Tout droit venue du japon, cette nouvelle technique de pêche des céphalopodes est d’une redoutable efficacité. Mais ce qui distingue le Tataki d’autres techniques plus conventionnelles est bien d’avoir la particularité de permettre de toucher du calamar même en plein jour. Une véritable révolution !
Les montages en potence de turluttes destinés aux céphalopodes existent depuis longtemps. Généralement utilisés en bateau de nuit, à l’aube ou au crépuscule, ils sont constitués d’imitations de 10 / 12 cm montées sur de courtes potences. La première originalité du montage Tataki est d’être composé de toutes petites turluttes de 4 à 6 cm (nommées aussi egis) qui sont spécifiquement conçues pour se maintenir à l’horizontale face au courant et avoir une action très rapide dans l’eau. La taille de ces micros egis apporte une véritable différence puisqu’elle permet de pêcher les calamars même de jour. Ces petits leurres rappellent peut-être à ces céphalopodes le krill constitué de crevettes qu’ils consomment en grand nombre ? Ce n’est bien sûr qu’une supposition mais le constat est là : elles fonctionnent beaucoup mieux que les modèles plus grands et permettent bien de toucher du calamar en pleine journée !
Le montage Tataki
Plutôt que d’être fixées sur des potences, les turluttes à Tataki sont directement accolées à la ligne comme on le fait pour des leurres souples en drop shot. Dans ce cas, il sera nécessaire de laisser une légère boucle au devant de l’attache afin que l’egi conserve son action de nage. Il vous suffira d’effectuer un simple nœud palomar ou, mieux encore, un nœud drooper loop (voir dessin). Chacune de vos imitations devra être espacée l’une de l’autre d’au moins une vingtaine de centimètres. Avec un émerillon en tête afin de l’attacher rapidement et une agrafe pour la plombée terminale, ce bas de ligne simple à réaliser sera prêt à pêcher en quelques instants.
Vous pouvez également effectuer ce montage avec des agrafes directement accolées à la ligne. Les avantages sont multiples ! Ce système d’attache laissant leur liberté à vos imitations, vous n’avez pas à effectuer de boucle. De même, il est fréquent en Tataki de constater que sur un spot ou lors des conditions particulières, une couleur de turlutte fonctionne mieux que d’autres. Profondeur, proies chassées, teinte de l’eau, humeur des céphalopodes etc. sont autant de facteurs qui peuvent leur faire privilégier un coloris spécifique. Avec un bas de ligne à agrafe, il suffit donc de commencer en « visant large » en utilisant un panel de couleurs multiples. Après quelques prises, il est facile de repérer celle qui fonctionne le mieux et de changer toutes vos egis avec ce coloris. Il sera nécessaire de posséder une grande variété de turluttes afin de vous adapter à la plupart des situations. Notez d’ailleurs que ce type de bas de ligne à agrafes existe prêt à l’emploi dans le commerce. Alors, pourquoi donc s’en priver ?
Less is more
Veillez bien à ce que la longueur du montage n’excède pas celle de votre canne. Il sera ainsi plus simple à manipuler hors de l’eau. Vous pourrez aussi le lancer au devant de la dérive pour vous trouver à la verticale du bateau quand il atteindra le fond. Enfin, celui-ci sera bien plus pratique afin d’épuisetter ces céphalopodes facilement. De même, ne surchargez pas ce bas de ligne de turluttes comme un sapin de noël ! Deux à quatre seront suffisantes pour donner un effet banc. En cas de prises multiples de beaux spécimens, le poids et la défense de gros calamars à remonter sur plusieurs dizaines de mètres sera déjà suffisamment fatiguant, vous le constaterez sur le terrain ! De même, un bas de ligne possédant plus de quatre egis est difficilement gérable sur le bateau, surtout lorsque l’on navigue d’un poste à l’autre canne reposée dans son support. Attention alors aux accroches avec les vêtements ! Une telle configuration peut aussi être gênante lorsqu’il faut lancer le montage devant la dérive ou quand il s’agit de démêler les turluttes de l’épuisette. Encore ici, « less is more » !
Pour faire votre bas de ligne, utilisez du fluorocarbone de 30 lb. Cela peut paraître disproportionné par rapport à la puissance des prises. Mais ce choix est en fait lié à la rigidité offerte par ce matériau dans de tels diamètres. Le montage devant être manié vigoureusement, vous éviterez ainsi les emmêlements intempestifs entre vos egis. Certains intercalent avant le montage Tataki une olive de 10 à 20 grammes. Associé à la lourde plombée terminale, le train de turluttes reste ainsi bien droit sans aucun mou, y compris lors des animations les plus violentes.
Ce montage devant impérativement se manier à la verticale, nous vous conseillons de posséder des lests de différents grammages afin de pouvoir vous adapter aux profondeurs rencontrées et à la vitesse de votre dérive. Il est possible d’utiliser des turluttes plombées ou dites « espagnoles » pour multiplier les chances de toucher des céphalopodes. Plus qu’une imitation supplémentaire, elle démultiplie l’attractivité du train d’egis en accentuant l’effet banc. Certains emploient même un madaï jig comme lest afin d’agrémenter leur session par la prise de poissons ! Mais dans les fonds les plus encombrés, privilégiez plutôt l’utilisation d’un simple plomb d’arlesey sous peine de perdre l’intégralité du montage lors d’une accroche ! Des plombées recouvertes d’un film phosphorescent apporte un plus en pêche profonde, à l’aube ou au crépuscule mais ne sont pas indispensables en pleine journée en présence de fonds moyens.
Un maniement surprenant !
L’animation d’un montage Tataki est aussi simple qu’étonnante !
Comme nous vous l’avons déjà dit, la technique du Tataki doit s’effectuer autant que possible à la verticale. Dès le début, il est conseillé d’adapter sa plombée à la profondeur rencontrée et à sa dérive. Une fois au fond, le maniement est particulièrement facile :
- Décollez le montage d’un ou deux mètres et stoppez.
- Secouez votre canne sur place avec vigueur pendant quelques secondes. Les egis s’agitent alors en tous sens comme des proies affolées. Cette action de panique est très attractive pour les céphalopodes et c’est à ce moment qu’ils se rapprochent.
- Arrêtez complètement le maniement et attendez. Les turluttes parfaitement équilibrées se remettent automatiquement dans une position horizontale très attractive. Cette pause peut durer plus d’une minute.
- Si vous n’avez aucune touche, remontez de 5 mètres et recommencez l’animation. Vous exploiterez ainsi toutes les couches d’eau.
Aussi en surface
Les calamars peuvent se trouver en pleine eau. Ainsi, de nuit, à l’aube ou au crépuscule, il est possible d’en capturer à proximité de la surface, y compris avec plusieurs dizaines de mètres de fond sous le bateau. Sachez néanmoins qu’en plein jour, ils se tiennent plutôt dans les couches inférieures et qu’il est inutile de relever la ligne trop haut. Encore ici, une tresse graduée vous sera particulièrement utile afin de définir dans quelle strate d’eau se trouve votre train d’egis.
Les bonnes profondeurs pour pratiquer le Tataki varieront selon les régions. Les calamars se déplaçant vers le large en journée, leur zone de tenue dépendra du moment où vous les pêcherez. Le principe consiste à les intercepter durant leur migration, aussi bien quand ils repartent que lors de leur retour en terre. Une bonne solution est donc de prospecter à différents niveaux afin de trouver celui correspondant à l’heure de la journée. Avec un peu d’expérience, vous constaterez que les bancs se trouvent généralement dans des fonds identiques aux mêmes créneaux horaires. De 20 à 80 mètres de profondeur, l’essentiel est alors de rechercher les boules de poissons fourrage qui attirent les calamars. Privilégiez les bancs évoluant juste au dessus du substrat. Sur un bon sondeur, il est même possible de repérer directement ces céphalopodes. L’absence de vessie natatoire présente chez les poissons les fait en effet apparaitre d’une couleur différente. Tout dépend de votre sondeur et de son réglage mais, généralement, les poissons sont visibles en rouge et les calamars seront représentés par des échos allongés de couleur bleue.
A certains moments, vous remarquerez que des mouvements plus doux correspondent mieux à l’humeur des calamars. Ainsi, le simple fait de baisser ou de relever progressivement le montage suffit parfois à les décider. A d’autres moments, une absence de maniement peut également convaincre ces céphalopodes. Certains posent même la canne dans son support et laissent le seul roulis du bateau faire le travail. Ils peuvent ainsi pêcher avec une autre canne et multiplier les chances de captures. A l’usage, vous constaterez néanmoins que si cette méthode passive peut fonctionner, elle est néanmoins bien moins productive qu’une véritable animation Tataki effectuée « dans les règles ».
Matériel de pêche pour le tataki
Une simple canne à soutenir d’une puissance de 50 à 150 grammes suffit pour pratiquer le Tataki. L’essentiel est qu’elle soit suffisamment sensible afin de ressentir les touches de calamars qui, même sur les gros sujets peuvent parfois être très fines. Elle devra de même posséder une action assez progressive car une canne raide associée à de la tresse provoquera de nombreux décrochés ou arrachera les fragiles tentacules lors du combat. A l’usage, une canne casting à l’action douce de type bay jigging ou slow jigging offre des avantages indéniables. La libération de la ligne s’effectue par une simple pression sur la gâchette, rendant le contrôle de la profondeur bien plus facile. Contrairement à un moulinet spinning, un casting permet également de ressentir les touches à la descente et offre une meilleure réactivité au ferrage puisqu’il embraye dès que l’on actionne la manivelle. La maitrise de l’animation et le confort de pêche sont ainsi fortement optimisés. Essayez : vous constaterez qu’une fois testé, vous aurez du mal à vous en passer !
Une tresse fine entre 10 et 14/100 est vivement conseillée. Ces faibles diamètres offrent bien assez de résistance pour la plupart des calamars rencontrés et permettent de mieux rester à l’aplomb avec moins de poids. Il est en effet nécessaire d’être au maximum à la verticale afin que le montage soit attractif. Et il est toujours plus agréable de manier un lest léger quand on pratique durant toute une journée ! Comme nous l’avons évoqué auparavant, une tresse graduée est très utile pour la technique du Tataki. Dès la première prise, ces indications de couleurs vous permettront de définir à quelle profondeur se tient le groupe de calamars. Il sera alors facile de faire redescendre votre train d’egis dans la bonne couche d’eau. Cette espèce vivant en bancs parfois compacts, il est donc possible de multiplier les captures. En anticipant le déplacement des calamars, il nous est ainsi arrivé d’en pêcher jusqu’à plusieurs dizaines en quelques heures ! Signalons enfin que vos prises n’étant tenues que par leurs fragiles tentacules, n’essayez pas de les retirer de l’eau sans épuisette. Les pertes seraient nombreuses ! Un large filet à mailles caoutchoutées assurera vos captures et vous évitera d’avoir à perdre du temps à démêler les couronnes d’épines de vos turluttes. Tous ceux qui ont vécu l’expérience avec filet en nylon ou en fil comprendront !
De nouvelles possibilités de pêche
Avec des techniques plus classiques, la pêche des calamars se déroule généralement durant l’hiver. L’originalité du Tataki n’est pas uniquement de permettre de toucher ces céphalopodes en pleine journée mais également d’étendre la saison de sa pêche de manière considérable. Ainsi, nous avons pu en capturer de septembre jusqu’en juin ! Seul l’été correspond à une période où leur présence de jour est rare. Une excellente solution pour faire facilement des calamars en vue d’une consommation personnelle ou afin de les utiliser comme vifs, aussi bien sur un simple montage à deux hameçons de type stewart que sur un fireball !
Bien sur, les meilleurs mois vont d’octobre à avril, périodes où le refroidissement des eaux fait que ces céphalopodes se rapprochent de nos côtes. Mais par rapport à d’autres techniques plus traditionnelles, le Tataki ouvre de nouveaux horizons à tous les amateurs d’egging : pouvoir pêcher de jour des calamars, y compris en dehors des périodes classiques avec une technique si simple que même un enfant peut la pratiquer !