Janvier est déjà là, la saison de pêche du brochet dans le domaine public va toucher à sa fin pour laisser les poissons reposer pendant la période de reproduction.
C’est un long débat cette fermeture annuelle surtout pour le brochet, quand on sait que les poissons ne sont pas mordeurs pendant la période de reproduction et que les périodes de reproduction sont très variables en fonction des régions et des climats. Sur l’Ouest et le Sud de la France, la reproduction peut commencer dès fin janvier, alors que l’Est et le Nord elle ne commencera qu’à partir de début mars. Fermer la pêche du brochet du dernier samedi de janvier au premier mai sur le plan national peut conduire à beaucoup de questions sur la réelle nécessité. La fermeture générale et nationale de la pêche des carnassiers n’est pas forcément la seule solution pour protéger le brochet, l’interdiction de le prélever sur cette même période avec obligation de le remettre à l’eau serait certainement une bonne chose, avec en mesure d’accompagnement, la mise en réserve des zones de reproduction propre à chaque espèce en fonction des régions. C’est certes un peu plus contraignant pour les fédérations de pêche, mais ô combien plus efficace. Ces mesures accompagnées d’une garderie en conséquence, focalisée sur les zones à protéger permettraient de rapidement retrouver des vraies populations de poissons. A l’étranger tout le monde l’a bien compris et les règles sont là pour protéger chaque espèce en temps voulu, mais en France à l’image de certains présidents de région ou de département, on en est encore à se poser la question de l’érosion des cartes de pêche. Alors messieurs, seriez-vous prêts pour payer un restaurant qui sert des assiettes vides, à jouer au foot sans adversaire, à aller pêcher sans poisson ? Au-delà de toutes ces discussions autour de la fermeture de la pêche et du manque de travail sur les milieux qui soulèvent beaucoup de questions, penchons-nous sur notre dernier mois de pêche du brochet.
Optimiser la pêche
L’hiver, pour le pêcheur de brochet c’est souvent synonyme d’une excellente période pour les gros sujets, mais cela reste une période très compliquée. Certes les poissons sont plus costauds et plus gros car ils ont fait leur réserve de gras en fin d’automne pour préparer la période froide, mais la baisse de la température de l’eau contribue au ralentissement de leur digestion. Cela se traduit par des fenêtres d’activité plus courtes dans la journée qu’il ne faut pas rater. Pour le pêcheur, cette période de l’année n’est pas toujours des plus agréable au niveau des conditions climatiques, les doigts sont engourdis ou gantés, le corps dissimulé sous de multiples couches de vêtements. On est bien loin des tenues estivales et pourtant il faut rester efficace et opérationnel dans sa gestuelle. Avoir tout à portée de main est important, la pince à bec long reliée à un cordon téléphone pour décrocher rapidement un poisson sans pour autant que la pince finisse à l’eau, les leurres rangés et ordonnés dans les boîtes pour qu’ils soient facilement accessibles individuellement. Car il n’y a rien de plus désagréable que de se retrouver à démêler les leurres emmêlés lorsqu’il gèle. Tout doit être pensé à l’avance, les leurres doivent être sélectionnés à la maison, les hameçons vérifiés et réaffutés si nécessaire. Le montage des triples sur les leurres souples sont à réaliser au chaud, même si les nouveaux Stingers VMC sont très simples et rapides à monter. Il suffira d’en garder un ou deux de chaque taille de côté au cas où le besoin se ferait sentir sur un leurre. Au bord de l’eau il faut être prêt et optimiser le temps de pêche, les journées sont courtes et froides, le vent la pluie toutes les pires conditions sont réunies pour ne pas faciliter la pêche. Alors il est vraiment important d’y penser en amont en fonction des milieux où l’on va se rendre.
Trouver les poissons
Les brochets ne seront pas forcément dans les zones les plus profondes des rivières et plans d’eau. A cette époque de l’année plusieurs paramètres entrent en jeu. La première chose qui est à prendre en compte est la température de l’eau, car il ne faut pas oublier que dans certaines régions la température est déjà proche des 8 ou 9° et plutôt que de se concentrer sur la nourriture, les poissons vont commencer à se rapprocher des bordures, des zones d’herbiers, des pentes douces et des petits affluents susceptibles de convenir pour la dépose des œufs. Nous allons nous retrouver avec de nombreux poissons sur des zones similaires, en attente. Même si la pêche est encore autorisée, il est impératif pour le devenir de l’espèce de les remettre à l’eau. Ce sont les géniteurs de nos futures populations et nous en sommes tous responsables.
Si les eaux sont plus fraîches et ne dépassent pas les 6°, nous allons retrouver les poissons en zone de confort, proches de leurs proies. A cette période de l’année il ne faut pas fournir plus d’effort que l’apport en énergie de la proie. Partant de ce principe les brochets et les poissons blancs ne seront jamais bien loin les uns des autres. Dans les lacs il est parfois impressionnant de voir au sondeur les brochets en attente dans les bancs de poissons blancs, alors que d’autres sont en périphérie dans l’attente du moment de passer à table. Quand ça se déclenche, tous les brochets se nourrissent en même temps sur le secteur et généralement cette activité ne dure pas très longtemps c’est pour ça qu’il faut être efficace
Par eau froide, paradoxalement, la clé de la pêche du brochet reste inévitablement la localisation de son garde-manger. Les poissons blancs ne sont plus éparpillés sur tous les secteurs, mais ils se sont regroupés en boules denses et les brochets comme les autres carnassiers les suivent pour s’alimenter facilement sans trop dépenser d’énergie. Les poissons blancs vont se localiser dans les zones d’arrivées d’eau, si celles-ci sont plus chaudes, dans les zones de retour de courant qui leur amèneront nourriture et protection au courant, dans les grands lacs, au niveau de la thermocline.
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Thermocline, qu’est-ce que c’est ?
Pour parler de thermocline, il faut se trouver sur des lacs avec des profondeurs importantes, en hiver l’eau froide va se trouver en surface et les eaux tempérées proches du fond. Les carnassiers comme toute la vie aquatique vont donc descendre dans cette zone de confort. La ligne de partage entre les eaux froides de surface et celles plus tempérées en profondeur est appelée thermocline.
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Choisir le bon leurre
Difficile de n’en choisir qu’un, car à chaque situation il y a un leurre qui va correspondre, à vous de le trouver ! En partant de ce principe, il va falloir analyser la situation dans laquelle nous nous trouvons. Les brochets sont-ils montés dans les bordures et ont-ils commencé à se rassembler pour la reproduction ou sont-ils toujours en mode hiver ? Une fois la réponse trouvée, cela signifiera que vous aurez localisé leur position et leur état d’activité. Les poissons entrant en mode reproduction vont beaucoup moins s’alimenter, mais par contre réagir de façon plus agressive. Pour arriver à les leurrer il faudra utiliser des pêches rapides et agressives pour provoquer des attaques de réaction. Inutile de faire des pauses, bien au contraire ce sera une pêche à grande vitesse et ça tombe bien ça réchauffe. Les leurres souples seront surplombés, les poissons nageurs et les jerks animés par des mouvements rapides, les couleurs utilisées, le firetiger et le orange sont à tester en priorité. Je vous invite à lire l’article « Action Réaction » dans le n°30 d’1max2pêche https://1max2peche.fr/magazine/30/#page/8 .
Pour ce qui est des poissons qui sont encore en mode hiver, gentiment calés derrière leur garde-manger, ils sont bien loin de l’agressivité des poissons en pré-reproduction. Pour eux la vie se passe au ralenti jusqu’au moment de passer à table. Provoquer les chasses cela reste possible, pour avoir observé le comportement des prédateurs autour de la boule de proies, j’ai constaté qu’il suffit parfois de juste créer un brusque désordre. Les poissons blancs s’éparpillent alors dans tous les sens, émettant de nombreux flash lumineux, des signaux de stress et se dissocient du groupe compact. A ce moment-là, il n’est pas rare qu’un brochet proche vienne se saisir d’un des poisson isolé. Son attaque jetant à son tour le désordre et la confusion dans les poissons blancs, il s’en suit alors des attaques de toutes parts des carnassiers autour du garde-manger, puis le calme retombe aussi vite. Mais cela ne fonctionne pas tout le temps malheureusement et les brochets sont parfois plus enclins à se saisir d’une proie de belle taille qui passe doucement à leur portée. C’est pourquoi je vous recommande d’augmenter la taille de vos leurres en hiver et de passer sur des tailles d’un minimum de 14 cm, 18cm étant un bon compromis pour les leurres souples et 14 pour les leurres durs. Cela fait une bouchée respectable qui ne laissera pas indifférent un brochet, tout en restant d’un poids encore confortable pour le pêcheur. En lac il faudra privilégier les leurres souples qui descendent plus facilement, même s’il est tout à fait possible de modifier les poissons nageurs. En rivière si les leurres souples fonctionnent très bien, les poissons nageurs slow sinking et les suspending seront le top, sans oublier quelques belles cuillères tournantes et ondulantes indémodables et trop souvent délaissées.
Animation des leurres
En règle générale, il va s’agir d’une pêche lente, mais attention il y a parfois des exceptions, il faut bien l’avoir à l’esprit. Le jour où la règle de base ne fonctionne pas, il ne faut pas hésiter à revoir la stratégie et à prospecter différemment. Pour revenir à l’animation hivernale type, en lac ce qui va fonctionner c’est la pêche en linéaire avec des leurres souples ou les poissons nageurs grands plongeurs. Une fois la localisation du fourrage établie, il suffira de lire la profondeur sur le sondeur, puis d’effectuer la prospection à la bonne profondeur. Lancez à longue distance et tout en comptant donnez du fil à votre leurre pour qu’il descende verticalement. Attention si le leurre est bridé lors de la descente, il descendra malgré tout à la bonne profondeur mais en biais, ce qui raccourcira d’autant la zone de prospection. Une fois à la profondeur voulue, entamez la récupération et l’animation. L’animation en linéaire est souvent payante, les moulinets à ratio lent sont très pratiques et particulièrement agréables. En casting les séries Shimano Calcutta sont de vrais délices de douceur, que l’on appréciera aussi bien pour leur performance de lancer, que pour la puissance du frein en combat. Peignez méthodiquement tout autour de la boule de nourriture, jusqu’à déclencher un poisson. Attention parfois les touches sont courtes et le montage d’un triple voleur est vivement recommandé sur l’arrière des leurres avec un acier souple. Il bridera nettement moins la nage du leurre qu’un fluoro qui sera plus rigide.
En rivière la pause s’impose, c’est à tester impérativement dans les eaux froides, il ne faut pas négliger cet atout que nous offrent les poissons nageurs suspending en faisant de longs arrêts de plusieurs secondes. Vous serez surpris de l’efficacité d’un poisson nageur immobile. La récupération en linéaire simplement au moulinet fonctionne aussi très bien. Inutile de mettre des grands jerks, en cette période de l’année la majorité des brochets en eau froide n’ont pas envie de faire trop d’écart. Ils sont à côté de leur plateau repas et attendent d’avoir digéré le précédent pour se remettre à table. Parfois une proie passant proche d’eux à faible vitesse et semblant sans défense peut se révéler être une bonne opportunité pour se mettre à table plus tôt que prévu. Cela peut être votre cuillère ondulante, tournante, votre poisson nageur ou votre leurre souple, à vous d’adapter la vitesse.
Janvier est la pleine période froide dans certaines régions, dans d’autres c’est le début du regroupement des brochets pour la reproduction, qu’en sera-t-il cette année pour vous ? Nous avons manqué d’eau dans le centre, le Nord et l’Est, eu beaucoup d’eau dans le Sud avec de nombreuses zones sinistrées. La France n’est pas identique dans toutes les régions alors adaptez-vous au positionnement des brochets et adaptez vos animations et vos leurres à son comportement. Il n’y a pas de règle absolue, mais les grandes lignes sont données. Relâchez ces poissons qui construiront notre futur piscicole et seront vos adversaires de demain.
Pour ceux qui vont avoir du mal à gérer la période de fermeture dans le public quelques pistes sont à envisager dans le domaine privé pour la pêche des carnassiers. Il y a notamment les plans d’eau privés mais aussi les lacs de barrages qui ont eux une législation à part. Par exemple, l’Aveyron en 2018 fixait par l’arrêté préfectoral daté du 29/10/2017 les dates d’interdiction de pêche par espèce sur certains sites. A savoir la fermeture du brochet comme au plan national, mais un maintien de la pêche du sandre et une fermeture adaptée allant du 02/04/2018 au 08/06/2018 avec la fermeture à toutes les pêches des zones de reproduction. Si l’on veut retrouver et reconquérir les pêcheurs c’est d’abord en soutenant nos populations piscicoles et en travaillant sur les milieux que nous y arriverons. Il n’y pas que l’Aveyron qui a suivi cette voie, mais trop peu de départements s’y intéressent réellement. Pourtant c’est l’avenir de la pêche en France, mais combien de fédérations se sentent concernées…
Pharmacie
Même si je n’ai jamais compté les dents du brochet, en hiver plus qu’à tout autre période de l’année, les mains sont froides et la moindre blessure avec une des dents tranchante occasionne de longs saignements. Il faut toujours désinfecter, mais plutôt que de se retrouver avec un mouchoir en papier plein de sang autour du doigt, il y a quelques solutions rapides en pharmacie.
Le Coalgan est une matière bio-active, qui permet d’arrêter les saignements instantanément, bien connu pour les saignements de nez, il l’est beaucoup moins sous la forme de poudre, pansement ou compresses mais tout aussi efficace.