En hiver, les occasions d’aller à la pêche se font rares… Une météo peu engageante peut décourager les moins téméraires et les poissons tournent au ralenti, mais il y en a un qui mange tous les jours de l’année, c’est l’esturgeon !
Appâts insolites pour pêcher l’esturgeon
Rechercher spécifiquement l’esturgeon implique quelques mises au point côté matériel ou stratégie et surtout appât. Comme tous les poissons, celui que l’on surnomme le fossile vivant est plutôt opportuniste et, naturellement, va se nourrir de ce qu’il trouve sur le fond de son habitat. Ce peut être diverses larves aquatiques et autres « vers de terre » etc. En Colombie britannique, les guides de pêche ont compris qu’il était très friand des œufs de saumon, ils utilisent donc des bas de femme pour former des boules d’œufs qu’ils piquent directement à l’hameçon pour pêcher l’esturgeon blanc (le fameux transmontanus) dans la rivière Fraser par exemple. Le Beluga est différent des autres esturgeons sur le plan morphologique avec des barbillons qui sont plats, alors qu’ils sont ronds chez les autres espèces (particularité qu’il partage avec le Sevruga). Mais surtout avec une bouche bien plus large qui lui permet de chasser et de se nourrir d’autres poissons. Il faut donc savoir à quelle espèce d’esturgeon on s’attaque avant de choisir son appât. Globalement, on va plutôt chercher des produits carnés type lardons fumés, harengs fumés, saumon, chorizo, saucisson… Ces esches sont sélectives et permettent de prendre toutes les espèces d’esturgeons et toute l’année.
Pêche au feeder
Il est possible de traquer l’esturgeon avec différentes approches : le matériel utilisé pour la pêche de la carpe peut convenir et des poissons de plus de 100 kg ont déjà été pris à la grande canne mais le feeder, si tant est que l’on reste sur des tailles de poissons raisonnables, est probablement la meilleure technique pour prendre ses premiers esturgeons. Tout d’abord, les cannes quiver et leurs scions très sensibles permettent une bonne détection de la touche, supérieure au matériel type carpiste avec des cannes plus puissantes et beaucoup plus rigides, on y reviendra juste après. Ensuite, on trouve aujourd’hui des cannes quiver d’une puissance suffisante pour combattre confortablement des poissons jusqu’à une cinquantaine de kilos, contrairement à l’anglaise par exemple, dont le matériel ne permet pas de mener un combat avec un gros poisson dans un temps raisonnable. Enfin, la technique du feeder est beaucoup plus légère à mettre en place et plus accessible à un débutant à la recherche de ses premiers spécimens.
Montage pour pêcher l’esturgeon
Il faut considérer la taille des poissons recherchés, leur morphologie et leur comportement atypique pour déterminer quel est le meilleur montage pour l’esturgeon. En France, on va rechercher ces poissons dans des plans d’eau privés souvent peu profonds, un method feeder de 30g convient donc parfaitement à ce type de pêche. Il doit coulisser librement sur la ligne afin de ne pas offrir de résistance lors de la touche. Ensuite, le bas de ligne doit être plus long qu’un bas de ligne classique pour le method feeder, plus de 20 cm afin de tenir compte de la taille des poissons recherchés. Enfin, le montage proprement dit peut-être un D-Rig ou mieux, un spinner-rig simplifié avec un élastique sur l’émerillon baril afin d’escher tout type d’appâts. L’idée étant de positionner l’esche au plus près de l’hameçon pour faciliter le ferrage.
La touche de l’esturgeon
Sur ce point, l’esturgeon est très différent de la carpe par exemple, il ne « déroule » quasiment pas. Si on attend le départ comme quand on recherche la carpe, on va rater 9 touches sur 10 ! Il faut donc installer le poste de pêche de façon à avoir la canne juste sous la main pour être en mesure de ferrer très rapidement à la touche. On observe donc un poisson au comportement bien différent de nos habitudes de pêcheur de carpe ou de silure. Pour prendre des esturgeons, il faut vraiment prendre en considération cette différence fondamentale qui vient tant de sa morphologie que de son comportement. Celui-ci nage en permanence, il suit un circuit qu’il renouvelle sans cesse, il ne reste pas stationné dans un arbre mort comme peut le faire une carpe et un amorçage ne le retient pas très longtemps. Il faut donc le prendre « au passage » et en plus sa bouche protractile lui permet de recracher très rapidement la nourriture s’il flaire notre piège, il faut donc ferrer à la touche, comme le ferait Lucky Luke, si celui-ci était pêcheur bien sûr !
Manipulation de l’esturgeon
Avant de se lancer dans la traque de l’esturgeon, il faut déjà s’assurer d’être en mesure de pouvoir le manipuler correctement, on ne soulève pas un poisson d’1,50 m comme une carpe de 5 kg ! Il est possible d’utiliser du matériel de pesée et des tapis de réception utilisés dans la pêche de la carpe mais la plupart du temps, ces tapis sont trop petits. Souvent les domaines privés où il est possible de pêcher ces poissons mettent à disposition un matériel adéquat et en particulier des tapis de réception suffisamment longs. Ces tapis doivent être positionnés au plus près de l’eau afin d’y glisser l’esturgeon, sans le porter au-dessus du sol ou des cailloux pour éviter tout risque de chute sur un sol dur. Le principal risque sur l’esturgeon est une mauvaise oxygénation, particulièrement pendant les mois les plus chauds. En été, il faut essayer de manipuler les esturgeons dans l’eau le temps de les décrocher, la photo souvenir ne sera que plus belle !