Le street fishing est une pratique qui permet la capture dâun grand nombre dâespĂšces dans des milieux plus ou moins urbanisĂ©s. La philosophie des streetfisher est de capturer sur des laps de temps courts, en compĂ©tition ou sur des coups du soir, le plus de poissons avec des techniques lĂ©gĂšres la plupart du temps. Nous allons aujourdâhui dĂ©couvrir lâun, si ce nâest LE, leurre de base que de nombreux pĂȘcheurs pratiquant le street fishing utilisent : le micro jig.
Quâest-ce quâun micro jig ?
Lâappellation jig dĂ©signe ici une tĂȘte plombĂ©e sur laquelle est ligaturĂ©e une jupe en silicone. On ne parle pas du tout ici des jigs mĂ©talliques. Le jig est un leurre venant dâAmĂ©rique initialement conçu pour imiter une Ă©crevisse et pĂȘcher dans les milieux trĂšs encombrĂ©s. La version « micro » du jig est simplement plus lĂ©gĂšre et moins volumineuse. On parle de micro jig pour des lests en tĂȘte compris gĂ©nĂ©ralement entre 0.9 et 5 grammes.
Le jig tient son nom de la danse Ă©ponyme et de lâanimation de base de ce leurre. Des sautillements de faible amplitude pour mettre en mouvement la jupe mobile en silicone et donner vie au leurre. La jupe sâouvre sur les pauses et contacts avec le fond et se « ferme » lors des tractions et tirĂ©es.
Si le jig venant dâoutre atlantique imite Ă la perfection une Ă©crevisse, le micro jig lui imite tout et rien. Cela va de la petite Ă©crevisse, Ă lâalevin, en passant par une larve aquatique ou mĂȘme une feuille morte Ă la dĂ©rive !
Le micro jig nous vient lui du japon, oĂč il a Ă©tĂ© conçu en suivant la philosophie du « downsizing » (comprenez pĂȘcher plus petit pour duper la mĂ©fiance des poissons difficiles). En effet, au pays du soleil levant, la pression de pĂȘche est telle parfois, que pour leurrer les black-bass Ă©duquĂ©s, premiĂšre cible des jigs, il a fallu affiner la prĂ©sentation, la rendre plus discrĂšte et plus naturelle car les bass Ă©taient devenus trĂšs mĂ©fiant vis-Ă -vis des trop forts stimuli.
Quelles espĂšces cibler ?
Comme on lâa dit un peu plus haut, le micro jig imite trĂšs bien toutes sortes de proies ou nourritures. Câest en cela quâil tire son efficacitĂ©. En effet, le micro jig est Ă mĂȘme de capturer un trĂšs grand nombre dâespĂšces malgrĂ© sa petite taille et pas seulement des black-bass, espĂšce pour lequel il a Ă©tĂ© initialement conçu. Câest pour cela quâil est largement utilisĂ© par les streetfisher qui voient en lui un leurre capable de leurrer « tout ce qui passe ».
La perche et les chevaines sont les premiĂšres « victimes » du micro jig. Sur le cyprinidĂ©, il est dâailleurs incroyable dâefficacitĂ©. Le micro jig permet aussi de leurrer dâautres espĂšces de carnassiers ou dâomnivores avec une trĂšs grande rĂ©gularitĂ© : il nâest ainsi pas rare de leurrer des brochets (gare Ă la coupe), sandres, silures, black-bass Ă©videment mais aussi des truites, barbeaux, ides mĂ©lanotes ou encore aspes.
Pour le brochet, si le milieu pĂȘchĂ© possĂšde une belle population, il est pertinent de mettre une pointe monobrin en titane pour Ă©viter les coupes. Le brochet nâhĂ©site pas Ă aspirer le micro jig dâun trait et vous seriez surpris du nombre de brochets et brochetons quâil est possible de toucher au micro jig.
Comment lâutiliser le micro jig?
Le micro jig sâutilise associĂ© Ă un « trailer ». Le trailer est un leurre souple quâon va monter sur le jig comme on le ferait sur un hameçon tĂȘte plombĂ©e. Lâatout majeur du jig est quâil est trĂšs planant et facile Ă animer. On pourra simplement lâutiliser Ă gratter, câest-Ă -dire lâanimer lentement sur le fond par de petites tirĂ©es de faible amplitudes ou alors le laisser dĂ©river en « swimming », en le laissant nager Ă la dĂ©rive proche du fond ou en pleine eau.
Suivant le type de leurre souple quâon va mettre sur lâhameçon, on va pouvoir moduler Ă souhait la descente et les vibrations Ă©mises par le leurre, mais aussi parfaire lâimitation dĂ©sirĂ©e. Les petits shads gorgĂ©s dâattractant sont passe partout et apportent encore du « planant », freinĂ©s par le paddle caudal et la vibration. Mais il est possible de monter une multitude de types de leurres : finesses, virgules, crĂ©atures, imitations dâĂ©crevisses, worms⊠Cette nage planante est redoutable pour peigner des veines de courant. Le jig Ă©volue naturellement dans lâeau comme le ferait une vraie proie.
En milieux urbains, les postes oĂč le micro jig est Ă privilĂ©gier sont nombreux : sortie dâeau, aval de seuils, dâĂ©cluses, piles de ponts⊠Il est extrĂȘmement efficace dans les courants oĂč il suffit de contrĂŽler la dĂ©rive pour faire Ă©voluer le leurre.
Hors courant, le micro jig est Ă rĂ©server aux postes marquĂ©s. Sa nage planante et son Ă©volution plutĂŽt lente nâen font pas un excellent leurre de prospection mais un leurre à « gratter ». Les structures, berges encombrĂ©es de racines et blocs rocheux sont souvent des postes de choix Ă prospecter mĂ©thodiquement au micro jig.
Les couleurs de jig
Outre le type de trailer Ă monter sur son micro jig, il existe quelques couleurs utilisĂ©es pour avoir de bons rĂ©sultats. Le cola et cherry coke (rouge bordeaux sombre) sont mes prĂ©fĂ©rĂ©es notamment pour les pĂȘches Ă gratter. Ils sont redoutables sur les perches et les chevesnes, imitent une petite Ă©crevisse ou un invertĂ©brĂ© aquatique et contrastent souvent bien avec la couleur du fond.
Les coloris, brun, sable, vert clair sont aussi trĂšs efficaces mais plus pour des dĂ©rives en pleine eau. Ce sont des couleurs trĂšs naturelles, particuliĂšrement adaptĂ©es Ă la traque des chevaines et barbeaux Ă lâaffĂ»t dâune proie Ă la dĂ©rive.
Les coloris blancs, pailletés ou translucides imitent bien un alevin ou un petit poisson. Les perches en raffolent mais aussi les sandres et les brochets ! Gare à la coupe.
Enfin, jâai toujours quelques micro jigs en coloris flashy mais que jâĂ©quipe dâun bas de ligne monofilament en titane et que je rĂ©serve pour cibler les brochets notamment en compĂ©tition !
Le matériel adapté au micro jig
Les micro jig sont des leurres trĂšs lĂ©gers. Pour une efficacitĂ© optimale je recommande une canne de puissance UL (ultra lĂ©gĂšre) Ă ML (medium light). Une longueur entre 2 et 2m20 suffit Ă ĂȘtre prĂ©cis et piloter parfaitement son micro jig. Lâaction de pointe doit ĂȘtre marquĂ©e pour des animations prĂ©cises et un maximum de sensibilitĂ©, pour sentir travailler son leurre.
Le scion plein est un plus pour moi, mĂȘme sâil nâest pas indispensable, il permet dâobtenir des touches saines et franches, le scion permettant au prĂ©dateur de bien se saisir du leurre sans le retirer de la gueule, la faute Ă trop de raideur Ă©ventuelle. Qui plus est, le scion plein permet, outre le plaisir et les sensations du fait de sa courbe, de mieux encaisser les coups de tĂȘte rageurs dâune perche qui a les membranes buccales assez fragiles, ou dâĂ©viter certaines casses sur un chevaine pouvant ĂȘtre trĂšs massif et dĂ©terminĂ©.
Un moulinet de taille 2000 à 2500 garni de tresse fine est indispensable. La tresse permet de lancer loin ce leurre léger (moins de 7 grammes), de parfaitement le sentir évoluer et de sentir la moindre touche, aussi subtile soit elle.
Jâutilise principalement de la tresse de section entre PE 0.4 et PE 0.8 en 4 ou 8 brins. En pointe de cette tresse et en guise de bas de ligne, je noue systĂ©matiquement un monofilament en fluorocarbone de 1m50 environ, en diamĂštre 18 Ă 24/100. Le fluorocarbone, en plus dâĂȘtre discret, possĂšde une excellente rĂ©sistance Ă lâabrasion. Câest un vrai plus quand on sait dâoĂč il est parfois possible de dĂ©busquer un poisson en milieu urbain sur des postes parfois scabreux.
Un moulinet de fort ratio est un plus. Le micro jig ne tire pas du tout dans la canne et il est plus aisé de gérer sa banniÚre au millimÚtre en la récupérant rapidement à la moindre sollicitation de votre part sur la manivelle.
Quelques astuces de compétiteurs
Lorsque je pĂȘche au micro jig et que la densitĂ© en brochets, de toutes tailles, est importante, je monte une pointe en monofilament de titane dâenviron 15cm avant mon petit jig. Cela reste trĂšs discret et mĂȘme si je sacrifie surement quelques touches potentielles de chevaines ou barbeaux mĂ©fiants et regardants, je perds beaucoup moins de leurres du fait de coupes de maitre esox et je peux potentiellement capturer un brochet maillĂ© qui vaut son pesant de points en compĂ©tition.
Lâusage dâattractant pĂąteux est Ă proscrire. Cela colle la jupe et les fibres silicone entre elles et cela « casse » lâeffet planant et la nage du micro jig. LâidĂ©al est de laisser tremper les trailers souples dans de lâattractant liquide ou dâutiliser de lâattractant liquide en spray.
Il est possible de customiser avec des ciseaux son micro jig en retaillant la jupe silicone. Câest particuliĂšrement pertinent pour gagner quelques dizaines de centimĂštres de profondeur de nage, limiter lâeffet planant et avoir une nage plus vive et poinçonnante.
Si le tungstĂšne qui compose les lests des jigs haut de gamme est pertinent en bien des points, il ne faut pas y avoir recours systĂ©matiquement. Le tungstĂšne est plus dense que le plomb Ă volume Ă©gal. Il sera donc moins volumineux et plus discret Ă masse Ă©quivalente par rapport au plomb. De plus, il est plus dur et rĂ©sonnant, ce qui permet de mieux percevoir le fond, lorsque le jig entre en contact avec le fond. LâinconvĂ©nient du tungstĂšne est que son trĂšs haut point de fusion ne permet pas de le couler dans des moules traditionnels. Il est souvent mis en Ćuvre et en forme par frittage (mĂ©tallurgie des poudres). Cette mise en Ćuvre rend le tungstĂšne relativement cassant. Câest pourquoi, lorsque je dois skipper ou faire un lancer appuyĂ© sous un pont, dans une buse en bĂ©ton⊠ou autre obstacle comme il en existe de nombreux en street fishing, je privilĂ©gie un jig dont le lest est en plomb. Si le leurre vient Ă frapper violement le bĂ©ton, il se dĂ©formera mais nâexplosera pas en miettes comme peut le faire le tungstĂšne !