Pêche au feeder : multipliez les coups pour réussir vos pêches
A l’image des pêches traditionnelles au coup à la grande canne, il est possible d’exploiter son poste plus en profondeur en multipliant ses chances et donc en abordant plusieurs coups sur la durée de pêche.
Le but étant de capturer un plus grand nombre de poissons, voire même d’attirer plusieurs espèces à différentes distances. Il est très facile de s’emmêler les pinceaux en pêchant plusieurs coups, nous allons donc voir ensemble comment procéder afin de tirer parti de cette approche.
Où et pourquoi mettre en œuvre cette technique ?
Qu’importe le type de parcours, tout pêcheur au feeder peut se rendre compte au moment du sondage qu’en fonction de la distance, la profondeur, le courant, et la nature du fond peuvent changer. Ce changement de conditions est extrêmement important car il peut traduire la présence d’une ou plusieurs espèces de poissons et décider ainsi d’un type de pêche à réaliser. Prenons l’exemple concret d’un canal de petit gabarit de 60 mètres de large et navigable, celui de St Gilles dans le Gard ; le fond est caillouteux et légèrement pentu de 50 mètres à 60 mètres. Avant, la pente douce et dure laisse place à un fond limoneux remué sans cesse par de large péniches. Les sédiments sont donc tout le temps en mouvement et lorsque l’on pêche dessus la sensation d’un fond mou est ressentie.
On retrouve ce type de profil sur de nombreuses rivière et canaux. En étang et lac, les éléments remarquables peuvent être des hauts fonds jonchés d’herbiers ou de nénuphars ou bien au contraire des fosses d’une 10aine de mètres derrière un tombant rocailleux et coupant. Dans toutes ces situations il faut savoir tirer profit des éléments et cibler les espèces de poissons en fonction des coups pêchés. Il est évident qu’un sondage minutieux est à prévoir afin de repérer son poste. L’avantage d’une pêche au feeder est qu’une fois installé, la zone à sonder reste réduite et se limite à celle située en face de ses yeux. Les moyens électroniques tels que les sondeurs Deeper, permettent de cerner le poste à vitesse record.
Quels choix stratégiques doit-on envisager ?
Maintenant que vous connaissez votre poste de pêche par cœur, il faut bien entendu faire preuve de sens de l’eau et surtout de connaissance générale des lieux. La chose essentielle à savoir est le type des espèces présentes sur votre lieu de pêche. Reprenons l’exemple de Saint Gilles, les brèmes, les plaquettes, les carassins et les gardons constituent l’essentiel du cheptel. En fonction des saisons et de la température, chacune des espèces évolue différemment dans les couches d’eau et dans le milieu à la recherche d’oxygène et de nourriture ou bien encore pour se mettre à l’abri d’éventuels prédateurs. Les carpes et les carassins sont des poissons méfiants, rodant en bancs, et aimant évoluer dans des profondeurs faibles non loin des berges et des obstacles. Avec cet élément on va pouvoir orienter notre pêche en face, à la recherche des bordures et non loin de couvertures végétales. Lorsque les eaux se réchauffent, il n’est pas rare non plus de voir monter des zones plus profondes des brèmes, qui viennent profiter des eaux chaudes et de la nourriture laissée par la berge. Les gardons et les plaquettes, eux, naviguent ; il arrive parfois de les trouver en banc dans les zones profondes en hiver, mais aussitôt que les rayons de soleil illuminent la surface de l’eau, ils bougent et se rapprochent parfois très près du bord, il faut alors regarder à la surface de l’eau des ronds ou des petits sauts témoignant de leur activité. Il est maintenant temps de prendre une décision et de cibler deux coups. Il est indispensable de différencier le coup principal, sur lequel la pêche débutera et sur lequel on ciblera l’espèce de poisson, qui en théorie, mordra le mieux ; les plaquettes, les gardons ou les brèmes sont un exemple. Si nous restons sur le modèle du canal de St Gilles, et en sachant que les beaux poissons aiment la berge d’en face, nous pouvons décider que le coup principal se fera entre 50 et 60 mètres dans la zone d’évolution des carassins, brèmes et carpes. Malgré tout, il existe une forte densité de plaquettes et de gardons nageant de 15 à 30 mètres dans le chenal, il ne faudra donc pas négliger de préparer une table avec des appâts à cette distance.
Préparer son matériel pour une pêche à deux distances
Le matériel de pêche est à adapter en fonction de la distance de pêche et des courants. Pour une pêche de 15 à 50 mètres sans courant, des cannes de 3.50 light sont idéales. Dès lors que vous dépasserez 60 mètres, pour des raisons d’aisance au lancer, et de bras de levier, les cannes de 3.80m seront plus adaptées. Mais peu importe le matériel choisi, ce qui est important est d’avoir une canne par coup pêché si l’on décide d’alterner les deux distances sur toute la durée de pêche ; ainsi vous éviterez de perdre du temps à clipper et déclipper ou encore à reprendre les mesures sur vos piquets. Il est tout de même possible de marquer son fil avec un marqueur spécial, mais attention à ne pas oublier de vérifier de temps à autre. Certaines marques proposent des moulinets avec deux clips, ils sont vraiment efficaces sur vos cannes d’amorçage ; en clippant d’abord la distance la plus lointaine puis celle la plus proche vous pourrez utiliser une seule canne pour amorcer les deux coups sans venir abimer les montages pêchant des autres cannes préparées.
Amorçage et pêche, soyez réactifs
La pêche au feeder est une pêche de rappel, mais dès lors que l’on aborde deux coups, il devient quasiment impossible d’être régulier sur les deux en même temps. De ce fait, il va falloir faire un amorçage un peu plus massif sur un des coups et ça sera en général sur celui que l’on ne pêchera pas en priorité afin de créer un point de ralliement. En fonction de l’espèce choisie, il faudra intégrer plus ou moins d’esches à l’amorce pour donner le temps aux poissons d’arriver et de se nourrir sans partir pendant que vous pêchez sur votre coup principal. Il existe des feeders surdimensionnés, de grande contenance, permettant d’envoyer rapidement un bon volume d’amorce et d’esches. Pour les plus malins, il est possible de réaliser des boules à la main, bien serrées, et de les glisser à l’intérieur entre deux bouchons d’amorce, vous prolongerez ainsi la durée d’activité du coup sans avoir à venir mettre régulièrement une cage de rappel. L’amorçage du coup principal peut être réalisé uniquement à partir de petites cages de pêche qui seront envoyées régulièrement. Le bruit et l’apport d’esches régulier créera un phénomène d’accoutumance enlevant toute méfiance des poissons présents sur le coup.
En action de pêche il devient tout de même compliqué de gérer minutieusement les deux coups. L’utilisation d’une montre permet de timer la partie de pêche et de donner l’ordre d’aller remettre des appâts sur le coup secondaire. Il peut arriver parfois qu’un coup secondaire devienne en cours de pêche un coup principal, il va donc de soit de ne pas oublier de continuer à amorcer le premier coup afin de garder une émulation sur les deux zones pêchées.
Au final
Contrairement aux pêches à la grande canne où il est évident de déposer des coupelles avec beaucoup d’esches sur plusieurs coups et ce rapidement, gérer plusieurs amorçages au feeder nécessite de l’entrainement et surtout de l’organisation. Il est extrêmement intéressant cependant de s’y atteler afin de multiplier les chances de tirer son épingle du jeu.
Il n’est pas rare, sur des petites rivières, des canaux, de pêcher 90 pour cent du temps sur un poste, et d’aller, dans les dernières minutes, piquer un gros poisson sur la berge d’en face ou plus loin, faisant basculer ainsi, le résultat final en votre faveur. Certains points peuvent vous rappeler un précèdent article sur les pêches en américaines (équipe de 2), où finalement il devient plus simple et convivial d’exploiter un poste à son maximum.