La pêche au toc est sans doute la pêche à la truite la plus utilisée en France. Selon les influences régionales, elle revêt des subtilités dans le matériel et il serait dommage de ne pas s’approprier certaines d’entre elles. Regardons l’existant selon notre territoire et comprenons comment s’en servir.
Pour comprendre ce que nous pouvons identifier par le terme de canne, il nous faut définir ce que nous attendons de cet « outil ». L’objet premier d’une canne est d’être un levier qui permet d’amener ou plutôt de présenter un appât à la truite. Avec les décennies, nous affinons ce critère par d’autres tous aussi importants. Elle doit permettre un ferrage efficace, posséder suffisamment de puissance pour lutter lors des combats, limiter les casses de fil et être légère pour pêcher des heures.
Le lieu de pêche
Le pêcheur au toc possède plusieurs visages qui sont le reflet de sa pêche. Tantôt dans les cimes des montagnes en pêchant les petits rus escarpés, d’autres fois dans les plaines aux rivières larges, dans les rivières des sous bois encombrés… Tous ont au moins un point commun, c’est d’avoir un matériel qui répond aux exigences du milieu pour pêcher sereinement. Nous avons en France un patrimoine aquatique exceptionnellement diversifié. Chaque région possède ses propres contraintes et critères pour fabriquer ses cannes de pêche au toc. Du simple morceau de bambou à la dernière canne en carbone, en voici quelques exemples utiles selon la pêche pratiquée.
Les pratiques en milieu dégagé
La pêche à la volante est sans doute celle qui est la plus désuète. Elle fait pourtant encore la joie de quelques pêcheurs dans les ruisseaux de semi altitude ou de plaine. Technique qui n’a pour canne qu’une longueur de bambou et de fil de 2 à 3 m et qui possède comme appât roi la sauterelle. L’objectif est de projeter avec la souplesse du scion par un lancer arbalète la sauterelle le long des berges pour que la truite s’en saisisse.
La pêche à la barre est proche de cette précédente mais la longueur de la canne – barre – peut atteindre 7 ou 8m avec un fil qui n’excède pas un mètre et une plombée très légère. Dans le massif central, les appâts sont la mouche naturelle et la sauterelle, quelquefois le ver de berge sur les petits orages d’été. Dans les Alpes, cette pratique est utilisée non pas sur les plateaux des monts dégagés mais en rivière rapide avec des plombées plus lourdes et des appâts tels que le porte-bois, patache et bien sûr, vers de terreau. Pour pêcher efficacement, cette pêche s’effectue avec très peu de dérive et se concentre près des abris et zones calmes suspectés de renfermer des poissons.
La pêche en dérive naturelle est la dernière et la plus récente de cette classification. La canne peut avoir une longueur qui oscille entre 3,15 et 4,9 mètres selon la largeur des milieux pratiqués avec une action progressive permettant de lancer loin les appâts sans les déchirer et de brider en souplesse les beaux poissons. Pratiquée sur les rivières et les fleuves de la France entière, tous les appâts peuvent être utilisés sans distinction et le but est de prospecter les lignes de courants.
Les pratiques en milieu couvert
La pêche dans les petits cours d’eau encombrés est sans doute celle qui a demandé le plus d’ingéniosité. Tout est pensé pour éviter au pêcheur de perdre du temps dans sa pratique. La première des pêches utilise une canne réglable en longueur grâce à des bagues auto-serrantes pour modifier en quelques fractions de secondes la longueur pour atteindre l’endroit de pêche. Utilisée dans tous les spots français où les rivières sont encombrées, cette canne appelée télé-réglable ou autobloquante est faite pour pêcher à l’aplomb du poste repéré. Elle permet de pouvoir arpenter la rivière en se faufilant facilement au milieu des arbres sans s’y accrocher et de pêcher avec de fortes plombées dans la période de fonte des neiges ou encore sur les coups d’eau.
La seconde est une canne élaborée pour augmenter la sensibilité et le plaisir de pêcher en dérive même en petite rivière très boisée. Complètement intérieur, le corps de ligne traverse la canne par de nombreuses entretoises qui améliorent ainsi la glisse, les lancers et les ressentis. L’avantage est que le fil n’est pas extérieur et que les accrochages dans les branches lors du passage de la canne pour déposer notre appât se trouvent réduits de façon considérable. Nous pouvons trouver des cannes avec un talon réglable nous donnant la possibilité de pêcher dans des rivières plus larges. Cette dernière canne est dédiée aux pêches fines en milieux encombrés puisqu’il est difficile de monter au dessus du 18 centièmes en corps de ligne. L’idéal est un corps de 14 centièmes alliant résistant et glisse parfaite avec de petites cendrées.
Un choix à faire
Maintenant le plus difficile pour le pêcheur est de se positionner techniquement vis à vis des milieux qu’il pratique pour trouver la canne adaptée.