Il y avait trop de soleil… C’était le vent du nord…. L’eau était trop froide… Les excuses sont nombreuses pour expliquer une sortie infructueuse. Ce sont davantage les éléments extérieurs qui en modifiant la température de l’eau, influent sur le comportement du poisson. Qu’il fasse froid ou chaud, bonne lune ou pas, la température de l’eau est la seule responsable lorsque tout va bien mais aussi lorsque tout mal. Ou bien c’est le pêcheur qui était mal luné ce jour-là !
Combien de fois avons-nous entendu les excuses de ceux qui rentraient bredouilles et qui évoquaient les conditions déplorables de leur partie de pêche. Bredouille devant une bourriche vide, voilà bien la pire des choses qui peut arriver à un pêcheur qui part de bon matin satisfaire son loisir favori « prendre du poisson ». Mais voilà que de temps en temps il n’en prend pas. Alors il invoque mille et une raisons pour expliquer cette mésaventure.
LES CONDITIONS EXTÉRIEURES INFLUENT SUR LE COMPORTEMENT DES POISSONS
La modification de la température de l’eau agit directement sur le lieu de pêche. Le « capot » cela nous est arrivé à tous un jour au l’autre. Est-ce à cause de l’eau trop claire ou trop trouble ou bien de la lune qui n’était pas dans le bon quartier ? Non, rien de tout cela, si ce n’est que généralement c’est la modification de la température extérieure qui influe directement sur l’eau du lieu de pêche. De ce fait la température de l’eau se modifie également. La teneur en oxygène dissous dans l’eau est également différente et cela a une influence certaine sur l’appétit des poissons. Ce changement des températures se déroule parfois en amont, sans que le pêcheur en soit réellement conscient, et modifie en quelque sorte la luminosité, et même parfois les niveaux. Tout pour rendre ce jour-là le plus guilleret des poissons méfiant à l’extrême. La température extérieure a donc, soit en bien, soit en mal, une influence certaine, indéniable, sur le comportement de la faune aquatique.
LE POISSON GARDE SON SANG-FROID
L’appétit ne fait pas tout, la convoitise non plus, surtout s’il fait trop froid… ou trop chaud ! Il n’y a pas que la faim qui incite le poisson à « mordre ». L’agressivité d’un carnassier est bien connue et la convoitise d’une esche facile à déguster est aussi le thème favori des poissons blancs. L’eau se réchauffe ou se refroidit plus lentement que l’air extérieur. Cela semble logique mais encore faut-il mieux le rappeler pour que la suite de ce sujet reste cohérente. Un réchauffement ou un refroidissement dure parfois plusieurs jours (fonte des neiges) mais parfois il ne perturbe le milieu que pendant quelques heures, comme cet orage qui est tombé à 50 km en amont de votre poste de pêche. Au bout de quelques heures, l’eau n’est plus la même. Elle est plus froide, plus haute, même légèrement teintée… Au contraire si cela n’est que le soleil qui joue à cache-cache avec les nuages, alors ceci provoquera seulement un léger refroidissement local de l’ordre de trois degrés. Cela ne suffira pas à avoir une action néfaste ou bénéfique sur la pêche, donc maximum, encore une mauvaise excuse ! L’explication est simple : le poisson est un animal à sang froid et il est donc incapable d’opposer sa propre chaleur aux variations de températures si minimes soient-elles.
LE POISSON EST DANS L’ASCENCEUR
Seuls des écarts importants et prolongés des températures de l’eau changent la tenue des poissons. La « thermocline » vous connaissez ? « La thermocline est la zone de transition thermique rapide entre les eaux superficielles, généralement plus chaudes et oxygénées, et les eaux profondes, généralement plus froides (wikipedia) ». De ce fait les poissons blancs recherchent dans la hauteur d’eau la température idéale, celle qui leur convient. Ils montent, ils descendent suivant cette thermocline. On dit qu’ils font l’ascendeur. Un phénomène bien connu des pêcheurs de gardons en eaux closes. Il faut aussi se souvenir qu’une eau froide est plus légère qu’une eau tempérée, plus chaude. Un critère qu’il convient de prendre en considération en lac par exemple, où l’eau du fond est plus chaude que celle de la surface en hiver et le contraire en été. Lorsqu’en hiver, la rivière est partiellement ou totalement gelée, suivant les caractéristiques locales du parcours (eau calme ou courante), la couche du fond se maintiendra à +4°C. Il est bien évident que dans ces conditions le pêcheur de poissons blancs restera chez lui à monter des lignes alors que le pêcheur de truites sera tout à son affaire. Le pêcheur de carnassiers devra attendre la bonne volonté d’un brochet nonchalant (on dit gourd) saisissant comme à regret un vif qui aura tournoyé plus d’une heure devant son bec.
LA TEINTE DE L’EAU
Claire, chargée ou marronne un facteur à prendre en compte. La teinte de l’eau est aussi un facteur très important à prendre en considération. Elle conditionne la pénétration de la lumière (turbidité) donc la visibilité de ce que les poissons peuvent ou ne peuvent pas voir. Certes, l’odorat est un sens très bien développé chez les poissons, mais la vue d’une cuillère, d’un grain de maïs ou d’un bel asticot sera toujours un élément déclencheur. Difficile de demander à une truite de gober une mouche artificielle qu’elle ne voit pas…Lorsque l’eau est normalement claire, qu’elle que soit la technique de pêche, c’est à coup sûr une eau excellente pour tremper du fil. Néanmoins il est recommandé de privilégier la finesse. Lorsque l’eau est légèrement teintée, c’est certainement la meilleure des eaux pour faire une bonne pêche. Modérons néanmoins ce propos car si l’eau est verte comme de l’absinthe c’est le signe d’une fonte de neige qui ferme la bouche des poissons. Si l’eau est glauque, verte mentholée, c’est une pollution due à la chaleur anormale qui fait mourir le plancton ; si les poissons ont du mal à « respirer » ils n’ont certainement pas la tête à manger. En eaux troubles seuls des leurres lourds, vibrants peuvent déclencher l’attaque de la truite et des carnassiers. Pour les poissons blancs, à l’exception du goujon qui racle le fond, la pêche est perdue d’avance aussi bien en surface qu’entre deux eaux. Si elle est vraiment très trouble, après une crue par exemple, autant rechercher le poisson comme une aiguille dans une meule de foin !
LA GROSSEUR DU NYLON ET LA MÉFIANCE DES POISSONS
Il est temps de cesser de croire que le poisson voit le fil ! Lorsque l’eau est vraiment très claire la pénétration de la lumière est peut-être trop bonne pour espérer leurrer un poisson, sauf si vous proposez un appât sur un bas de ligne extrêmement fin, laissant toute liberté à l’esche. A moins que le gardon ait bossé dans un magasin de pêche dans une vie antérieure, il ne sait absolument pas ce qu’est un fil de nylon. Pas contre la grosseur du fil détermine la liberté de mouvement de l’esche. Le cyprin, lorsqu’il aspire l’esche et l’hameçon, ne doit rencontrer aucune résistance anormale qui pourrait être due à la rigidité du fil. Plus le fil est fin, plus cette liberté est souple et trompe le poisson. Il ne viendra jamais à l’idée d’un pêcheur d’ablettes que sa bredouille vient de son fil en 16/100 parce qu’une carpe pourrait « peut-être » s’en saisir.
Pour essayer d’être en rapport avec les conditions saisonnières, voici les techniques phares chaque mois.
LA PÊCHE AU COUP EN JANVIER
Le chevesne
La pêche au sang est toujours la meilleure méthode pour prendre les chevesnes lorsque les eaux sont froides. L’esche est un cube de sang caillé prélevé sur un foie de bœuf mais le must reste le sang de volaille. Hameçon de 10 sur un BDL de 10/100.
LA PÊCHE AU COUP EN FÉVRIER
Le gardon
La perle rouge ou noire ! Voici une pêche oubliée qui se pratiquait à la dandinette. Très bonne méthode pour pêcher le gardon dans les eaux froides et qui remplace la baie de sureau (une autre pêche oubliée) et qui se pratique en été. Pêche déambulatoire, sans flotteur, juste un morceau de laine, avec une canne téléréglable et avec un moulinet. Nylon de 12/100 et BDL de 10/100, hameçon de 12 ou 14 suivant la grosseur de la perle.
LA PÊCHE AU COUP EN MARS
L’ablette
Vous la trouverez dans les petits tributaires où elle dépense le minimum d’énergie, dans peu d’eau, à l’abri des poissons carnassiers qui ne peuvent s’aventurer si près des berges. Flotteur plume très discret qui s’enfonce à la moindre sollicitation. Un beau ver de vase rubis sur hameçon de 22 et un BDL de 8/100.
LA PÊCHE AU COUP EN AVRIL
La vandoise
Cette pêche se pratique au ver et à la plombée. Pêche au moulinet avec un nylon de 18/100. Sur cette ligne, coulisse un plomb hexagonal qui est stoppé par une chevrotine ou un émerillon n°8. Deux bas de lignes, dont l’un en potence, eschés de vers rouges sur hameçon N° 14. BDL de 12/100.
LA PÊCHE AU COUP EN MAI
La brème
En canal à grand gabarit, le ver de terre est un excellent appât avant que la température de l’eau ne change le comportement des poissons. Il est bon de pêcher à décoller, à moins de 10 cm au-dessus du fond. L’amorce est essentielle : 2 parts de chapelure blonde, 1 part de biscuits gras, ½ part de farine de citrouille, ½ part de litou, 2 parts de farine de maïs. Hameçon de 12 pour un ver de berge excité.
LA PÊCHE AU COUP EN JUIN
La tanche
L’escargot ! Ce petit colimaçon aquatique (Lymnea stagnalis) dans la profondeur des étangs, près de la végétation aquatique, proche des roseaux et des herbiers. C’est sa récolte qui est la plus compliquée, car dès que vous aurez cette petite bête au bout de votre ligne, la tanche perdra sa méfiance légendaire pour l’engamer goulûment avec délice. Ligne en 12-14/100, BDL en 10-12/100, hameçon de 12, flotteur en plume de paon.
LA PÊCHE AU COUP EN JUILLET
Le gardon
A la grande canne à emmanchements, le scion devra permettre un ferrage immédiat, rapide. En rivière peu profonde vous pratiquerez un amorçage de fond absolument indispensable pour créer une compétition alimentaire : 2 parts d’arachide grillée, 3 parts de chapelure rousse, 3 part de chènevis grillé, 1 part de coriandre moulue, 1 part de PV1. Ligne en 10/100, BDL de 12/100. Hameçon fin de fer, flotteur droit filiforme.
LA PÊCHE AU COUP EN AOÛT
La carpe
La pelote est l’ancêtre du feeder en quelque sorte. Elle se pratique à bord d’une barque pour atteindre les lieux où elle se cache, attendant la nuit pour s’alimenter à l’abri des regards indiscrets. Canne de 2.70 m maximum, équipée d’un moulinet pouvant contenir 100 mètres de 30/100, sans flotteur. La pelote est réalisée avec de la terre de taupinière grasse, de la farine de blé, de la farine de noix et de la farine de biscotte. Quelques asticots dans l’amorce et un beau bouquet sur hameçon de 10. BDL 24/100.
LA PÊCHE AU COUP EN SEPTEMBRE
Le barbeau
Le blé à rouler, une technique terriblement efficace. En pratique il faut faire rouler des gains de blé, à l’aide d’une fronde, dans le courant pour qu’ils atterrissent sur un espace où se rassembleront les barbeaux. Avec une ligne souple, la graine de blé sera eschée sur un hameçon de 16, l’appât se présente en premier en retenant la ligne. Flotteur poire effilée, corps de ligne 14/100, BDL 12/100. Augmentez les diamètres si les barbeaux sont de belles tailles.
LA PÊCHE AU COUP EN OCTOBRE
Le goujon
C’est la pêche de notre enfance, les pieds dans l’eau lorsque cela est encore possible. Sinon de la berge avec une canne télescopique de 6 mètres en faisant descendre la ligne l’hameçon en premier esché d’un ver de terreau. Plombée légèrement massive à 20 centimètres d’un hameçon de 16 à tige longue. Ferrage à l’arrêt du flotteur.
LA PÊCHE AU COUP EN NOVEMBRE
Le hotu
C’est le mois des crues et il faut profiter des accalmies pour traquer le hotu. La pêche à la bolognaise est la plus efficace pour réaliser de longues coulées. C’est sur les plateaux, entre les remous et les queues de courants qu’il stationne avant de remonter la rivière comme des moutons. Flotteur boule de 1 à 4 gr, BDL de 12/100, hameçon à hampe large, asticot rouge.
LA PÊCHE AU COUP EN DÉCEMBRE
Le gardon en étang
La pêche à l’anglaise au coulissant s’impose à l’étang. Le fond est sombre donc l’amorce le sera également et puisque le gardon est du genre craintif, il est inutile d’éveiller sa méfiance, alors le coup sera amorcé à la fronde, à environ 25 m de la berge. Waggler droit de 6.5 gr et supportant 1.5 gr. Canne anglaise light, moulinet rempli d’un nylon de 14/100. Hameçon 3210 Feeling N° 18. Pêche à l’asticot.
L’eau froide plus légère que l’eau tempérée/chaude ?! Ce n’est pas plutôt le contraire ?