Redécouvert l’année dernière par hasard, le chatterbait est un leurre qui possède déjà de la bouteille puisque je l’avais testé en 2006 sans réussite et je l’avais oublié au fond de mes boites. La pêche au leurre étant un éternel recommencement, il aura fallu attendre le printemps dernier pour que j’arrive à le domestiquer et à réaliser à quel point il est efficace.
Comme pour beaucoup de leurres il se raconte que le chatterbait a été inventé dans un garage aux Etats-Unis par un pêcheur bricoleur qui souhaitait faire vibrer un rubberjig. Le principe de base repose sur la résistance à la pression de l’eau qui fera décrocher une palette et ainsi enverra une multitude de flash lumineux, mais aussi et surtout donnera une vibration frénétique qui se transmettra aux filaments du rubberjig. Il se dit que ce génial bricoleur, passionné de pêche des black bass, donna quelques exemplaires à des amis compétiteurs qui popularisèrent ce leurre très efficace. La marque Adam’s comprit rapidement l’intérêt de cette tête plombée vibrante et la commercialisa alors sous son nom actuel « Chatterbait » qui devint rapidement un nom générique.
La palette du chatterbait
C’est en quelque sorte elle qui fait tout le boulot, d’ailleurs Savage Gear a tout compris puisqu’ils ont sorti une tête plombée simple équipée d’une palette de chatterbait que l’on équipe d’un leurre vermiforme. Il se comportera alors comme une civelle en reptation.
Cette palette est généralement en forme d’hexagone allongé mais un simple rectangle suffirait. On la trouve en plusieurs coloris, en martelée, peinte ou brute. Le principe est simple, si on attache une surface carrée en son centre avec un anneau et que l’on tire ceci sous l’eau, la pression de l’eau va plaquer cette surface uniformément puis la pression augmentant, la palette va décrocher pour se positionner de profil. La vibration émise va alors faire que cette palette quitte son profil, la pression la remettra face à la direction de traction et ainsi de suite.
On obtiendra là une vibration très puissante, une quasi pulsation que l’on ressentira bien dans la canne et qui poussera beaucoup d’eau.
Ce qui surprend de prime abord avec cette palette est son point d’attache. J’ai vu nombre de pêcheurs se gratter la tête à propos du sens où attacher celle-ci. Désormais les fabricants placent une agrafe dans le bon sens mais il existe des chatterbait avec seulement un anneau brisé sur la palette.
Très peu d’innovation ont été faite avec ce leurre, on peut citer quand même l’axe souple de la marque Booyah avec son Boogee Bait qui donnera de la mobilité à l’hameçon, et certains chatterbait US équipés d’un hameçon texan pour passer dans les endroits encombrés.
Animation du chatterbait
J’avoue avoir pris le plus de poissons sur les bordures avec un simple ramené en linéaire. Les puissantes vibrations faisaient réagir les carnassiers sans qu’il soit besoin de plus d’animation. Néanmoins comme il ne s’agit en fait que d’une simple tête plombée, on peut aussi pêcher à gratter le fond, en traction, en lui faisant faire des bonds, voir même de violents jerks qui feront décrocher la palette et accélérer la récupération.
C’est un leurre de réaction comme la cuiller, il convient donc de ne pas trop s’attarder sur l’animation. Si les poissons n’en veulent pas c’est qu’ils ont peur donc passez au leurre souple simple. Le chatterbait n’imitant rien de connu, il est inutile de lui adjoindre un trailer représentant un poisson, on aura au contraire tout intérêt à monter derrière un leurre créature pourvu d’appendices qui vibreront ou d’une flagelle d’un simple twist. J’ai eu beaucoup de réussite avec un Xlayer de Megabass qui possède en outre un rattle incorporé que la vibration de la palette fait sonner sans interruption.
La pêche au chatterbait
Ce leurre prend tous les carnassiers, même les sandres qui d’habitude ne sont pas fan des leurres durs. Le chatterbait étant à la base une tête plombée il coule vite et sa palette n’influe pas sur sa profondeur de nage, on peut donc lui faire raser le fond tout comme on peut le ramener canne haute en sub surface, le sillage alertera alors les carnassiers de loin.
Ce leurre combine les signaux vibratoires métalliques très puissants de la palette à ceux plus subtils des lanières de silicone du rubberjig, voire celles émises par le trailer qui peuvent être de différentes natures. Le trailer va aussi donner un effet de volume en présentant une belle bouchée au carnassier, ne lésinez pas sur sa taille, 10 cm est un minimum pour obtenir une belle ondulation du leurre.
Un chatterbait se suffit pourtant à lui même et j’ai pris quelques perches sans aucun trailer, celui ci peut s’utiliser le long de gros bloc rocheux où la chute rapide du chatterbait n’étant pas ralentie par un trailer déclenchera une attaque réflexe des percidés.
Pour le brochet qui reste très amateur de ce type de leurres, on pourra se contenter de pratiquer en linéaire le long des bordures ou dans les zones encombrées. Le chatterbait passe plutôt bien dans les secteurs un peu scabreux mais pas encore aussi bien qu’un spinnerbait. En eau claire les flashs de la palette se voient de loin et sauront mettre en alerte les becs très sensibles à ces signaux lumineux.
Seule constatation que j’ai pu faire l’année dernière, ce leurre est diabolique en début de saison mais semble perdre de son intérêt à l’arrivée de l’automne. Peut être que ses pulsations rebutent à ce moment les poissons qui changent d’étagement dans la couche d’eau. En attendant la réussite fut totale au printemps pour moi avec ce leurre qui dominait largement les autres. En pêchant à trois sur ma barque et en étant à l’arrière, donc pêchant le dernier sur un poste, c’est sur mon chatterbait que mordaient les carnassiers.
Conclusion
Ce leurre arrivé des USA a comme son cousin le spinnerbait mis du temps à s’imposer dans le paysage halieutique français. Dorénavant les pêcheurs commencent à s’intéresser à ce leurre ultra vibrant, et on réalise même que les truites et les chevesnes apprécient la version mini. Pour ma part il est adopté et pour la prochaine ouverture ce sera lui qui aura les honneurs des premiers lancers pour la réouverture du lac de Pannecière où il fera fureur, j’en suis persuadé.