Pêcher le carnassier en Laponie : tout ce qu’il faut savoir pour une aventure solo

La laponie est un vaste territoire qui couvre plusieurs pays : la Finlande principalement mais aussi la Suède, la Norvège et la Russie. Mondialement connue comme le lieu d’habitation du père noël, mais aussi pour ses aurores boréales, son soleil de minuit durant l’été et ses nuits polaires pendant l’hiver. C’est une région au climat rude et marqué, à la densité de population faible ce qui en fait un territoire sauvage et préservé. La pêche se concentre sur la période estivale, effectivement la glace ne peut fondre parfois que courant mai et la fin de saison a lieu courant septembre, un mois intéressant car vous pourrez voir les premières aurores bauréales.

Je me rends pour ma part dans la partie suédoise de la laponie, région où les populations piscicoles sont bien équilibrées et riches : brochets, perches et truites peuplent chaque recoin des lacs et rivières. Si les suèdois résidant au sud du pays sont très anglophones, accueillants et avenants, les lapons sont eux, beaucoup plus réservés. Ils sont aussi moins anglophones mais je n’ai jamais eu de problèmes pour me faire comprendre. C’est une zone à faible pression de pêche, sur les lacs forestiers je n’ai jamais encore croisé d’autres pêcheurs, c’est vous dire si ça sent l’aventure.

En ce qui concerne les formalités administratives, un passeport ou une carte d’identité (à jour), permet de se rendre en Suède. En ce qui concerne la monnaie, c’est la couronne suédoise, je vous conseille de tout payer en carte, où si vous voulez quelques couronnes prenez vous y à l’avance car votre banque n’aura pas de stock.

Le temps de pêche sera copieux si vous le souhaitez, la durée du jour est beaucoup plus longue que chez nous, en juin vous aurez même du mal à voir la nuit. Il faudra juste gérer votre physique sur la longeur de votre séjour,  j’aime bien alterner pêche du bord et en float tube pour cela.

De nombreux camps de pêche siègent dans cette région, ils vous apporteront le confort, l’encadrement, la logistique nécessaire à de bonnes parties de pêche. Mais que ce soit pour des raisons d’envie d’aventures, loin des sentiers ballisés ou de séjours à budget plus raisonnable, il est possible de partir seul sans encadrement. Avec une logistique légère c’est-à-dire, un float tube ou du bord, vous pourrez pratiquer la plupart des biotopes, seuls les grands fleuves et lacs aux tailles imposantes ne seront pas correctement exploitables.

Quel moyen de locomotion pour aller en Laponie?

Trois grands moyens de locomotions sont à votre disposition :

  • Le train, respectueux de l’environnement, il vous impose par contre de louer un véhicule sur place, effectivement les grands espaces sauvages où vous allez n’auront plus de maillage en termes de transports publiques une fois au nord. Mais il est tout à fait possible de faire un Paris-Stockholm dans un premier temps, pour finir par une dizaine d’heures de voiture derrière.
  • L’avion, vous pourrez soit atterir à Stockholm et louer une voiture pour finir le trajet. Où alors prendre ensuite une correpondance pour Umea ou Lulea et à nouveau louer une voiture. Il faut prévoir un supplément bagage pour votre float tube et un tube pour vos cannes, bien entouré de papier bulle, pour les preserver des chocs. Il y a des vols quotidiens depuis Roissy Charles De Gaulle.
  • La voiture, c’est un véritable périble de 30 heures environ, en traversant cinq pays, et un pont gigantesque entre le Danemark et la Suède. La voiture permet de soigner la logistique au mieux en prenant du matériel sans contrainte des bagages aériens. Economiquement on est proche de l’avion, et si vous partez à plusieurs, c’est même moins cher. En se relayant la route se fait assez bien en deux jours, en prenant une nuit étape au nord du Danemark où à l’entrée sur le territoire suédois. Ce road trip fera en quelque sorte partie de l’aventure de votre séjour, si vous êtes sujet au mal de dos en voiture, cela reste déconseillé sous peine de ne pas profiter à l’arrivée.

Choisir son lieu de voyage pêche en Laponie

Franchement la quantité de poissons, comme la beauté des paysages est très homogène, pour choisir mon lieu de séjour, je croise la carte des logements et celle des lieux de pêches (rivières et petits lacs). Vous verrez la Laponie est un véritable gruyère rempli d’eau, si vous voulez faire de l’itinérance je conseille quand même de se fixer trois ou quatre jours par spot pour bien découvrir les eaux autour de vous et profiter de vos meilleures trouvailles. La présence d’une ville à distance raisonnable permet quand même de gérer les aspects logistiques, essence, nourriture et autres. Un élément incontournable pour moi est le site ifiske, qui permet de prendre votre permis de pêche, consulter la reglementation et avoir quelques informations sur la pêche. Le coût du permis est très raisonnable autour de 15 euros, et permet de pecher un petit territoire, le site comporte aussi des feedback de pêche et permet dèjà de commencer à préparer votre séjour.

Si vous êtes plus sensibles aux salmonidés, ils sont bien plus simples à traquer sur les petites rivières, même si beaucoup de lacs en  abritent.

Les spots de pêche pour gagner du temps en Laponie

Une fois choisi votre secteur, il va falloir cibler les zones à attaquer en premier. En Laponie il faut choisir,  je pratique du bord sur les rivières la plupart du temps, là les traditionnels pieds de barrages sont incontournables, mais aussi les étranglements de largeur, les îles et embouchures avec un affluent. Les grandes rivières restent souvent praticables en float tube, cependant les capacités de mobilité sont handicapidantes. Certaines zones valent le détour, comme les bras morts, ils sont peu profonds et souvent bien encombrés de végétations, le royaume des brochets et du top water.

Pour les lacs, il y a un profil qui me plait beaucoup, une superficie de 5 à 20 hectares et des bordures végétalisées ça permet en float tube de couvrir les zones interressantes du plan d’eau rapidement. En une demi journée je suis capable de ce fait de voir le potentiel du lac, pour prévoir une nouvelle visite ou pas. Pour les lacs plus grands, je les visite si une zone concentre suffisament d’interêts. Typiquement un chapelet d’îlots ou de hauts fonds, de grandes roselières où une arrivée d’eau.

Bienvenue au paradis du pêcheur

Je vais commencer par les truites, les rivières en sont très bien pourvues. On a souvent la très agréable sensation que les truites sont rangées où il faut. Le lancer dans le pied de chute, ou à la limite d’un calme profond est très souvent sanctionné par une touche. Les souches de truites sont magnifiques allant d’un jaune d’or au brun des plus foncé, elles réagissent à tous les leurres classiques, de la cuillère au poisson nageur en passant par les leurres souples. Les petites rivières sont assez peu accessibles prévoyez donc des waders pour crapahuter et il vous faudra souvent d’abord traverser un peu de forêt avant d’atteindre l’eau.

Autres poissons omniprésents les ombres, sur tous les gabarits de rivière. Ils réagissent aux petites lames, mais aussi aux cuillères, je vous conseille notamment les plombées pour des lancers appuyés du bord.

Il est possible de croiser la route des saumons, notamment au nord de la Suède, mais c’est une pêche que je n’ai pas pratiqué, c’est assez reglementé donc renseignez vous bien si c’est un de vos objectifs avant de partir.

Il y a aussi des pêches de grosses de truites de lachers (et oui ici aussi…) et des pêches en traine, mais cela ne nous concerne pas avec notre logistique légère.

Les perches peuplent les lacs et étangs, elles sont présentes dans les bordures comme en pleine eau. Si vous avez la chance de tomber sur un banc attention carton ! Durant cette période estivale elles sont très actives, j’ai des souvenirs mémorables de moments d’euphorie dans les roseaux, où elles poussent les blancs sur des chasses impressionnantes. En pleine eau, il faut les localiser avec des petits leurres souples, ou des spintails mais ma technique préférée pour battre du terrain en zone inconnue restent les crankbaits ou les longbill minnow. De 5 à 10 cm, avec des bavettes permettant de peigner les différentes couches d’eau, je pense avoir eu des prises sur tous types de coloris, donc j’en prends en général deux par taille de leurre, vous pouvez varier les animations pour déclencher les touches en cas de moment apathique. Il est aussi possible de les faire monter en surface, ce n’est pas le plus rentable pour moi et je préfère de ce fait garder le top water pour les brochets.

Le brochet, espèce reine de ces eaux, c’est surement lui qui vous fera faire ce long périple. Ils sont nombreux et survitaminés, souvent d’une teinte verte foncée, avec des taches magnifiques. La courte belle saison les rends très actifs et teigneux, il est courant de subir trois voire quatre attaques par le même poisson sur un lancer, il faut surtout continuer d’animer, on est jamais à l’abri d’un ultime coffrage.

Ils ont des postes de prédilection, comme les grandes roselières, les pointes rocheuses et les nombreux hauts fonds (souvent pierreux). Ils sont présents aussi en pleine eau cependant ces spots les concentrent et nous permet de cibler nos recherches.

La technique reine est le top water, car ils sont très receptifs et il faut l’avouer c’est un vrai plaisir de voir ces folles attaques pleines de rage. Les leurres sont fonction du milieu dont on souhaite les extraire, sur les plateaux ou pointes, libre à vous de lancer un stickbait, un popper, une imitation de canard, souris ou autre. Par contre aux abords des roselières, nénuphars et autres végétations les grenouilles, avec leurs hameçons texans, sont à priviligier, et leur efficacité est redoutable. Si la végétation n’est pas trop dense, un spinner, ou un leurre souple en texan fera aussi l’affaire. J’ai fait de très belles pêches avec des leurres souples de 7 pouces, en texan avec une palette additionnelle.

Sinon pour la pleine eau, les leurres à billes, type jerk, minnow sont toujours efficaces, et permettent de couvrir du terrain rapidement. Pour les pêches plus creuses au pied des barrages en rivière, autour des blancs dans des lacs, les leurres souples avec ou sans palette sont prenants, en coloris perche ou naturel en priorité.

Matériel, solide et polyvalent

Les poissons sont peu regardants, donc pas de finesse sur le matériel, 90 centièmes en pointe de fluoro, 40 centièmes en tête de ligne et une tresse de 15 à 20 centièmes. Pour les cannes, que ce soit en float tube ou du bord j’évite de me charger, je privilégie les plages polyvalentes, type 10-30 gr ou 20-60 gr, sur la taille entre 2.1 et 2.4 mètres.

Pour le float tube, on prends bien le kit de réparation en cas de fuite, un gonfleur en double si possible. Autre doublon à prévoir les palmes, et l’épuisette il faut aussi bien prendre des waders car même à la belle saison les eaux sont fraiches. Non seulement sur les rivières à courant rapide pour la truite, mais en lac aussi, il n’est pas rare d’avoir seulement quelques petits degrés le matin au mois d’août.

Du bord pour les sessions en rivières plus larges où vous traquerez plutôt perches et brochets une bonne paire de chaussures de marche est obligatoire, elles sont souvent bordées de blocs rocheux parfois glissants. Ces rivières sont majoritairement jalonnées de barrages pour produire de l’electricité, donc soumises à des variations de niveaux, rendant les bordures glissantes.

Je prends aussi un élément qui ne me quitte plus : un sac à dos étanche, que ce soit en cas de chute (ça m’est arrivé quelques fois à la truite) ou de pluie qui peuvent être fortes dans cette région.

Les magasins de pêche sont rares donc de toute façon on prévoit large surtout si vous y aller en voiture, par contre en avion, on cherche de ce fait du matériel bien solide et polyvalent. Typiquement ce type de voyage m’a fait prendre quelques habitudes sur les choses que je mets dans mon sac : une bobine de tresse en supplément en cas de grosse perruque, deux pinces au cas où la première finisse au fond du lac, du désinfectant et des pansements, et forcément les médicaments de première nécessité.

Ce voyage sera une aventure dont vous vous souviendrez, il y aura forcément quelques moments où le spot choisi sera calme, où les chemins d’accès seront difficiles à trouver et où la météo sera capricieuse. Mais rien à mon gôut ne vaut un festival de touches en top water par des brochets rageurs dans un petit lac, seul au monde, au milieu de la forêt. Avec un peu de chance vous rentrerez à votre chalet en croisant un majestueux élan, ou une envolée de grue. Cette région est magique, et je ne peux m’empecher d’y retourner pour me ressourcer, dans ce paradis qui me rapproche des racines de la pêche, simples et authentiques.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page