La pêche au madaï jig en fait partie des différentes techniques de pêche en mer en verticale depuis une embarcation. Que ce soit aux leurres souples ou aux leurres durs, elles ont toutes des spécificités qui leur sont propres. Nous allons ainsi vous présenter la pêche au madaï-jig, une technique assez amusante qui permet principalement de s’attaquer aux sparidés.
Madaï-jig ? Quelle est cette technique ?
Il s’agit d’une technique qui de premier abord s’apparente à du jigging. Cela est en partie vrai car la prospection se fait de manière quasi similaire. Mais l’animation est toute autre et requiert un matériel spécifique. Elle se déroule également en dérive plutôt assez lente afin que vos leurres puissent bien prospecter une zone déterminée.
Cette pratique utilise des leurres qui imitent plus ou moins réalistement des céphalopodes : poulpes et calamars. Ce sont donc les sparidés tels que pagres et dentis qui sont les premiers poissons ciblés. Les gros labres en atlantique y sont également réceptifs ainsi que les gros bars, maigres et lieus qui seront de la partie. En méditerranée, la plupart des prédateurs sont susceptibles de s’y intéresser : sérioles, thonidés, chapons, gros sévereaux feront également partie des poissons touchés.
Matériel de pêche pour le madaï jig
La technique en elle-même n’est pas difficile, il faut comprendre les principaux mécanismes pour rapidement avoir des résultats. En revanche, il convient de ne pas prospecter dans le vide. Pour cela, le bateau doit être impérativement équipé d’un sondeur de bonne qualité. La définition de l’écran doit être suffisante dans le but d’obtenir une détection du relief fiable ainsi que de pouvoir observer les bancs de petits poissons constituant la nourriture des prédateurs. Il doit également être capable de sonder à des profondeurs importantes afin de pouvoir s’adapter aux différentes conditions de pêche. Une profondeur réelle de sondage de 300m étant recommandée. Attention aux profondeurs théoriques qui affirment un sondage a 250m et qui en réalité décroche à 80m. Il ne faut pas oublier que les vagues et la vitesse du bateau, les différentes couches d’eau et de plancton perturbent considérablement le passage des ondes et donc le bon déroulement du sondage. Une sonde en 50/200hz est de mise, les versions 83/200/400hz étant réservées aux eaux peu profondes. Privilégiez un écran couleur dit « plein soleil » qui offrira une meilleure lecture de l’image qu’un écran monochrome ou couleur classique.
Sondeurs et GPS : des outils indispensables !
Le deuxième outil indispensable est le GPS muni d’une cartographie. Il s’agit d’un outil magique qui vous permet de retourner précisément sur vos spots favoris. Il suffit d’enregistrer les coordonnées d’un spot productif soit en se positionnant à la verticale, soit en rentrant les coordonnées manuellement. Et vous pourrez y retourner à volonté. La cartographie vous permettra de dégrossir visuellement le terrain : de nombreuses pierres, épaves y sont indiquées ; grâce aux lignes de sonde les reliefs sont visibles et dévoilent les tombants, les plateaux. Les nouvelles générations d’appareils permettent même d’obtenir des lignes de sondes tous les 3m, et enregistrent les sondages que vous effectuez afin d’en restituer une cartographie ultra détaillée. Ces appareillages de pointe paraissent au premier abord un grand luxe, mais en réalité il s’agit d’outil de prospection qui va vous faciliter remarquablement la pêche. Ceci étant dit, ce n’est pas pour autant que vous ferez du poisson à chaque descente.
Comme vous l’aurez compris, pour cette pêche il vous faudra utiliser une canne souple afin de pouvoir imprimer au leurre des animations les plus réalistes possible. C’est l’erreur que commettent beaucoup de débutants, utiliser un matériel trop raide ce qui a pour effet de bien souvent provoquer un refus d’attaque sur des poissons pourtant en chasse. Des à-coups brutaux sur le leurre et c’est la réaction de fuite instantanée. Il faut donc animer souplement, se servir de l’élasticité de la canne pour faire réagir le leurre de la manière la plus attractive.
Les versions commercialisées pour cette pêche sont parfaitement adaptées. Elles sont prévues pour animer des leurres entre 30 et plus de 120gr. Elles doivent être équipées de moulinets les plus légers possibles. Un poids excessif déséquilibre défavorablement l’ensemble. Le moulinet doit pouvoir accueillir entre 150 et 300 m de tresse de 20lbs, ce qui suffit amplement pour cette technique. Il ne faut pas oublier que ce sont des poissons de moins de 10 kg qui sont traqués.
Un bas de ligne en fluorocarbone de 15 à 30lbs est recommandé. La plus forte résistance est conseillée pour la pêche à proximité immédiate des obstacles afin de limiter la perte des poissons par l’abrasion, en revanche il faut être conscient qu’en cas d’accroche c’est le corps de ligne qui risque de céder.
Quels sont les spots clés pour le madaï jig?
- Des roches isolées au milieu d’un banc de sable. Il s’agit du spot typique qui attire une foule de fretin et donc de prédateurs. Si elles sont placées dans des profondeurs comprises entre 30 et 60m, vous êtes quasiment certains que vos leurres vont passer devant la bouche de gros sparidés.
- Les cassures sur un plateau : sur les fonds marins, chaque changement de relief, même de quelques dizaines de centimètres constitue des zones d’alimentation, de refuges pour la mange. Cela constitue donc des zones de chasse pour les prédateurs. Certains plateaux rocheux sont parsemés de failles et de marches qu’il convient de déceler. Les plateaux sablonneux sont moins intéressants mais peuvent parfois réserver de belles surprises
- Des tombants exposés au courant : il s’agit des secteurs qu’affectionnent les prédateurs. Les courants amènent une manne providentielle de nourriture. La moindre irrégularité sur une faille provoque des changements de courants qui bien souvent accumulent ces aliments. On y retrouve un concentra de poissons qui est facilement visible au sondeur.
- Des chenaux : sur les fonds réguliers le moindre chenal, qu’il soit naturel ou artificiel, représente une zone souvent fréquentée par les gros poissons et donc les prédateurs.
- Des épaves : les épaves de gros navires et qui sont encore en bon état peuvent être assimilées à des HLM à prédateurs qui y trouvent à la fois un abri et un garde-manger. Même si il constitue un obstacle majeur où l’on risque d’y laisser des leurres, il convient de ne pas négliger ce genre de spot.
A quoi ressemble ce madaï-jig ?
Les madaï -jigs sont initialement des leurres destinés à la pêche à la traîne : il s’agit d’une tête plombée équipée d’une jupe ou de filaments élastiques destinés à imiter un céphalopode. Leur usage a été détourné afin de les utiliser en pêche en verticale. Il existe une multitude de déclinaisons que l’on peut diviser en 2 sous catégories :
1- Les rubbers-jigs : il s’agit d’un leurre dont la tête est collée à la jupe. Cette dernière est constituée de filaments souples et élastiques qui ondulent à la moindre sollicitation. La forme globale est plutôt celle d’un poulpe.
2- Les inchiku : Leur tête allongée est séparée de la jupe constituée par un octopus. Cela a pour but de créer une articulation qui valorise le réalisme de la nage. Ces leurres ressemblent beaucoup aux calamars.
En revanche, ils sont tous armés d’assist doubles. Il est intéressant de constater que toutes les couleurs sont susceptibles de stimuler les poissons, mais certaines ont des rendements plus importants que d’autres. Le rose et le phosphorescent remportent la palme, notamment au lever et coucher du soleil, ainsi que par temps sombre ou profondeur importante. Le bleu et le vert sont plus productifs par temps ensoleillé et par faible profondeur. Les autres couleurs ne sont que aléatoirement productives mais peuvent parfois réserver de belles surprises.
Comment pêcher au madaï jig ?
De manière globale, l’animation doit être lente. Elle doit le plus se calquer sur le comportement des animaux que sont censé représenter les leurres. Pour le cas des rubbers-jigs ce sont des poulpes qui sont imités. Leur animation doit être très lente, ponctuée de temps de pose sur le fond et entre 2 eaux. Le leurre doit toujours évoluer à proximité du fond, tout au plus quelques mètres au-dessus afin de ne pas éveiller les soupçons. Il faut savoir qu’un poulpe lorsqu’il se déplace, « saute » de roche en roche. Votre leurre doit donc très régulièrement toucher le fond.
Dans le cas des inchikus, une animation un peu plus rapide est conseillée, parfois ponctuée de légères accélérations. De plus grandes couches d’eau peuvent être prospectées, ce qui permet de toucher aussi du poisson pélagique. Les calamars en chasse ou en fuite sont capable d’effectuer des rushs assez rapides, mais globalement, leur déplacement est lent et linéaire, ponctué d’arrêts.
Ainsi, les animations vont du simple soulèvement de scion, suivi d’une redescente, à une forme de slow-jigging alterné de temps de pause. Quelques accélérations pour stimuler une fuite du leurre peut provoquer des attaques. Il convient de soigneusement prospecter la zone que vous avez choisi de pêcher. Parfois, plusieurs dérives sont à envisager afin d’enregistrer une capture. Le positionnement du bateau est déterminant. Vous devez analyser votre dérive afin de placer votre embarcation en amont du spot pour dériver précisément au-dessus de celui-ci. Il est également important que vos leurres évoluent dans la bonne couche d’eau, notamment pour les inchikus. En effet, les prédateurs ne se déplacent pas systématiquement pour attaquer vos leurres. Ceci est dû au simple fait que vous pêchez sur une zone qui est probablement bien pourvue en nourriture naturelle. Il est donc impératif de lui placer le leurre « devant sa gueule » pour stimuler les attaques.
En revanche, c’est au moment de laisser le leurre redescendre qu’il faut être vigilant et garder le contrôle de la ligne. En effet, c’est souvent pendant la descente du leurre que les attaques ont lieu. Il est fréquent que des poissons curieux suivent le leurre sans pour autant l’attaquer, et c’est lors du changement de direction de celui-ci que le réflexe d’attaque survient. Pour cela, la main qui mouline doit toujours pincer légèrement la tresse afin de ressentir le moindre arrêt ou accélération du débit de tresse. Toute sensation suspecte doit être suivie d’un ferrage immédiat.
Les combats sont parfois violents, et malgré la finesse du matériel employé vous pourriez être surpris de la taille des poissons qu’il est possible de sortir. En effet, l’élasticité de la canne y est pour beaucoup et amortie avec efficacité les coups de tête rageur des gros sparidés. Lorsque l’on a la chance de tomber sur des pélagiques, s’engage alors des combats mémorables pouvant durer plusieurs dizaines de minutes et dont l’issue est incertaine. Mais cela fait partie des règles du jeu. Vous pourriez être susceptibles de monter une ligne plus grosse, mais sachez que vous enregistrerez moins de touches, voire plus du tout. La pêche au madaï-jig est une pêche fine à la fois technique et amusante qui, nous en somme sûr, vous procurera de fortes sensations.
Trailer et teaser :
Comme dans beaucoup de pêches aux leurres, il est possible d’augmenter le rendement d’un madaï-jig. L’ajout d’un trailer sur les assist permet de camoufler ces derniers augmentant les chances de toucher des poissons. Certains pêcheurs vont jusqu’à rajouter des morceaux de crevettes ou d’encornet sur les assists. En méditerranée cette astuce fut rapidement abandonnée du fait que les poissons de roches tels que sarrans et vives se jettent littéralement sur les leurres rendant la pêche plus complexe. En revanche, l’ajout de teasers tels que mitraillettes ou raglou permet de localiser les bancs de mange éparses qui sont susceptibles d’attirer les prédateurs. Une fois le banc de fretin repéré, il suffit de retirer les teaser et d’insister sur la zone. Il y a fort à parier que votre madaï finisse par trouver preneur.