C’est au mois d’août 2019 que la possibilité d’une descente de la Loire dans la région de Nevers à traquer les aspes s’est offerte. Ni une ni deux j’ai sauté dans ma voiture pour une aventure passionnante et dépaysante sur le dernier fleuve sauvage du pays.
Le principe de ce safari est simple, on embarque, on se laisse dériver et emporter le long de la Loire et on pêche les aspes au leurre de surface sur des spots impêchables du bord. Mon skipper du jour sera Lionel Guirado, guide de pêche installé sur le secteur depuis 2009 qui connait la Loire sur le bout des doigts. Dernièrement il a mis au point cette descente sauvage où la beauté de ce coin de France se conjugue avec l’adrénaline des attaques en surface d’aspes déchainés.
La Loire, dernier grand fleuve sauvage d’Europe
Le départ s’est fait dans la Nièvre à Fourchambault en aval de Nevers et s’est terminé à La Charité-sur-Loire, le parcours mesure environ 15 kilomètres et longe la frontière du département du Cher. La Loire est ici sauvage et belle, elle serpente sur un lit de sable et de graviers fins dans la campagne et semble quelquefois se perdre dans le paysage. La navigation sur un tel fleuve demande de l’expérience pour connaitre les passages car il arrive que le fleuve s’étale en largeur mais que la profondeur soit extrêmement faible. Nous devrons plusieurs fois au cours de la journée descendre du bateau pour lui permettre de passer dans peu d’eau. L’usage d’un skiff, cette embarcation conçue aux Etats Unis pour pêcher les zones peu profondes est ici impérative. La Loire abrite de nombreux poissons mais son profil fait que certaines zones peuvent être totalement vides sur plusieurs kilomètres, il faut toute l’expérience du guide pour ne pas perdre de temps à pêcher l’eau. Les aspes sont assez récents sur cette zone mais des poissons de 90 cm se font prendre régulièrement, pour autant la taille standard oscille entre 50 et 70 cm. Lors de notre périple notre guide connaissait avec une précision diabolique la position des poissons, le banc de barbeaux et les silures posés en plein chenal étaient là où il l’avait annoncé.
La pêche de l’aspe au leurre de surface ou de sub-surface
L’aspe est un cyprinidé carnivore qui a pour caractéristique d’avoir une vitesse d’attaque très rapide. Ses proies de prédilection sont les ablettes qu’il chasse en plein courant. Le bruit qu’il fait lors d’une attaque en surface s’entend de très loin et la châtaigne que vous vous prenez lors du gobage est impressionnante de puissance. Il se pêche principalement avec des leurres de type jerkbait minnow très denses ou des leurres métalliques comme les cuillères ondulantes ou les tailspins. Il mord très bien sur les stickbaits de sub-surface ramenés très rapidement à la façon d’une ablette apeurée. On peut tenter de les pêcher à vue ou en suivant les chasses mais il se déplace très vite, l’idéal étant de basiquement pêcher les postes favorables que sont les gros courants après un radier, l’aval d’une chute ou les arrivées de tributaires. Si la touche est spectaculaire, les premiers rushs le sont tout autant, ce poisson est d’une puissance insensée mais il finit rapidement par s’avouer vaincu. C’est alors qu’il ne faut pas trainer pour le relâcher car il a tout donné dans la bataille et peut ne pas repartir malgré les précautions prises.
Une sélection de leurres de surface pour l’aspe
L’aspe semble apprécier les leurres silencieux, des tailles inférieures à 12 cm et des teintes naturelles, ainsi le Jackson Debu Nyoro est parfait car il se lance très loin et se ramène très vite. On peut citer aussi le Rapala X Rap Salwater subwalk et pour mon cas personnel le Carol de Zenith dont les triples forts de fer prévus pour la mer ont été d’un grand secours. Pour l’aspe mieux vaut lorgner du côté des leurres à bars que des leurres à bass.
Un safari en plein centre du pays
La Loire abrite une faune et une flore nombreuse et variée, qu’elle ne fut pas ma surprise de voir une martre venir s’abreuver près de nous, inconsciente de notre présence au milieu de l’eau. La descente de ce fleuve vous fait croire que vous êtes isolé au fin fond d’un pays sauvage puis d’un coup on aperçoit un clocher, un hameau où les bruits urbains reprennent le dessus avant de laisser place au calme olympien du fleuve ligérien. A peine sorti du vieux quai de débarquement de Fourchambault, notre guide, voulant me montrer la meilleure façon de ramener le leurre, se fait méchamment attaquer mais comme souvent l’aspe manquera sa cible. Le second se fera prendre plus classiquement sur une arrivée de tributaire, bien bridé avec un frein plutôt serré pour éviter un combat trop long, il viendra ponctuer cette journée de ses 72 cm de muscles. Bien entendu Lionel Guirado en bon spécialiste me fera une démonstration en pêchant les postes les plus scabreux et en piquant plusieurs poissons. Des pêcheurs à la mouche sont dernièrement venus s’offrir ses services et ils ont adoré cette pêche au plus près de la nature sauvage. Pour bien combattre l’aspe, il convient de le brider car il apprécie s’enfouir dans les obstacles, un 50 cm m’aura donné une leçon en entourant ma ligne sur une branche noyée puis en se décrochant alors que je pestais contre ces arbres qui tombent dans les rivières et jamais de l’autre côté !! L’anecdote la plus incongrue de cette journée est cet aspe de 50 cm, seul à la recherche d’un copain qui suivra notre embarcation sur une centaine de mètres en refusant tous nos leurres, l’arrivée d’un congénère et donc la concurrence alimentaire le fera monter comme une flèche sur mon leurre avant un beau refus.
Pourquoi pas en kayak ?
Pour l’avoir constaté le kayak ou le canoë sont parfaits pour une descente de Loire, leur faible tirant d’eau et leur manœuvrabilité permettent de pêcher là ou un bateau a du mal à se positionner. Il faut juste penser à emmener un poids et une corde pour se poser dans le courant près des endroits prometteurs et à vous l’aventure !
Le matériel à utiliser
Si le casting peut être pertinent, le spinning est plus pratique ne serait-ce que par sa capacité à ramener plus vite et surtout à lancer loin. On utilisera une canne assez souple pour encaisser les rushs mais assez puissante quand même pour rapidement abréger le combat. Une canne de 2.1m pour une puissance de 10/30g est un bon choix pour cette méthode, du bord on prendra une canne plus longue. Concernant le moulinet, pensez solide et à fort ratio car le frein aura à encaisser un départ digne d’une carpe, ne lésinez pas sur la qualité. Tresse ou nylon, c’est selon vos propres goûts mais une tresse avec une pointe de discrétion en fluorocarbone de 30 centièmes est un bon choix. Si vous souhaitez pratiquer vous-même cette descente, il vous faudra bien entendu deux véhicules et un bon samaritain, mais surtout il vous faudra un bateau à fond plat, le seul qui pourra vous permettre de naviguer dans 10 cm d’eau sur certains endroits lors de la période d’étiage de la Loire.
Pour plus d’infos sur cette expérience vous pouvez contacter :
Lionel Guirado, guide de pêche
Site internet : https://www.progress-peche.com/
Page FB: https://fr-fr.facebook.com/Progresspeche
Tel 06 82 17 99 79