Lorsque nous pêchons le brochet aux leurres, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas, même dans les périodes fastes ! Nous devons, pour comprendre ce qui se passe, intégrer que la pêche est liée au poisson et pas seulement au pêcheur. A contrario, la technique est un élément déterminant la réussite.
Comme nous le disions dans l’article précédent « la pêche n’est jamais fixée sur une journée » puisque l’activité nutritionnelle des brochets dépend étroitement de nombreux facteurs que sont le temps, la température d’eau, l’accès à la nourriture, la compétition alimentaire…. Quand les brochets sont sur « Off », c’est que nous sommes en présence au minimum d’un de ces facteurs en mode « négatif », explications.
Pêche annuelle
La pêche du brochet se pratique sur une longue période de l’année voire même presque annuellement sur certains milieux. Pêchant exclusivement le brochet depuis 28 ans en grand lac Alpin – sur le lac Léman – qui se trouve être ouvert à la pêche 11 mois sur 12, nous connaissons assez bien les différents facteurs qui engendrent une « inactivité alimentaire » de ce poisson. Nous savons que, de part sa physiologie, le brochet ne se nourrit pas de façon régulière dans les bonnes périodes, imaginez alors ce que cela peut donner en dehors de celles-ci. Même si la population à une incidence, c’est à dire que sur des lieux où nous avons beaucoup de poissons – 40 à 80 kg de brochet à l’hectare -, les pêches sont plus régulières mais la constance de ce phénomène d’inactivité est aussi fréquente. N’oublions pas que chaque milieu a ses particularités et sans vouloir généraliser, cet article nous permet de mettre en avant des dysfonctionnements de l’activité du brochet liés à certains paramètres qui nous influencent tous.
La climatique
En fait, il s’agit du temps qu’il fait, pas forcément le jour de la pêche mais des semaines qui précèdent la journée de pêche. Le temps idéal n’existe que sur un lieu donné et non pas sur différents endroits car la morphologie du milieu influence automatiquement l’effet de la climatique. Sur les grands milieux, l’inertie des mécanismes climatiques est telle que même plusieurs semaines après un grand et long phénomène météo – froid, canicule, vent – nous ressentons encore ses effets. Un exemple assez flagrant sur le Léman depuis quelques années passées est celui de trop forts ensoleillements de printemps (mars, avril), la surface des eaux chauffent très vite ce qui peut laisser penser à un avantage pour l’ouverture de fin avril mais il n’en est rien, bien au contraire, le lac reçoit alors un apport d’eau de neige bien plus important par la fonte accélérée et se trouve refroidit bien plus que d’ordinaire. Ce qui met le brochet sur « Off » et parfois jusqu’à deux mois après….
La thermie des eaux
Il s’agit de la conséquence engendrée par la climatique et c’est le paramètre qui régit nos sorties de pêche au brochet. Nous savons que la température idéale de nutrition du brochet se situe vers les 19°C alors pourquoi s’évertuer à le pêcher dans une eau à 10 ou 28 °C qui ne lui conviennent absolument pas en terme digestif et donc d’activité ? La fourchette dans laquelle nous devrions pêcher le brochet est celle des 14 à 23°C. Pour la passion, certes, nous sommes pareils mais il faut être cohérent avec ce que sont nos attentes et nous devons accepter le fait de passer à travers notre pêche du jour que nous soyons techniques ou pas. Attention, nous voyons souvent des pêcheurs se plaindre de prendre 4 brochets dans la journée en prétextant qu’il n’y a pas d’activité, nous pensons qu’ils devraient plutôt être contents car ils ont eu de l’activité, ne pas en avoir, c’est faire 0… pas une tape de la journée en voyant des poissons suspendus au sondeur et en les ayant tenté avec toutes les vibrations possibles, tailles – de 3 à 8 pouces – et couleurs de leurres !
L’accès à la nourriture
C’est une des causes les moins évidentes pour beaucoup de pêcheurs mais elle n’en demeure pas moins l’une des plus importantes qui soient. Depuis presque 3 décennies, nous voyons sur les grands systèmes que certaines périodes de l’année – différentes chaque année puisque la climatique influence ce paramètre – révèlent une activité quasi nulle de part la présence de bancs de fourrage – perches, gardons, brèmes, corégones… baitfishs de 4 à 14 cm – de plusieurs centaines de mètres de long sur plusieurs dizaines de mètres de large et sur des hauteurs de plusieurs mètres. Que dire, à part que le « frigo » est bien rempli et que les brochets ont accès 24h/24 à une manne providentielle qui peut rester plusieurs semaines sur les mêmes profondeurs et les mêmes postes. Prendre des brochets de façon régulière dans ces conditions relève tout autant de l’exploit que de pêcher des zones désertes… Ils seront gavés et ce n’est pas avec nos leurres que nous pourrons les faire rêver sauf si nous tombons sur leur créneau horaire d’activité qui dure généralement quelques minutes dans la journée mais là, ce n’est ni de la technique ni de la connaissance du milieu, juste de la chance ! Il en faut à la pêche mais nous ne comptons jamais dessus…
La compétition alimentaire
C’est une conséquence de la présence de bancs de fourrage. Il est cohérent de penser que, lorsque nous sommes en présence de plusieurs centaines de milliers d’individus qui sont tous des proies potentielles, la compétition alimentaire entre les brochets est réduite à néant. La disponibilité des proies est bel et bien un facteur pénalisant dans ce cas précis. Comme tout animal qui vit dans le monde sauvage, pourquoi se battre pour prendre une proie alors qu’il y en a des milliers autour et qu’il suffit d’ouvrir la gueule pour les prendre ? Le brochet est un poisson qui n’est d’ailleurs pas très agressif en comparaison du sandre ou de la perche surtout s’il trouve de quoi se nourrir facilement.
Finalement… pour sauver les meubles
Il apparaît que ces paramètres sont difficiles à anticiper et que si nous sommes dans la situation où nos brochets sont inactifs ; nous pouvons, grâce à la technique, sauver notre partie de pêche. Du moins prendre au moins des touches …
Quand la pêche est difficile, rien ne remplace les leurres durs ! Que le milieu soit profond ou pas, peu importe, il existe des durs qui peuvent nous aider. Après, il va de soi que nous devons connaître leurs spécificités et surtout comment les animer. Quand nous parlons de leurres durs, nous ne parlons pas uniquement des poissons nageurs mais aussi des lames vibrantes, des tails spin, des cuillères tournantes et/ou ondulantes. Par exemple, nous utilisons sur des profondeurs de 8 à 20 mètres des tails spin, des lames et des ondulantes avec des résultats plutôt probants quand rien ne semble bouger depuis des heures au milieu des bancs de fourrage.
Il faut tenter des animations ou des leurres différents. Si nous ne pêchons qu’avec des leurres durs ou à l’inverse que des leurres souples, nous devons changer notre « fusil » d’épaule. Il est intéressant de pêcher avec différents leurres pour trouver comment prendre des touches si cela reste possible car nous le répétons, il y a des journées voire des semaines où cela est impossible de bouger les brochets comme nous venons de le détailler ci-dessus. Le moral doit être au top et l’expression « Ne rien lâcher » est vraiment de mise pour affronter l’inactivité des poissons et essayer d’en provoquer par réflexe…