Je vous propose de poursuivre la découverte du canal qui rejoint le Rhône à la ville de Sète. Un ouvrage immense qui réserve bien des surprises aux plaisanciers, aux touristes et bien entendu aux pêcheurs. Tout au long de ce voyage le canal rencontre d’autres eaux et les poissons changent…
Résumé
Le Rhône, s’étale de tout son lit, entre les donjons de Beaucaire et de Tarascon, mais pour atteindre Sète en bateau, des travaux furent entrepris pour créer une voie d’eau navigable : « le canal du Languedoc ».
D’une longueur de 98 km, il traverse de nombreux paysages diversifiés et s’invente un passage entre les terres arides des garrigues et celles de la Camargue gonflée d’eaux.
En quittant le Rhône à Beaucaire pour atteindre Sète, cet itinéraire fluvial traverse les garrigues, la Camargue, les étangs de Mauguio, de Vic et de Thau. Un paysage tout à l’horizontal, une magnifique région empreinte de ses contradictions. Un canal rectiligne où les postes de pêche sont nombreux.
La Camargue vous tend les bras…
Une étendue de marais saumâtres et un vaste parc naturel sont des lieux privilégiés pour accueillir et observer une faune très diversifiée : flamants roses, taureaux, chevaux sauvages et environ 350 espèces d’oiseaux répertoriées qui migrent et nichent dans le delta du Rhône. Vous pourriez y réaliser un véritable safari photo !
A la sortie de Bellegarde, le canal poursuit sa route et se dirige vers Saint Gilles puis par une grande ligne droite il se dirige vers le vannage de Gallician.
Au passage de Gallician, la terre est gorgée d’eau. De nombreuses petites routes serpentent et nous ramènent sur les pas de Saint-Jacques de Compostelle. Une Camargue secrète avec ses nombreux canaux et ses roubines, où seule une petite embarcation légère permet de sillonner sa multitude de voie d’eau si vous avez l’autorisation des riverains;
Une pêche à rôder et insolite hors des sentiers battus.
La Camargue, c’est le pays des marais, véritable parc naturel d’une extraordinaire réserve d’oiseaux. Sous les viges, ou cachés entre les saules pleureurs et les joncs, les cols verts et les marcoules s’enfuient à votre approche. Imperturbables, le castor et le ragondin vous observent. Il est bon de poser ses lignes à cet endroit, tard le soir et tôt le matin si vous voulez prendre des anguilles… Le reste de la journée, le passage de bateaux est nombreux et il vaut mieux dans ce cas changer de site et prospecter le canal des Capettes qui justement se jette dans le canal du Languedoc à Gallician.
Le canal des Capettes
Ce petit canal parcourt une vaste zone humide typique dans un cadre sauvage. Le canal des Capettes ne devient véritablement accessible que par la route qui le longe, à partir de Gallician jusqu’au Mas des Iscles.
D’une profondeur de 1 à 2 mètres et avec sa configuration sauvage, le milieu convient bien aux poissons blancs, sandres, black bass et brochets.
Les magnifiques levers et couchers de soleil, surtout depuis le pont de Gallician où l’on domine le panorama sauvage de la Petite Camargue gardoise, augurent d’une bonne partie de pêche ou de la terminer en beauté.
Si vous voulez pêcher l’anguille, attendez la fin du printemps et vous pourrez la traquer jusqu’au début de l’automne. Pendant l’hiver, elles s’enfoncent dans la vase jusqu’au mois d’avril. Après une forte pluie, la pêche est bien meilleure.
Ici les pêcheurs professionnels s’en donnent à cœur joie, puisqu’ils sont seuls à pêcher loin des regards car ils ont la possibilité de pêcher en barque. Les accès sont privés alors que les étangs du Crey et celui du Charnier sont de véritables pouponnières à civelles venues de la mer…
La pêche de l’anguille aux Capettes
Puisqu’il est compliqué d’obtenir des autorisations pour accéder aux petits canaux qui sillonnent les marais, arrêtez-vous sur le talus de la route qui longe le canal des Capettes. Plusieurs endroits sont bien dégagés par les pêcheurs locaux, car en dehors des anguilles, il y aussi du sandre et des brochets ! Pour la pêche de l’anguille la technique reine est celle de la pêche au posé. Un simple lancer permet de déposer votre appât en bordure des roseaux, à l’aide d’une olivette de 20 à 30 grammes.
Utilisez comme appât 2 ou 3 vers de terre ou lombrics sur un fort nylon ou une tresse de belle taille car il faut immédiatement sortir l’anguille de l’eau avant qu’elle ne s’enroule dans un obstacle, un herbier, un tronc noyé… L’utilisation d’un hameçon un numéro 6 ou 4 n’est pas utopiste. Si vous n’avez pas de ver, un petit poisson mort posé sur le fond aura le même effet… Pour les grosses anguilles, la pêche au vif est également très efficace. Dans les deux cas, posez la canne sur un support et tendez légèrement le fil. La touche provoque plusieurs tremblements du scion mais si la chaleur vous incite à pratiquer la sieste, placez un grelot pour vous avertir !… N’hésitez pas, le ferrage doit être autoritaire et vous devrez décoller l’anguille du fond rapidement avant qu’elle ne vous pose quelques problèmes dans les embâcles. Vous pouvez, aussi bien sûr, et c’est bien meilleur, pêcher les petits étiers qui sillonnent cette belle région.
La citée d’Aigues-Mortes n’est pas si loin
Ici le temps n’existe plus et nonchalemment, presque sans nous en rendre compte, nous voici devant les remparts de la cité Médiévale d’Aigues-Mortes. Dans ce cadre exceptionnel, le port est empreint d’odeurs salines ou épicées, du fumet des gardiannes de taureaux mitonnés à bord des péniches, des bateaux et des voiliers. Il est vrai que la mer n’est pas loin… Le Grau du Roy. Entre l’eau, sur l’eau et dans l’eau ! Le décor se modifie, toujours et encore. L’air devient marin. Nous sommes sur l’eau et dans l’eau, littéralement encerclé de ce fluide qui est partout. Ici rien n’est pressant. Il faut savoir prendre le temps de savoir prendre son temps.
Des noms qui chantent bon le Midi
Comme un couteau, le canal du Languedoc pénètre encore et toujours en séparant l’étang de Maugio de la Méditerranée. Une large plaie rectiligne sur l’eau et dans l’eau. Une longue ligne droite vers Sète. Après avoir longé la Grande-Motte et son architecture géométrique; Puis Carnon et l’aéroport de Montpellier Fréjorgues; Palavas les Flots. Nous voici à Lattes et à l’embouchure du Lez, un petit fleuve tranquille, pourvu d’une écluse remarquable (la 3 ème écluse) pour passer le saut des Quatre Vents. Notre canal poursuit son cours ; Villeneuve les Maguelone et ses pêcheurs cabaniers.
Sète est en vue
Et toujours ce canal qui se fraie un passage dans la mer. A droite l’étang des Moures, de l’Arnel, du Vic et la grande bleue à gauche. Unique dans son genre le canal du Languedoc n’en finit pas de nous étonner.
Au lieu dit les Aresquiers, notre canal pénètre dans l’étang d’Ingril et la ville de Sète est toute proche, au pied du Mont Saint Clair. Comme le dit le plus célèbre enfant de Sète, Georges Brassens, « il suffit de passer le pont » et nous entrons dans la ville par le port. C’est la fin du voyage.