiliser avec parcimonie pour dégrossir la nature des fonds. La finalisation du sondage peut se faire à la canne ou à l’aide d’un fil à plomb, cela permet de moins éveiller la méfiance du poisson, encore plus lorsque l’on reste stationnaire sur une zone restreinte afin d’approfondir la lecture du fond et le placement du repère. Il est évident que rester discret sur l’eau en limitant l’impact du moteur électrique et de l’écho-sondeur demande quelques efforts, surtout lorsque les conditions sont mauvaises, mais beaucoup de pêcheurs de grands lacs le savent et vous le diront, lorsque le poisson est sur le poste et se manifeste abondamment en surface, mieux vaut limiter sa présence sur l’eau et éviter de quadriller le poste en long, en large et en travers au moteur sous peine d’effrayer le poisson et de le voir quitter la zone, et cela vaut pour beaucoup de types d’eau, quel que soit leur taille. Il y a évidemment des situations où cela ne posera aucune gêne aux carpes, il y a des moments de l’année où elles se plaisent aux abords des plages et des activités nautiques bruyantes, ces moments sont souvent synonymes pour elles d’absence de pression de pêche, donc de danger. Il y’a aussi les moments de frénésie alimentaire où les poissons n’ont qu’une idée en tête, se nourrir, et où la pression de pêche ou encore les bruits incessants dans l’eau de va et vient de bateaux et autres ne les dérangent pas. Mais dans la majorité des situations, trop de nuisances sur l’eau n’est jamais bon, encore plus lorsque le secteur présente peu de profondeur, la quantité d’eau étant moins importante les sons se propagent plus vite que dans les abysses et le poissons ne pouvant pas trouver refuge dans les profondeurs quittera à coup sûr le secteur à la recherche d’un secteur plus calme.
Sur de nombreux sites facilement accessibles, les nuisances humaines sont nombreuses, entre les activités touristiques liées aux beaux jours et les nombreux pêcheurs, la quiétude n’a plus sa place. Il est d’ailleurs déconcertant de voir la différence entre une journée de semaine et le week-end sur le même site, la tranquillité des berges tant appréciable et les résultats sur la pêche sont bien souvent sans équivoque, malheureusement nous ne pouvons pas tous pratiquer notre passion en semaine, d’où l’importance de conserver sa zone de pêche au calme dans le tumulte des week-ends…
De mon point de vue la discrétion sur l’eau et au bord de l’eau est primordiale, je suis un adepte des déplacements à la rame, ceci permet d’évoluer sur l’eau sans bruit, il est d’ailleurs très fréquent d’approcher et de pouvoir observer des poissons de très près alors qu’au moteur le poisson s’enfuit presque instantanément !