La pêche au coup est une technique très pointue où le moindre petit détail peut parfois faire une très grosse différence. Tout doit toujours être minutieusement pensé et préparé suivant les conditions rencontrées pour optimiser ses chances de réussite. Stéphane Pottelet nous propose de voir tout cela en détail.
La préparation et le choix du matériel sont des facteurs déterminants pour la réussite. La préparation en amont, c’est-à-dire à la maison, prend souvent beaucoup de temps de manière à toujours tout avoir à portée de main au bord de l’eau. Tous les cas de figure possibles et imaginables doivent être anticipés de manière à pouvoir toujours être en mesure de trouver la bonne ligne, le bon bas de ligne, le bon hameçon, la bonne amorce, etc. Au sein de la compétition, on trouve de nombreux pêcheurs très méticuleux qui apportent un soin aux moindres petits détails. Stéphane Pottelet en est d’ailleurs le parfait exemple. Stéphane est aujourd’hui le meilleur compétiteur français et compte aussi parmi les meilleurs internationaux. Pour lui, la préparation est une phase très importante qui doit demander la plus grande rigueur. C’est pourquoi il revient aujourd’hui sur les 5 points fondamentaux qui ont un rôle très important voire même pour certains déterminant pour la réussite.
Le choix de l’hameçon
La réponse de Stéphane Pottelet : « J’ai décidé aujourd’hui de me contenter à 5 paramètres fondamentaux car si on devait tous les énumérer, la liste serait bien plus exhaustive. Toutefois, j’estime que lorsque ces 5 paramètres sont parfaitement maitrisés, c’est déjà très bien. La première chose très importante est de bien connaitre ses hameçons. Le choix de l’hameçon est bien évidemment très important mais je dois dire que j’attache aussi une grande importance à son poids. Certains poissons comme les gardons aspirent l’esche. Vous l’aurez donc bien compris, sur les pêches techniques et délicates, lorsque les poissons font de toutes petites touches, le fait d’utiliser un hameçon fin de fer et léger apporte incontestablement un vrai plus, l’hameçon est plus facilement assimilable. Pour ma part, j’utilise les hameçons Sensas 3530 fins de fer et dotés d’une longue tige. Cette longue tige possède aussi l’avantage de faciliter le décrochage du poisson et l’eschage. Lorsque les poissons sont mordeurs et qu’il convient de les pêcher rapidement, j’utilise les hameçons Sensas 3630. Un peu plus fort de fer que les 3530, ces modèles sont parfaits pour pêcher les poissons de taille moyenne. Pour pêcher les beaux poissons délicats (brèmes, plaquettes et gros gardons), j’opte pour des hameçons plus arrondis tels les Sensas 3260, cet hameçon arrondi et fin de fer est vraiment parfaits pour toutes les pêches techniques de poissons de fond. Pour finir, je réserve les hameçons Sensas 3080 pour les pêches de moyens et gros poissons mordeurs. Ils bénéficient d’une large ouverture permettant ainsi d’escher facilement des esches plus volumineuses comme des casters ou des vers de terre. »
[box type= »success » align= »aligncenter » class= » » width= » »]
Les hameçons utilisés par Stéphane Pottelet
Hameçons Sensas 3530
Hameçons fins de fer à longue tige parfaits pour les pêches techniques ou les pêches classiques de gardons au vers de vase ou pinky.
Hameçons Sensas 3660
Hameçons à tige longue un peu plus forts de fer que les Sensas 3530. Modèles parfaits pour les pêches assez rapides, lorsque les poissons sont mordeurs.
Hameçons Sensas 3260
Hameçons de forme arrondie assez fins de fer pour les pêches de fond.
Hameçons Sensas 3080
Hameçons forts de fer dotés d’une large hampe pour les pêches de gros poissons avec des esches volumineuses.
[/box]
Diamètre de l’antenne
La réponse de Stéphane Pottelet : « La forme du flotteur, le choix de la matière de l’antenne et son diamètre sont des paramètres très importants. Le diamètre de l’antenne doit être adapté suivant les poissons recherchés et suivant le type d’appât utilisé. Pour les pêches fines et techniques, j’utilise des antennes fibres ou fers. Les antennes fers ont l’avantage d’être ultra sensibles mais lorsqu’il y a du vent ou lorsque la luminosité ne permet pas forcément de toujours bien voir une antenne fer à 13 m, je préfère alors passer sur un flotteur doté d’une antenne fine en fibre. Pour faire simple, il faut bien retenir que plus la pêche est technique et plus il faut utiliser une antenne fibre, à même de couler au moindre petit coup de nez du poisson. Pour moi, le diamètre de l’antenne est aussi très important. Plus l’antenne sera fine et plus l’aspiration de l’esche par le poisson sera facile. Pour les pêches de vitesse, je pêche souvent avec les flotteurs Gilles qui possèdent même une antenne en fer. L’antenne en fer est encore plus sensible qu’une antenne en fibre. Pour les pêches qui nécessitent d’utiliser des esches un peu plus grosses que celles utilisées pour les pêches au ver de vase, j’opte alors pour un flotteur doté d’une antenne un peu plus porteuse. Je préfère dans ce cas utiliser une antenne en plastique fin, surtout pour les pêches décollées de gardons entre deux eaux. Pour finir, lorsque je recherche les gros poissons et qu’il convient de pêcher avec de grosses esches, j’utilise des antennes beaucoup plus denses. Le diamètre de l’antenne est en fait proportionnel aux esches utilisées. Je pêche donc très souvent les gros poissons au ver de terre, au bouquet d’asticots avec des flotteurs munis d’une grosse antenne plastique voire d’une antenne en plastique creuse de 2 mm. »
Granulométrie et mécanique de l’amorce
La réponse de Stéphane Pottelet : « Là encore, il y aurait de quoi écrire des pages et des pages. On va donc essayer de synthétiser tout ça en quelques lignes. Je vais donc vous donner ma vision des choses sachant que d’autres peuvent avoir une toute autre approche tout à fait recevable. Pour moi, plus l’amorce est dotée d’une grosse granulométrie, plus elle va gaver rapidement les poissons. Pour ma part, je pense que les fines particules sont plus facilement assimilables par les poissons. D’autres, au contraire, sont convaincus que les amorces de plus grosses granulométries permettent de déclencher des touches rapidement et de sélectionner la taille des prises au fil de la partie de pêche. Cette approche n’est pas fausse mais pour moi, le fait d’utiliser une amorce très fine ne permet pas forcément de démarrer moins rapidement que ceux qui utilisent une amorce plus grossière. En revanche, je pense que cela permet de tenir les poissons plus longtemps sur son coup ce qui est donc un avantage lorsque l’on pratique en compétition. De plus, je n’ai pas forcément remarqué que le fait d’utiliser une amorce très fine ne permettait pas de prendre des jolis poissons. Ensuite le fait d’ajouter de la terre plus ou moins nuageante n’a pas aussi le même effet. Une amorce nuageante permet d’attirer rapidement les poissons sur le coup sans pour autant avoir un effet sélectif sur la taille des prises. Une amorce qui « fume » moins présente l’inconvénient d’avoir un peu moins de touches au départ mais par contre, elle se montre beaucoup plus sélective sur la durée. Vous l’aurez donc bien compris, sur les parcours où il y a quelques beaux poissons, j’utilise une amorce fine mais j’ajoute une terre que ne fume pas. En revanche, lorsqu’il s’agit de faire du nombre et de pêcher très rapidement les petits ou poissons de taille moyenne, l’amorce reste toujours fine mais elle possède un effet traçant beaucoup plus prononcé. Pour finir, il faut donc retenir que si vous recherchez à attirer très rapidement les poissons, il vous faudra utiliser une amorce avec de la terre qui brouille l’eau. Si, au contraire, le parcours sur lequel vous pêchez recèle quelques jolis poissons qui permettent de faire la différence, il faut alors plutôt privilégier une amorce qui sera plus longue à démarrer (effet non traçant) mais qui vous permettra, au fil du temps, de sélectionner la taille de vos prises.
Choix de l’élastique
La réponse de Stéphane Pottelet : « Encore un sujet très vaste ! Le choix de l’élastique est aussi très important et il doit être en parfaite adéquation avec le type d’hameçon utilisé. Il est évident qu’il n’est pas logique d’utiliser un gros élastique intérieur (1 ou 1,2 mm) avec une ligne qui se termine par un petit hameçon très fin de fer. Un élastique trop dur sur un hameçon trop fin n’est pas recommandé et aura tendance au augmenter le risque d’ouverture de l’hameçon au ferrage et conduira à perdre vos gros poissons. Le but de l’opération est donc de toujours trouver la bonne adéquation entre le type d’hameçon et sa taille avec celle du diamètre d’élastique à utiliser. Pour ma part, pour les pêches fines et sensibles, j’utilise des élastiques fins en latex (de 0,6 mm à 0,8 mm). Le latex a vraiment l’avantage d’être très souple et permet d’amortir parfaitement les ferrages tout en assurant une parfaite pénétration de l’hameçon dans la bouche du poisson. Même pour les pêches de beaux poissons, il faut utiliser des élastiques en latex mais avec une gomme un peu plus dure et bien évidemment, utiliser des diamètres supérieurs. Je vous recommande d’ailleurs de vérifier régulièrement vos scions et l’état de vos élastiques pour éviter toute mauvaise surprise en cours de pêche, surtout si vous tenez un gros poisson au bout de votre ligne. Par ailleurs, au bout de deux ou trois parties de pêche, je vous conseille de couper les 20 premiers centimètres de votre élastique, surtout si celui-ci est en latex, afin de pêcher toujours avec un élastique flambant neuf. C’est là que les petites échelles coniques sont très appréciables car elles permettent aussi d’affiner la tension de vos élastiques suivant les conditions de pêche que vous allez rencontrer. Soyez aussi très vigilants sur ces petits détails. On a trop vite fait de perdre un concours en raison d’une petite négligence au niveau du matériel. »
Choix du plomb de touche
La réponse de Stéphane Pottelet : « Concernant ce sujet, là encore il y a plusieurs façons de faire. Certains préfèrent utiliser de gros plombs de touche alors que d’autres ne jurent que par des petits plombs de touche. Certains poissons comme les gardons aspirent l’esche et aiment plutôt les montages assez raides. Mes lignes spécifiques pour pêcher les gardons sont généralement montées avec un plomb de touche n° 10 ou n° 9 et sont équipées d’un bas de ligne de 12 cm. Même lorsque les eaux sont froides, il ne faut pas hésiter à utiliser un plomb de touche assez gros. Les gardons aiment vraiment les esches assez statiques. En revanche, pour les pêches de beaux poissons comme les brèmes et les carpes, c’est une toute autre histoire. Personnellement, je suis plutôt un fervent amateur des petits plombs de touche (n° 12 ou n° 11). Une plaquette détectera moins facilement votre ligne avec un petit plomb de touche et vous aurez aussi de plus belles remontées de flotteurs. Il faut utiliser des bas de ligne plus longs et utiliser des montages beaucoup plus souples en plaçant aussi les plombs plus hauts sur le corps de ligne. Il est important que la ligne se mette plus lentement en place car parfois, les plaquettes se tiennent entre deux eaux et il ne faut pas vous couper la chance d’en prendre une lorsque l’esche descend lentement sur le fond.
J’espère que ces conseils vous serviront pour vos prochaines parties de pêche et que vous prendrez encore plus de plaisir à pratiquer votre passion tout au long de l’année. »
Un grand merci à Stéphane pour toutes ses explications et pour le temps qu’il a bien voulu me consacrer. Au nom de toute l’équipe, nous lui souhaitons le meilleur pour la saison à venir !
[box type= »info » align= »aligncenter » class= » » width= » »]Vous aimez pêcher au coup? Alors découvrez les autres articles traitant d’autres techniques de pêche au coup du magazine 1max2peche[/box]
[box type= »success » align= »aligncenter » class= » » width= » »][wysija_form id= »7″][/box]